S
Styloplume
Invité
Initiation de Galaad au LSD par Styloplume
13 Aout 2012
Auteur : Galaad (avec des notes de Stylo en italique)
Il me semble que je connais Styloplume depuis des années. Nous nous sommes rencontrés au sein du Chœur Universitaire et avons tout de suite trouvé un terrain de rencontre en échangeant sur les sujets fondamentaux (d’où viens-je, qui suis-je et où vais-je). Son départ pour l’étranger mettait un terme à ces échanges et m’avait attristé ; mais ainsi en va la vie au sein du milieu étudiant. C’est donc avec grande joie et surprise que je retrouvais Styloplume à son retour sur *****. Je le retrouvais beaucoup changé ; muri, mais toujours avec ses mêmes questionnements. Nos échanges ont retrouvé la même profondeur initiale mais étudiant en psycho il dispose maintenant d’une grille de lecture qui lui permet de mettre en mots les expériences qu’il traverse. Beaucoup de rencontres ont suivi, nous avons abordé de nombreux sujets et pas à pas une confiance mutuelle s’est installée. Je ne vois, pour ma part, à ce jour de thème qu’il ne me serait impossible d’aborder avec lui. Ces échanges ne vont bien entendu pas sans des points de vue différents et même des désaccords de temps à autre.
Son rapport à la drogue et l’utilité d’en prendre, même à des fins de développement personnel, m’a toujours interpellé mais n’en ayant moi-même jamais pris ne pouvais lui opposer aucun argument vécu. J’ai lu ses trip reports avec beaucoup d’intérêt et souvent beaucoup d’empathie car j’avais vécu des enseignements similaires pendant mes stages de développement personnel ou/et pendant des périodes clés de ma vie. Je pensais que la prise de drogue pouvait sans aucun doute permettre un lâcher-prise plus facile et par conséquence rendre l’individu plus réceptif à des états intérieurs et extérieurs mais au vu de mes expériences vécues grâce au chant, le yoga et la méditation, j’étais convaincu de l’inutilité d’en prendre et aussi de son danger (je le suis toujours mais maintenant avec quelques bémols). Ma curiosité pour les choses inconnues, ma confiance en Styloplume et surtout mon espoir de pouvoir le convaincre de mettre un terme à ses prises de drogue m’ont amené à accepter d’en prendre moi-même mais ce, à une condition : d’être sous sa guidance pendant mon initiation.
Six mois après, un début de congés me semblait idéal pour faire ma première expérience. C’est ainsi que nous nous entendons avec Styloplume de passer à l’acte le lundi d’après. J’allais le chercher à son domicile à 9h30. Une demi-heure plus tard nous étions chez moi. J’avais, suivant les conseils de Styloplume, préparé la mezzanine comme il faut ; mis un matelas ; préparé l’ordinateur et connecté les enceintes acoustiques ; mis à dispo un casque et tous les CDs que j’aime. Prudent, et un peu inquiet sur ce que je pourrais éventuellement trouver à l’intérieur de moi, j’avais bien fait attention à ne prendre que les CDs qui ne génèrent pas trop d’anxiété ; ca tombe bien ce sont de toute façon mes préférés ; je sélectionnais des pianos concertos de Mozart, du Wagner, Véronique Sanson, Cat Stevens, du Ravel, Katie Melua, Mercedes Sosa et puis pris le DVD de « Minority Report » pour son générique de fin. De tous mes CDs je n’en ai écouté que peu, Styloplume ayant préféré me faire partager ses musiques psychédéliques ; mais bon je raconterai cela plus tard.
10h, Styloplume me propose de prendre un buvard ; nous discutons quelque peu sur la dose car les échanges avec mon frère sur ses expériences m’encourageaient à la prudence. Force d’arguments, j’accepte d’en prendre un entier. Petit flash back : la journée d’avant, légèrement inquiet, je tirais les runes à ce sujet et tombais sur « la Confiance ». J’avais de toute façon, bien avant, décidé de faire confiance à Styloplume ; le tirage de cette rune gommais cependant maintenant toutes mes peurs ; c’est ainsi que j’abordais lundi matin la prise de LSD avec aucune appréhension notable. Peu avant, dans la voiture Styloplume me demandais si j’avais bien dormi : comme un loir, lui répondais-je J.
Styloplume : On y est ! On y est vraiment ! Je vais initier Galaad au LSD, c’est quand même ouf ! C’est super génial. Evidemment, en jeune chien fou je veux lui donner trois cartons à la fois pour lui faire vivre la grande boucle comme moi avec cinq buvards, il y a un an, mais la RDR a repris le dessus, et c’est tant mieux. Les cartons sont des Hofmann dont la qualité est certaine et dont la dose tourne autour de 130 µg. Alors, histoire de faire RDR : un carton, on voit ce qui se passe, et à T+4 je vois si il est prêt à en prendre un deuxième.
10h donc, Styloplume me dis que la montée peut prendre 2 heures et que nous avons largement le temps de finaliser l’installation du lieu ; le « set & setting » m’explique-t-il. Il sort de son sac un grand tissus psychédélique genre années 68 ; soit ! Et nous le tendons au plafond entre la ferme de ma charpente et le plafonnier avec un bout de ficelle et des pinces à linge. On rajoute au plafonnier une étoile symbolique à 5 branches dans laquelle nous allumons une bougie. Je me demande pendant tout ce temps ce que je devrais ressentir ; rien pour l’instant. 20 minutes après je machouille toujours mon buvard et Styloplume me dit qu’il est largement temps de l’avaler.
10h54 ; c’est précis, Styloplume à tout noté pour moi ! (S : Eh oui, j’ai mon carnet de trip sous la main ) Toujours rien, sinon qu’une légère surexcitation que je mets sur la nouveauté de l’expérience. Pour me préparer, j’enlève mes lunettes et mets des chaussettes ; j’ai pas envie d’avoir froid. Première écoute : le concerto de piano de Ravel ; j’ai choisi cela car il y règne une immanence notable très favorable au lâcher prise. Styloplume n’a pas l’air d’y être très sensible ; il faudra que je lui fasse réécouter quand ce sera moi qui le guiderai (dans la méditation !).
A ce moment on s’est posés dans la mezzanine, on écoute le son tranquille. Je ne comprends rien à ce concerto de Ravel, l’enregistrement n’est pas de la meilleure qualité et les enceintes…
11h15 : Styloplume me fait la remarque que la qualité du son n’est pas bonne ; il a raison même si je n’en ai été aucunement incommodé ; peut être un premier effet de la drogue ; je ne sais pas. Bon, soit, je descends pour prendre mon autre ordi ; en remarquant d’ailleurs ma démarche maintenant légèrement flottante. Je remonte, échange l’ordi et là tout s’arrange ; un son cristallin et des basses amples ; tip top pour mettre un autre morceau. Je note quand même un état pas tout à fait normal ; sans pouvoir en dire beaucoup plus.
11h29 : Styloplume note qu’il me trouve légèrement plus rigolard que d’habitude ; je m’en défends bien mais je sens bien une légère surexcitation en moi. Je mets le prologue « Minority Report » ; c’est un morceau très court et je demande à Styloplume de me le remettre un certain nombre de fois, ce qui l’agace notablement ; je ne suis pas sur qu’il ait ressenti la beauté de ce morceau ; bah c’est bien encore une chose à partager dans d’autres circonstances J. Il est maintenant 11h41 et là il refuse de le remettre et trouve des raisons fumeuses pour changer de répertoire ; de toute façon je m’écrase car j’ai décidé que c’était lui qui menait le trip et fais contre mauvaise fortune bon cœur…
Imaginez-vous devoir, toutes les deux minutes, recaler la lecture d’un DVD sur précisément 2:13:50… tout ça parce que Môssieur Galaad fait son gamin et insiste pour l’entendre encore et encore. De quoi user les nerfs de l’apprenti trip-sitter que je suis. Alors je prends le rôle du père, celui que Galaad cherche inconsciemment sans me le dire, et je prends une décision. Si il commence à faire le gamin c’est que ça monte, alors je vais le caler en mode psychonautique avec le casque sur les oreilles et le cache sur les yeux, et il va devoir triper sans transférer sa gaminerie sur moi. Allez, on lui met un truc qu’il aime.
11h41 : Il me met un morceau que j’adore : Mozart ; concerto pour piano en Mib. J’embarque. La musique me semble très claire et présente et me retrouve projeté au temps de Mozart. A l’identique de ce que l’on peut expérimenter en hypnose éricksonienne s’ensuit une visualisation assez vivide : de grands escaliers comme à l’opéra et un jeune Mozart plein de joie, d’enthousiasme et d’innocence. Des éclats de rire et de la joie de vivre ; une joie de vivre sans nuage que je n’ai, je pense, jamais ressentie de ma vie ; De ma jeunesse, je ne me rappelle presque qu’exclusivement de maladie (asthme) et de ne pas savoir ce que je viens faire sur cette terre ; ce, même si j’ai vécu des moments quasi extatiques au sein de la nature.
11h50 : partage avec Styloplume sur mon ressenti : « J’ai vu Mozart » lui dis-je. Je souhaite me faire du thé et descends m’en préparer à la cuisine.
A posteriori, on constate que l’humeur gamine de Galaad s’est retrouvée, comme prévu, projetée dans la musique, et il est devenu le jeune Mozart espiègle qu’il a aperçu dans ses visions. L’enfant intérieur dans toute sa splendeur, quelque chose de très propre.
