MrBathory
Glandeuse Pinéale
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INTRODUCTION
JE NE SUIS PAS UN HIPPIE, J'ÉCOUTE DU BLACK METAL (entre autres....)
Cet énoncé est pour moi nécessaire je tiens à affirmer ceci, d'abord par humour, puis pour me permettre de préciser ma démarche. Habituellement, j'abhorre les longs TR/Branlette foisonnant sur le forum. Je ne cherche pas l'illumination, enfin si, mais pas activement. Un trip ne peut l'apporter, au même titre que certaines vies ne le peuvent. Je laisse du temps au temps. Pour moi, les psychédéliques sont un outil de compréhension personnelle, au même titre qu'un pont céleste entre notre humanité et un monde alternatif ainsi quela perception d'une réalité nous transcendant. Bien entendu, c'est plutôt amusant. C'est probablement pour ça que tous les témoignages conservés à propos des chamanes de tout pays nous montrent un des traits communs du medecine-man, l'humour. Tout est important, mais bien entendu rien n'a d'importance. Surtout pas l'ego, je ne suis pas empêtré dans le mien, à l'image de certains sur le forum qui couvert par de nombreuses allusions à la RDR ne la respectent pas (et donc la desservent) et donnent à croire à tous, néophytes ou non qu'un salut, un soin peut être apporté par les psychédéliques. Ils font, par l'intermédiaire de TR et de références concernant des pseudo-révélations à 2 francs 6 sous,une apologie simplette du psychédélisme. Ils initient mais ne soignent pas, un gland reste un gland. Un abruti de hippie égocentrique reste un abruti de hippie égocentrique.
Alors pourquoi écrire un TR si rejetant l'ego et les notions allant de paire avec lui. Et bien pour montrer que les psychédéliques c'est pas rigolo, c'est pas magique ou thérapeutique. Les psychédéliques sont des enseignants, mais comme à l'école ceux qui ne souhaitent pas écouter le professeur ou qui se sentent trop supérieurs pour avoir des conseils à recevoir resteront embourbés dans leur égocentrisme et leurs petits problèmes personnels sans grande importance. Une initiation se prépare, s'accepte. Et aussi pour montrer que pour moi, passer un bon moment, triper et rigoler ça apporte beaucoup plus que de fausses constructions mentales.
VIVRE C'EST S'AMUSER ET RIGOLER.
Le psychédélisme offre un retour en enfance, époque chérie et innocente.
TRIP
Il est 18h30, tout commence. Lu et moi avons pris respectivement 125 microgrammes et 250 microgrammes de LSD. Tranquillement installés, nous écoutons Malicorne développer son son puissant, nous assistant dans notre montée. Ambiance colorée, lumière psychédéliques, diffuseur d'huiles essentielles, tentures aux murs. C'est la première expérience psychédélique de Lu, je suis pour ma part habitué auxétats de conscience modifiée, les psychédéliques sont pour moi un moyen de construire, d'affirmer ma personnalité encore fragile. Une épreuve initiatique, chaque trip participant à la conception d'un tout.
Après deux Cds de Malicorne, tout est en place. Lu joue avec une toupie, faisant office de gri-gri, elle la conservera une bonne partie de la soirée. Chacun phase, parle, profite. The Doors arrivent alors sur le tapis, Waiting for the Sun est lancé.
22h00 : The Celebration of the Lizard commence.
Is everybody in?
The ceremony is about to begin...
WAKE UP!
