Une de mes meilleures potes a accouché il y a à peine trois heures
Ca fait des mois que je sens la "transformation psychologique" qui s'opère dans ma caboche en plus de la sienne, que je me mets à sa place, que je mesure ce que ça veut dire pour moi "faire partie de l'environnement d'un enfant", que ça me fait peur et que je trouve ça génial. Je l'ai vue douter, avoir peur de ne pas aimer son gosse, de ne pas faire les choses comme il faut. J'ai dû la rassurer, et pour ça me rassurer moi-même. Réaliser qu'un putain d'être vivant allait arriver dans nos vies, qu'on allait tous donner le meilleur de nous-même pour le lui "transmettre". J'ai commencé à lui écrire y a plusieurs semaines, à ce gamin, alors que j'arrivais encore à peine à concevoir que je parlais à une "vraie personne". Et puis j'ai vu les contours de ses jambes à travers le ventre de sa mère y a quelques jours. J'ai senti ce ventre se contracter. Me suis dit "putain, ça y est, notre temps de préparation est écoulé, maintenant va falloir qu'on gère".
Eh bah voilà, Hugo est là.
Je ne vais pas aller les voir tout de suite, peut-être demain, le temps que le papa et la maman se reposent, mais je suis déjà totalement surexcitée. C'est le bordel dans ma tête, pour changer. Ca fuse dans tous les sens. Y a une personne de plus sur cette planète qui me donne envie d'y rester pour un bout de temps.
Je suis sûre que je vais pleurer, ah ah, j'ai
déjà envie de pleurer. Et qu'il sera aussi moche que tous les nouveaux nés, mais que je ne le remarquerai même pas.
J'aimerais teeellement fumer un joint pour fêter ça... Ah ah, tant pis, on fait avec les moyens du bords: je vais boire un café à la place.