12h01 : Je remonte avec ma tasse et re-Mozart. La musique me semble encore plus nette et présente. Les pianissimos m’émeuvent particulièrement ; c’est comme si le compositeur, le pianiste, l’orchestre, le chef d’orchestre y avaient mis un amour extrême en y apportant une attention et une délicatesse infinie. Une image s’impose à moi : un lac avec une eau totalement silencieuse et l’instrumentiste touchant très légèrement sa surface ; la même propreté dans la musique ; le même silence ; uniquement la musique ; dans sa perfection ; avec en arrière plan un être capable de porter à l’autre un amour inconditionnel et infini. J’en ai les larmes aux yeux. Ca doit être important pour moi car mes yeux s’humidifient encore tout en écrivant ces lignes.
12h22 : Très touché par la beauté de cette musique et l’amour qui s’en dégage et ai besoin de le partager avec Styloplume. Je lui demande si je peux le prendre dans mes bras : bien sûr, me répond-il ; ca me fait beaucoup de bien. Une autre image vient à moi : le petit personnage d’ET et son doigt pointant vers sa maison ; mais dans l’autre sens ; je suis à la maison sur ma Terre ; je dis à Styloplume que c’est ca que je viens faire sur terre : transmettre l’amour. Je me demande, encore une fois, si je n’aurais pas du me consacrer à la musique. Il est vrai, j’ai démarré l’électronique pour la musique et puis aussi parce que je voulais comprendre ce qui, enfant, me semblait être un mystère. J’ai fait le tour de ce mystère ; qui n’en était pas un ; c’est pourquoi j’ai alors commencé à pratiquer la musique.
A ce moment j’ai compris que tout se passe bien. Galaad entends toute la finesse de la musique, ressent l’amour cosmique, me fait un câlin. Tout va pour le mieux. Alors que je stressais avec ses gamineries, je comprends que j’ai bien fait de le cadrer, et que ça passe crème. On continue avec Mozart, je veille sur lui, tout va bien.
12h28 : Concerto pour piano n°20 en ré mineur. On en est à 2h30 après la prise ; Styloplume note sur son cahier que ca continue à monter.
12h46 : Styloplume s’affaire à divertir une mouche qui m’embête ; merci Styloplume J.
Noté sur le cahier : « tout à l’air d’aller bien »
12h53 : Un changement notable : mes muscles se contractent maintenant spontanément et mon corps commence à se contorsionner. Je le laisse faire car je suis coutumier de la chose : régulièrement, avant de m’endormir, je fais de la relaxation « approfondie » et il m’arrive d’expérimenter la même chose. Il arrive aussi que ces mouvement s’accompagnent de réaction émotionnelles (pleurs… ) ; pas de réaction émotionnelle ; traumatique ou autre ; j’ai décidé de lâcher prise de toute façon. Nota : J’ai le sentiment que ces mouvements spontanés sont la tentative du corps pour s’auto-réparer ; cela est d’ailleurs reporté par la tradition bouddhiste. Styloplume de toute évidence s’attendait à cela et me propose maintenant la station debout : danser sur la musique.
Effectivement, il est animé de quelques mouvement très lents, je connais ça aussi, et je sais ce que ça appelle. Alors, c’est parti ! Je branche la musique sur les enceintes, je charge une playlist bien fat avec ma goa préférée. Je sais que Galaad est réceptif, je lui ai déjà fait écouter ces trucs-là, il m’a semblé enthousiaste. Génial ! Je vais pouvoir lui transmettre LE combo de la mort, à savoir psytrance + LSD !
13h17 : Fini Mozart et l’amour inconditionnel J ; maintenant passage obligé à la musique psychédélique. Ca n’est de toute façon pas pour me déplaire car, dans la vie normale, j’aime beaucoup danser sur la techno et la musique électronique.
Je choisis les tracks en commençant par ce qu’il y a de plus cliché. One Love, ça pourrait presque passer à la radio, ça ressemble à Da Hool. Dancing Galaxy, c’est ultra-stéréotypé genre voyage spatial. Ainsi, j’espère l’introduire à la trance par des premiers morceaux accessibles. Puis, je rajoute des trucs plus punchy, mais toujours un minimum mélodique.
· Electric Universe – One Love
· Astral Projection – Dancing Galaxy (il s’est écrié : « Ah ! Disneyland ! »)
· DJ Solano – Saturation
· Ace Ventura – Connected
· Bypass unit - Zenia
· Hallucinogen – Dark magus
· Electric Universe – Super position
Je suis bien incapable de me rappeler ces morceaux ; la seule chose dont je me rappelle c’est d’avoir effectivement crié cers Styloplume : « C’est comme à Disneyland ! ». J’étais dans la musique aux anges ; ca aurait pu durer des heures sans problème. Commentaire de Styloplume : « Galaad commence à décrocher mais c’est pas simple » (il faudra clarifier ce qu’il entend par là car je n’ai aucune idée de ce qu’il veut dire).
Ben, ce dont j’ai l’impression, c’est qu’à voir Galaad rester statique je me dit que quelque chose bloque. En fait non, il fait le silence. Mais moi je conjecture dans tous les sens, en le voyant scotché.
13h29 : Ca plane pas mal pour moi ; station debout, prêt pour la dance. Je prends mon temps pour expérimenter ce qui se passe vraiment dans mon corps ; quitte à être de temps à autre totalement immobile afin de voir ce qui se passe en moi. Je ressens très distinctement mes muscles se contracter spontanément et… me faire danser. Parfois ce ne sont que les bras ; parfois les jambes ; parfois les épaules et le cou ; comme si l’énergie variait de positionnement ; en fonction de quoi, je ne sais pas… mais bien synchrone avec la musique. Lorsque j’y remets du contrôle de la pensée, je perds le fil de l’ « énergie » et tout est perdu… Je pense que c’est ainsi que nous devrions vivre : sur l’énergie vitale et non sur des conventions et choses imposées par l’extérieur. La pensée et le sur-contrôle faisant que nous sommes continuellement déconnectés de nos énergies vitales. Il faudra expérimenter comment retourner dans ce mode ; sans drogue ; hein Styloplume J. Les morceaux : Connected, Bypass music, Dark magnus, Super position… J’aime beaucoup toutes ces musiques et ai hâte de les réessayer dans la méditation pour voir si je puis reproduire ces mouvements spontanés. S’ensuit une séance de dance alternant mouvement très souples psychédéliques et mouvement très rythmés genre transe tribales. De temps à autre Styloplume tente un contact visuel avec moi ; je ne le garde pas trop longtemps car je constate qu’à chaque fois ça a tendance à me décentrer et à me faire perdre mon fil énergétique. Je sais que Styloplume aurait aimé plus de contact à ce moment mais bon c’est comme ça.
Ah, désolé, je suis redevenu un vrai gamin. C’est que Galaad s’est mis à pédaler sur la trance comme il faut, il a compris le truc. Ces mouvements font un peu peur à voir, heu, c’est qu’il fait un peu la grimace muhahaha. Mais au fond de moi je sais que tout se passe exactement comme il faut.
Check rapide de l’heure. Ah, on est à T+4. Galaad perche très bien. Et moi je tourne autour de lui, tout content, en dansant aussi, et, pris dans l’esprit de la danse, je m’imagine être en soirée, et je lui dit, en me donnant l’air important de celui qui initie quelqu’un : « Et tu verras ça marchera encore mieux si tu reprends un buvard ! – Quoi ? » dit-il. « J’ai dit : tu veux reprendre du LSD ? Ca marchera encore mieux ! » C’est qu’il n’a pas encore d’hallus ! C’est pas une initiation au LSD si il n’a pas d’hallus !
13h44 : Styloplume propose de me redonner un buvard. « pour aller plus loin dans l’expérience », me dit-il. Au vu de mon état encore bien sous contrôle; je trouve ca jouable et accepte. A ce stade aucune hallucination visuelle ; tout est normal sinon mon hyper acuité au son et les mouvements spontanés.
Et Galaad, après avoir machouillé son deuxième buvard, se remet à ne pas bouger. Wow ! C’est que moi avec cette musique je me met automatiquement à bouger dans tous les sens, je suis trop habitué !
13h48 : Styloplume note que je ne me suis pas remis à pédaler ; je crois qu’il est étonné de mon immobilisme mais c’est parce que l’espace est assez limité et je ne peux danser/sauter comme j’aimerais le faire. De toute évidence je contrôle encore… Petite remarque concernant les mouvements spontanés, j’ai tendance à croire que Styloplume écoute moins son corps que moi et dans un état similaire part plus rapidement en mode « appris » ; il faudra que je discute de cela avec lui et pourquoi pas faire des exercices…
Bon, je commence à avoir faim, alors, sachant qu’il ne risque pas trop gros à rester là (de toutes façons il ne bouge pas), je m’autorise une excursion et descend à la cuisine. J’ouvre le frigo et repère le saumon qui m’intéresse beaucoup. Puis, un verre de Riesling.
Minute papillon. De là où je suis, j’entends ma goa préférée qui pulse au travers de toute la maison. C’est Ace Ventura, il me semble, qui envoie son beat dans toute la demeure. D’un coup, je me demande si je n’ai pas lâché un monstre ! Du LSD et de la musique comme ça à ce volume, c’est quand même ultra-puissant !
Je remonte prudemment l’escalier pour vérifier que tout va bien, avec appréhension. Au moment où je passe ma tête dans le couloir et regarde au fond, vers la mezzanine, je vois Galaad, les yeux fermés, en pleine marche militaire, qui fait du sur place en balançant ses bras et en tapant du pied comme un aborigène sur de la bonne vieille psytrance des familles.
Je redescends à la cuisine avec un sourire en coin. Décidément, tout va bien. Je récupère le saumon et le vin et je remonte assister mon cher tripé.