Le destin tragique, la personnalité torturée de Jim Morrison nous apparaît alors comme perceptible. Une tension se développe dans la pièce, Lu m'exprime son souhait de changer de musique, se sentant extrêmement mal-à-l'aise en écoutant The Doors. De plus, la multiplicité des objets et des interactions possibles que Lu pouvait avoir à leur encontre la submergea. Ses repères devinrent de plus en plus flous, qu'ils soient spatiaux ou temporels. Tout commence à se fondre. Shpongle est lancé, faisant rabaisser la tension, légérement et momentanément du moins. Les influences des musiques sud-américaines nous propulsèrent sur une plage, sirotant des cocktails. Lu déclara alors avoir apprécié, le dernier morceau. Elle me demanda de le remettre, je suggéra néanmoins de poursuivre la lecture du CD. Vient une chanson plus grinçante, le mot boucle est lancé. Lu commence à angoisser, nous reparlons de Morrison, et le mot folie sortit de ma bouche. (Je tiens à préciser que le concept de folie est pour moi partie intégrante de la vie, j'ai eu de nombreux problèmes dans ma jeunesse qui me conduisirent en psychiatrie pour quelques mois suite à une dépression accompagnée de troubles anxieux aigus. Ce fut une de mes erreurs que d'avoir évoquer ce terme, peut-être même l'erreur centrale).
Un phénomène que je ne parviens pas encore à expliquer se produisit, nous sentîmes tous deux un «fluide», «une puissance» jaillissant de ma direction vers la sienne. (Il est probable que ma tension intérieure mon angoisse, qu'en temps normal j'arrive à contenir, malheureusment cette dernière fut alors «transférée» durant le trip et Lu eut à en subir les frais. C'est ma fragilité, mon instabilité qui sont responsables de ce qui se passa cette soirée-là. J'en suis, et resterais profondément affecté, marqué par le poids de cette responsabilité. Il est aussi probable que Lu, sensible aux substances, n'ait pas pu se préparer suffisamment mentalement pour subir ce qui va suivre).
Ce fluide ,lorsqu'il atteignit Lu la propulsa vers ce qui commençait à ressembler à un Bad-Trip en règle, pertes des repères et l'arrivée d'une boucle de pensée l'emprisonnant. Elle me regarda et dit :
«Tu l'as sentit ça? Je vais devenir folle c'est ça hein ?»
(C'est probablement lorsque ce mot sortit de ma bouche qu'un courant d'énergie s'est créé, moi ressentant l'immensité de la bourde que je venais de faire et elle, assistant à ma mine déconfite, interrogatrice après avoir prononcé ce mot fatidique. L'effet d'amplification psychologique ainsi que le fait que nous sommes en couple ont accentué le partage de nos sentiments respectifs).
Sentant sa tension, nous essayâmes de nous occuper du mieux que nous puissions faire, essayant de se recentrer, de se calmer en pratiquant une activité manuelle, saine, la peinture. Néanmoins, ce ne fut pas suffisant, nous continuâmes à écouter Shpongle. La voyant perdre pied, je mis alors du Peste Noire, groupe cher à moi-même et à ma bien aimée.
Un tour dehors s'imposa alors, nous sortîmes. J'espérais ainsi que prendre l'air aurait pu nous détendre. J'avais entièrement tord. Stupidement, en rassurant Lu quant à la durée du trajet, j'eus l'extrême maladresse de dire que nous allions faire une boucle avant de rentrer à l'appartement. Lu me regarda, et avec aplomb me dit :
« Encore des boucles, tu vois ça ne s'arrêtera donc jamais».
La rassurant, je lui précisais, comme de nombreuses fois qu'elle était sous l'effet d'un psychotrope, effets ayant une durée de temps limitée. Cependant cette certitude n'était certainement pas ancrée dans l'esprit de Lu, qui perdit tout contrôle, déclara qu'elle devenait folle et se mit à se rouler par terre dans la rue en hurlant .Rassemblant mes ressources encore disponibles, je la relevais essayant de la rassurer dans le but de la ramener à l'appartement, le trajet lui parut long et fut un des moments les plus éprouvants de nos vies. Lu luttait, je devais garder le contrôle pour ne pasa ngoisser d'avantage et donc de ne pas l'angoisser d'avantage. Mais ce fut là que je me rendis compte que je n'étais pas capable de surmonter cette épreuve, ma présomption me perdit.
