Personnellement j'ai l'impression qu'assez systématiquement, quand je décide de me droguer dans un but, ça ne fonctionne pas.
Que ce soit des trucs un peu globaux ("tiens, je vais essayer des petites doses régulières de tel ou tel truc pour aller mieux / modérer mon angoisse dans les transports / dormir correctement...") ou des choses plus contextuelles, type
"tiens, je vais prendre un peu de psych pour passer un moment chouette avec cette personne",
"tiens, je vais prendre une petite trace pour me détendre un peu et passer une soirée chill",
"tiens, quelques empathos m'aideront sûrement à discuter ce soir",
"tiens, une bonne trace me permettra d'assurer le taff en landemain de teuf en restant efficace",
...
ben... ça ne s'est jamais vraiment passé comme prévu. La consommation tranquille pour gérer telle ou telle angoisse finit en addiction et même en paranoïa de l'addiction, qui devient affligeante en soit. Les trips sous psych a plusieurs deviennent des moments intenses et suspendus mais au final très solitaires, les idées type "taper des dissos pour être mieux en société" finissent en foire à la saucisse, les conversations sous empathos finissent en trucs intimes déballés sans retenue de manière inextricable aux mauvaises personnes, etc.
En fait de mémoire la seule fois où ça a marché comme escompté c'est quand j'ai pris de la kétamine pour pouvoir gambader alors que j'avais mal au genou mais 1 - c'est fait pour, 2 - c'est très con quand même et 3 - c'est une autre histoire.
Partant de ce constat j'essaie de ne plus rien attendre de la drogue. J'essaie de voir les trips comme quelque chose qui nous emmène ailleurs, de manière imprévisible, comme quelque chose qui nous porte hors de nous en nous faisant choisir des ramifications qui sans cela seraient restées inexplorées. J'essaie de me sortir la tête qu'il y a un but derrière une consommation, et qu'elle soit régulière ou épisodique, j'essaie de voir la défonce comme une finalité en soit.
Ça ne veut pas dire qu'on ne doit rien essayer de prédire et qu'il faut s'en remettre à la roue du destin pour tout (non, lâche ce toncar rené, tu conduis la moissonneuse).
Mais par contre, j'ai l'impression que j'ai un rapport plus sain au truc en l'envisageant comme une activité à part entière, pas comme un liant ou quelque chose qui "infuse" un peu à droite à gauche dans les autres activités de ma vie - même si factuellement c'est le cas parfois.
Bon après attention : là je ne parle que de ce que je vis. Je suis bien prête à croire que chez les consomateurices moins tête brûlée, plus informées et expérimentées il est tout à fait possible d'aller "où on veut" avec la came. Peut-être en se faisant moins d'illusions justement.