Le LSD fut synthétisé pour la première fois par Albert Hoffman à Bâle en 1938 alors qu’il travaillait pour les Laboratoires Sandoz.
Quelques années plus tard, au cours d’une réévaluation du composant, il en ingère accidentellement une petite quantité et décrit le premier «trip».
Pendant les années 1950 et 1960, Sandoz a analysé la drogue à des fins thérapeutiques et l’a mise sur le marché sous le nom de Delysid®
(je vulgarise le coté pharmaco biologie vegétale on est pas à la fac , le sujet étant sa place aujourd'hui)
Ses recherches avaient porté sur l’ergot de seigle, un petit parasite du blé aux vertus d’abord pathologiques.
Ce minuscule champignon (claviceps purpurera) pousse sur les somitées grainées des graminées légèrement humides, et on pourrait dire, en somme, qu’il est le fait d’un léger pourrissement de la brindille.
Au Moyen-âge, des villages entiers sombraient dans des crises de folie inexpliquées qui avaient pour cause réelle la consommation de cet ergot de seigle.
En effet, à l’époque, un seul et unique moulin approvisionnait en farine tous les villages des alentours et ainsi une même cargaison de mauvais blés pouvait facilement se retrouver dans la miche de pain de chaque foyer.
Consommé occasionnellement à travers un mauvais pain, l’ergot de seigle donne lieu à des crises d’hystéries, mais à plus long terme et à travers un régime de pain avarié continu, l’ergot de seigle peut entraîner un développement maladif des membres, et donner lieu ainsi à certaine formes de nanisme, de racornissement des doigts etc.
Donc Hoffman menait ses expériences .
S’il parvenait enfin à trouver la bonne formule, le bon mélange de produits chimiques, alors peut être pourrait-il enfin tester cette molécule comme un nouvel anti-douleur.
Ses premiers test sur des souries lui avait semblé concluant, et d’ici quelques semaines, il aura essayé toutes les combinaisons chimiques possibles et sera fixé sur la pertinence de ses recherches.
Hoffman rêve d’un peu de gloire et de grande découvertes, mais surtout il aimerait bien ne pas avoir menti à ses investisseurs en leur promettant un nouveau remède miracle à la douleur d’enfanter…
Il éteint son microscope et enlève ses gants, sa journée de recherche est finie, il est trois heures de l’après-midi.
Hoffman récupère son chapeau,ramasse ses trucs et enfourche son vélo…
Le ciel est bleu, nous sommes en été, la nature semble si belle aujourd’hui.Il se sent comme un peu faible.
Pour sûr, les émanations de tous ses produits chimiques le rendent un peu flappy en fin de journée…
Cependant, vraiment, aujourd’hui ça ne passe pas…
Il doit descendre de son vélo, il essaie en vain de vomir, mais rien n’y fait.
Juste un peu de bille lui goûte des lèvres.Ses tempes battent, une désagréable sensation de picotement lui rampe sur les membres…
Albert hoffman n’habite pas loin de son lieu de travail et même en pédalant très lentement cela ne lui prend pas beaucoup de temps pour se retrouver enfin chez lui, la tête toujours aussi embrumée, comme une ivresse qui lui viendrait de l’intérieur…
Monsieur Hoffman ne connaît aucune maladie qui ressemblerait à celle là, même une intoxication aux évanescences chimiques ne ressemble pas à ça…
Il titube vers son évier et bois une longue rasade d’eau, et immédiatement, il se sent encore plus mal, comme si le liquide lui transperçait les pores de la peau…
Hoffman se dit qu’un peu de repos lui irais bien…
Simplement, faudrait qu’il fasse baisser sa tension en s’allongeant… Et puis laisser aller, les intoxications chimiques ne durent jamais bien longtemps…
Alors Albert hoffamn entra dans sa chambre et s’allongea sur son lit, sans même avoir enlevé ses souliers blancs de docteur…
Alors le plafond se mis à bouger en vagues, lentement…
Lentement aussi toutes les couleurs deviennent plus lumineuses, plus fraîches, plus éclatantes…
Il ne sent plus ses membres mais un intense sentiment de bien être lui traverse la colonne vertébrale et vient exploser dans sa tête…
Soudain pris de peur face à l’étrangeté de la situation, Albert Hoffman ferme ses yeux…
Alors un océan bleu marine où s’entremêlent formes géométriques et rayons de couleur s’offre à lui.
