Je suis allé aux urgences psychiatriques avec ma frangine aujourd'hui -j'ai envoyé une volée de diatribes tellement trash à mon ex que je me suis dit qu'il était peut-être temps d'admettre avoir un gros problème là-haut. L'alcool à hautes doses me rend épouvantablement méchant, morbide, nourrit des rancœurs disproportionnées, me pousse même à faire l'éloge de comportements criminels ou barbares. J'en veux à toute la Terre et je souhaite l'extinction du genre humain.
Mais un tel nihilisme est fondamentalement incohérent: si je méprise autant la vie, alors pourquoi suis-je encore là à taper ces mots ? J'ai sans nul doute besoin d'isolement. D'être seul pour méditer sur sur tout ce que j'ai détruit, chez moi et autour de moi. Pour avoir fait pleurer ma mère, pour avoir écoeuré feu mon père -mais lui avait le même problème, le plus affable des hommes sobre même si des idées très arrêtées sur tout, mais salement mauvais quand trop saoul.
Je suis même pire que lui, encore plus dénué de respect, vicieux. Mon père avait suffisamment d'agressivité physique pour extérioriser assez de sa violence intérieure, et ainsi ne pas dépasser certaines limites à l'indécence. Moi pas. Et surtout moi ça commence depuis quelques temps à déborder de l'alcoolisation: les mêmes pensées funestes resurgissent même sobre.
Le plus gros souci c'est la paranoïa, proche du délire de persécution, et surtout les hallucinations auditives ("third person auditory hallucinations" qui me pourrissent la vie. La première fois que j'ai vécu cela c'était fin 2014, j'entendais que les gens chez qui je passais la soirée voulaient me tuer et m'enterrer dans un bois. C'était après avoir consommé du speed.
Jusqu'en 2018 ça n'a été que très sporadique, j'entendais rarement des fragments de conversation à mon sujet (genre mon père disant au téléphone à son frère à quel point je le débectais). Je croyais que c'était vrai, que j'avais un don, clairaudient, extralucide. A partir de 2018 ça a empiré graduellement, je trouvais ça "supportable" autrefois, et surtout effrayé par l'idée d'un traitement antipsychotique, d'un internement en psychiatrie, je n'en parlais à personne.
Mais depuis deux ans c'est devenu de plus en plus intolérable: c'est devenu continu, du matin au soir. Ça me bouffe complètement. Toutes mes forces, toute ma joie, je me sens m'écrouler à l'intérieur. J'ai eu beaucoup de mal à admettre que ce n'était pas de la médiumnité, mais bien un phénomène proche de la schizophrénie ou autre. Je préférais croire à toutes les horreurs que j'entendais, car cela m'était moins pénible que de m'avouer "fou", même si "we don't use that word here".
Oh il y a peut⁻être un fond de vérité dans ce que j'entends: c'est mon inconscient qui met le projecteur sur mes ressentis, qui les verbalise, pour que je comprenne certaines choses que je ne vois pas autrement car j'ai de grosses carences relationnelles, empathiques, je manque singulièrement de lucidité, de stabilité hormonale/émotionnelle; mais combien de trucs faux pour un truc vrai ? Je ne peux absolument pas m'y fier.
Et puis même si tout était vrai, ce n'est pas un don, c'est un mal: c'est intolérable d'entendre les gens t'insulter, te menacer et se moquer de quoi dans ta tête. Je ne peux pas évoluer tant que je subis cela. Le sevrage alcoolique/cannabique d'une cinquantaine de jours quand je bossais à Ibis n'avait pas du tout arrangé le phénomène: il m'a semblé au contraire que ça l’aggravait.
Du coup je place mes derniers espoirs dans un traitement antipsychotique, même si misère je voulais vraiment pas en arriver là, et dans une hospitalisation en clinique privée -un hôpital psy public m'achèverait sans doute plus qu'il me rétablirait, je suis une éponge affective, je "ressens" beaucoup trop facilement les gens (par exemple quand quelqu'un me hait, j'ai un nœud/une boule dans le ventre automatiquement, même si c'est juste à cause d'un texto, c'est pas obligatoirement en ayant la personne en face).
Quand je dis quelque chose et que ça déplaît, je sens DIRECT le mécontentement de mon interlocuteur, via ce nœud au ventre. Ça par contre, je peux m'y fier à 100% toujours, you can always trust your guts. Your heart and your brain, not so much... Et puis j'attire toujours les gens à problèmes, les gens dérangés, et enfin le suivi médical n'est pas toujours au top dans ce genre d'établissements, les cliniques sont plus humaines.
C'est ça ou... vous savez quoi. J'espère qu'un tel traitement me débarrassera de mes voix et que je pourrai un jour devenir une personne normale. Et puis aucune chance de se débarrasser de la maniaco-dépression tant que ça subsistera, ou de la propension aux attitudes ataraxiques/psychopathologiques.
Advienne que pourra.