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LSD, Kéta & Binouze

shankara

Sale drogué·e
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25 Oct 2011
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Suite à un weekend un peu intense je vais tenter de raconter ce qui s'est passé dans mon pauvre cerveau, même si j'ai déjà oublié beaucoup d'étapes de mon trip...

Donc dimanche, par un temps tout moisi (grisaille et froid) on décide de bouffer un demi-trip chacune avec ma chérie.
Set : bien reposée, réveil à midi.
Setting : chez moi, personne pour nous emmerder, eau, son & nourriture à volonté

1/ Psytrance et roi lion

13H : on bouffe le demi, à jeun.
13H45 : ça monte doucement, on met du son.
14H : je commence à phaser sur un masque qui est posé en face de moi. C'est un genre de masque-chapeau, avec une tête bizarre, de gros & grands yeux noirs assez effrayants, un nez aplati, et des peintures tribales sur les joues. Il a un chapeau, avec une poule dessus. Je le prends et me repose sur le canapé en le fixant ; je pense au film The Mask et j'ai l'impression que cet objet a un pouvoir magique, qu'il va prendre vie. Je le mets sur ma tête, j'ai l'impression qu'il me possède. Je finis par le reposer. Je joue un peu avec une marionnette accrochée au mur, je délire dessus. On rit beaucoup.

15H : On décide de mater Le roi lion (super stimulant intellectuellement :wink: ) On commence à analyser, on pense que Scar est une incarnation du méchant Arabe-islamiste (il a une barbe en plus), dictateur, tandis que Muphasa est un gentil roi. C'est à peu près à ce moment là qu'on décide de taper de la Ké. Pendant qu'elle prépare les traces, je coupe des avocats. On tape, et là le gros mindfuck commence. C'est le moment où Scar chante la chanson avec les hyènes, tout est vert, y a des trucs qui explosent de partout, j'ai l'impression de mater un film sur des nazis.

[youtube]ScaCxUg-4X0[/youtube]

Les hyènes m'apparaissent comme des punks anarchistes et Scar comme Hitler. Je mange l'avocat et j'ai l'impression que mes bouchées influent directement sur le déroulement du film (hum..c'est pas très clair mais dur à expliquer) Quand leur chanson se finit je suis soulagée "Oh putain on est enfin arrivé au bout !" J'ai fini l'avocat, je sens la ké prendre contrôle de mon corps, je m'avachis, je suis toute molle. Pour la suite, peu de choses me reviennent, je rentre un peu dans l'écran, Timon & Pumba sont des hippies, je voyage à travers les paysages, en Asie, en Amérique du Sud, en Afrique. Le moment où Simba parle à son père est magnifique visuellement, je me sens aspirée par les nuages, il y a des miriades de couleurs psychédéliques qui dégoulinent sur l'écran, je suis ébahie comme un enfant.

16H30 : Le film est terminé, on décide d'aller chez une pote.

2/ Jardin des plantes et métro


17H : après quelques galères pour s'habiller, enfin prêtes, on s'enfile une bonne trace de ké et nous voilà parties dehors. Tout est incroyablement lent. Les gens avancent au ralenti et on se demande, l'espace d'un instant, si on se trouve vraiment dans la réalité et pas dans un monde parallèle où tout le monde est déchiré à la kéta. Les quelques mètres qui nous séparent du jardin sont interminables, on se traîne, dissociées, autour des passants pâles et presque invisibles. Arrivées au jardin, on prend un petit chemin au lieu des allées bourrées de familles et d'enfants. On est derrière un couple qui avance vraiment lentement et j'ai une envie irrépressible de leur sauter dessus ou de leur faire peur, mais je n'en fais rien, et on rejoint les allées. Il fait tout blanc, que ce soit sur le sol, parsemé de graviers que le vent fait voler, ou au ciel, couvert de nuages, qui crachote une bruine dégueulasse. Les petites fleurs qui jaillissent de partout sont magnifiques et contrastent avec le tout ; je suis comme un enfant, émerveillée par la nature, les arbres qui déroulent des branches en fractales, les buissons qui se balancent au gré du vent, les coquelicots aux couleurs flashy... On va sous un arbre assez bas, on se sent en sécurité, impression d'être dans une cabane végétale. On ressort et là un homme grand, roux aux dents aiguisées, qui ressemble vraiment à un requin, se jette pratiquement devant moi en brandissant son Iphone et me demande en anglais de le prendre en photo. Je n'ai pas le temps de répondre que j'ai déjà son téléphone dans les mains, et il est là, en face de moi, avec sa copine, tout souriant. Après beaucoup d'efforts et de fausses manip' j'arrive à les prendre en photo, je lui rends l'appareil et m’enfuis, encore sous le choc.
On arrive enfin à l'arrêt de bus, il y a des kékés-racailles assez effrayants, et le bus est blindé. Ma chérie commence à hésiter, on marche et elle se demande ce qu'on fout là, si on va vraiment réussir à aller voir S., si on devrait pas plutôt rentrer, etc. Après dix minutes à tourner en rond on finit par prendre le métro.