«Toi qui croyait pouvoir gérer deux personnes, tu n'arrives même pas à te gérer toi-même. Comment as-tu osé penser que tu en serais capable?» me dis-je.
La panique allait alors grandissante, Lu déclara être morte (c'est bien là que je regrette ma connaissance très imparfaite du Bardo Thödol qui m'aurait peut-être permis de trouver une réponse à ses questions, ou au moins un appui pour elle, lui permettant de se libérer de cette boucle infernale). Nous rentrâmes tant bien que mal à l'appartement, sur la route je lui proposai alors de regarder un peu de Kaamelott, notre série fétiche, pour détendre une atmosphère, il n'y a pas mieux. Elle déclara ne pas savoir. Plus tard je le lui reproposais ce qui participera à la boucle se créant dans l'esprit de Lu. Cette ballade n'aura néanmoins pas été entièrement désagréable, les premières minutes furent pour nous deux un bon moment.
En rentrant à l'appartement, je coupais la musique, les lumières, bref l'attirail du perché afin de permettre à Lu de retrouver certains de ses repères, je lui donnais alors un Lyzanxia 10 mg. Submergée, ne sachant que faire, elle quémandais ses parents. Je lui demandais alors de se détendre un peu, de se poser, en attendant que le Lyzanxia agisse. L'angoisse monta encore d'un cran, je lisais dans ses yeux la peur la plus totale, la plus universelle, celle de la folie. Je lui donnais alors un xanax, puis peu de temps après un imovane, pour lui permettre de se détendre.
23H00:Je me résignais alors à appeler les parents de Lu, lui permettre de changer totalement d'environnement et d'être entourée des personnes qu'elle aime lui permettrait en plus des médicaments de se calmer, de se détendre et d'attendre la fin des effets.
Ce fut, bien entendu, une décision très dure à prendre pour moi, je dus alors affronter le regard de ses parents, inquiêts pour leur fille, ne connaissant pas ce genre de produits. Ils agirent néanmoins de la meilleure manière qui fut possible. Je leur expliquais calmement la situation, leur précisant l'enjeu principal, que Lu se détende le plus possible. Ils nous ramenèrent alors à leur domicile. J'ai conscience de la puérilité de ma réaction, appeler ses parents car ne pouvant gérer ça tout seul, je m'en remis alors à eux, dans un élan infantile de volonté de partage de ma responsabilité n'étant pas assez mûr/stable pour gérer une situation si extrême. De plus, je suis quelqu'un qui n'apprécie que peu la notion de famille et tout ce que ça provoque. Je ne me rends que rarement chez eux, étant trop angoissé ou ne voulant pas m'y rendre. Il faut bien noter le paradoxe pour moi, qui ne vais que très peu chez eux d'avoir eut recours à leur aide.
23h30 : Arrivés chez ses parents, nous couchâmes alors Lu, encore désorientée, dans le canapé, près de tout le monde. Les différents médicaments commencèrent à faire effet. L'angoisse de Lu s'estompait lentement. Elle nous lançait tout le temps de nombreux regards anxieux, souhaitant toujours s'assurer de notre présence. Elle resta allongée longtemps avant que la descente s'amorce. Ses parents allèrent se coucher, je restai seul avec elle. Au fur et à mesure, Lu se sentait mieux, cela pris du temps bien sur. Lu ne parvenait pas à dormir. Nous badinâmes d'abord timidement car bien que tout ce soit calmé, j'avais peur que tout reparte à cause d'une allusion, aussi petite soit elle.
