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Prigogine : Science/culture/irreversibilité

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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19 Mai 2008
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Ilya Prigogine, Belge prix nobel de chimie.

Je vous propose de brefs extraits d'un texte facilement accessible, et qui se centre sur les conséquence de ses recherches sur les système loin de l'équilibre. En effet, il apparait qqchose de peu intuitif et d'importance capital, qu'il nomme "structure dissipative", c'est à dire ces structures qui se créent au sein meme d'une dynamique chaotique et loin de "l'équilibre"... En ce sens, ca renvoit un peu au swing cosmique ( http://www.psychonaut.com/art-philo...96-whitehead-%E0-la-mescaline.html#post673163 ). Je vous recommande néanmoins la lecture de l'entièreté du texte, disponible en attaché, qui se lit facilement et rapidement!

" L’activité humaine, créative et innovante, n’est pas étrangère à la nature. On peut la considérer comme une amplification et une intensification de traits déjà présents dans le monde physique, et que la découverte des processus loin de l’équilibre nous a appris à déchiffrer (…) La créativité est la propriété fondamentale de l'univers ( …) Nous vivons dans un univers en évolution. (…) Nous sommes dans un univers probabiliste (…) (...) La richesse du réel déborde chaque langage, chaque structure logique, chaque éclairage conceptuel (...) Il y a treize mille espèces de fourmis, il y a des millions d'espèces d'insectes, il y a tellement d'espèces de fleurs, partout il y a de la diversité. Penser qu'elle ne soit due qu'aux conditions initiales est presque impossible. D'ailleurs, quelles étaient ces conditions initiales ? Au moment du big bang, la température était très élevée et l'univers était composé de particules élémentaires. Comment croire que, dans ces particules, toute la variété de ce qui allait venir était déjà inscrite ? C'est presque inconcevable. Donc il doit y avoir eu invention, créativité, par la suite. (…) L'évolution biologique de la vie est l’expression majeure de la créativité de la nature (…) La matière peut s'auto-organiser. L'auto-organisation c'est ce qui est à la base de la notion d'individu, d'individualité (…) La caractéristique principale de n'importe quel être vivant est l'ouverture (...)

Il y a des éléments originaux dans la vie par rapport à la matière, et dans la conscience par rapport à la vie. Mais il faut un élément commun : toutes les activités doivent pouvoir se déployer dans une même direction temporelle. Le temps est à la fois ce qui fait l’unité de l’Univers et sa diversité (...) C’est grâce aux processus irréversibles associés à la flèche du temps que la nature réalise ses structures les plus délicates et les plus complexes. La vie n’est possible que dans un univers loin de l’équilibre (...) A l’équilibre la matière est aveugle, alors que loin de l’équilibre elle commence à voir (…) On pourrait se demander pourquoi il a fallu tellement de temps pour arriver à une formulation des lois de la nature qui inclue l’irréversibilité et les probabilités. L’une des raisons en est certainement d’ordre idéologique : c’est le désir d’accéder à un point de vue quasi divin sur la nature. Que devient le démon de Laplace dans le monde que décrivent les lois du chaos ? Le chaos déterministe nous apprend qu’il ne pourrait prédire le futur que s’il connaissait l’état du monde avec une précision infinie. Mais on peut désormais aller plus loin car il existe une forme d’instabilité dynamique encore plus forte, telle que les trajectoires sont détruites quelque soit la précision de la description (...)
Le possible est plus riche que le réel. L’univers autour de nous doit être compris à partir du possible, non à partir d’un quelconque état initial dont il pourrait, de quelque manière, être déduit. (…) Les probabilités sont l'expression même de la nature : ce sont elles qui nous donnent la possibilité d'inventer, de créer (…) Le futur n’est plus donné. Il devient une construction. (…) La certitude n’a jamais fait partie de notre vie. Je ne sais pas ce que sera demain. Pourquoi penser que la certitude est la condition même de la science ? (...) La science traditionnelle identifiait raison et certitude, et ignorance et probabilité. Il n’en est plus ainsi aujourd’hui (...)

J’ai toujours pensé que la science était un dialogue avec la nature. Comme dans tout dialogue véritable les réponses sont souvent inattendues (…) L'étonnement est finalement la source commune des sciences et des arts (...) La réalité du devenir est la condition sine qua non à notre dialogue avec la nature (…) Le futur est incertain, mais l'incertitude est dans le coeur même de la créativité humaine. Le non-équilibre est source de structures (...) L'univers est en construction (...) Nous sommes les enfants du temps (...) Nous devons aller au-delà de l'idée de conservation (...) Rien jamais dans la connaissance du monde de pourra empêcher l'homme de décider de son avenir, les choix qu'il fait ne peuvent pas être prévus à l'avance même par un être aux connaissances infinies. Seules les possibilités sont prévisibles (...) Nous sommes libres .»
- Ilya Prigogine, prix Nobel de chimie

source : Ecologie, Climat - "Nous devons aller au-delà de l'idée de conservation" (Ilya Prigogine, Prix Nobel, co-signataire de l'Appel d'Heidelberg) - Objectif Terre des Hommes
 

Caléo

Alpiniste Kundalini
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6 Jan 2012
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Vision intéressante, mais je vais approfondir avec la lecture du texte intégral. La démarche présentée ici ne suffit pas à démenteler la pensée déterministe car elle n'apporte pas de justification scientifique, et qu'elle reprend les arguments presque catholiques de l'intelligence créatrice en ce qu'elle remet en question la théorie darwiniste. J'aimerais connaitre les preuves (et surtout avoir des arguments) quant aux propos énoncés. J'aimerais notamment en savoir plus sur "Mais on peut désormais aller plus loin car il existe une forme d’instabilité dynamique encore plus forte, telle que les trajectoires sont détruites quelque soit la précision de la description". Cette approfondissement, s'il est justifié, serait une objection intéressante au déterminisme.
 