Galaad me dit qu’il voudrait sauter partout. Mmh, quelque chose bloque. On change la configuration. Je le mets sur le matelas, une enceinte de chaque côté, le cache sur les yeux, sur Be on Go du groupe Etnica. De la goa bien planante et très prenante niveau instrus et samples. Parfait pour l’introspection.
13h58 : Ne pouvant sauter en dansant, Styloplume me propose de m’allonger sur le matelas. OK.
14h01 : Noé sur le cahier : « Me voilà avec mon père spirituel (merci Styloplume ; c’est un grand compliment). 2 buvards dans le pif et sur ma musique préférée. Il a passé ¾ d’heure à danser et maintenant va atteindre un pic qui va durer plusieurs heures ».
Styloplume est visiblement content de son disciple et de lui aussi J et décide d’aller chaparder mon saumon dans le réfrigérateur et de se payer un verre de Riesling ; moi, ceinture !
C’est qu’il fait faim avec toutes ces conneries ! Mais d’abord, orienter le trip. On arrive en vitesse de croisière niveau perche. Je m’installe confortablement à côté de lui. Pour la musique, je laisse de la goa pour faire continuité, un peu d’Astral Projection (The feelings, visions of Nasca), et je programme tout l’album Tales of the Inexpressible de Shpongle. Avec Shpongle je suis sûr de faire un truc bien. Shpongle c’est notre référence psychédéliques, à nous autres psychonautes. Un billet pour un voyage cosmique garanti.
14h10 : Styloplume remonte avec son butin ; quelques petits réglages de la balance son pour mieux entendre et c’est reparti ; avec les œillères. Pas d’effets visuels mais le son est tip-top ; comme si j’y étais. Le programme : Astral Projection, Shpongle - Tales of the Inexpressible. Styloplume note que je vais le sentir passer…
14 h23 : Styloplume me prends la main ; il note que je la lui tends, ce dont je n’ai pas souvenir. Il me dit que tout va bien ; bah oui, je confirme.
14h30 : Shpongle ; maintenant casque sur les oreilles ; je trouve ca dommage dans un premier temps car je n’ai plus les basses qui résonnent dans le corps mais bon la qualité est vraiment bonne. Styloplume se demande alors ce que je suis en train d’expérimenter ; genre psyché vortex et autres trucs genre Space Mountain. Il se demande aussi si je vais faire une mort/renaissance ; ça c’est sa marotte à lui J.
C’est vrai que je suis encore dans une certaine appréhension. Dans la trance, à écouter son corps, je ne pouvais pas m’en faire pour lui. Par contre, en mode introspectif, avec 240 à 300 µg de LSD, qui sait ce qui peut arriver ? Déjà, certains de ses mouvements sont sensuels, c’est le genre de chose qui m’a déstabilisé lors de mon gros voyage. Je cherche à le rassurer, à lui tenir la main, à lui dire de lâcher prise, que tout va bien se passer. Il n’en a pas besoin du tout, mais ça je ne m’en rends pas bien compte sur le coup.
14h45 : Moi, pendant ce temps, je ne vois pas grand-chose mais je suis dans la musique et c’est vraiment super ! J’ai l’impression que Shpongle me raconte des histoires comme chez Disney. Tout va très bien. Petit coin entre deux morceaux. Je dis à Styloplume que j’aime beaucoup sa musique et que l’on voit bien que c’est fait pour triper dessus.
15h15 : Styloplume s’ennuie ; moi, pas une seconde ; il se venge sur le saumon et descends mon Riesling ; tant pis, ce soir, ce sera pâtes à la sauce tomate (ça, je ne m’en préoccupais pas une seconde).
Il faut dire que ce saumon était délicieux, et le vin aussi. Y’a pas de petits plaisirs quand on doit patienter de longues minutes à côté d’un tripeur sous LSD J
15h28 : La musique est sublime ! Elle me semble d’une propreté gigantesque. Il me vient une conviction qui a surement donné le terme « paradis artificiel » : j’ai le sentiment que les « tripés » recherchent une pureté originelle dans la drogue ; pureté qu’ils ont du mal ou ne peuvent trouver dans ce monde malade où nous vivons. Moi, en dépit de l’extérieur, j’ai eu la chance de toujours ressentir cette pureté ; c’est peut être pour cela que je n’ai jamais été attiré par les drogues. J’essaie de partager cela avec Styloplume mais mes facultés d’élocution sont un peu atteintes et je ne suis pas sur de me faire comprendre.
Oh, si, j’ai très bien compris le truc. Je comprends que Galaad n’a pas besoin de se remettre trop en questions. D’ailleurs, il a eu assez de Shpongle, il a fait presque tout l’album en entier ! (mission accomplie, jeune Padawan, tu as initié quelqu’un à Shpongle).
Donc on se dirige vers la cuisine, où je remarque qu’effectivement ses capacités d’élocution sont atteintes. Mais ça reste très clean comme effet, Galaad a vraiment un esprit bien ordonné.
Je rentre dans une grande conversation avec Galaad pour vérifier qu'il n'est pas en train de faire semblant, de refouler des trucs qui l'embêtent (mais je lui dis pas). En fait, tout est clean sur toute la ligne. Par exemple, je lui demande « D'où tu viens ?
- D'un endroit propre. (je voulais dire parfait)
- Où tu vas ?
- Au même endroit.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je suis là pour partager. »
Honnêtement c'est très très clean, je commence à m'abreuver de ce qu'il dit. Je l'enlève de sa place de tripé à assister, pour le mettre à la sienne : celle d'un gars qui sait qui il est. D'un point de vue psychonautique c'est méga-intéressant, parce que ça me documente sur quelque chose de particulier, qui se trouve confirmé. Les psychédéliques ne modifient pas le comportement de quelqu'un qui se connaît très bien.
On continue l'échange, j'oriente Galaad sur ce qui semble lui échapper complètement dans l'instant : il se trouve dans une période tourmentée niveau professionnel, avec pas mal de pression, notamment de la part d'un collègue à lui qui s'appelle Dirk. On en avait parlé avant, et c'est bien l'intérêt que ce trip devait avoir pour Galaad, à mon sens. Oui, Galaad se souvient de Dirk, et ça n'a pas l'air de le gêner, mais il ne voit pas trop quoi faire non plus à propos de ça.
Je propose à Galaad de méditer là-dessus en mode Loving Kindness, quelque chose que j'ai appris avec le DXM. Il acquiesce. On retourne en haut, je le cale sur le matelas, avec dans les enceintes du Carbon Based Lifeforms, très planant, pas trop fort, histoire de pouvoir causer.
16h14 : Styloplume entreprend de démarrer une séance de Loving Kindness envers Dirk Vador (surnom de mon collègue du boulot avec qui j’ai des difficultés récurrentes). Je n’ai pas trop envie de m’embêter avec cela tout de suite ; Styloplume insiste alors, pourquoi pas ; je m’exécute. Je vois le visage de Dirk ; pas du tout agressif ; je vois en filigrane le visage de ma grand-mère. Un lien entre les deux personnages s’impose à moi : pendant la guerre, seule, mon grand-père parti en camp de travail en Allemagne, celle-ci a du prendre en main la ferme et toute la famille pendant de longues années. Elle a du prendre un rôle auquel elle n’était pas du tout préparée ; un rôle beaucoup plus masculin. C’est sûrement le point commun avec mon collègue à qui on a du demander d’être fort et responsable. Il faudra que je le regarde dorénavant sous cet angle.
Ca me fait bizarre d'orienter Galaad sur de la Loving Kindness. Il trouve des choses qui relient Dirk avec sa grand-mère, ça me semble suffisant, aussi je propose à Galaad de se figurer un miroir pour établir de la Loving Kindness envers lui-même. Je note qu'il se voit comme un type d'une grande profondeur, avec des yeux de grande confiance.
C'est bon, tout est clean, je n'ai plus rien à faire. Je laisse Galaad faire ce qu'il veut, moi je suis désarmé. Je note que ce gars n'a pas besoin de LSD, il est déjà lui-même.
16h45 : Styloplume note que je n’ai pas besoin de LSD ; je n’ai pas d’opinion.
On continue de discuter, je lui demande s'il ressent la présence du divin.
16h47 : Styloplume : « Qu’est-ce que tu ressent ? - L’Immanence à gauche et le monde normal à droite. »
De mon côté je commence à bader de plus en plus. Ma personnalité m'apparaît de moins en moins solide comparée à celle de Galaad. Nous avons inversé les rôles père/fils, mais ils se sont replacés d'eux-mêmes. Galaad reste l'initié et je redeviens le gamin. Tout ceci n'a été qu'une farce, je déprime sec. A 17:08 je note : « Il connaissait déjà tout ; ca ne servait à rien »
Je ne sais que répondre à cela.
18h25 : je ne peux lire les notes de Styloplume ??? Ah, j’ai noté qu’on a pratiqué la transe en dansant sur de la psytrance. Ensuite, on a continué à discuter, à échanger sur des choses qui sont résumées plus bas. Et go, cuisine. C’est qu’on a faim.
20h39 : Dans la cuisine, nous préparons nos pâtes et faisons une sauce avec les quelques tomates qu’il me reste. J’aurais du acheter quelque chose de tout fait car préparer la cuisine me fait reprendre le rôle de père et mon état n’y est pas. Styloplume m’aide heureusement. Peu après il me demande mes impressions : Je lui dis que suis un individu qui a besoin de temps pour intégrer les choses mais je ressens que cette expérience ne va pas passer inaperçue dans ma vie. Nous échangeons sur les thèmes suivants :
La drogue et le lâcher-prise
Très efficace pour lâcher prise en effet, de ce fait il est beaucoup plus facile de prendre conscience de choses qui généralement sont occultées par nos pensées, nos activités, les autres, etc… Lorsqu’il y a pensée alors la perception se tarit.