18H : Je croyais que j'étais redescendue, mais au moment où je balance du son dans mon oreille, je me sens repartir à toute vitesse. Je cache mes yeux avec des lunettes de soleil, les ferme et me laisse repartir :

[youtube]Pdi-hrCpmWQ[/youtube]

J'ai vraiment envie de danser mais je me retiens, parfois j'ouvre les yeux, il y a une meuf en face de moi qui me regarde avec des grands sourires, j'hallucine sur sa dégaine (elle a des chaussures de ski, une combi rose-rouge) puis je referme les yeux, joue avec les visus. Changement de ligne, on prend un autre métro, il y a une mama africaine qui fait penser à un hippopotame, et deux femmes en face de nous qui ressemblent à des travestis. Celle de droite s'agrippe à la barre métallique comme si elle allait s'envoler, je ris intérieurement.
19H : On arrive enfin chez S., on se pose, fume un joint, parle de tout et de rien. Les effets s'estompent. S. nous file un trip, on rebouffe un demi chacune et on part tranquillement prendre le bus. Ca remonte, c'est tellement agréable de se faire transporter comme ça, on observe Paris, la Seine, les immeubles haussmanniens qui tanguent, on dirait une visite guidée.



3/ Dîner, films et remise en question


20H : On arrive et là je suis bien tripée. Je me lave les pieds et les jambes, me les masse, ça fait un bien fou. On met des trucs au four, on allume la télé, rien d'intéressant, on éteint, met du son et on se met en quête d'un film à voir. On boit un coup (binouze), mange un bout, dur dur quand même, la pizza se démultiplie à l'infini et tombe comme du plâtre au fond du ventre, et on essaie de voir The Big Lebowsky
. Ma chérie me saute dessus. J'ai pas spécialement envie, j'essaie un peu mais je suis perdue dans mes pensées, je me pose le pourquoi du comment de questions un peu vides au fond, mais qui m'apparaissent plus importantes sur le coup que l'acte sexuel. Du coup on remet le film, mais elle est frustrée, donc on s'y remet, on arrête, on remet le film, etc... ça dure un moment jusqu'à ce qu'on décroche totalement du film.

21H30 : On lance The Party

[youtube]IOGx3P5THJs[/youtube]

Pour ceux qui connaissent pas c'est une comédie avec Peter Sellers, ça m'a toujours fait marrer en étant sobre, alors là dès le début, je suis partie dans un fou rire interminable. C'en était presque douloureux :roll: Entre deux rires on tape de la ké, et là je ris un peu moins, je commence à partir dans des réflexions absurdes, ce film est absurde, ma vie est absurde, et je "pars à la recherche" (si on peut dire ça comme ça) d'une partie de moi que je sais enfouie au plus profond de ma conscience. Elle est ensevelie à cause de divertissement vain, de séries télé, de procrastination et maintenant elle est
presque irrécupérable. Je me rends également compte que sans elle je n'ai pas vraiment d'ego, ni d'estime de moi, et que je ne suis pas entièrement moi, juste une façade, un masque. Et là en essayant de m'enfoncer dans cette partie sombre de la conscience je perçois un trou noir, un néant effrayant qui m'aspire avec une force, une puissance terrifiante. Je comprends à cet instant ce que signifie le mot "bad trip", quelle expérience se cache derrière cette appellation. Je suis vraiment terrifiée à ce moment là et j'ai l'impression qu'il faut que je m'accroche au film, que je ne comprends plus du tout, si je veux m'en sortir. Je sens que je meurs, que je vais mourir. Mais je ne meurs pas. Petit à petit, je me convaincs que ça va passer, que si je suis tripée comme ça c'est parce que je l'ai voulu. Je me remets dans le film. Je me remets à rire. Mais j'ai un arrière goût amer, je ris un peu jaune.

