Tridimensionnel
Cheval théorique
- Inscrit
- 27/4/16
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- 7 250
Substance : 3-MMC
Dosages : inconnus, ici relatifs (petit/moyen/grand)
Corpulence : 50kg
Set : enthousiaste
Setting : posé
Petites traces – plateau 1
Je ne ressens pas de stimulation mais mon débit de parole s’accélère et j’ai la bougeotte. C’est très court et je me sens rapidement vide d’énergie. Les mini-doses se succèdent, les montées et descentes se croisent, je ne sais pas si je suis fatigué ou en forme, enthousiaste ou blasé. Je baille, j’ai les yeux qui piquent, j’ai des sueurs froides. Pour l’instant, on dirait plus une grippe qu’un trip.
Moyennes traces – plateau 2
Je ressens vraiment la stimulation, sous forme d’un intérêt sincère et puissant pour l’ici et le maintenant. Les sueurs froides sont devenues des vagues de chaleur, mes mâchoires serrent légèrement.
On se serait attendus à décaler en soirée, mais finalement c’est juste trop plaisant de rester allongés à discuter. J’ai envie de parler, d’une façon qui me rappelle la coke : vite, fort, de ce qui m’intéresse. Sans agressivité néanmoins, plutôt par désir de partage, de don. Perte d’inhibition, donc, et inflation de l’ego. Je ressens une urgence de me raconter honnêtement, sans excès de bons sentiments. Par chance, la personne qui tripe avec moi est contente de m’écouter, ce qui m’encourage. Et c’est tout aussi plaisant d’écouter l’autre en sachant qu’il éprouve la même franchise et le même plaisir.
On en profite pour aborder ce qu’on n’oserait pas en temps normal. Les mots et les actes coulent, sont fluides. Même le silence et l’immobilité prennent une tonalité particulière, un peu sacrée : de la pure appréciation de l’instant.
Soudain quelque-chose cloche. Ce qui me touchait m’indiffère, me dérange même. Parler, bouger devient un effort et tout me semble inutile, sans goût. J’ai mal dans la poitrine. D’ailleurs, ça se voit sur mon visage que je souffre. Le contraste avec l’enthousiasme qui précédait est chaque fois si cruel que je ne peux pas envisager d’autre solution que reprendre une trace, retourner dans la défonce. Mon impatience m’étonne, je voudrais arracher l’assiette des mains de mon partenaire. On dirait que quelqu’un joue avec un interrupteur dans ma tête, ça fait on/off. Ce yo-yo des émotions est malsain, j’en ressens l’artificialité et ça me dégoûte un peu de moi, de nous. Mais dès que le produit monte j’oublie ça et je ne pense qu’à profiter autant que possible.
À ce stade, c’est donc une gentille coke avec un craving horrible. Je kiff ma session mais je ne trouve objectivement pas que ça en vaille le coup.
Grande trace – plateau 3
On passe aux choses sérieuses. Poutrasse.
Je m’allonge. Un grand calme, auquel je ne m’attendais pas. Un mot me vient en tête, « flash ». Pour la première fois j’ai l’impression de ressentir ce qui attire les injecteurs : l’énergie me sature, empruntant mes vaisseaux sanguins, fourmille dans chaque cellule, et je vibre. Mon corps s’emplit de coton doré.
Je suis puissance et maîtrise de soi. Je me relève et me mets à danser, spontanément. Les gestes sont fluides. Des paroles coulent de ma bouche, aussi naturelles et dorées que l’énergie qui me porte. Rien d’inutile, seulement l’indispensable, le vrai, des paroles qui attisent la joie, perpétuent le plaisir. Je suis un récepteur, les mots passent à travers moi, utilisent ma bouche pour prendre corps. La musique utilise mes mains pour toucher l’être aimé. Inhibitions, à quoi bon ? Bouger ma chair, me sentir désirable, c’est dans l’ordre des choses. Le plaisir règle le monde et il n’y a qu’à suivre ses commandements, soudain clairs comme un manuel.
La descente se révèle moins abrupte que les fois précédentes, moralement du moins. Physiquement, j’ai la sensation croissante de subir une chute de tension permanente, au bord de l’évanouissement. À la fluidité du high succède une immobilité catatonique, parce que rien n’a de goût, rien ne vaut la peine qu’on y dépense de l’énergie, mais je suis de toute façon trop crevé pour en penser quelque-chose.
Plus tard on a essayé de retrouver cet état, mais ça n’a pas été possible, et j’ai l’impression qu’on a passé notre temps à traquer une insouciance inatteignable. La tolérance, toussa. Même une fois sobre, quand je me rappelle de cette expérience, j’ai un sentiment mitigé. Normalement j’accepte plutôt bien que les vécus sous influence soient « meilleurs » que les vécus de sobriété, ça fait partie du jeu. Mais là, ça me reste en travers de la gorge, peut-être parce que c’était si ancré dans l’ego. Jamais je ne me sentirai aussi confiant, sincère, puissant, désirable qu’en plein high de 3-MMC. Alors, en comparaison de la personne que j’étais à ce moment-là, je me sens un peu nul. Du coup, est-ce que cette expérience est vraiment la mienne, ou celle de la drogue ? Où suis-je, là-dedans ? J’ai l’impression d’avoir mis plusieurs jours à digérer cette contradiction.
En conclusion, je suis content de savoir ce qu’on ressent sous 3-MMC, et le 3ème plateau était vraiment… j’ai pas les mots. Mais je n’en reprendrai jamais ; ou plutôt j’espère ne jamais me trouver en position d’en reprendre, parce que je sais pas si je pourrai résister. Et je déconseille fortement ce produit à toute personne ayant des troubles d’estime de soi.