Les visuels
Yeux fermés : je mentirais en disant que ca a été une grande expérience ; je me souviens cependant de très belles couleurs ; des motifs géométriques, des pastels…
Yeux ouverts : Légères ondulations du sol, du plafond ; du tissus au plafond. Dans la cuisine, la luminosité me gênait et l’herbe semblait très verte.
La musique
Très belle, tant Mozart que les psychédéliques type Shpongle ; la même pureté originelle. La drogue amène beaucoup plus rapidement au lâcher prise nécessaire à l’écoute. Il s’en suit une hyper vigilance et une attention qui peut durer des heures.
Etats émotionnels
Pas de peur ni angoisse. De l’amour continuellement ; un amour de quelqu’un qui a vécu beaucoup de vies, fait beaucoup d’expériences et qui peut encaisser beaucoup et ne juge pas ; même si ses valeurs sont hyper claires. J’appréhendais de trouver des traumatismes, blocages et autre, mais rien de tel n’est apparu. Pas de mort/renaissance si chère à Styloplume ; je vois bien qu’il en est un peu déçu et déconcerté. Est-ce pour autant que je suis propre, Styloplume pense que oui car cela serait apparu grâce au LSD.
Je ne sais pas ; j’ai fait, c’est vrai, beaucoup de travail sur moi. Styloplume me demande quelle aurait été la réaction de Buddha sous la drogue ; j’évite de répondre et il me donne sa réponse : aucune ; la même cohérence et pas de modification de comportement notable. Je lui dis que je pense qu’il a raison. J’ai peur que cette expérience n’entraine Styloplume à m’idéaliser encore plus et à profiler notre relation plus encore sur un mode père/fils. Il me dit qu’au vu de ma cohérence de comportement pendant mon trip la chose est claire et qu’il se retrouve encore plus définitivement dans le rôle du fils. Je ne partage pas cette remarque puisque c’est bien lui qui a mené et dirigé cette expérience avec moi. Cependant, celui-ci a besoin de cette réconciliation avec le Père ; comme nous tous issus de cette société malade. Je pense, en effet, être en mesure de lui offrir cette réconciliation. Il faudra au préalable que je fasse un peu d’introspection pour décider si ce rôle est juste ou pas…
Ouais, le rôle de fils j'aime bien le prendre, c'est clair que ça me correspond. Reste que depuis ce trip j'ai modifié l'image que je me fais de moi et de toi, et si ce rôle de fils me correspond, je n'y suis cependant pas entièrement attaché. En acceptant de faire ce trip, tu as résolu quelque chose en moi, m'a donné plein de confiance. Et maintenant, j'accepte de te voir avec tes quelques failles. Je ne pense pas t'idéaliser davantage qu'avant. Moins, en fait.
21h30 : je ne me sens toujours pas dans mon état normal
22h10 : Dodo ; ai eu du mal à m’endormir ; j’ai du me tourner et me retourner dans mon lit pendant 2 heures, je crois !
08h45 : Réveil ; et en forme ; tout va bien !
Conclusion de cette Initiation : Galaad
Tout d’abord merci Styloplume de m’avoir consacré une journée entière pour moi tout seul ; c’est très précieux. Je pense que l’on ne peut dissocier cette expérience de notre relation. Il est clair que la confiance que j’ai en toi a été un élément déterminant et m’a permis d’aborder la chose avec ouverture et le minimum d’inquiétude. Même si je m’estime encore totalement novice, je suis maintenant plus armé pour échanger avec toi sur ce sujet.
Voilà les quelques conclusions que je risquerais à ce jour :
Effets thérapeutiques du LSD :
Parfait pour lâcher prise en effet. Je pense cependant que ce lâcher prise doit impérativement être fait dans des conditions très particulières. Même si cela n’a pas été le cas pour moi, ce que tu m’en dis semble le confirmer, la prise de LSD met l’individu en grande sensibilité et doit mettre à nu traumatismes et blocages divers. Mon expérience thérapeutique m’a montré qu’il est certes essentiel de les découvrir mais qu’il est impératif de permettre une reconstruction simultanée (c’est je pense le grand manquement de la démarche psychanalytique basée sur la non-interférence et la non-projection) ; sans quoi l’individu se trouve encore plus fragile sans ses protections traumatiques. Je pense que les multiples dérapages sont dus à cela. Même si le récit est surement pas mal édulcoré ; je pense que la prise de drogues dans des circonstances type Don Juan / Carlos Castaneda est la bonne. Il ne s’agit dans ce cas pas de prise de drogue pour tripper et se réfugier dans un monde imaginaire à la Pieter Pan mais d’une initiation faite par un maître en la matière qui saura intervenir au bon moment sans laisser l’individu dans le chaos et le vide et sans repères. La prise de drogues entre jeunes, généralement non construits, certes tous à la recherche d’un même idéal, me semble plutôt risquée et sûrement pas suffisamment constructrice.
Comparaison des effets du LSD aux techniques de méditation, chant, etc.
Je donne ma vision totalement subjective sur les domaines suivants :
o Ecoute de la musique : le LSD permet de se retrouver beaucoup plus rapidement dans la perception de la musique que par la méditation. Par contre la prise de drogue affectant ton comportement, voile quand même cette même perception. J’ai eu plusieurs expériences d’écoute méditative où je suis devenu littéralement la musique sans plus aucune barrière ; sans aucune dissociation. Je ne sais pas si une prise plus forte de LSD le permet. La méditation elle le permet ; mais uniquement lorsque les circonstances sont favorables ; la volonté d’atteindre cet état faisant que justement on ne peut atteindre cet état.
o Les mouvements non contrôlés : là le LSD m’a semblé beaucoup plus efficace que mes relaxations à moi. Par contre je ne l’ai jamais fait sur la musique. Il faudra que je voie si je peux obtenir les mêmes effets sans drogue…
o Le contact avec la Divinité : l’hyper sensibilité due à la drogue m’a remémoré ce contact mais bon je pense que si l’individu est suffisamment propre pour cela la drogue n’est pas nécessaire…
o Expérience de la dualité : tu connais mon expérience vécue grâce au chant. Là je n’ai rien retrouvé de comparable…
Accoutumance
Il me semble que le gros risque de la drogue est de créer des paradis artificiel et d’augmenter le mal-être par effet de contraste avec la vie « normale ». Les techniques ancestrales de yoga, chant, méditation permettant d’intégrer ces états dans la vie de tous les jours sans dissociation et sans aucun risque. Par contre ces techniques demandent travail, rigueur et peuvent nécessiter des années avant d’apporter quelque chose de tangible. Je ne pense pas qu’il soit possible d’atteindre la sérénité sans reconstruction ; hélas, par le travail et la sueur. Nous partons d’une société traumatique et il me semble qu’on ne peut faire l’impasse, certes de déconstruction/mort/renaissance mais surtout de reconstruction et là je reviens à mon point initial de type initiatique/Don Juan.
Conclusion de cette Initiation : Styloplume
Ca, c'est fait. J'ai initié mon père spirituel au LSD, j'ai vu ce que ça fait, hop on n'en parle plus. J'ai vu qui il est.
Le gros avantage c'est qu'après ce trip j'ai pu accepter les avis de Galaad sur le LSD, sachant qu'il y était passé lui-même. Maintenant je peux le prendre au sérieux quand il me parle d'acide !
Un peu plus d'un mois plus tard, j'ai fait un gros trip à quatre cartons (les mêmes). Tout seul. Pourtant, on avait prévu que je prendrais 2 cartons avec Galaad, pour travailler la relation père/fils. Je tenais à prendre du LSD pour être sûr de lâcher prise, c'est qu'on veut déterrer des trucs profonds avec nos séances.
Quelques jours avant le trip prévu, je décide que je lui fait confiance de toutes façons, pas besoin de LSD entre nous deux. Réflexions de perché : je peux donc prendre mes 4 buvards tout seul dans mon coin.
Bien, j'ai pris du LSD tout seul dans mon coin. J'ai pris très cher. En pleine montée, j'appelle Galaad, lui confirme que les mouvements du corps, du lâcher-prise, tout ça c'est comme il avait dit. Il m'engueule doucement en me disant qu'il aurait bien voulu voir ça. Je culpabilise, j'assume, je fais mon trip difficilement, destruction de l'ego, résistance, etc, et puis finalement je retrouve les valeurs universelles d'amour. En pleine renaissance, je rappelle Galaad, lui dit que j'ai trouvé, j'ai compris, je suis une âme qui vient de Dieu, etc.
Et là, il m'a dit des trucs, et heureusement que je savais qu'il avait pris du LSD dans sa vie, parce que sinon je l'aurais peut-être pas pris au sérieux. Il m'a demandé : « Mais qu'est-ce que tu veux faire de ta vie ? » Et là-dedans j'ai compris qu'on fait tous les deux partie du même délire. L'amour, Dieu, tout ça, oui, oui, on a compris, on est tous les deux perchés pareils. Et qu'est-ce qu'on en fait, de notre vie, alors ? C'est nous qui décidons ! Et personne ne va nous le dire à notre place ! Laisse le LSD en dehors de tout ça, on s'en fout ! Y'a plus important !
C'est vrai. On n'a pas besoin de LSD pour vivre. On a juste besoin d'amour. Et l'amour, après, qu'est-ce qu'on en fait ? Ah, grande question... hé hé hé.
C'est depuis cette initiation et cet échange lors de mon gros trip à 4 cartons que je sais que Galaad et moi appartenons à la même chose, dans un processus semblable. La Vie, avec un grand V, et ce qu'on en fait.
