Tridimensionnel
Cheval théorique
Hé là, c'est bien beau la RDR et la dédiabolisation...
Contez-moi plutôt votre histoire de drogues la plus effrayante, je sais que certain/e/s d’entre vous ont du level !
Pour ma part je n’ai jamais vécu de gros flip sous drogue et sous cet angle mes récits sont plutôt fades, mais il faut bien que quelqu’un commence n’est-ce pas ? Alors je vais vous raconter une histoire arrivée à quelqu’un d’autre mais à laquelle j’ai partiellement assistée.
C’était le soir d’une teuf quelconque, installée dans d’anciennes carrières donc imaginez un lieu un peu labyrinthique, très minéral, éclairé aux frontales et à la bougie… de la poussière, une vieille odeur de pisse, de bière et de mégots à laquelle on s’habitue vite… les gens sont plutôt crades, portent des bottes et des hoodies, parlent fort et arborent chacun leur enceinte portative crachant du boum-boum-boum saturé. Bref une ambiance plutôt glauque, j’aime bien.
Mais ce soir-là je suis un peu déprimé, pas de raison particulière juste le principe de plaisir qui me boude. J’ai bu, j’ai vu tout le monde, déjà fumé la moitié de mon paquet et je me fais chier. Alors je décide de partir plus tôt que prévu, sans dire au-revoir à personne (« ça sert à quoi les politesses, grmbl ») et c’est parti pour 20min de marche méditative avant de trouver la sortie.
Or, j’ai à peine fait 100m que je tombe sur un embouteillage. Une dizaine de personnes agglutinées dans la galerie, elles vocifèrent et semblent très affectées. « Grmbl j’ai pas que ça à foutre moi » ; je leur marche dessus jusqu’à atteindre l’œil du cyclone qui s’avère être un gars, tout seul, assis dans un renfoncement, extrêmement pâle et les yeux exorbités. Appelons-le Poireau, j’ai la flemme de lui trouver un blaze stylé.
Je connais vaguement Poireau, c’est quelqu’un de timide qui se met souvent des races monumentales, aussi je comprends vite qu’il a tapé quelque-chose qu’il ne fallait pas taper, ou fait un mélange qu’il ne fallait pas faire, bref il ne va pas très bien et ça se voit. L’embouteillage est en fait créé par tous les gens qui s’inquiètent pour lui et veulent lui venir en aide.
- Salut Poireau, dis-je. Ça n’a pas l’air d’aller…
- Nxzlkandlzdef, me répond Poireau.
Effectivement, ça a l’air d’être le gros bad et quelque-chose me souffle que la présence d’une dizaine d’inconnus agglomérés dans cet espace étroit ne l’aide pas beaucoup. Un gars sort une bouteille d’eau et commence à lui en proposer de façon insistante ; Poireau le regarde, soudain très concentré, et se met à hurler : « Tu m’auras pas ! Va te faire foutre ! J’sais que tu veux m’buter ! » avant de se jeter sur le gars, évidemment retenu par d’autres spectateurs qui le rejettent aussitôt dans son coin où il reprend sa pause défensive pendant que le pauvre mec qui lui proposait de l’eau se répand en lamentations : « Mais pourquoi tu m’agresses ! Je veux juste t’aider, moi ! ».
Ce ne sont pas mes affaires, mais je vais devoir traverser ce merdier si je veux sortir et puis j’aime bien Poireau, alors je m’avance et, en essayant de ne pas le toucher, je lui adresse quelques paroles polies. Réaction immédiate de Poireau qui se relève pour essayer de me frapper, en m’appelant par un autre nom que le mien ; il est à nouveau retenu, à nouveau repoussé dans son coin et à nouveau il est prostré, terrorisé, tourné vers lui-même et lâchant de temps en temps une parole : « tu m’auras pas », « je suis une merde » ou encore : « il faut que ça s’arrête ».
Le chemin est libre, je ne peux rien faire pour Poireau me semble-t-il, alors je m’en vais en conseillant aux autres de le laisser tranquille, parce qu’ils lui font peur et qu’il ira mieux une fois redescendu.
J’ai eu de ses nouvelles par la suite. Il est rentré chez lui au bout d’une dizaine d’heures, très secoué par les hallucinations agressives qu’il avait subi. Il avait vu des gens qui n’étaient pas là et menaçaient de le tuer ; quand on lui proposait de l’eau, il y voyait une tentative d’empoisonnement. Il a néanmoins raconté qu’au cœur de son bad trip, il m’avait bien reconnu et que, malgré qu’il ait voulu me frapper, ça l’a temporairement réconforté de voir un visage connu et pacifique.
Aussi plus d’un an après, en y ayant un peu réfléchi et en ayant lu d’autres récits, je me dis qu’une solution aurait en fait été de virer tous ces gens que Poireau ne connaissait pas, lui donnant plus d’espace, puis de passer tranquillou un album de chill downtempo pour infléchir son humeur, et rester à distance correcte sans m’en aller pour autant, histoire de garder un œil sur lui afin qu’il ne se blesse ni ne se perde dans ce dédale.