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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Disons que le texte présente ici directement quelques conséquences métaphysiques ou epistemologiques des travaux de Prigogine
Si tu veux en savoir plus sur le fond de l'affaire (les structures dissipatives, le dépassement du concept d'entropie, le chaos et le déterminisme), je peux voir ce que j'ai à te proposer! Ce soir parce que la je travaille ;)
 

Caléo

Alpiniste Kundalini
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6 Jan 2012
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Carrément, fais tout péter dès que t'as le temps !
 

Quetzal

Holofractale de l'hypervérité
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19 Mai 2008
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Alors sur comment il fait péter le déterminisme, c'est un truc assez compliqué, ca fait trois jours que je tourne de sources en sources et c'est pas très clair, surtout que ca devient vite technique! voici un document ("la fin des certitudes") qui reprend divers extrait de Prigogine, un peu plus technique, qui t'eclairera peut etre; je met quelques "extraits d'extraits" ici ^^

"Les systèmes non intégrables de Poincaré seront ici d’une importance
considérable. Dans ce cas, la rupture entre la description individuelle (trajectoire
ou fonction d’onde) et la description statistique sera encore plus spectaculaire.
Avait comme nous le verrons, pour de tels systèmes, le démon de Laplace reste
impuissant, quelle que soit sa connaissance, finie ou même infinie,. Le futur
n’est plus donné. Il devient, comme l’avait prédit le poète Paul Valéry, “une
construction”.
La non-intégrabilité est due aux résonnances. Or, les résonnances expriment
des conditions qui doivent être satisfaites par les fréquences: elles ne sont pas
des événements locaux qui se produisent à un instant donné. Elles introduisent
donc un élément étranger à la notion de trajectoire, qui correspond à une
description locale d’espace temps.
La physique de l’équilibre nous a donc inspiré une fausse image de la matière.
Nous retrouvons maintenant la signification dynamique de ce que nous avions
constaté au niveau phénomène logique : la matière à l’équilibre est aveugle et,
dans les situations de non équilibre, elle commence à voir."

On peut se risquer a faire un parralele avec la conscience, qui trouve son potentiel dans sa dynamique; la matière qui voit
On voit le role de l'harmonie, du jeu des fréquences, dans la construction des structures complexes (une idée que beaucoup ont approché intuitivement! la fameuse harmonie lysergique, enfin vous voyez non? )

Ailleurs, il parle de la centralisation contre l'auto-gestion ; les parralèles en politique sont plus difficiles mais ca lance des pistes!

Il cite whitehead, mon intuition été juste dés la lancé du topic :p

Et finalement, on voit que ces avancées en chimie ont été alimentée par ses préocuppations philosophique/artistique... bref : l'ouverture monde. Plus que je ne le soupsonnais (je voyais plus le sens contraire, de la chimie à la philosophie)

Il commente aussi pourquoi on a mis tant de temps a elaborer ces théories; l'existence d'un Dieu-technicien, celui des monothéistes grosso modo, a du avoir un impact a ce niveau...
On pourrait se demander pourquoi il
a fallu tellement de temps pour arriver à une formulation des lois de la nature qui
inclue l’irréversibilité et les probabilités. L’une des raisons en est certainement
d’ordre idéologique : c’est le désir d’accéder à un point de vue quasi divin sur la
nature. Que devient le démon de Laplace dans le monde que décrivent les lois
du chaos ? Le chaos déterministe nous apprend qu’il ne pourrait prédire le futur
que s’il connaissait l’état du monde avec une précision infinie. Mais on peut
désormais aller plus loin car il existe une forme d’instabilité dynamique encore
plus forte, telle que les trajectoires sont détruites quelque soit la précision de
la description. Ce type d’instabilité est d’une importance fondamentale puisqu ïl
s’applique, comme nous le verrons, aussi bien à la dynamique classique qu’à la
mécanique quantique. ll est central dans tout ce livre. Une fois de plus, notre
point de départ est le travail fondamental d’Henri Poincaré à la fin du XIXème
siècle


Quand a la théorie de l'évolution, vaste débat ;
Je te propose un texte ("hasard" en attaché) sur les différents types de hasard dans l'évolution des espèces; c'est deja un bon point d'appui pour y voir plus clair

Et un mp3 d'un philosophe francais, qui démontre les limites de la sciences dans le domaines (ce qu'il appelle "la tenaille finaliste", la science ne peut pas sortir des argumentaires de l'intelligent design et du créationisme, a moins de se ré-inventer, de créer une "nouvelle science" ou tout du moins revoir l'epistemologie dans le domaine)

http://www.diffusion.ens.fr/data/audio/2008_09_24_meillassoux.mp3

(ca commence a etre hors sujet, mais le MP3 cartonne a mort! alors j'en profite pour le caser!)

complète en visitant les pages de wiki sur déterminisme, théorie du chaos, structure dissipatives, ... de puis laisse faire wikipedia, le démon du glandage infini !
 
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