13 Aout 2012
Auteur : Galaad (avec des notes de Stylo en italique)
Il me semble que je connais Styloplume depuis des années. Nous nous sommes rencontrés au sein du Chœur Universitaire et avons tout de suite trouvé un terrain de rencontre en échangeant sur les sujets fondamentaux (d’où viens-je, qui suis-je et où vais-je). Son départ pour l’étranger mettait un terme à ces échanges et m’avait attristé ; mais ainsi en va la vie au sein du milieu étudiant. C’est donc avec grande joie et surprise que je retrouvais Styloplume à son retour sur *****. Je le retrouvais beaucoup changé ; muri, mais toujours avec ses mêmes questionnements. Nos échanges ont retrouvé la même profondeur initiale mais étudiant en psycho il dispose maintenant d’une grille de lecture qui lui permet de mettre en mots les expériences qu’il traverse. Beaucoup de rencontres ont suivi, nous avons abordé de nombreux sujets et pas à pas une confiance mutuelle s’est installée. Je ne vois, pour ma part, à ce jour de thème qu’il ne me serait impossible d’aborder avec lui. Ces échanges ne vont bien entendu pas sans des points de vue différents et même des désaccords de temps à autre.
Son rapport à la drogue et l’utilité d’en prendre, même à des fins de développement personnel, m’a toujours interpellé mais n’en ayant moi-même jamais pris ne pouvais lui opposer aucun argument vécu. J’ai lu ses trip reports avec beaucoup d’intérêt et souvent beaucoup d’empathie car j’avais vécu des enseignements similaires pendant mes stages de développement personnel ou/et pendant des périodes clés de ma vie. Je pensais que la prise de drogue pouvait sans aucun doute permettre un lâcher-prise plus facile et par conséquence rendre l’individu plus réceptif à des états intérieurs et extérieurs mais au vu de mes expériences vécues grâce au chant, le yoga et la méditation, j’étais convaincu de l’inutilité d’en prendre et aussi de son danger (je le suis toujours mais maintenant avec quelques bémols). Ma curiosité pour les choses inconnues, ma confiance en Styloplume et surtout mon espoir de pouvoir le convaincre de mettre un terme à ses prises de drogue m’ont amené à accepter d’en prendre moi-même mais ce, à une condition : d’être sous sa guidance pendant mon initiation.
Six mois après, un début de congés me semblait idéal pour faire ma première expérience. C’est ainsi que nous nous entendons avec Styloplume de passer à l’acte le lundi d’après. J’allais le chercher à son domicile à 9h30. Une demi-heure plus tard nous étions chez moi. J’avais, suivant les conseils de Styloplume, préparé la mezzanine comme il faut ; mis un matelas ; préparé l’ordinateur et connecté les enceintes acoustiques ; mis à dispo un casque et tous les CDs que j’aime. Prudent, et un peu inquiet sur ce que je pourrais éventuellement trouver à l’intérieur de moi, j’avais bien fait attention à ne prendre que les CDs qui ne génèrent pas trop d’anxiété ; ca tombe bien ce sont de toute façon mes préférés ; je sélectionnais des pianos concertos de Mozart, du Wagner, Véronique Sanson, Cat Stevens, du Ravel, Katie Melua, Mercedes Sosa et puis pris le DVD de « Minority Report » pour son générique de fin. De tous mes CDs je n’en ai écouté que peu, Styloplume ayant préféré me faire partager ses musiques psychédéliques ; mais bon je raconterai cela plus tard.
10h, Styloplume me propose de prendre un buvard ; nous discutons quelque peu sur la dose car les échanges avec mon frère sur ses expériences m’encourageaient à la prudence. Force d’arguments, j’accepte d’en prendre un entier. Petit flash back : la journée d’avant, légèrement inquiet, je tirais les runes à ce sujet et tombais sur « la Confiance ». J’avais de toute façon, bien avant, décidé de faire confiance à Styloplume ; le tirage de cette rune gommais cependant maintenant toutes mes peurs ; c’est ainsi que j’abordais lundi matin la prise de LSD avec aucune appréhension notable. Peu avant, dans la voiture Styloplume me demandais si j’avais bien dormi : comme un loir, lui répondais-je J.
Styloplume : On y est ! On y est vraiment ! Je vais initier Galaad au LSD, c’est quand même ouf ! C’est super génial. Evidemment, en jeune chien fou je veux lui donner trois cartons à la fois pour lui faire vivre la grande boucle comme moi avec cinq buvards, il y a un an, mais la RDR a repris le dessus, et c’est tant mieux. Les cartons sont des Hofmann dont la qualité est certaine et dont la dose tourne autour de 130 µg. Alors, histoire de faire RDR : un carton, on voit ce qui se passe, et à T+4 je vois si il est prêt à en prendre un deuxième.
10h donc, Styloplume me dis que la montée peut prendre 2 heures et que nous avons largement le temps de finaliser l’installation du lieu ; le « set & setting » m’explique-t-il. Il sort de son sac un grand tissus psychédélique genre années 68 ; soit ! Et nous le tendons au plafond entre la ferme de ma charpente et le plafonnier avec un bout de ficelle et des pinces à linge. On rajoute au plafonnier une étoile symbolique à 5 branches dans laquelle nous allumons une bougie. Je me demande pendant tout ce temps ce que je devrais ressentir ; rien pour l’instant. 20 minutes après je machouille toujours mon buvard et Styloplume me dit qu’il est largement temps de l’avaler.
10h54 ; c’est précis, Styloplume à tout noté pour moi ! (S : Eh oui, j’ai mon carnet de trip sous la main ) Toujours rien, sinon qu’une légère surexcitation que je mets sur la nouveauté de l’expérience. Pour me préparer, j’enlève mes lunettes et mets des chaussettes ; j’ai pas envie d’avoir froid. Première écoute : le concerto de piano de Ravel ; j’ai choisi cela car il y règne une immanence notable très favorable au lâcher prise. Styloplume n’a pas l’air d’y être très sensible ; il faudra que je lui fasse réécouter quand ce sera moi qui le guiderai (dans la méditation !).
A ce moment on s’est posés dans la mezzanine, on écoute le son tranquille. Je ne comprends rien à ce concerto de Ravel, l’enregistrement n’est pas de la meilleure qualité et les enceintes…
11h15 : Styloplume me fait la remarque que la qualité du son n’est pas bonne ; il a raison même si je n’en ai été aucunement incommodé ; peut être un premier effet de la drogue ; je ne sais pas. Bon, soit, je descends pour prendre mon autre ordi ; en remarquant d’ailleurs ma démarche maintenant légèrement flottante. Je remonte, échange l’ordi et là tout s’arrange ; un son cristallin et des basses amples ; tip top pour mettre un autre morceau. Je note quand même un état pas tout à fait normal ; sans pouvoir en dire beaucoup plus.
11h29 : Styloplume note qu’il me trouve légèrement plus rigolard que d’habitude ; je m’en défends bien mais je sens bien une légère surexcitation en moi. Je mets le prologue « Minority Report » ; c’est un morceau très court et je demande à Styloplume de me le remettre un certain nombre de fois, ce qui l’agace notablement ; je ne suis pas sur qu’il ait ressenti la beauté de ce morceau ; bah c’est bien encore une chose à partager dans d’autres circonstances J. Il est maintenant 11h41 et là il refuse de le remettre et trouve des raisons fumeuses pour changer de répertoire ; de toute façon je m’écrase car j’ai décidé que c’était lui qui menait le trip et fais contre mauvaise fortune bon cœur…
Imaginez-vous devoir, toutes les deux minutes, recaler la lecture d’un DVD sur précisément 2:13:50… tout ça parce que Môssieur Galaad fait son gamin et insiste pour l’entendre encore et encore. De quoi user les nerfs de l’apprenti trip-sitter que je suis. Alors je prends le rôle du père, celui que Galaad cherche inconsciemment sans me le dire, et je prends une décision. Si il commence à faire le gamin c’est que ça monte, alors je vais le caler en mode psychonautique avec le casque sur les oreilles et le cache sur les yeux, et il va devoir triper sans transférer sa gaminerie sur moi. Allez, on lui met un truc qu’il aime.
11h41 : Il me met un morceau que j’adore : Mozart ; concerto pour piano en Mib. J’embarque. La musique me semble très claire et présente et me retrouve projeté au temps de Mozart. A l’identique de ce que l’on peut expérimenter en hypnose éricksonienne s’ensuit une visualisation assez vivide : de grands escaliers comme à l’opéra et un jeune Mozart plein de joie, d’enthousiasme et d’innocence. Des éclats de rire et de la joie de vivre ; une joie de vivre sans nuage que je n’ai, je pense, jamais ressentie de ma vie ; De ma jeunesse, je ne me rappelle presque qu’exclusivement de maladie (asthme) et de ne pas savoir ce que je viens faire sur cette terre ; ce, même si j’ai vécu des moments quasi extatiques au sein de la nature.
11h50 : partage avec Styloplume sur mon ressenti : « J’ai vu Mozart » lui dis-je. Je souhaite me faire du thé et descends m’en préparer à la cuisine.
A posteriori, on constate que l’humeur gamine de Galaad s’est retrouvée, comme prévu, projetée dans la musique, et il est devenu le jeune Mozart espiègle qu’il a aperçu dans ses visions. L’enfant intérieur dans toute sa splendeur, quelque chose de très propre.
