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Prise de champignons psilocybes (2,5g sec)

R2d2

Elfe Mécanique
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18 Mar 2018
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376
Hello, voilà voici le compte-rendu d'un trip fait il y a une semaine.
Je le termine avec un essai de bilan à J+8
Bonne lecture!

Age 43
Taille 163 cm
Poids 58 kg
Substances : champignons secs dégustés comme des apéritifs
Dosage : 2,5 gr
Durée du trip : 6 hrs

S & s : Bon le contexte est excellent, avec mon sitter nous avons 48hrs de libres, la maison pour nous et c’est vraiment le bon moment, logistiquement parlant, pour un trip.
Par contre, mon état d’esprit est catastrophique, les nouvelles bien pourries s’enchainent depuis un bon mois, j’oscille entre tristesse et fatalité, avec de bonnes doses d’angoisse.
Malgré ça je n’ai pas envie de repousser notre trip, clairement j’ai envie d’arrêter le temps, de couper les téléphones et de décoller. C’est pas forcement très RDR mais c’est murement réfléchit et préparé.

J’ai mangé des pates à midi, je prends mes champi à 17h, sans être à jeun, j’en suis pas très loin. Je vais essayer de coller le plus près possible à la succession des différents épisodes du trip.

Prise (P) + 20 : je sens une forte poussée dans mon corps que je reconnais être la montée, le chargement physique de la substance. Je sens des fourmillements, une vague nausée et l’envie de m’allonger. Je pars m’isoler comme dans tous mes débuts de trips. J’ai ma mushroom playlist de prête en intra-oriculaire.  

P+30 : je suis allongée, les visuels sont déjà multiples, des canevas colorés et extrêmement dynamiques. Assez anguleux pour des visuels aux psylo. Je sens que je résiste à la descente. 
Un point d’explication : que ce soit avec le 1P -lsd ou les champs, je n’ai pas l’impression de « monter » mais au contraire de descendre en moi-même. Par pallier comme en plongée et là je remonte brutalement à chaque fois que s’amorce cette descente.

Donc je sens une résistance…je respire, lentement, doucement, mes BPM sont lents…je m’adresse mentalement à la substance : « t’as des trucs à me montrer, vas -y je te suis » et là j’amorce la descente, un dédale de couloirs mentaux, un labyrinthe à travers lequel je me vois clairement remonter le temps : je vois des animaux souffrir, de l’eau qui est empoisonnée, je prends conscience que rien de tout ça n’a été fait exprès, que les catastrophes écologiques n’ont pas été anticipées. Je me dis que nous pouvons encore sauver la planète.

Je remonte comme ça jusqu’au moyen âge. C’est étrange ce n’est pas tellement ma période de prédilection, et la musique, de la psy-trans est loin de cette ambiance. 

P+50 : Mes visuels sont multiples, des lignes de toutes les couleurs font des tracés harmonieux autour de moi, des roses poussent de tous côtés, magnifiques, majestueuses. Je m’adresse à ma mère et lui dis « regarde on peut ne pas souffrir dans sa tête, ce n’est pas une obligation », l’environnement est ….rassurant.

P+60 : Je me retrouve à me battre avec ….un double de moi (je suis toujours allongée ; les yeux ouverts, la musique dans les oreilles)…à l’épée…. Puis tout s’arrête….le noir….une voix (celle de ma conscience, c’est une citation car je l’ai écrit sur un carnet en temps réel) : « Tu pourras être aussi nombreux que tu veux dans ta tête, en définitif, tu ne feras jamais que toi ». 

C’est ça, il n’y a rien, pas de force mystique, ni d’entité supérieure. Je me sens bien, c’est comme si chaque parcelle de ma conscience me faisait un câlin, c’est que de l’amour…c’est très étrange. J’acquiers la certitude que quoique je fasse pour les personnes qui m’entourent, je le ferai avec amour.

P+1h30 : je descends rejoindre mon sitter qui est dans une magnifique perche ! il me fait un thé, je m’installe. Si lui bouge, moi physiquement je suis relativement scotchée.

