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Mon expérience mystique à Mashpi, Equateur

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1 Déc 2021
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Bonsoir tout le monde,

De mai à Septembre 2023 je suis parti réaliser un stage dans la production de la Guayusa (une plante sacrée Un article qui en parle assez bien ) dans la forêt de Mashpi en Equateur. J'ai pu vivre sans accès direct à internet et à l'électricité pendant tout ce temps et avec accès à plusieurs dizaines de plantes aux vertues fantastiques comme peut le conter notre cher Schultes ! Et du temps, beaucoup de temps pour me dévoiler petit à petit à notre Terre. Au milieu des san pedro, chakruna, coca, guayusa, brugmansia, ... et des roches, des oiseaux, des insectes, des arbres gigantesques, du fleuve et de la lune (et de pas mal de yoga) je ressenti une réelle puissance mystique croître à l'intérieur de moi. Rien de bien descriptible mais la sensation de flotter parmi les 84 000 000 d'êtres, de ne parfois faire qu'un avec le vent ou l'eau, de s'embraser dans le feu du Grand Shiva, de sa danse destructrice et créatrice.

Je suis rentré en France depuis et repris une vie plutôt modeste d'expériences de ce genre, la force là-bas était tellement concentrée qu'il s'agirait d'un fameux point énergétique dont parle Eric Julien dans Kogis, le chemin des pierres qui parlent ? En tout cas les conditions étaient propices à mon développement interne. Je vous laisse avec quelques mots que j'ai pu écrire suite à certaines expériences marquantes de mon séjour.


I


Transe spontanée au sein du fleuve, Mashpi Equateur



Corps fluide qui glisse sur mon enveloppe, emportant et acceptant tout dans ta course inarretable,

Ô esprit comportant l’infini, aussi sage que les millénaires. De tes innombrables particules tu modules la plus dure des roches, de ton fracas résonne l’euphorie d’être. Tu enseignes et tu soignes, tu détruis les fondements physiques du soi car en toi je retourne à l’origine. Jamais tu ne te laisse attraper et pourtant si tu te trouves docile quand on se laisse ballotter par ton courant salvateur.

Emporte mes maux, montre moi le chemin, guéris mes blessures. De tes langues j’entends la vérité du firmament, de ta caresse le changement s’opère, avec tes vagues je me synchronise, pénètre ta peau de milles fraîcheurs, plonge dans l’éternité. Tu me contiens, tu me traverses, ta voie sera mon chemin, ta sécheresse ma détresse. Tombe ! Rebondis, danse céleste. Accompagne et guide les êtres, veines de la terre, pleurs du soleil.


II


Cérémonie d’Ayahuasca



À mesure que les racines s’ancrent les branches se multiplient, les cellules nerveuses miroitent leur environnement, vibrent à l’unisson. La respiration s’inverse, le chemin s’entortille, c’est l’Âme qui fusionne avec soi même, comme deux lianes dansantes, s’écoutant avec légèreté, laissant la force serpentine soulager leurs désirs. C’est la course du soleil dans l’énergie du bois qui se laisse embraser, la lumière de la lune qui fait chanter le cristal. L’intelligence dans le regard de cet autre dont la vie jaillit sans demander raison. Les odeurs du chemin d’argile qui soignent l’esprit, la valeur du bruit qui ne veut qu’être écouté. Le cœur bat son rythme sur les rivières de miel, la carapace s’affine, on y découvre l’écorce pleine de jus maturant sa succulence. L’oeil distinguera les nuances dans les feuillages, l’oreille entendra les contes de l’oiseau, le nez saura remercier les arômes, la bouche gardera le goût de la terre.



III


Transe spontanée au sein de la forêt entourant le fleuve Mashpi



Qu’il est bon de se perdre dans le tronc du jeune arbre,


Qu’il est bon de disparaître sous le torrent incessant du fleuve,


Qu’il est bon de s’oublier au regard de la fourmi,


Quel délice nous est offert de devenir entièrement son extérieur ! Mes cellules se remplissent de l’énergie astrale, je ne désire que la vie qui est réellement.


Celle qui adroite s’éparpille en trombe,


Celle qui germe et celle qui tombe,


Celle qui silencieuse nous assourdit,


Celle qui attend et qui surgit,


Celle qui griffe et qui soigne,

Celle qui chatoie, qui de son intelligence,


Rétablis chaque chose avec indulgence,





La vie qui danse, resplendissante,


Pas cette tendance nécrophile et affligeante


Qu’à l’homme de vouloir tout dominer,


Dans sa prison qui ne laisse exprimer,


Le destin véritable de son humanité.