12h01 : Je remonte avec ma tasse et re-Mozart. La musique me semble encore plus nette et présente. Les pianissimos m’émeuvent particulièrement ; c’est comme si le compositeur, le pianiste, l’orchestre, le chef d’orchestre y avaient mis un amour extrême en y apportant une attention et une délicatesse infinie. Une image s’impose à moi : un lac avec une eau totalement silencieuse et l’instrumentiste touchant très légèrement sa surface ; la même propreté dans la musique ; le même silence ; uniquement la musique ; dans sa perfection ; avec en arrière plan un être capable de porter à l’autre un amour inconditionnel et infini. J’en ai les larmes aux yeux. Ca doit être important pour moi car mes yeux s’humidifient encore tout en écrivant ces lignes.
12h22 : Très touché par la beauté de cette musique et l’amour qui s’en dégage et ai besoin de le partager avec Styloplume. Je lui demande si je peux le prendre dans mes bras : bien sûr, me répond-il ; ca me fait beaucoup de bien. Une autre image vient à moi : le petit personnage d’ET et son doigt pointant vers sa maison ; mais dans l’autre sens ; je suis à la maison sur ma Terre ; je dis à Styloplume que c’est ca que je viens faire sur terre : transmettre l’amour. Je me demande, encore une fois, si je n’aurais pas du me consacrer à la musique. Il est vrai, j’ai démarré l’électronique pour la musique et puis aussi parce que je voulais comprendre ce qui, enfant, me semblait être un mystère. J’ai fait le tour de ce mystère ; qui n’en était pas un ; c’est pourquoi j’ai alors commencé à pratiquer la musique.
A ce moment j’ai compris que tout se passe bien. Galaad entends toute la finesse de la musique, ressent l’amour cosmique, me fait un câlin. Tout va pour le mieux. Alors que je stressais avec ses gamineries, je comprends que j’ai bien fait de le cadrer, et que ça passe crème. On continue avec Mozart, je veille sur lui, tout va bien.
12h28 : Concerto pour piano n°20 en ré mineur. On en est à 2h30 après la prise ; Styloplume note sur son cahier que ca continue à monter.
12h46 : Styloplume s’affaire à divertir une mouche qui m’embête ; merci Styloplume J.
Noté sur le cahier : « tout à l’air d’aller bien »
12h53 : Un changement notable : mes muscles se contractent maintenant spontanément et mon corps commence à se contorsionner. Je le laisse faire car je suis coutumier de la chose : régulièrement, avant de m’endormir, je fais de la relaxation « approfondie » et il m’arrive d’expérimenter la même chose. Il arrive aussi que ces mouvement s’accompagnent de réaction émotionnelles (pleurs… ) ; pas de réaction émotionnelle ; traumatique ou autre ; j’ai décidé de lâcher prise de toute façon. Nota : J’ai le sentiment que ces mouvements spontanés sont la tentative du corps pour s’auto-réparer ; cela est d’ailleurs reporté par la tradition bouddhiste. Styloplume de toute évidence s’attendait à cela et me propose maintenant la station debout : danser sur la musique.
Effectivement, il est animé de quelques mouvement très lents, je connais ça aussi, et je sais ce que ça appelle. Alors, c’est parti ! Je branche la musique sur les enceintes, je charge une playlist bien fat avec ma goa préférée. Je sais que Galaad est réceptif, je lui ai déjà fait écouter ces trucs-là, il m’a semblé enthousiaste. Génial ! Je vais pouvoir lui transmettre LE combo de la mort, à savoir psytrance + LSD !
13h17 : Fini Mozart et l’amour inconditionnel J ; maintenant passage obligé à la musique psychédélique. Ca n’est de toute façon pas pour me déplaire car, dans la vie normale, j’aime beaucoup danser sur la techno et la musique électronique.
Je choisis les tracks en commençant par ce qu’il y a de plus cliché. One Love, ça pourrait presque passer à la radio, ça ressemble à Da Hool. Dancing Galaxy, c’est ultra-stéréotypé genre voyage spatial. Ainsi, j’espère l’introduire à la trance par des premiers morceaux accessibles. Puis, je rajoute des trucs plus punchy, mais toujours un minimum mélodique.
· Electric Universe – One Love
· Astral Projection – Dancing Galaxy (il s’est écrié : « Ah ! Disneyland ! »)
· DJ Solano – Saturation
· Ace Ventura – Connected
· Bypass unit - Zenia
· Hallucinogen – Dark magus
· Electric Universe – Super position
Je suis bien incapable de me rappeler ces morceaux ; la seule chose dont je me rappelle c’est d’avoir effectivement crié cers Styloplume : « C’est comme à Disneyland ! ». J’étais dans la musique aux anges ; ca aurait pu durer des heures sans problème. Commentaire de Styloplume : « Galaad commence à décrocher mais c’est pas simple » (il faudra clarifier ce qu’il entend par là car je n’ai aucune idée de ce qu’il veut dire).
Ben, ce dont j’ai l’impression, c’est qu’à voir Galaad rester statique je me dit que quelque chose bloque. En fait non, il fait le silence. Mais moi je conjecture dans tous les sens, en le voyant scotché.
13h29 : Ca plane pas mal pour moi ; station debout, prêt pour la dance. Je prends mon temps pour expérimenter ce qui se passe vraiment dans mon corps ; quitte à être de temps à autre totalement immobile afin de voir ce qui se passe en moi. Je ressens très distinctement mes muscles se contracter spontanément et… me faire danser. Parfois ce ne sont que les bras ; parfois les jambes ; parfois les épaules et le cou ; comme si l’énergie variait de positionnement ; en fonction de quoi, je ne sais pas… mais bien synchrone avec la musique. Lorsque j’y remets du contrôle de la pensée, je perds le fil de l’ « énergie » et tout est perdu… Je pense que c’est ainsi que nous devrions vivre : sur l’énergie vitale et non sur des conventions et choses imposées par l’extérieur. La pensée et le sur-contrôle faisant que nous sommes continuellement déconnectés de nos énergies vitales. Il faudra expérimenter comment retourner dans ce mode ; sans drogue ; hein Styloplume J. Les morceaux : Connected, Bypass music, Dark magnus, Super position… J’aime beaucoup toutes ces musiques et ai hâte de les réessayer dans la méditation pour voir si je puis reproduire ces mouvements spontanés. S’ensuit une séance de dance alternant mouvement très souples psychédéliques et mouvement très rythmés genre transe tribales. De temps à autre Styloplume tente un contact visuel avec moi ; je ne le garde pas trop longtemps car je constate qu’à chaque fois ça a tendance à me décentrer et à me faire perdre mon fil énergétique. Je sais que Styloplume aurait aimé plus de contact à ce moment mais bon c’est comme ça.
Ah, désolé, je suis redevenu un vrai gamin. C’est que Galaad s’est mis à pédaler sur la trance comme il faut, il a compris le truc. Ces mouvements font un peu peur à voir, heu, c’est qu’il fait un peu la grimace muhahaha. Mais au fond de moi je sais que tout se passe exactement comme il faut.
Check rapide de l’heure. Ah, on est à T+4. Galaad perche très bien. Et moi je tourne autour de lui, tout content, en dansant aussi, et, pris dans l’esprit de la danse, je m’imagine être en soirée, et je lui dit, en me donnant l’air important de celui qui initie quelqu’un : « Et tu verras ça marchera encore mieux si tu reprends un buvard ! – Quoi ? » dit-il. « J’ai dit : tu veux reprendre du LSD ? Ca marchera encore mieux ! » C’est qu’il n’a pas encore d’hallus ! C’est pas une initiation au LSD si il n’a pas d’hallus !
13h44 : Styloplume propose de me redonner un buvard. « pour aller plus loin dans l’expérience », me dit-il. Au vu de mon état encore bien sous contrôle; je trouve ca jouable et accepte. A ce stade aucune hallucination visuelle ; tout est normal sinon mon hyper acuité au son et les mouvements spontanés.
Et Galaad, après avoir machouillé son deuxième buvard, se remet à ne pas bouger. Wow ! C’est que moi avec cette musique je me met automatiquement à bouger dans tous les sens, je suis trop habitué !
13h48 : Styloplume note que je ne me suis pas remis à pédaler ; je crois qu’il est étonné de mon immobilisme mais c’est parce que l’espace est assez limité et je ne peux danser/sauter comme j’aimerais le faire. De toute évidence je contrôle encore… Petite remarque concernant les mouvements spontanés, j’ai tendance à croire que Styloplume écoute moins son corps que moi et dans un état similaire part plus rapidement en mode « appris » ; il faudra que je discute de cela avec lui et pourquoi pas faire des exercices…
Bon, je commence à avoir faim, alors, sachant qu’il ne risque pas trop gros à rester là (de toutes façons il ne bouge pas), je m’autorise une excursion et descend à la cuisine. J’ouvre le frigo et repère le saumon qui m’intéresse beaucoup. Puis, un verre de Riesling.
Minute papillon. De là où je suis, j’entends ma goa préférée qui pulse au travers de toute la maison. C’est Ace Ventura, il me semble, qui envoie son beat dans toute la demeure. D’un coup, je me demande si je n’ai pas lâché un monstre ! Du LSD et de la musique comme ça à ce volume, c’est quand même ultra-puissant !
Je remonte prudemment l’escalier pour vérifier que tout va bien, avec appréhension. Au moment où je passe ma tête dans le couloir et regarde au fond, vers la mezzanine, je vois Galaad, les yeux fermés, en pleine marche militaire, qui fait du sur place en balançant ses bras et en tapant du pied comme un aborigène sur de la bonne vieille psytrance des familles.
Je redescends à la cuisine avec un sourire en coin. Décidément, tout va bien. Je récupère le saumon et le vin et je remonte assister mon cher tripé.
