Yop, pour la dose de saturation j'ai fait quelques recherches, apparemment certains ressentent des différences entre 500 µg et 900 µg. Je crois surtout que c'est des furieux. Sinon, j'ai trouvé plusieurs infos contradictoires sur le seuil de la dose de saturation. Certains disent 900µg, d'autres 1200 µg... évidemment, ça dépend de chacun et de toutes façon vu le bordel que c'est dès qu'on dépasse 200-300 µg (et moins pour certains)... cette question de dose de saturation est loin d'être résolue. La seule info dont je sois sûr, c'est quand dans un cadre thérapeutique, Grof est sûr de n'avoir jamais besoin de doses qui dépassent 500 µg.
Concernant les effets psychologiques, par contre, je me suis éclaté à rédiger ça. Vous dites ce que vous en pensez.
Effets psychologiques du LSD
Il est très difficile de décrire les effets psychologiques du LSD, sachant qu'ils diffèrent à chaque fois, et selon la personne. Cependant, on peut donner quelques points de repères. Pour un même set & setting, les effets du LSD augmente avec la dose à peu près selon cet ordre :
La concentration est modifiée. En temps normal, on est capable de penser à plusieurs choses à la fois : l'écran d'ordinateur que je lis, l'heure qu'il est, ce que j'ai à faire plus tard, me souvenir de ce que j'ai mangé parce que j'ai le goût dans bouche. L'un des premiers effets du LSD est d'agir sur la pensée, qui se consacre entièrement à chaque chose : si je regarde l'écran d'ordinateur, je me consacre tout entier à ça. Toute la concentration s'y dirige, et je ne pense plus à ce que j'ai à faire plus tard, à ce que j'ai mangé. Je regarde l'écran de l'ordinateur, et je le regarde totalement. Et si je repense à ce que j'ai mangé, j'arrête de regarder l'ordi, parce que toute ma conscience est concentrée sur mon souvenir. Cette modification de la concentration fait qu'on peut passer des heures à admirer les nuages, sous LSD, parce qu'on ne pense à rien d'autres, et que c'est beau les nuages. (Ceci dit on peut passer des heures à regarder les nuages sans LSD, c'est très bien aussi).
Les boucles de pensée. À force d'orienter toute sa concentration sur une chose à la fois, chaque pensée qui vient se connecter à cette chose bénéficie de la même concentration. Un nuage, c'est constitué d'eau, n'est-ce pas ? Et on pense à l'eau, pleine concentration. La pluie, c'est l'eau des nuages qui qui tombe sur la terre. Et cette eau se transforme en rivières et en fleuves, et va vers l'océan. Et cette eau, par évaporation, remonte dans l'atmosphère, parce que le soleil brille dessus. Donc, le soleil fait monter la vie. Pleine concentration sur le soleil. Du coup, c'est le soleil qui fait qu'il y a des nuages. Pleine concentration sur les nuages. C'est beau, un nuage.
À mesure qu'on fait le tour d'une boucle, l'esprit sous LSD est capable de se concentrer non seulement sur les idées, mais aussi sur les relations entre les idées. On devient ainsi capable de visualiser la boucle de pensée, de la conceptualiser : "Ah, c'est ainsi que je pense".
La porosité des frontières entre intérieur et extérieur. Le LSD a la vertu de renre poreuses les barrières psychologiques entre soi et le monde. Le monde est vu comme une projection de la psyché de l'individu. Ça veut dire que si on est de bonne humeur, on voit les choses en roses, on remarque ce qui va bien dans ce qui nous entoure. Et si on est de mauvaise humeur, on s'aperçoit de tout ce qui ne va pas. C'est un fonctionnement ordinaire qui est dramatiquement exagéré par le LSD.
La posorité entre les sens. La fameuse synesthésie. On se met à voir la musique, à sentir le goût des couleurs... C'est un mélange de tous les canaux sensoriels. Un peu comme si on avait des fils dans le crâne et qu'on opérait un court-circuit de plus en plus important à mesure que la dose augmente.
Les visuels yeux ouverts. Les choses du monde prennent vie. Les murs respirent, les tableaux s'animent, l'herbe pousse. Souvent, les visuels yeux ouverts correspondent à une projection de l'intérieur de la psyché sur le monde extérieur. Si je me sens me renaître par l'expérience, les murs de ma chambres apparaîtront comme une enveloppe vivante et protectrice, bienfaisante. Si je fais une mini-crise de claustrophobie, les murs sembleront ternes, oppressants, semblant se refermer sur moi. Des images peuvent apparaître de nulle part, en se superposant avec le monde extérieur.
Si on pousse la dose, les visuels yeux ouverts deviennent un caléidoscope indescriptible, foisonnant, riche, étourdissant. Tout se multiplie, s'entrechoque, bouge.
Les visuels yeux fermés. Yeux fermés, les visuels qu'on observe sont, dit le plus simplement, une illustration vivante de la pensée. C'est comme regarder un film qui montre ce qu'on pense. Donc, on pense à ce qu'on pense. Et ça boucle, et ça boucle, et ça part loin.
L'expérience extrême. Elle a lieu d'ordinaire à des doses fortes (plus de 400µg). C'est quand un ou plusieurs de ces effets atteignent leur maximum jusqu'à ne plus pouvoir aller plus loin. Le moi psychologique, qui faisait la distinction entre la perception et la pensée, entre l'intérieur et l'extérieur, a disparu. Il n'y a plus de limites entre ce qu'on pense et ce qu'on voit, entre l'intérieur et l'extérieur. Cette expérience est extrêmement marquante, et peut être vécue de multiples façons.
Elle peut être une expérience atroce, l'impression d'être sur le point de mourir, d'être soumis à des forces dantesques qui déchiquettent sans pitié tous les lambeaux de l'esprit pour en faire de la purée. On risque la crise psychotique.
Elle peut aussi être résolument positive, vécue comme une extase, une fusion avec le monde, avec des archétypes divins, une disparition de l'ego dans un torrent d'amour lumineux.
On peut avoir une combinaison de ces deux types d'expériences en une seule, l'une après l'autre.
Une caractéristique commune à toutes ces expériences extrêmes : elles confrontent l'individu à sa propre mort et à sa nature profonde.