Kyran
Elfe Mécanique
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OYEZ ! OYEZ !
Veuillez noter : l'expérience racontée ici fait suite à une prise massive de champignons, bien plus que la raison ne le voudrais. Il faut être fou pour vivre chez les fous.
Danse avec les loups
Veuillez noter : l'expérience racontée ici fait suite à une prise massive de champignons, bien plus que la raison ne le voudrais. Il faut être fou pour vivre chez les fous.
Danse avec les loups
Partie 1 : La Préparation
Il est 19h, environ. La journée a été truffée d'évènements au timing plus qu'impeccable, et je suis encore loin de me douter de la suite. Je me prépare chez moi, m'apprête à peindre sous champignons, pour l'expérience. Puis le téléphone sonne.
C'est mon "pote de drogue" si on peux dire, bien que ça soit aussi mon ami sans drogue. Bref surprise inattendue, et j'en suis heureux. Il va m'accompagner. Je lui demande de préparer une bouteille avec du jus de citron à l'intérieur, si il peux.
Donc je m'équipe pour la soirée, avec une lampe de poche, de l'encens, de l'eau, des amandes... et les fameux champignons ! Reçus de la journée. Il y a donc des "pierres du philosophe" comme truffes et aussi des Psilocybes Pajateros, autrement nommés Dragon's Dynamite.
Je sens que je vais vers l'expérience ultime. C'est ce soir ! Je n'attends rien, je sais que je serais heureux même sans aucun effet. Comme a dis mon ami plus tard dans la soirée, "un grain de sable m'aurait fait le même effet".
On pars vers un endroit en forêt. On s'arrête, on mange quelques champignons pendant que je met le reste dans la bouteille et laisse infuser. Mon ami roule ensuite un joint, et j'allume l'encens... Histoire de marquer l'instant et ce que nous nous apprêtons à faire.
Ce n'est pas anodin. On sait que c'est "LA" soirée. Au total environ dix grammes de Pajateros et vingt de philosopher. Une dose qu'on peux raisonnablement considérer comme extravagante. Mais c'est le bon instant, au bon endroit avec la bonne personne, alors je n'hésite pas.
On fume tranquillement. En très peu de temps on commence à bien sentir les effets.
Mon ami sors quelques secondes dehors, et j'entends une branche claquer deux fois dans le vent. Comme au théâtre, c'est l'heure d'entrer en scène.
Partie 2 : La Cinquième Dimension
Il y a quelques temps, j'ai fait un rêve. Je ne me souviens pas de grand-chose, à part que j'allais entrer dans la quatrième dimension avant de me réveiller. J'en ai parlé à mon ami, et il m'a dis que c'était exactement ça, la quatrième dimension est le monde habituel.
Et là, les portes de la cinquième dimension s'entrouvrent lentement.
Nous sortons de la voiture. Dehors, tout est mieux, les motifs des branches d'arbres sont superbes, tout est bien, il fait frais. J'ai embarqué la bouteille et le joint, alors je bois une gorgée du précieux liquide.
Naturellement, on se met à avancer sur le chemin. Il fait sombre je trouve, et la route ne deviens rapidement qu'un élément brouillé dans l'obscurité. Elle semble onduler de loin, faire des vagues.
En se penchant par terre, on observer des cailloux fluorescents et je vois une sorte de roue qui pivote dans tous les sens, avec des symboles et dessins à la façon maya ou aztec. On se met à chanter.
Chanter modifie totalement les visions, je vois des fractales de circuits informatiques, de couleurs et motifs étranges.
Puis nous nous arrêtons simultanément. L'endroit attire mon regard, je vois des formes gigantesques, et puis a cet instant apparaissent les chiens. J'en vois d'abord formés par les branchages en hauteur des arbres, qui semblent s'amuser ensemble, joyeux.
Rapidement, ce n'est plus dans le ciel mais tout autour de nous. Je vois plusieurs chiens, des husky pour la plupart, quelques loups... Ils courent, ils marchent, jouent, nous accompagnent.
Je vois tout le temps le husky du frère de mon ami à côté de lui.
Il y a régulièrement des arbres et branches en travers de la route, et j'ai l'impression de traverser un portail à chaque fois. A un instant, une araignée tomba sur mon visage alors que j'effleurais un arbre. Je l'ai laissée me chatouiller la tête, puis je crois qu'elle est tombée.
Nous marchons par intermittence, nous arrêtant souvent pour contempler la forêt et ce qu'elle désirait nous montrer.
J'ai du mal, je me prends des branches dans la gueule, mais je me sens heureux, vivant.
Tout le long du chemin, j'ai bu et fumé, et surtout admiré.
On essaye de danser un peu aussi.
Au bout d'un temps incertain, nous arrivons à un endroit ou les feuilles forment un manteau blanc sur le sol, comme s'il avait neigé.
Tout est très intense.