Vers 3h, nous commençâmes alors à évoquer les événements précédents. Je considère qu'il est important de ne jamais partir sur un échec, sur un sentiment d'inachevé. Il fallait donner un sens à ce qui s'était passé pour Lu. Pour moi, mais l'avenir nous le dira, c'est un bon moyen de déjouer, d'atténuer l'impact de cet événement traumatisant. Nous continuâmes à parler longtemps, évoquant les réactions des uns et des autres, se demandant aussi si ont allait se prendre une chasse le lendemain (qui, à mon encontre aurait été justifiée), partageant nos souvenirs, nos sentiments, nos ressentis. Nous parlâmes pendant des heures, si je ne devais retenir qu'une phrase ce serait quelque chose de semblable à : c'est dans des moments comme ça qu'on apprécie la réalité. Heureusement, je parvins à trouver les mots pour lui expliquer ce qui s'était passé, pour la rassurer mais aussi pour commencer à dégager les aspects positifs de cette expérience qui bien que désagréable pour une part nous apporta énormément.
Toute la maisonnée dormit peu, mal. Le jour arrivait progressivement quand Lu déclara que les effets étaient terminés mais nous ne pûmes trouver le sommeil au cours de la nuit. Ces parents se levèrent vers 9h, nous allâmes prendre notre petit-déjeuner. Reprenant le cours habituel de notre vie, après une nuit aux confins de la folie.
CONCLUSION
Cette soirée qui commença très bien se solda par un bad-trip très violent, du à une dissolution de l'ego à laquelle Lu n'étais pas préparée. Elle eut à subir l'expérience psychédélique la plus complète : Vie/Mort/Renaissance.
En plus, arrivant à peine à me gérer, ce fut une erreur de croire pouvoir gérer quelqu'un d'autre. Il est possible, et même très certain qu'un transfert de mon angoisse vers Lu se produisit, aillant faillit à m'occuper d'elle correctement.
Mon comportement fut inexcusable, je mettrai du temps avant d'évacuer cette culpabilité.
Par chance, j'ai l'impression que les liens avec ma belle famille se sont resserrés, ce qui est un point positif. De plus, loin d'être origine de reproche ou d'un malaise entre nous cette expérience nous a rapprochée, permettant à notre couple de se renforcer d'avantage. Un autre point positif fut que Lu pris conscience de son besoin de trouver des groupes de musique, des activités à elle. Ce fut une sorte de révélation pour elle, une impulsion vers une volonté de meilleure connaissance de ses goûts et donc de soi-même. La boucle ayant été encouragée par le fait que les différents éléments de cette soirée ramenait Lu vers moi. De plus, elle s'est aussi rendu compte que cette expérience était plus le résultat de son amour pour moi et de sa volonté de connaître une des composantes de ma vie plus que d'un réel questionnement. Le trip n'avait probablement pas assez de sens.
Par chance, il y eut plus de peur que de mal. Enfin, la période de Noël est propice pour remonter le moral, et permet aussi à Lu de se reposer, disposant de quelques jours de congés bien mérités et nécessaires au vu de cet événement.
Pour finir, Lu a été angoissée de manière assez prégnante pendant 5 jours après le trip et quelques pics d'angoisse subsitent mais tout est rentré dans l'ordre. Pour ma part, cet événement, bien qu'ayant été marquant ne semble ne m'avoir rien laissé d'autre qu'une culpabilité qui s'estompera. Ma consommation aux vues de ces événements, prend un sens nouveau mais reste néanmains fréquente. Je garde conscience de mes capacités et de mes ressources et souhaite en garder le contrôle.
Je me permettrais de terminer par une interrogation. Peut-on être prêt à subir une dissolution de l'ego ? Ce dernier se débat, empêtré dans sa volonté de survie, s'opposant avec force à cette intrusion provoquée par les psychédéliques. De plus, il est nécessaire de souligner que selon moi, l'hallucination appartient aux temps cycliques, pré-chrétiens et peut créée une rupture trop importante avec le temps linéaire, innovation apportée par le christianisme, ce dernier étant une religion du temps. Ce temps linéaire, rassurant auquel nous sommes habitués est entièrement remis en question lors de la prise d'enthéogène, remise en question pouvant passer pour de la folie dans un esprit occidental. Le BardoThödol permet de résoudre ces questions (notamment par rapport aux pièges de l'esprit), néanmoins, est-il effectif sur un esprit occidentalisé ? Leary et Metzner semblent penser que oui.