Dosages : inconnus, ici relatifs (petit/moyen/grand)
Corpulence : 50kg
Set : enthousiaste
Setting : posé
Petites traces – plateau 1
Je ne ressens pas de stimulation mais mon débit de parole s’accélère et j’ai la bougeotte. C’est très court et je me sens rapidement vide d’énergie. Les mini-doses se succèdent, les montées et descentes se croisent, je ne sais pas si je suis fatigué ou en forme, enthousiaste ou blasé. Je baille, j’ai les yeux qui piquent, j’ai des sueurs froides. Pour l’instant, on dirait plus une grippe qu’un trip.
Moyennes traces – plateau 2
Je ressens vraiment la stimulation, sous forme d’un intérêt sincère et puissant pour l’ici et le maintenant. Les sueurs froides sont devenues des vagues de chaleur, mes mâchoires serrent légèrement.
On se serait attendus à décaler en soirée, mais finalement c’est juste trop plaisant de rester allongés à discuter. J’ai envie de parler, d’une façon qui me rappelle la coke : vite, fort, de ce qui m’intéresse. Sans agressivité néanmoins, plutôt par désir de partage, de don. Perte d’inhibition, donc, et inflation de l’ego. Je ressens une urgence de me raconter honnêtement, sans excès de bons sentiments. Par chance, la personne qui tripe avec moi est contente de m’écouter, ce qui m’encourage. Et c’est tout aussi plaisant d’écouter l’autre en sachant qu’il éprouve la même franchise et le même plaisir.
On en profite pour aborder ce qu’on n’oserait pas en temps normal. Les mots et les actes coulent, sont fluides. Même le silence et l’immobilité prennent une tonalité particulière, un peu sacrée : de la pure appréciation de l’instant.
Soudain quelque-chose cloche. Ce qui me touchait m’indiffère, me dérange même. Parler, bouger devient un effort et tout me semble inutile, sans goût. J’ai mal dans la poitrine. D’ailleurs, ça se voit sur mon visage que je souffre. Le contraste avec l’enthousiasme qui précédait est chaque fois si cruel que je ne peux pas envisager d’autre solution que reprendre une trace, retourner dans la défonce. Mon impatience m’étonne, je voudrais arracher l’assiette des mains de mon partenaire. On dirait que quelqu’un joue avec un interrupteur dans ma tête, ça fait on/off. Ce yo-yo des émotions est malsain, j’en ressens l’artificialité et ça me dégoûte un peu de moi, de nous. Mais dès que le produit monte j’oublie ça et je ne pense qu’à profiter autant que possible.
À ce stade, c’est donc une gentille coke avec un craving horrible. Je kiff ma session mais je ne trouve objectivement pas que ça en vaille le coup.
Grande trace – plateau 3
On passe aux choses sérieuses. Poutrasse.
Je m’allonge. Un grand calme, auquel je ne m’attendais pas. Un mot me vient en tête, « flash ». Pour la première fois j’ai l’impression de ressentir ce qui attire les injecteurs : l’énergie me sature, empruntant mes vaisseaux sanguins, fourmille dans chaque cellule, et je vibre. Mon corps s’emplit de coton doré.
Je suis puissance et maîtrise de soi. Je me relève et me mets à danser, spontanément. Les gestes sont fluides. Des paroles coulent de ma bouche, aussi naturelles et dorées que l’énergie qui me porte. Rien d’inutile, seulement l’indispensable, le vrai, des paroles qui attisent la joie, perpétuent le plaisir. Je suis un récepteur, les mots passent à travers moi, utilisent ma bouche pour prendre corps. La musique utilise mes mains pour toucher l’être aimé. Inhibitions, à quoi bon ? Bouger ma chair, me sentir désirable, c’est dans l’ordre des choses. Le plaisir règle le monde et il n’y a qu’à suivre ses commandements, soudain clairs comme un manuel.
La descente se révèle moins abrupte que les fois précédentes, moralement du moins. Physiquement, j’ai la sensation croissante de subir une chute de tension permanente, au bord de l’évanouissement. À la fluidité du high succède une immobilité catatonique, parce que rien n’a de goût, rien ne vaut la peine qu’on y dépense de l’énergie, mais je suis de toute façon trop crevé pour en penser quelque-chose.
Plus tard on a essayé de retrouver cet état, mais ça n’a pas été possible, et j’ai l’impression qu’on a passé notre temps à traquer une insouciance inatteignable. La tolérance, toussa. Même une fois sobre, quand je me rappelle de cette expérience, j’ai un sentiment mitigé. Normalement j’accepte plutôt bien que les vécus sous influence soient « meilleurs » que les vécus de sobriété, ça fait partie du jeu. Mais là, ça me reste en travers de la gorge, peut-être parce que c’était si ancré dans l’ego. Jamais je ne me sentirai aussi confiant, sincère, puissant, désirable qu’en plein high de 3-MMC. Alors, en comparaison de la personne que j’étais à ce moment-là, je me sens un peu nul. Du coup, est-ce que cette expérience est vraiment la mienne, ou celle de la drogue ? Où suis-je, là-dedans ? J’ai l’impression d’avoir mis plusieurs jours à digérer cette contradiction.
En conclusion, je suis content de savoir ce qu’on ressent sous 3-MMC, et le 3ème plateau était vraiment… j’ai pas les mots. Mais je n’en reprendrai jamais ; ou plutôt j’espère ne jamais me trouver en position d’en reprendre, parce que je sais pas si je pourrai résister. Et je déconseille fortement ce produit à toute personne ayant des troubles d’estime de soi.