Je vois des visages dans les arbres, un clown rieur.
Puis ailleurs il y a trois têtes qui se déforment, semblant sortir de l'obscurité des feuillages. Elles gonflent et se dégonflent.
Mon ami me trouve étrange quand je lui raconte certaines de mes visions. Il m'arrive des fois de voir des choses incongrues, visions étranges et déformées d'une réalité caricaturale. Poussé jusqu'à l'absurde.
Et puis il me dis de regarder un endroit. Je lui dis ce que je vois, c'est à dire un bébé qui fait un bisou à un oeuf. Il trouve l'image belle, et moi aussi.
J'aperçois aussi à un instant une entité féminine cachée dans les feuillages, une entité végétale nous observant.
Nous dansons. Les chiens semblent danser aussi, tout comme les arbres. Tout est incroyablement vivant. On perçois tellement de choses, qu'à certains moments nous en rions. Je rigole et je sens que le fou-rire modifie toutes les vibrations, crée des couleurs et du mouvement.
Tout comme le chant.
C'est le bonheur ultime, et je sais que c'est loin d'être fini.
Partie 3 : Retour à Début ?
La ballade continue. Je bois encore, et demande à mon ami s'il désire boire, et il me réponds que non, il accepte la boisson. Un peu comme une offrande.
Il fait froid. Nous faisons demi-tour. Cette soirée-là, nous avons oublié toute notion de temps.
Mais le chemin fut parcouru rapidement. Marcher était très agréable.
Nous repassions les différents portails, toujours accompagnés par des chiens.
Par contre-cette fois mon ami semblait en tenir deux en laisse. Ils étaient bien présents pour moi.
Sur la route, je vois encore des cailloux fluorescents et des symboles inconnus. J'ai l'impression de survoler la route, je danse dessus, je me sens léger !
Et puis nous voyons la voiture.
Elle semble dégager des ondes, je vois des vibrations aux alentours. Un vestige de la quatrième dimension.
Je dis à mon ami que je pense qu'on est allés bien plus loin que la cinquième dimension, et nous rigolons. Il vois la voiture de façon assez négative, comme une absurdité, quelque chose de grotesque au milieux de ce paysage fantastique. Je suis plutôt d'accord avec lui, même si je vois ça d'un point de vue pratique, comme un abri.
Il y a du vent, et nous entendons les arbres bouger, et quelques animaux aussi.
Mon ami ouvre la porte de la voiture, la lumière s'allume, une lumière crue, puissante, aveuglante. Une violence incroyable.
Nous rentrons, et la lumière s'éteint. C'est mieux là.
Nous buvons encore. Mon ami me dis de manger un champi en buvant, mais je ne comprends par comment faire et avale au moins trois gorgées avant de réussir. J'ai des frissons, on passe à la vitesse supérieur.
Tout deviens fractale. Il y a des chiens encore partout, même devant moi alors qu'il n'y a pas d'espace pour. Mais les dimensions sont différentes, nous ne sommes plus dans le même monde.
Dehors il y a des serpents lumineux et multicolores qui dansent, c'est beau. Je vois aussi un lutin avec eux.
Ce passage-là signe le début de la phrase d'introspection.
Je me replie sur moi-même, en phase de repos et mon ami fait de même instinctivement. Je met ma capuche pour me couvrir les yeux, et je pars.
Je voyage mentalement dans des dizaines et dizaines de dimensions différentes, je vis des histoires incroyables, les années pouvant durer moins d'une seconde. Je me souviens d'un restaurant, d'un château blanc éclatant et moi en chevalier en armure.
Je me souviens d'avoir vécu l'enfance d'un enfant blond réprimandé constamment.
J'ai eu le sentiment de vivre plusieurs vies et tout ça en quelques secondes. C'est vraiment mystique.
Partie 4 : Fractale Jamaïcaine
Nous finissons par émerger, de retour d'une odyssée trépidante.
On discute, et on décide de tenter de rouler un joint.
Tout est par vagues, on pars dans notre monde, on reviens et on parle de trucs importants puis il se passe à chaque fois quelque chose qui nous fait éclater de rire.
A un moment, je faisait des cercles avec ma tête pour reproduire le mouvement d'une spirale, vers la vie, vers l'ADN et tout ça.
Mon ami me demande : "tu préfère tourner la tête dans quelle direction ?" d'un ton sérieux.
J'ai répondu "vers le bas", sans réfléchir, crise de fou-rire.
A un instant, tout est en noir et blanc, avec des rubans de couleurs éclatantes formant une spirale devant moi. Je voyais des sortes de longs tunnels vers le bas des fois quand je fermais les yeux.
Puis on se souvient du joint. Je sors des feuilles et du tabac, lui passe.
C'est assez marrant, puisque quand je regarde tout ça, j'ai les fractales qui passent aux couleurs de la Jamaïque, façon reggae.