JE NE SUIS PAS UN HIPPIE, J'ÉCOUTE DU BLACK METAL (entre autres....)
Cet énoncé est pour moi nécessaire je tiens à affirmer ceci, d'abord par humour, puis pour me permettre de préciser ma démarche. Habituellement, j'abhorre les longs TR/Branlette foisonnant sur le forum. Je ne cherche pas l'illumination, enfin si, mais pas activement. Un trip ne peut l'apporter, au même titre que certaines vies ne le peuvent. Je laisse du temps au temps. Pour moi, les psychédéliques sont un outil de compréhension personnelle, au même titre qu'un pont céleste entre notre humanité et un monde alternatif ainsi quela perception d'une réalité nous transcendant. Bien entendu, c'est plutôt amusant. C'est probablement pour ça que tous les témoignages conservés à propos des chamanes de tout pays nous montrent un des traits communs du medecine-man, l'humour. Tout est important, mais bien entendu rien n'a d'importance. Surtout pas l'ego, je ne suis pas empêtré dans le mien, à l'image de certains sur le forum qui couvert par de nombreuses allusions à la RDR ne la respectent pas (et donc la desservent) et donnent à croire à tous, néophytes ou non qu'un salut, un soin peut être apporté par les psychédéliques. Ils font, par l'intermédiaire de TR et de références concernant des pseudo-révélations à 2 francs 6 sous,une apologie simplette du psychédélisme. Ils initient mais ne soignent pas, un gland reste un gland. Un abruti de hippie égocentrique reste un abruti de hippie égocentrique.
Alors pourquoi écrire un TR si rejetant l'ego et les notions allant de paire avec lui. Et bien pour montrer que les psychédéliques c'est pas rigolo, c'est pas magique ou thérapeutique. Les psychédéliques sont des enseignants, mais comme à l'école ceux qui ne souhaitent pas écouter le professeur ou qui se sentent trop supérieurs pour avoir des conseils à recevoir resteront embourbés dans leur égocentrisme et leurs petits problèmes personnels sans grande importance. Une initiation se prépare, s'accepte. Et aussi pour montrer que pour moi, passer un bon moment, triper et rigoler ça apporte beaucoup plus que de fausses constructions mentales.
VIVRE C'EST S'AMUSER ET RIGOLER.
Le psychédélisme offre un retour en enfance, époque chérie et innocente.
TRIP
Il est 18h30, tout commence. Lu et moi avons pris respectivement 125 microgrammes et 250 microgrammes de LSD. Tranquillement installés, nous écoutons Malicorne développer son son puissant, nous assistant dans notre montée. Ambiance colorée, lumière psychédéliques, diffuseur d'huiles essentielles, tentures aux murs. C'est la première expérience psychédélique de Lu, je suis pour ma part habitué auxétats de conscience modifiée, les psychédéliques sont pour moi un moyen de construire, d'affirmer ma personnalité encore fragile. Une épreuve initiatique, chaque trip participant à la conception d'un tout.
Après deux Cds de Malicorne, tout est en place. Lu joue avec une toupie, faisant office de gri-gri, elle la conservera une bonne partie de la soirée. Chacun phase, parle, profite. The Doors arrivent alors sur le tapis, Waiting for the Sun est lancé.
22h00 : The Celebration of the Lizard commence.
Is everybody in?
The ceremony is about to begin...
WAKE UP!