Galaad me dit qu’il voudrait sauter partout. Mmh, quelque chose bloque. On change la configuration. Je le mets sur le matelas, une enceinte de chaque côté, le cache sur les yeux, sur Be on Go du groupe Etnica. De la goa bien planante et très prenante niveau instrus et samples. Parfait pour l’introspection.
13h58 : Ne pouvant sauter en dansant, Styloplume me propose de m’allonger sur le matelas. OK.
14h01 : Noé sur le cahier : « Me voilà avec mon père spirituel (merci Styloplume ; c’est un grand compliment). 2 buvards dans le pif et sur ma musique préférée. Il a passé ¾ d’heure à danser et maintenant va atteindre un pic qui va durer plusieurs heures ».
Styloplume est visiblement content de son disciple et de lui aussi J et décide d’aller chaparder mon saumon dans le réfrigérateur et de se payer un verre de Riesling ; moi, ceinture !
C’est qu’il fait faim avec toutes ces conneries ! Mais d’abord, orienter le trip. On arrive en vitesse de croisière niveau perche. Je m’installe confortablement à côté de lui. Pour la musique, je laisse de la goa pour faire continuité, un peu d’Astral Projection (The feelings, visions of Nasca), et je programme tout l’album Tales of the Inexpressible de Shpongle. Avec Shpongle je suis sûr de faire un truc bien. Shpongle c’est notre référence psychédéliques, à nous autres psychonautes. Un billet pour un voyage cosmique garanti.
14h10 : Styloplume remonte avec son butin ; quelques petits réglages de la balance son pour mieux entendre et c’est reparti ; avec les œillères. Pas d’effets visuels mais le son est tip-top ; comme si j’y étais. Le programme : Astral Projection, Shpongle - Tales of the Inexpressible. Styloplume note que je vais le sentir passer…
14 h23 : Styloplume me prends la main ; il note que je la lui tends, ce dont je n’ai pas souvenir. Il me dit que tout va bien ; bah oui, je confirme.
14h30 : Shpongle ; maintenant casque sur les oreilles ; je trouve ca dommage dans un premier temps car je n’ai plus les basses qui résonnent dans le corps mais bon la qualité est vraiment bonne. Styloplume se demande alors ce que je suis en train d’expérimenter ; genre psyché vortex et autres trucs genre Space Mountain. Il se demande aussi si je vais faire une mort/renaissance ; ça c’est sa marotte à lui J.
C’est vrai que je suis encore dans une certaine appréhension. Dans la trance, à écouter son corps, je ne pouvais pas m’en faire pour lui. Par contre, en mode introspectif, avec 240 à 300 µg de LSD, qui sait ce qui peut arriver ? Déjà, certains de ses mouvements sont sensuels, c’est le genre de chose qui m’a déstabilisé lors de mon gros voyage. Je cherche à le rassurer, à lui tenir la main, à lui dire de lâcher prise, que tout va bien se passer. Il n’en a pas besoin du tout, mais ça je ne m’en rends pas bien compte sur le coup.
14h45 : Moi, pendant ce temps, je ne vois pas grand-chose mais je suis dans la musique et c’est vraiment super ! J’ai l’impression que Shpongle me raconte des histoires comme chez Disney. Tout va très bien. Petit coin entre deux morceaux. Je dis à Styloplume que j’aime beaucoup sa musique et que l’on voit bien que c’est fait pour triper dessus.
15h15 : Styloplume s’ennuie ; moi, pas une seconde ; il se venge sur le saumon et descends mon Riesling ; tant pis, ce soir, ce sera pâtes à la sauce tomate (ça, je ne m’en préoccupais pas une seconde).
Il faut dire que ce saumon était délicieux, et le vin aussi. Y’a pas de petits plaisirs quand on doit patienter de longues minutes à côté d’un tripeur sous LSD J
15h28 : La musique est sublime ! Elle me semble d’une propreté gigantesque. Il me vient une conviction qui a surement donné le terme « paradis artificiel » : j’ai le sentiment que les « tripés » recherchent une pureté originelle dans la drogue ; pureté qu’ils ont du mal ou ne peuvent trouver dans ce monde malade où nous vivons. Moi, en dépit de l’extérieur, j’ai eu la chance de toujours ressentir cette pureté ; c’est peut être pour cela que je n’ai jamais été attiré par les drogues. J’essaie de partager cela avec Styloplume mais mes facultés d’élocution sont un peu atteintes et je ne suis pas sur de me faire comprendre.
Oh, si, j’ai très bien compris le truc. Je comprends que Galaad n’a pas besoin de se remettre trop en questions. D’ailleurs, il a eu assez de Shpongle, il a fait presque tout l’album en entier ! (mission accomplie, jeune Padawan, tu as initié quelqu’un à Shpongle).
Donc on se dirige vers la cuisine, où je remarque qu’effectivement ses capacités d’élocution sont atteintes. Mais ça reste très clean comme effet, Galaad a vraiment un esprit bien ordonné.
Je rentre dans une grande conversation avec Galaad pour vérifier qu'il n'est pas en train de faire semblant, de refouler des trucs qui l'embêtent (mais je lui dis pas). En fait, tout est clean sur toute la ligne. Par exemple, je lui demande « D'où tu viens ?
- D'un endroit propre. (je voulais dire parfait)
- Où tu vas ?
- Au même endroit.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je suis là pour partager. »
Honnêtement c'est très très clean, je commence à m'abreuver de ce qu'il dit. Je l'enlève de sa place de tripé à assister, pour le mettre à la sienne : celle d'un gars qui sait qui il est. D'un point de vue psychonautique c'est méga-intéressant, parce que ça me documente sur quelque chose de particulier, qui se trouve confirmé. Les psychédéliques ne modifient pas le comportement de quelqu'un qui se connaît très bien.
On continue l'échange, j'oriente Galaad sur ce qui semble lui échapper complètement dans l'instant : il se trouve dans une période tourmentée niveau professionnel, avec pas mal de pression, notamment de la part d'un collègue à lui qui s'appelle Dirk. On en avait parlé avant, et c'est bien l'intérêt que ce trip devait avoir pour Galaad, à mon sens. Oui, Galaad se souvient de Dirk, et ça n'a pas l'air de le gêner, mais il ne voit pas trop quoi faire non plus à propos de ça.
Je propose à Galaad de méditer là-dessus en mode Loving Kindness, quelque chose que j'ai appris avec le DXM. Il acquiesce. On retourne en haut, je le cale sur le matelas, avec dans les enceintes du Carbon Based Lifeforms, très planant, pas trop fort, histoire de pouvoir causer.
16h14 : Styloplume entreprend de démarrer une séance de Loving Kindness envers Dirk Vador (surnom de mon collègue du boulot avec qui j’ai des difficultés récurrentes). Je n’ai pas trop envie de m’embêter avec cela tout de suite ; Styloplume insiste alors, pourquoi pas ; je m’exécute. Je vois le visage de Dirk ; pas du tout agressif ; je vois en filigrane le visage de ma grand-mère. Un lien entre les deux personnages s’impose à moi : pendant la guerre, seule, mon grand-père parti en camp de travail en Allemagne, celle-ci a du prendre en main la ferme et toute la famille pendant de longues années. Elle a du prendre un rôle auquel elle n’était pas du tout préparée ; un rôle beaucoup plus masculin. C’est sûrement le point commun avec mon collègue à qui on a du demander d’être fort et responsable. Il faudra que je le regarde dorénavant sous cet angle.
Ca me fait bizarre d'orienter Galaad sur de la Loving Kindness. Il trouve des choses qui relient Dirk avec sa grand-mère, ça me semble suffisant, aussi je propose à Galaad de se figurer un miroir pour établir de la Loving Kindness envers lui-même. Je note qu'il se voit comme un type d'une grande profondeur, avec des yeux de grande confiance.
C'est bon, tout est clean, je n'ai plus rien à faire. Je laisse Galaad faire ce qu'il veut, moi je suis désarmé. Je note que ce gars n'a pas besoin de LSD, il est déjà lui-même.
16h45 : Styloplume note que je n’ai pas besoin de LSD ; je n’ai pas d’opinion.
On continue de discuter, je lui demande s'il ressent la présence du divin.
16h47 : Styloplume : « Qu’est-ce que tu ressent ? - L’Immanence à gauche et le monde normal à droite. »
De mon côté je commence à bader de plus en plus. Ma personnalité m'apparaît de moins en moins solide comparée à celle de Galaad. Nous avons inversé les rôles père/fils, mais ils se sont replacés d'eux-mêmes. Galaad reste l'initié et je redeviens le gamin. Tout ceci n'a été qu'une farce, je déprime sec. A 17:08 je note : « Il connaissait déjà tout ; ca ne servait à rien »
Je ne sais que répondre à cela.
18h25 : je ne peux lire les notes de Styloplume ??? Ah, j’ai noté qu’on a pratiqué la transe en dansant sur de la psytrance. Ensuite, on a continué à discuter, à échanger sur des choses qui sont résumées plus bas. Et go, cuisine. C’est qu’on a faim.
20h39 : Dans la cuisine, nous préparons nos pâtes et faisons une sauce avec les quelques tomates qu’il me reste. J’aurais du acheter quelque chose de tout fait car préparer la cuisine me fait reprendre le rôle de père et mon état n’y est pas. Styloplume m’aide heureusement. Peu après il me demande mes impressions : Je lui dis que suis un individu qui a besoin de temps pour intégrer les choses mais je ressens que cette expérience ne va pas passer inaperçue dans ma vie. Nous échangeons sur les thèmes suivants :
La drogue et le lâcher-prise
Très efficace pour lâcher prise en effet, de ce fait il est beaucoup plus facile de prendre conscience de choses qui généralement sont occultées par nos pensées, nos activités, les autres, etc… Lorsqu’il y a pensée alors la perception se tarit.