23H : Fin du film. On met de la trance, on fume un joint. Je ne parle plus trop, j'essaie de comprendre ce qui vient de m'arriver. Je mets Lucy in the sky with diamonds, tiré de Yellow Submarine :

[youtube]A7F2X3rSSCU[/youtube]

Ca m'apaise. On se lance Yellow Submarine, mais le début avec le Seigneur Bleu me fait flipper. J'ai l'impression d'être un enfant, encore ! Un peu plus tôt, pendant The Party, une scène où une jeune fille pleure, j'ai pensé à l'enfant intérieur et "senti" que le mien pleurait. Là, je suis face à mes peurs enfantines, je me blottis contre ma copine, je repense aussi à quelque chose que j'avais lu sur les relations amoureuses où on prend le rôle de la mère ou de l'enfant, plus tôt dans la soirée j'ai rassuré ma copine quand elle ne savait plus quoi faire (quand on voulait rejoindre S.) et quand elle s'est mise en
position fœtale sur le canapé, maintenant c'est moi l'enfant, je gémis, je me cache dans ses bras, je veux qu'elle me protège, qu'elle me rassure...

00H20 : On va se coucher. Dans le noir, dans le pieu, sous la couette : tout va mieux. J'ai des hallus magnifiques, yeux ouverts comme fermés : je vois des yeux, des visages, des chemins, je vois des scènes de films "flippant" vus récemment (la dame en noir, battle royale, aliens) et je me rends compte qu'il s'agit de peurs enfantines, que ça ne me fait pas vraiment peur comme j'ai eu peur du bad trip plus tôt, comme j'ai peur par rapport à ma vie, au quotidien, aux enjeux & aux questions que je dois affronter en ce moment. Je réfléchis un peu sur ce concept de film d'horreur/film d'épouvante, quel public ça touche, pourquoi on aime les regarder, ce que ça exorcise en nous, etc. On chante les chansons du roi lion, ça me libère complètement de chanter, ça me soulage de l'angoisse qui reste depuis que j'ai aperçu le néant un peu plus tôt. J'ai un mal de crâne atroce, je me masse la tête, on finit par allumer la lumière et fumer un joint pour décompresser, on a encore le cerveau qui carbure. On fume et on se recouche, le sommeil met du temps à venir mais on finit par s'endormir.
 

lepoiraut

Elfe Mécanique
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1 Nov 2011
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TR sympa. La description de Roi lion m'a fait bien marré.
Tu vas souvent au jardin des plantes ? Ca m'arrive d'aller y fumer quelques joints avec des amis (on habite dans le quartier) quand le climat est propice. Ca nous est aussi déjà arrivé d'y rester enfermer pour la nuit et de nous y balader complètement dexés :rolleyes:
 

Mr.G

Holofractale de l'hypervérité
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Merci pour le partage :)
J'ai moi aussi aimer le passage sur le roi lion. Y ayant déjà vu ce que tu décris. Je ne pouvais qu'apprécier.
Tu as su gêrer le moments badant. C'est cool à lire.
 

shankara

Sale drogué·e
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25 Oct 2011
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Merci :) c'est vrai que Le roi lion était épique :rolleyes:

lepoiraut a dit:
Tu vas souvent au jardin des plantes ?

En ce moment oui (t'es du quartier du coup j'imagine?). Je me suis aussi retrouvée enfermée une nuit avec une pote, c'était juste magique !
 