Contez-moi plutôt votre histoire de drogues la plus effrayante, je sais que certain/e/s d’entre vous ont du level !
Pour ma part je n’ai jamais vécu de gros flip sous drogue et sous cet angle mes récits sont plutôt fades, mais il faut bien que quelqu’un commence n’est-ce pas ? Alors je vais vous raconter une histoire arrivée à quelqu’un d’autre mais à laquelle j’ai partiellement assistée.
C’était le soir d’une teuf quelconque, installée dans d’anciennes carrières donc imaginez un lieu un peu labyrinthique, très minéral, éclairé aux frontales et à la bougie… de la poussière, une vieille odeur de pisse, de bière et de mégots à laquelle on s’habitue vite… les gens sont plutôt crades, portent des bottes et des hoodies, parlent fort et arborent chacun leur enceinte portative crachant du boum-boum-boum saturé. Bref une ambiance plutôt glauque, j’aime bien.
Mais ce soir-là je suis un peu déprimé, pas de raison particulière juste le principe de plaisir qui me boude. J’ai bu, j’ai vu tout le monde, déjà fumé la moitié de mon paquet et je me fais chier. Alors je décide de partir plus tôt que prévu, sans dire au-revoir à personne (« ça sert à quoi les politesses, grmbl ») et c’est parti pour 20min de marche méditative avant de trouver la sortie.
Or, j’ai à peine fait 100m que je tombe sur un embouteillage. Une dizaine de personnes agglutinées dans la galerie, elles vocifèrent et semblent très affectées. « Grmbl j’ai pas que ça à foutre moi » ; je leur marche dessus jusqu’à atteindre l’œil du cyclone qui s’avère être un gars, tout seul, assis dans un renfoncement, extrêmement pâle et les yeux exorbités. Appelons-le Poireau, j’ai la flemme de lui trouver un blaze stylé.
Je connais vaguement Poireau, c’est quelqu’un de timide qui se met souvent des races monumentales, aussi je comprends vite qu’il a tapé quelque-chose qu’il ne fallait pas taper, ou fait un mélange qu’il ne fallait pas faire, bref il ne va pas très bien et ça se voit. L’embouteillage est en fait créé par tous les gens qui s’inquiètent pour lui et veulent lui venir en aide.
- Salut Poireau, dis-je. Ça n’a pas l’air d’aller…
- Nxzlkandlzdef, me répond Poireau.
Effectivement, ça a l’air d’être le gros bad et quelque-chose me souffle que la présence d’une dizaine d’inconnus agglomérés dans cet espace étroit ne l’aide pas beaucoup. Un gars sort une bouteille d’eau et commence à lui en proposer de façon insistante ; Poireau le regarde, soudain très concentré, et se met à hurler : « Tu m’auras pas ! Va te faire foutre ! J’sais que tu veux m’buter ! » avant de se jeter sur le gars, évidemment retenu par d’autres spectateurs qui le rejettent aussitôt dans son coin où il reprend sa pause défensive pendant que le pauvre mec qui lui proposait de l’eau se répand en lamentations : « Mais pourquoi tu m’agresses ! Je veux juste t’aider, moi ! ».
Ce ne sont pas mes affaires, mais je vais devoir traverser ce merdier si je veux sortir et puis j’aime bien Poireau, alors je m’avance et, en essayant de ne pas le toucher, je lui adresse quelques paroles polies. Réaction immédiate de Poireau qui se relève pour essayer de me frapper, en m’appelant par un autre nom que le mien ; il est à nouveau retenu, à nouveau repoussé dans son coin et à nouveau il est prostré, terrorisé, tourné vers lui-même et lâchant de temps en temps une parole : « tu m’auras pas », « je suis une merde » ou encore : « il faut que ça s’arrête ».
Le chemin est libre, je ne peux rien faire pour Poireau me semble-t-il, alors je m’en vais en conseillant aux autres de le laisser tranquille, parce qu’ils lui font peur et qu’il ira mieux une fois redescendu.
J’ai eu de ses nouvelles par la suite. Il est rentré chez lui au bout d’une dizaine d’heures, très secoué par les hallucinations agressives qu’il avait subi. Il avait vu des gens qui n’étaient pas là et menaçaient de le tuer ; quand on lui proposait de l’eau, il y voyait une tentative d’empoisonnement. Il a néanmoins raconté qu’au cœur de son bad trip, il m’avait bien reconnu et que, malgré qu’il ait voulu me frapper, ça l’a temporairement réconforté de voir un visage connu et pacifique.
Aussi plus d’un an après, en y ayant un peu réfléchi et en ayant lu d’autres récits, je me dis qu’une solution aurait en fait été de virer tous ces gens que Poireau ne connaissait pas, lui donnant plus d’espace, puis de passer tranquillou un album de chill downtempo pour infléchir son humeur, et rester à distance correcte sans m’en aller pour autant, histoire de garder un œil sur lui afin qu’il ne se blesse ni ne se perde dans ce dédale.