IV


Prière au clair de Lune



Au sein de la Grande Mère

Désarme toi,

Pose ton genou à Terre,

Et abreuve toi.





V


Enseignement du San Pedro




Engeance solaire,

Ainsi se sait,

Le sage sot

s’asseyant à la création.




Siffle comme le vent,

Suis le cours d’eau,

Apporte toi à terre,

Danse avec le feu.




Émeus toi des spectacles,

Que la nature offre,

À quiconque pense à s’oublier.

Car quand viendra la débâcle,

Qu’aura été d’exister ?





VI


Expérience mystique au clair de lune





J’aime me réveiller en pleine nuit,

Par une envie d’extérieur,

Je me glisse hors de mon lit,

Et de ce temps sans heure,





Guidé par les étoiles,

Accordé par la forêt,

Le monde devient ma toile,

Encore étourdi ensommeillé.





Je plonge au cœur du mystère,

Au sein de l’obscurité,

Milles caresses m’éclairent,

À nouveau nouveau-né.





VII


Céremonie à la Coca, Mashpi



Il y a une force en ces lieux qui a la capacité de m’abriter. Je la retrouve dans l’eau qui me lave et m’hydrate, dans l’air qui m’oxygène, dans le soleil qui me sèche, les plantes qui me nourrissent, la terre qui me meut. Cette force me contient et je contiens cette force, nous sommes en adéquation l’un l’autre. En la laissant s’épanouir en moi, je m’épanouis en son sein. Je sens qu’elle m’apprend, que la métamorphose s’opère à tous les niveaux. Ô magnifique esprit du vivant, mère de toutes les créatures, terrible rugissement du sauvage, pénètre mes artères, active mes membres, soulève ma conscience. J’entends tes dix milles chants en dix milles lieux, je vois tes multiples formes en constant miroitement, je sens tes noces en chaque instant. Comme la végétation qui se referme sur la pousse du pambil, je veux que tes ramifications emportent à jamais mon âme au plus profond de ton mystère.
 

Chamhan

Holofractale de l'hypervérité
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11 Juil 2014
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Aho.

Buenas buenas hermanito,

Pourrais tu nous dire avec quelle(s) ethnie(s) tu as fais tes cérémonies. Shuar , Quechua, autre?

Et la guayusa tu en a consommé avant la cérémonie ayahuasca ou directement mélangé en additif dans la préparation du breuvage? ou les deux?
Tu en prenais regéulièrement? Faisais tu des purges de temps en temps, genre le lundi ou une fois le mois ?

Merci poète.

Bises, un abrazo.

Feliz año nuevo.
 
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Prophète

Neurotransmetteur
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1 Déc 2021
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Aho.

Buenas buenas hermanito,

Pourrais tu nous dire avec quelle(s) ethnie(s) tu as fais tes cérémonies. Shuar , Quechua, autre?

Et la guayusa tu en a consommé avant la cérémonie ayahuasca ou directement mélangé en additif dans la préparation du breuvage? ou les deux?
Tu en prenais regéulièrement? Faisais tu des purges de temps en temps, genre le lundi ou une fois le mois ?

Merci poète.

Bises, un abrazo.

Feliz año nuevo.
Aho!
Le curandero et les personnes qui ont menés les cérémonies sont du peuple Cofán, leur tradition change d'ailleurs de celle des Quechua avec qui j'avais consommé de l'ayahuasca antérieurement. Déjà ce sont les hommes qui s'occupent de la préparation, du soin des plantes et de la cérémonie. Les femmes sont acceptées mais n'ont pas de rôle dans le cadre cérémonial, et la consommation est d'abord réservée aux hommes. Ça donne une expérience marqué de masculinité, là où je m'étais connecté avec mon féminin avec les quechuas (c'étaient alors deux femmes), ici j'ai carrément à un moment vécu sortir de mon daron haha (comme une pousse de banane qui sort de la plante mère c'était assez rigolo). Et puis les chants sont évidemment différents (bon je t'avoue que j'ai pas pris la peine de faire correspondre les ikaros de chacun mais si ils parlent pas le même langage de base...
Ou alors les ikaros donnés par l'esprit de l'ayahuasca sont toujours dans la même "langue"? Si quelqu'un à la réponse

Leur Hapé est assez puissant aussi franchement je suis monté en transe dès la première narine. On ne peut évidemment pas faire de différence entre deux traditions de peuples différents juste avec quelques petites expériences, surtout teintées de DMT, mais le côté masculin au début m'a un peu questionné et au final c'est une autre force de la forêt qui est venue, paternel et dure mais toujours emplie d'amour.