S

Styloplume

Invité
:shock:

En écoutant Entheogenic, alors que je m'étais bien marré tout du long du trip, je me suis presque mis à chialer en lisant

shankara a dit:
Pour ceux qui connaissent pas c'est une comédie avec Peter Sellers, ça m'a toujours fait marrer en étant sobre, alors là dès le début, je suis partie dans un fou rire interminable. C'en était presque douloureux Entre deux rires on tape de la ké, et là je ris un peu moins, je commence à partir dans des réflexions absurdes, ce film est absurde, ma vie est absurde, et je "pars à la recherche" (si on peut dire ça comme ça) d'une partie de moi que je sais enfouie au plus profond de ma conscience. Elle est ensevelie à cause de divertissement vain, de séries télé, de procrastination et maintenant elle est
presque irrécupérable. Je me rends également compte que sans elle je n'ai pas vraiment d'ego, ni d'estime de moi, et que je ne suis pas entièrement moi, juste une façade, un masque. Et là en essayant de m'enfoncer dans cette partie sombre de la conscience je perçois un trou noir, un néant effrayant qui m'aspire avec une force, une puissance terrifiante. Je comprends à cet instant ce que signifie le mot "bad trip", quelle expérience se cache derrière cette appellation. Je suis vraiment terrifiée à ce moment là et j'ai l'impression qu'il faut que je m'accroche au film, que je ne comprends plus du tout, si je veux m'en sortir. Je sens que je meurs, que je vais mourir. Mais je ne meurs pas. Petit à petit, je me convaincs que ça va passer, que si je suis tripée comme ça c'est parce que je l'ai voulu. Je me remets dans le film. Je me remets à rire. Mais j'ai un arrière goût amer, je ris un peu jaune.

Aaaahhhhhh merde ouais c'est ça, on n'échappe pas à soi-même. Après quelques trips plutôt récréatifs, je me projette dans ce que tu as vécu.

Ah, merde. Je veux pas rire jaune. Je veux être entier. Je sais pas très bien comment faire, j'ai peur du bad aussi, mais je veux mourir et renaître si c'est ce qu'il me faut pour être heureux.

Bordel Stylo tu passes ton temps à sous-estimer l'aspect TERRIBLE et EFFRAYANT et MONSTRUEUX du gros vortex-fractale-mort-renaissance!

Ouais, merci pour ton témoignage, Shankara.

'fin je me dis, tout ça c'est une histoire de set&setting. Quand on est à triper avec quelqu'un on ne peut pas se concentrer sur soi, il faut tenir compte de l'autre... à moins de rentrer dans un trip à deux bien partagé. En tout cas, rien qui permette de passer ce genre d'étape extrême.

Mais je me dis: si on met un sitter sobre, la dose qu'il faut, et qu'on se dit: "j'y vais et je suis prêt à me laisser bouffer par le bad". Ca peut le faire, non? T'en penses quoi?

Sinon un grand bravo pour ce TR très vivant et épique de chez épique.
 

shankara

Sale drogué·e
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25 Oct 2011
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Merci pour ta réponse Stylo, je suis une grande admiratrice de tes TR :oops: (surtout celui où t'as mangé 5buvards)

Styloplume a dit:
Bordel Stylo tu passes ton temps à sous-estimer l'aspect TERRIBLE et EFFRAYANT et MONSTRUEUX du gros vortex-fractale-mort-renaissance!

Bordel, moi aussi, d'ailleurs je me suis mangé un gros bad-wtf en teuf ce weekend, qui m'a décidé à plus toucher au lsd pendant un bon bout d'temps.

Styloplume a dit:
'fin je me dis, tout ça c'est une histoire de set&setting. Quand on est à triper avec quelqu'un on ne peut pas se concentrer sur soi, il faut tenir compte de l'autre... à moins de rentrer dans un trip à deux bien partagé. En tout cas, rien qui permette de passer ce genre d'étape extrême.

Mais je me dis: si on met un sitter sobre, la dose qu'il faut, et qu'on se dit: "j'y vais et je suis prêt à me laisser bouffer par le bad". Ca peut le faire, non? T'en penses quoi?


Bonne question, oui j'pense que ça peut l'faire, c'est vrai que ça a tendance à me rendre asociale et je trouve pas ça adapté pour triper à plusieurs (dans mon cas) mais en même temps j'aurais peur de me mettre en danger en tripant seule, donc un sitter sobre peut être une bonne idée..reste à trouver une personne fiable, qui s'y connait en psychés, et qui aide à se poser les bonnes questions. La perle rare quoi :wink:
 
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