Je suis perturbée car je vois son squelette : je veux dire c’est « danse macabre » de Camille St Sens, c’est son squelette que je vois bouger en rythme. Normal me dis-je, au-delà des apparences, de son visage, c’est bien son squelette qui est là. Le salon est de toutes les couleurs, nos tableaux goulent vers moi. C’est beau ! et pourtant, en dessous de toute cette beauté multi couleurs, je perçois le noir, le putrescible, c’est comme si les deux plans (les apparences mises en scène par le psychédélique et leurs dessous) étaient superposés en permanence.

P+2h : je pars dans des crises de fous rires inarrêtables….je peux plus….on peut le dire, j’hurle de rire. Sur tout, sur rien. On part sur le fait qu’on est tous d’accord dans nos têtes sur l’idée que nous ne formons qu’un et cette idée nous rend hilares.

On écoute beaucoup de musique, janis Joplin, Iggy Pop, les guns, Queen, et j’en passe.
J’oscille désormais entre infinie tristesse et joie, chaleur….c’est toute une palette d’émotions qui se déploie anarchiquement. Je suis triste pour les gens qui meurent, toujours heureuse d’avoir ressenti tellement d’amour.

Puis, j’ai l’impression d’avoir obtenu le diplôme de la bonne santé mentale. Je m’explique, le fait que cette voix m’ait dit qu’en définitif je ne faisais toujours que un avec moi, c’était comme de me dire, voilà t’es pas dingue, tu le seras jamais et de toute façon il n’y a rien de supérieur à trouver. C’était un trip très matérialiste en fait dans la mesure où il y avait soi à trouver, un accent des visuels mis sur la finitude avec beaucoup de visions de squelettes, les fruits pourris alors qu’ils ne le sont pas…etc mais rien n’était angoissant, c’était juste comme ça, un constat.

P+4 : Je suis plus posée, dans ma tête, parce qu’en réalité je bouge pas, je suis toujours scotchée !
Je mange de la glace, délicieuse, fraiche, vanille caramel noix de pécan, une tuerie. 

Les deux dernières heures se passent dans un effet de traine, on discute, on regarde une série que l'on commente et vers minuit je vais me coucher.
Je me relis et je me dis que c'est difficile de rendre par de simple mots, de la texture d'un voyage psychédélique. J'ai essayé et j'espère que vous en aurez une lecture agréable.

Bilan à J+8:

Je me questionne beaucoup sur l'importance qu'il faut accorder à la symbolique intérieure. Finalement,
j'ai accès à mes soubassements inconscients donc par définition, aux couches les moins rationnelles de ma personnalité.
J'ai un autre questionnement:
très clairement, je suis dans la phase découverte concrète des psychédéliques, dans une "lune de miel" avec un paradis artificiel et
je remarque qu'après chaque trip il faut bien prendre le temps de digérer et de redéfinir les limites réalité-inconscient.

Il est important de ne pas nier cette nécessité afin de ne pas se perdre pendant et surtout, après le voyage.

Tout cet ensemble de réflexions m'amène à penser que je ne vais pas consommer des psyché très longtemps à ce rythme là mais
plutôt basculer à 4-5 trips par an. Ce qui n'est pas un problème en soi mais si on considère que toute observation enferme la réalité observée dans la subjectivité de l'observateur, alors ces observations de mes couches inconscientes, au-delà d'être égotiques par essence, modifie et la perception que j'ai de moi, et ce moi en lui-même qui à son tour va modifier mon rapport à la réalité. Il n'est donc pas aussi simple que ça de redéfinir les frontières réalité-symbolique.

A l'issue de ces 6 derniers mois, si je dois noter un changement, c'est que la colère que je pouvais avoir en moi depuis toujours s'est énormément estompée.
Les raisons en sont multifactorielles: je fais une double psychothérapie, j'échange beaucoup plus qu'avant et je ne me contrains plus à être autrement que comme je suis.

Et mince j'ai beaucoup plus de questions que de réponses!

Merci!
 
D

Deleted-1

Invité
Cool cool la plongée dans le tragique de l'existence, je pense que c'est ce genre de dissociation amenant à prendre du recul sur soi et les choses, qui permet d'atteindre un état de béatitude pendant le trip, et par la suite de manière plus ou moins durable.