Le destin tragique, la personnalité torturée de Jim Morrison nous apparaît alors comme perceptible. Une tension se développe dans la pièce, Lu m'exprime son souhait de changer de musique, se sentant extrêmement mal-à-l'aise en écoutant The Doors. De plus, la multiplicité des objets et des interactions possibles que Lu pouvait avoir à leur encontre la submergea. Ses repères devinrent de plus en plus flous, qu'ils soient spatiaux ou temporels. Tout commence à se fondre. Shpongle est lancé, faisant rabaisser la tension, légérement et momentanément du moins. Les influences des musiques sud-américaines nous propulsèrent sur une plage, sirotant des cocktails. Lu déclara alors avoir apprécié, le dernier morceau. Elle me demanda de le remettre, je suggéra néanmoins de poursuivre la lecture du CD. Vient une chanson plus grinçante, le mot boucle est lancé. Lu commence à angoisser, nous reparlons de Morrison, et le mot folie sortit de ma bouche. (Je tiens à préciser que le concept de folie est pour moi partie intégrante de la vie, j'ai eu de nombreux problèmes dans ma jeunesse qui me conduisirent en psychiatrie pour quelques mois suite à une dépression accompagnée de troubles anxieux aigus. Ce fut une de mes erreurs que d'avoir évoquer ce terme, peut-être même l'erreur centrale).
Un phénomène que je ne parviens pas encore à expliquer se produisit, nous sentîmes tous deux un «fluide», «une puissance» jaillissant de ma direction vers la sienne. (Il est probable que ma tension intérieure mon angoisse, qu'en temps normal j'arrive à contenir, malheureusment cette dernière fut alors «transférée» durant le trip et Lu eut à en subir les frais. C'est ma fragilité, mon instabilité qui sont responsables de ce qui se passa cette soirée-là. J'en suis, et resterais profondément affecté, marqué par le poids de cette responsabilité. Il est aussi probable que Lu, sensible aux substances, n'ait pas pu se préparer suffisamment mentalement pour subir ce qui va suivre).
Ce fluide ,lorsqu'il atteignit Lu la propulsa vers ce qui commençait à ressembler à un Bad-Trip en règle, pertes des repères et l'arrivée d'une boucle de pensée l'emprisonnant. Elle me regarda et dit :
«Tu l'as sentit ça? Je vais devenir folle c'est ça hein ?»
(C'est probablement lorsque ce mot sortit de ma bouche qu'un courant d'énergie s'est créé, moi ressentant l'immensité de la bourde que je venais de faire et elle, assistant à ma mine déconfite, interrogatrice après avoir prononcé ce mot fatidique. L'effet d'amplification psychologique ainsi que le fait que nous sommes en couple ont accentué le partage de nos sentiments respectifs).
Sentant sa tension, nous essayâmes de nous occuper du mieux que nous puissions faire, essayant de se recentrer, de se calmer en pratiquant une activité manuelle, saine, la peinture. Néanmoins, ce ne fut pas suffisant, nous continuâmes à écouter Shpongle. La voyant perdre pied, je mis alors du Peste Noire, groupe cher à moi-même et à ma bien aimée.
Un tour dehors s'imposa alors, nous sortîmes. J'espérais ainsi que prendre l'air aurait pu nous détendre. J'avais entièrement tord. Stupidement, en rassurant Lu quant à la durée du trajet, j'eus l'extrême maladresse de dire que nous allions faire une boucle avant de rentrer à l'appartement. Lu me regarda, et avec aplomb me dit :
« Encore des boucles, tu vois ça ne s'arrêtera donc jamais».
La rassurant, je lui précisais, comme de nombreuses fois qu'elle était sous l'effet d'un psychotrope, effets ayant une durée de temps limitée. Cependant cette certitude n'était certainement pas ancrée dans l'esprit de Lu, qui perdit tout contrôle, déclara qu'elle devenait folle et se mit à se rouler par terre dans la rue en hurlant .Rassemblant mes ressources encore disponibles, je la relevais essayant de la rassurer dans le but de la ramener à l'appartement, le trajet lui parut long et fut un des moments les plus éprouvants de nos vies. Lu luttait, je devais garder le contrôle pour ne pasa ngoisser d'avantage et donc de ne pas l'angoisser d'avantage. Mais ce fut là que je me rendis compte que je n'étais pas capable de surmonter cette épreuve, ma présomption me perdit.