Les visuels
Yeux fermés : je mentirais en disant que ca a été une grande expérience ; je me souviens cependant de très belles couleurs ; des motifs géométriques, des pastels…
Yeux ouverts : Légères ondulations du sol, du plafond ; du tissus au plafond. Dans la cuisine, la luminosité me gênait et l’herbe semblait très verte.
La musique
Très belle, tant Mozart que les psychédéliques type Shpongle ; la même pureté originelle. La drogue amène beaucoup plus rapidement au lâcher prise nécessaire à l’écoute. Il s’en suit une hyper vigilance et une attention qui peut durer des heures.
Etats émotionnels
Pas de peur ni angoisse. De l’amour continuellement ; un amour de quelqu’un qui a vécu beaucoup de vies, fait beaucoup d’expériences et qui peut encaisser beaucoup et ne juge pas ; même si ses valeurs sont hyper claires. J’appréhendais de trouver des traumatismes, blocages et autre, mais rien de tel n’est apparu. Pas de mort/renaissance si chère à Styloplume ; je vois bien qu’il en est un peu déçu et déconcerté. Est-ce pour autant que je suis propre, Styloplume pense que oui car cela serait apparu grâce au LSD.
Je ne sais pas ; j’ai fait, c’est vrai, beaucoup de travail sur moi. Styloplume me demande quelle aurait été la réaction de Buddha sous la drogue ; j’évite de répondre et il me donne sa réponse : aucune ; la même cohérence et pas de modification de comportement notable. Je lui dis que je pense qu’il a raison. J’ai peur que cette expérience n’entraine Styloplume à m’idéaliser encore plus et à profiler notre relation plus encore sur un mode père/fils. Il me dit qu’au vu de ma cohérence de comportement pendant mon trip la chose est claire et qu’il se retrouve encore plus définitivement dans le rôle du fils. Je ne partage pas cette remarque puisque c’est bien lui qui a mené et dirigé cette expérience avec moi. Cependant, celui-ci a besoin de cette réconciliation avec le Père ; comme nous tous issus de cette société malade. Je pense, en effet, être en mesure de lui offrir cette réconciliation. Il faudra au préalable que je fasse un peu d’introspection pour décider si ce rôle est juste ou pas…
Ouais, le rôle de fils j'aime bien le prendre, c'est clair que ça me correspond. Reste que depuis ce trip j'ai modifié l'image que je me fais de moi et de toi, et si ce rôle de fils me correspond, je n'y suis cependant pas entièrement attaché. En acceptant de faire ce trip, tu as résolu quelque chose en moi, m'a donné plein de confiance. Et maintenant, j'accepte de te voir avec tes quelques failles. Je ne pense pas t'idéaliser davantage qu'avant. Moins, en fait.
21h30 : je ne me sens toujours pas dans mon état normal
22h10 : Dodo ; ai eu du mal à m’endormir ; j’ai du me tourner et me retourner dans mon lit pendant 2 heures, je crois !
08h45 : Réveil ; et en forme ; tout va bien !
Conclusion de cette Initiation : Galaad
Tout d’abord merci Styloplume de m’avoir consacré une journée entière pour moi tout seul ; c’est très précieux. Je pense que l’on ne peut dissocier cette expérience de notre relation. Il est clair que la confiance que j’ai en toi a été un élément déterminant et m’a permis d’aborder la chose avec ouverture et le minimum d’inquiétude. Même si je m’estime encore totalement novice, je suis maintenant plus armé pour échanger avec toi sur ce sujet.
Voilà les quelques conclusions que je risquerais à ce jour :
Effets thérapeutiques du LSD :
Parfait pour lâcher prise en effet. Je pense cependant que ce lâcher prise doit impérativement être fait dans des conditions très particulières. Même si cela n’a pas été le cas pour moi, ce que tu m’en dis semble le confirmer, la prise de LSD met l’individu en grande sensibilité et doit mettre à nu traumatismes et blocages divers. Mon expérience thérapeutique m’a montré qu’il est certes essentiel de les découvrir mais qu’il est impératif de permettre une reconstruction simultanée (c’est je pense le grand manquement de la démarche psychanalytique basée sur la non-interférence et la non-projection) ; sans quoi l’individu se trouve encore plus fragile sans ses protections traumatiques. Je pense que les multiples dérapages sont dus à cela. Même si le récit est surement pas mal édulcoré ; je pense que la prise de drogues dans des circonstances type Don Juan / Carlos Castaneda est la bonne. Il ne s’agit dans ce cas pas de prise de drogue pour tripper et se réfugier dans un monde imaginaire à la Pieter Pan mais d’une initiation faite par un maître en la matière qui saura intervenir au bon moment sans laisser l’individu dans le chaos et le vide et sans repères. La prise de drogues entre jeunes, généralement non construits, certes tous à la recherche d’un même idéal, me semble plutôt risquée et sûrement pas suffisamment constructrice.
Comparaison des effets du LSD aux techniques de méditation, chant, etc.
Je donne ma vision totalement subjective sur les domaines suivants :
o Ecoute de la musique : le LSD permet de se retrouver beaucoup plus rapidement dans la perception de la musique que par la méditation. Par contre la prise de drogue affectant ton comportement, voile quand même cette même perception. J’ai eu plusieurs expériences d’écoute méditative où je suis devenu littéralement la musique sans plus aucune barrière ; sans aucune dissociation. Je ne sais pas si une prise plus forte de LSD le permet. La méditation elle le permet ; mais uniquement lorsque les circonstances sont favorables ; la volonté d’atteindre cet état faisant que justement on ne peut atteindre cet état.
o Les mouvements non contrôlés : là le LSD m’a semblé beaucoup plus efficace que mes relaxations à moi. Par contre je ne l’ai jamais fait sur la musique. Il faudra que je voie si je peux obtenir les mêmes effets sans drogue…
o Le contact avec la Divinité : l’hyper sensibilité due à la drogue m’a remémoré ce contact mais bon je pense que si l’individu est suffisamment propre pour cela la drogue n’est pas nécessaire…
o Expérience de la dualité : tu connais mon expérience vécue grâce au chant. Là je n’ai rien retrouvé de comparable…
Accoutumance
Il me semble que le gros risque de la drogue est de créer des paradis artificiel et d’augmenter le mal-être par effet de contraste avec la vie « normale ». Les techniques ancestrales de yoga, chant, méditation permettant d’intégrer ces états dans la vie de tous les jours sans dissociation et sans aucun risque. Par contre ces techniques demandent travail, rigueur et peuvent nécessiter des années avant d’apporter quelque chose de tangible. Je ne pense pas qu’il soit possible d’atteindre la sérénité sans reconstruction ; hélas, par le travail et la sueur. Nous partons d’une société traumatique et il me semble qu’on ne peut faire l’impasse, certes de déconstruction/mort/renaissance mais surtout de reconstruction et là je reviens à mon point initial de type initiatique/Don Juan.
Conclusion de cette Initiation : Styloplume
Ca, c'est fait. J'ai initié mon père spirituel au LSD, j'ai vu ce que ça fait, hop on n'en parle plus. J'ai vu qui il est.
Le gros avantage c'est qu'après ce trip j'ai pu accepter les avis de Galaad sur le LSD, sachant qu'il y était passé lui-même. Maintenant je peux le prendre au sérieux quand il me parle d'acide !
Un peu plus d'un mois plus tard, j'ai fait un gros trip à quatre cartons (les mêmes). Tout seul. Pourtant, on avait prévu que je prendrais 2 cartons avec Galaad, pour travailler la relation père/fils. Je tenais à prendre du LSD pour être sûr de lâcher prise, c'est qu'on veut déterrer des trucs profonds avec nos séances.
Quelques jours avant le trip prévu, je décide que je lui fait confiance de toutes façons, pas besoin de LSD entre nous deux. Réflexions de perché : je peux donc prendre mes 4 buvards tout seul dans mon coin.
Bien, j'ai pris du LSD tout seul dans mon coin. J'ai pris très cher. En pleine montée, j'appelle Galaad, lui confirme que les mouvements du corps, du lâcher-prise, tout ça c'est comme il avait dit. Il m'engueule doucement en me disant qu'il aurait bien voulu voir ça. Je culpabilise, j'assume, je fais mon trip difficilement, destruction de l'ego, résistance, etc, et puis finalement je retrouve les valeurs universelles d'amour. En pleine renaissance, je rappelle Galaad, lui dit que j'ai trouvé, j'ai compris, je suis une âme qui vient de Dieu, etc.
Et là, il m'a dit des trucs, et heureusement que je savais qu'il avait pris du LSD dans sa vie, parce que sinon je l'aurais peut-être pas pris au sérieux. Il m'a demandé : « Mais qu'est-ce que tu veux faire de ta vie ? » Et là-dedans j'ai compris qu'on fait tous les deux partie du même délire. L'amour, Dieu, tout ça, oui, oui, on a compris, on est tous les deux perchés pareils. Et qu'est-ce qu'on en fait, de notre vie, alors ? C'est nous qui décidons ! Et personne ne va nous le dire à notre place ! Laisse le LSD en dehors de tout ça, on s'en fout ! Y'a plus important !
C'est vrai. On n'a pas besoin de LSD pour vivre. On a juste besoin d'amour. Et l'amour, après, qu'est-ce qu'on en fait ? Ah, grande question... hé hé hé.
C'est depuis cette initiation et cet échange lors de mon gros trip à 4 cartons que je sais que Galaad et moi appartenons à la même chose, dans un processus semblable. La Vie, avec un grand V, et ce qu'on en fait.