J'ai consommé la guayusa dans le cadre des-dites cérémonies mais également avec des quechuas lors des moments exclusivement réservé à celle-ci, vers 5h du mat avant le lever du soleil, en se réunissant autour du feu et de la préparation en se racontant et en interprétant nos rêves.

Tu parles de purges à la guayusa ? Globalement c'était une fois par mois mais ça pouvait être plus.
Il me semble avoir déjà lu de tes postes, tu as déjà cheminé avec un peuple utilisant la médecine traditionnelle ?
Abrazo hermano
 

Chamhan

Holofractale de l'hypervérité
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11 Juil 2014
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Merci pour ces précisions.
Moi mon école c'est takiwasi, issu de la formation shipibo, sinon mes médecins de famille sont des Kamentsa, de la vallée de Sibundoy, et une fois j'ai fais une cérémonies avec un vieux Cofan et sa famille. Pour plus de détails, j'ai tout écris plus ou moins dans ce thread à la fin de ma signature.
 

Sorence

zolpinaute de la sapience
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Merci pour ce joli témoignage, j'aime beaucoup ce passage :
Émeus toi des spectacles,
Que la nature offre,
À quiconque pense à s’oublier.
Car quand viendra la débâcle,
Qu’aura été d’exister ?


Je suis rentré en France depuis et repris une vie plutôt modeste d'expériences de ce genre
Pas trop dur le constraste ? Qu'as-tu gardé de ces expériences dans ta vie routinière ?
 

Prophète

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1 Déc 2021
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Merci pour ces précisions.
Moi mon école c'est takiwasi, issu de la formation shipibo, sinon mes médecins de famille sont des Kamentsa, de la vallée de Sibundoy, et une fois j'ai fais une cérémonies avec un vieux Cofan et sa famille. Pour plus de détails, j'ai tout écris plus ou moins dans ce thread à la fin de ma signature.
Mais oui ce fameux thread !
Je l'avais lu à mon entrée sur psychonaut lorsque je commençais mes recherches
Merci! Il m'avait permis de débuter sur des bonnes bases, en confiance !
 

Prophète

Neurotransmetteur
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1 Déc 2021
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Merci pour ce joli témoignage, j'aime beaucoup ce passage :




Pas trop dur le constraste ? Qu'as-tu gardé de ces expériences dans ta vie routinière ?
Je te remercie pour ton retour!
Alors au niveau du retour je t'avoue que c'est difficile de se sentir bien dans la grisaille de la ville et le lot de dénaturation qu'elle implique, j'ai l'impression que ce que je réalise n'a pas trop de sens, à part la connexion avec les êtres je ne me trouve pas la manière dont on vit dans le crade cadre urbain en fait, de la froideur du visage de son voisin jusqu'au fait de devoir se tuer et dégrader la planète à chaque déplacement, consommation, annexion de confort...

Mais en parallèle je sens ce feu en moi, qui ne me quitte pas. Une sorte de foyer d'énergie qui ne demande qu'à s'épandre. Je le sens dans tous mon corps et guide mes pratiques manuelles et respiratoires (j'étudie la pratique du Shiatsu). De surcroît je me sens bien désinhibé, et affranchi. Je mène mes projets sans rechercher l'approbation de quiconque, rien que ce flux qui chante la mélodie de l'âme. J'arrive à faire preuve de discernement sur des temps plus longs et être présent pour ceux que j'aime. J'ai aussi acquis un sens de respect pour ce que je consomme, des grains de riz aux belles effluves de Marie-jeanne. En réalité cette rencontre de plusieurs mois avec la Madre a carrément modelé mon avenir, je suis a peu près certain de vouloir vivre au sein d'une forêt comestible (j'étudie aussi l'agronomie hehe) dans un cadre qui permet de se ressourcer comme j'ai pu l'expérimenter là-bas. Pour finir c'est une sorte d'assise sereine sur "ma vraie nature" ou en tout cas un état vers lequel je tends qui ne demande qu'à se déployer mais qui nécessite aussi un cadre.
 

Chamhan

Holofractale de l'hypervérité
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Mais oui ce fameux thread !
Je l'avais lu à mon entrée sur psychonaut lorsque je commençais mes recherches
Merci! Il m'avait permis de débuter sur des bonnes bases, en confiance !
Si ça a pu servir à au moins une seule personne, alors mission accomplie ^^

Bises

@plus dans l'bus
 
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