«Toi qui croyait pouvoir gérer deux personnes, tu n'arrives même pas à te gérer toi-même. Comment as-tu osé penser que tu en serais capable?» me dis-je.
La panique allait alors grandissante, Lu déclara être morte (c'est bien là que je regrette ma connaissance très imparfaite du Bardo Thödol qui m'aurait peut-être permis de trouver une réponse à ses questions, ou au moins un appui pour elle, lui permettant de se libérer de cette boucle infernale). Nous rentrâmes tant bien que mal à l'appartement, sur la route je lui proposai alors de regarder un peu de Kaamelott, notre série fétiche, pour détendre une atmosphère, il n'y a pas mieux. Elle déclara ne pas savoir. Plus tard je le lui reproposais ce qui participera à la boucle se créant dans l'esprit de Lu. Cette ballade n'aura néanmoins pas été entièrement désagréable, les premières minutes furent pour nous deux un bon moment.
En rentrant à l'appartement, je coupais la musique, les lumières, bref l'attirail du perché afin de permettre à Lu de retrouver certains de ses repères, je lui donnais alors un Lyzanxia 10 mg. Submergée, ne sachant que faire, elle quémandais ses parents. Je lui demandais alors de se détendre un peu, de se poser, en attendant que le Lyzanxia agisse. L'angoisse monta encore d'un cran, je lisais dans ses yeux la peur la plus totale, la plus universelle, celle de la folie. Je lui donnais alors un xanax, puis peu de temps après un imovane, pour lui permettre de se détendre.
23H00:Je me résignais alors à appeler les parents de Lu, lui permettre de changer totalement d'environnement et d'être entourée des personnes qu'elle aime lui permettrait en plus des médicaments de se calmer, de se détendre et d'attendre la fin des effets.
Ce fut, bien entendu, une décision très dure à prendre pour moi, je dus alors affronter le regard de ses parents, inquiêts pour leur fille, ne connaissant pas ce genre de produits. Ils agirent néanmoins de la meilleure manière qui fut possible. Je leur expliquais calmement la situation, leur précisant l'enjeu principal, que Lu se détende le plus possible. Ils nous ramenèrent alors à leur domicile. J'ai conscience de la puérilité de ma réaction, appeler ses parents car ne pouvant gérer ça tout seul, je m'en remis alors à eux, dans un élan infantile de volonté de partage de ma responsabilité n'étant pas assez mûr/stable pour gérer une situation si extrême. De plus, je suis quelqu'un qui n'apprécie que peu la notion de famille et tout ce que ça provoque. Je ne me rends que rarement chez eux, étant trop angoissé ou ne voulant pas m'y rendre. Il faut bien noter le paradoxe pour moi, qui ne vais que très peu chez eux d'avoir eut recours à leur aide.
23h30 : Arrivés chez ses parents, nous couchâmes alors Lu, encore désorientée, dans le canapé, près de tout le monde. Les différents médicaments commencèrent à faire effet. L'angoisse de Lu s'estompait lentement. Elle nous lançait tout le temps de nombreux regards anxieux, souhaitant toujours s'assurer de notre présence. Elle resta allongée longtemps avant que la descente s'amorce. Ses parents allèrent se coucher, je restai seul avec elle. Au fur et à mesure, Lu se sentait mieux, cela pris du temps bien sur. Lu ne parvenait pas à dormir. Nous badinâmes d'abord timidement car bien que tout ce soit calmé, j'avais peur que tout reparte à cause d'une allusion, aussi petite soit elle.
Vers 3h, nous commençâmes alors à évoquer les événements précédents. Je considère qu'il est important de ne jamais partir sur un échec, sur un sentiment d'inachevé. Il fallait donner un sens à ce qui s'était passé pour Lu. Pour moi, mais l'avenir nous le dira, c'est un bon moyen de déjouer, d'atténuer l'impact de cet événement traumatisant. Nous continuâmes à parler longtemps, évoquant les réactions des uns et des autres, se demandant aussi si ont allait se prendre une chasse le lendemain (qui, à mon encontre aurait été justifiée), partageant nos souvenirs, nos sentiments, nos ressentis. Nous parlâmes pendant des heures, si je ne devais retenir qu'une phrase ce serait quelque chose de semblable à : c'est dans des moments comme ça qu'on apprécie la réalité. Heureusement, je parvins à trouver les mots pour lui expliquer ce qui s'était passé, pour la rassurer mais aussi pour commencer à dégager les aspects positifs de cette expérience qui bien que désagréable pour une part nous apporta énormément.