C'est un peu comme trouver une forme d'ataraxie en étant ni pessimiste ni optimiste, mais en voyant les choses telles qu'elles sont, de façon matérialiste donc. C'est aller au delà des illusions, en admettant que tout est mortel, et que pour se satisfaire de ce monde périssable, il faille l'accepter sans en attendre plus que ce que l'on a. On en revient à ta réflexion sur la subjectivité de l'observateur, si l'on ne peut être objectif parce que l'on est porté par notre ego, notre rapport à la réalité dépend effectivement de la vision que l'on a des choses, de soi. A partir de là il faut comprendre ses déterminismes de son libre arbitre, et je pense que la seule liberté que l'on a, c'est d'orienter sa vision des choses en gagnant en connaissance sur soi et les choses. Tout le reste est nécessité, ou ne pourra que changer à l'échelle de plusieurs générations.

C'est une recherche de l'immanence dans la chimie de ses désirs, sans transcendance toute puissante. Mais si le transcendantal est essentiel parce que l'on est psychiquement structuré de manière verticale dans sa tête, pour ne pas tomber dans l'illusion de la religion (de la croyance en un ailleurs meilleur, idéal), pourquoi pas chercher à gagner en spiritualité en acceptant la réalité. Autrement dit en éprouvant le réel ici bas, qui est indépendant de l'ego et de la croyance des êtres humains (sans croyance Dieu n'existe pas, alors que le réel si, mais le réel est une angoisse si tragique, que l'on préfère malgré soi ses rêveries idéalisées et autres paradis artificiels).

C'est là qu'il faudrait après avoir saisi la frontière entre réel et symbolique, appréhender la dimension de l'imaginaire en soi, dans son esprit ayant besoin d'illusion, de croyance en un avenir meilleur. Parce qu'on baigne tous dans l'illusion, c'est le propre de l'ego que d'en créer pour nous rassurer, l'imaginaire nous sauve de nous mêmes, quand le symbolique fait défaut face aux exigences du réel (problématique nihiliste de manque subjectivation, de défaut de sublimation de ses passions et désirs dans des objets qui nous le rendent bien, y aurait beaucoup à dire là dessus quand à notre besoin d'évasion). Et par rapport aux psychés, s'ils nous rapprochent d'un certain réel transcendantal d'un côté, d'un autre côté ils nous bercent d'illusion en nous laissant interrogateur sur la nature de l'expérience vécue, donc sur sa propre nature et celle du réel (on retrouve le défaut de subjectivation, quand notre dialogue intérieur ne peut répondre qualitativement à nos questionnements existentiels).

D'où le fait important de se laisser du temps entre les trips, pour assimiler l'expérience, et ne pas en rester dans l'interrogation totale (perte de repère, dépersonnalisation, paranoïa, etc), ou l'illusion totale (croyances exagérées, égocentrisme et narcissisme moral pour se rassurer, psychose ou pire). Il faut apprendre à prendre le temps de répondre aux questions que l'on se pose, pour continuer de savoir qui l'on est, et garder une estime de soi positive (c'est à dire de ne pas se mentir, en connaissant ses points faibles et ses points forts, qui évoluent au fil de ses expériences nouvelles). Après tout est travail sur soi, ou comment l'on passe du rêve à la réalité, en réalisant ses désirs les plus enfouis, en faisant le lien entre son passé et son présent pour pouvoir aller sereinement de l'avant.
 

R2d2

Elfe Mécanique
Inscrit
18 Mar 2018
Messages
376
coucou Laura,

Je viendrai répondre plus longuement mais déjà je suis d'accord avec tout ce que tu écris, mais il faut que je réfléchisse un peu avant de pouvoir rebondir.

Ce que je préfère dans ta réponse, la chute:
"Après tout est travail sur soi, ou comment l'on passe du rêve à la réalité, en réalisant ses désirs les plus enfouis, en faisant le lien entre son passé et son présent pour pouvoir aller sereinement de l'avant."
 
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