Mon pote me dis qu'il a le même truc et qu'il voit ça tout le temps.
On rigole encore.
Il fait froid. Mon ami a les bottes trempées à l'intérieur, alors il est pieds nus et glacés.
A cet instant nous sentons tout notre corps comme jamais. On se rends compte de ce que c'est, être là et avoir un corps. Dans l'instant présent.
J'aime respirer comme une vague.
Puis j'ai une idée lumineuse, regarder mes mains. C'est incroyable à faire. Tout semblait beaucoup plus grand que d'ordinaire.
Et puis seconde idée géniale, mettre ses mains comme des jumelles. Étrangement, ça faisait comme des lunettes spéciales, rendant les visions bien plus intenses et colorées.
Nous restions ainsi pendant un moment.
Le joint fût roulé.
On l'allume. Le briquet crée une lumière intense, et lorsqu'elle s'éteint on vois des couleurs encore plus belles. On allume tous les deux nos briquets, et laissons quelques secondes nos doigts danser avec le feu.
On mange des amandes, beaucoup d'amandes.
Régulièrement on sors un peu chacun son tour dehors, juste pour le plaisir.
J'enlève mes lunettes, je me sens mieux sans. Là encore, tout change.
On arrive à voir les changements qu'entraînent nos mouvements dans l'air.
On philosophe sur la vie, on pense à plein de trucs. Sur tout et n'importe quoi. Hiver nucléaire et été atomisé. Une balle dans le citron, en imaginant une balle dans un citron.
Je vois toujours des chiens tout autour. Pendant un instant, entre deux mondes, je vois deux husky magnifiques d'un blanc arctique dehors, il y a un chat sur le tableau de bord, un lézard sur ma jambe.
En regardant mon ami, je vois que des chiens lui mordent la main.
Il me dis qu'il y en a encore plus en bas.
Le tout et le rien, le vide.
Mon ami me regarde, me dis que je ne suis pas moi. Je le regarde, rigole, et, je ne sais comment, ai une sorte de déclic. Je change légèrement de position, et il me dis "ha bah voilà ! Là c'est toi !".
Fou-rires de nouveau.
Je m'amuse à faire des têtes bizarres, mais j'arrête ça semble l'inquiéter.
Le temps n'existe plus, on est dans un moment d'infini, tout est léger, calme, apaisé.
Partie 5 : Fin ?
Il fait vraiment très froid. La buée sur les vitres donne une impression étrange.
Mon ami décide de faire tourner la voiture, pour le chauffage.
Il allume les phares, et la voiture semble bouger trop vite, je lui demande s'il sait ce qu'il fait là. Il me réponds qu'il a encore rien fait. Je comprends que ça viens de moi.
C'est une sensation assez drôle au final. J'ondule.
On se sent descendre assez rapidement, et on décide de partir.
C'est étrange, la route est pleine de trous, la voiture vibre beaucoup.
On roule à trente kilomètres/heures, mais ça semble déjà très rapide.
Puis je me rends compte qu'on est devant chez moi. On fume ce qu'il reste du joint, et mon ami décide que je garderais la bouteille.
Généreusement, il me tends de quoi fumer un peu chez moi, ça me fait plaisir.
Je le remercie pour la soirée, d'être là, simplement.
Il me remercie aussi.
On finis par se séparer. Je rentre chez moi.
A l'intérieur, j'ai pas d'équilibre, j'avance en dérivant à gauche et à droite.
Je me pose sur l'ordi, vais sur psychonauts. Personne...
Au final je me dis que c'est tant mieux, et je vais dormir.
Partie 6 : Pas tout à fait comme avant
Le lendemain, je me lève, vais manger, me pose sur l'ordi avec de la musique.
Il est maintenant 18h03.
Je sens encore pas mal les effets des champignons. Il faut dire qu'on y est pas allés mollo sur la dose. La musique est planante.
J'écoute Time is the Ennemy de Quantic, et des chants indiens, des trucs bien relax et son ambiant.
Je me sens heureux.
Ce fut une dantesque odyssée de plusieurs millénaires dans mon esprit.
Je ne suis pas tout à fait le même qu'avant. Je sais que j'ai réglé des problèmes dans mon esprit mais je ne m'en rends pas encore vraiment compte.
La soirée étais parfaite, et tout les éléments se sont déroulés au bon moment, au bon endroit, avec la bonne personne.
Que dire de plus ?
Je suis heureux de partager un peu de cette aventure avec vous. J'espère que vous aurez pris plaisir à me lire, et que je n'ai pas été trop long.
Ce texte est écrit dans le but de noter un peu tout ce que j'ai vécu et ressenti, en partant de ma vision des choses. Pardonnez-moi donc s'il semble tendre vers l'apologie, car ce n'est pas mon but.
Pour le mot de la fin, je n'en vois qu'un :
MERCI
.