Toute la maisonnée dormit peu, mal. Le jour arrivait progressivement quand Lu déclara que les effets étaient terminés mais nous ne pûmes trouver le sommeil au cours de la nuit. Ces parents se levèrent vers 9h, nous allâmes prendre notre petit-déjeuner. Reprenant le cours habituel de notre vie, après une nuit aux confins de la folie.
CONCLUSION
Cette soirée qui commença très bien se solda par un bad-trip très violent, du à une dissolution de l'ego à laquelle Lu n'étais pas préparée. Elle eut à subir l'expérience psychédélique la plus complète : Vie/Mort/Renaissance.
En plus, arrivant à peine à me gérer, ce fut une erreur de croire pouvoir gérer quelqu'un d'autre. Il est possible, et même très certain qu'un transfert de mon angoisse vers Lu se produisit, aillant faillit à m'occuper d'elle correctement.
Mon comportement fut inexcusable, je mettrai du temps avant d'évacuer cette culpabilité.
Par chance, j'ai l'impression que les liens avec ma belle famille se sont resserrés, ce qui est un point positif. De plus, loin d'être origine de reproche ou d'un malaise entre nous cette expérience nous a rapprochée, permettant à notre couple de se renforcer d'avantage. Un autre point positif fut que Lu pris conscience de son besoin de trouver des groupes de musique, des activités à elle. Ce fut une sorte de révélation pour elle, une impulsion vers une volonté de meilleure connaissance de ses goûts et donc de soi-même. La boucle ayant été encouragée par le fait que les différents éléments de cette soirée ramenait Lu vers moi. De plus, elle s'est aussi rendu compte que cette expérience était plus le résultat de son amour pour moi et de sa volonté de connaître une des composantes de ma vie plus que d'un réel questionnement. Le trip n'avait probablement pas assez de sens.
Par chance, il y eut plus de peur que de mal. Enfin, la période de Noël est propice pour remonter le moral, et permet aussi à Lu de se reposer, disposant de quelques jours de congés bien mérités et nécessaires au vu de cet événement.
Pour finir, Lu a été angoissée de manière assez prégnante pendant 5 jours après le trip et quelques pics d'angoisse subsitent mais tout est rentré dans l'ordre. Pour ma part, cet événement, bien qu'ayant été marquant ne semble ne m'avoir rien laissé d'autre qu'une culpabilité qui s'estompera. Ma consommation aux vues de ces événements, prend un sens nouveau mais reste néanmains fréquente. Je garde conscience de mes capacités et de mes ressources et souhaite en garder le contrôle.
Je me permettrais de terminer par une interrogation. Peut-on être prêt à subir une dissolution de l'ego ? Ce dernier se débat, empêtré dans sa volonté de survie, s'opposant avec force à cette intrusion provoquée par les psychédéliques. De plus, il est nécessaire de souligner que selon moi, l'hallucination appartient aux temps cycliques, pré-chrétiens et peut créée une rupture trop importante avec le temps linéaire, innovation apportée par le christianisme, ce dernier étant une religion du temps. Ce temps linéaire, rassurant auquel nous sommes habitués est entièrement remis en question lors de la prise d'enthéogène, remise en question pouvant passer pour de la folie dans un esprit occidental. Le BardoThödol permet de résoudre ces questions (notamment par rapport aux pièges de l'esprit), néanmoins, est-il effectif sur un esprit occidentalisé ? Leary et Metzner semblent penser que oui.