Jamais humain n’a vue de spectacle plus beau.
Jamais aucune femme, ni aucun art, n’a jamais pu égaler la beauté des ces formes mouvantes multicolores…
Un vague tunnel se dessine et puis un étrange cercle jaune se forme devant lui, alors que monsieur Hoffman ouvre les yeux, ces formes disparaissent et de nouveau le plafond mouvant ondule devant ses yeux…
Plus amples et fantasques, les formes du réel se contorsionnent, se ramollissent.
Les armoires se meuvent aussi, les barreaux de la fenêtre sont comme des serpents noirs qui gigotent alors qu’un rayon de soleil quasi divin les éclaire…
Incapable de bouger le petit doigt, Albert Hoffman hallucine, et il ne pensait pas que cela était possible.
Bien des fois Albert Hoffman s’était cuité sévèrement à l’alcool, mais cela n’avait rien à voir…
Il ne s’agissait pas simplement de faiblesse ou d’ivresse, mais plutôt d’un état comme second, proche de la transe hypnotique…
Car plus qu’un simple et original désordre physique et visuel, Monsieur Hoffman sent aussi qu’il se passe quelque chose au fond de lui, comme du plus profond de son âme un vague sentiment de calme monte en lui.
Tout semble clair alors, la moindre pensée est limpide, tout s’éclaire d’une simplicité nouvelle…
Ses désordres de ménage avec sa femme, sa situation précaire au centre de recherche, aussi la récente et monstrueuse guerre qui a déchiré l’Europe…
Tout se continue et d’un point de vue d’ensemble, tout est bien et juste…
Pour la première fois de sa vie, monsieur Hoffman voit le monde depuis un point de vue comme omniscient, éloigné des choses, et pourtant plus que jamais en contact avec elles…
Idées, couleurs, sons et sentiments, tout fait partie d’un vaste puzzle, plus vaste et riche que l’univers lui-même…
Albert Hoffman est juif de culture.
Mais il n’a jamais vraiment été tourné vers Yahvé.
Plus scientifique et pragmatique que mystique hoffman n’a jamais été très intéressé par les prophètes visionnaires et les cabales secrètes…
Et c’est justement pour cela qu’il ne s’est pas crus soudain en connexion avec Dieu, c’est pour cela qu’en raisonné scientifique Hoffman ne s’est pas pris pour un prophète en liaison intime avec son Seigneur…
C’est pour cela que, dès les premiers instant de son délire, Albert hoffman n’a jamais perdu de vue que son expérience était d’origine chimique, et que, même si d’une étonnante façon son âme s’élevait, rien que de plus naturel était la cause de son expérience: il était entrain de vivre un expérience psychédélique…
Il avait déjà entendu parlé de telles expériences à travers les livres et comptes rendus de mescaline d’Aldous Huxley ou encore d’Henry Michaux, quelques années avant, mais il était loin de se douter que tous ces récits d’hallucinations et de prises de conscience n’était pas que des délires de poètes, des visions de l’esprit…
Donc en somme, Albert Hoffmann, tout de même assez nauséeux maintenant, se laissait dériver au fil de ses visions…
Les sons devenaient des couleurs et les couleurs répondaient aux idées…
Comme tout cela était intéressant, étonnant, passionnant même…
Comment cela se faisait-il que le cerveau humain recèle de telles possibilités d’expression?
Quel produit, exactement, en était la cause?
Puis monsieur Hoffamn enleva péniblement ses chaussures et tenta de dormir…
Il ne mit pas moins de trois heures à trouver le sommeil, alors que le coucher de soleil au dehors inondait la pièces de reflets roses et pourpres…
Milles pensées, milles éclairs de couleur lui électrisaient le cerveau et l’empêchaient de dormir… Puis enfin, apaisé et comme un bébé, monsieur Hoffman s’endormit.
Le premier voyage de lsd venait de s’achever.
Par un parfait hasard et au cœur des montagnes suisses, l’humanité venait de recevoir un cadeau fantastique: la drogue la plus puissante qui n’ai jamais existé.
La révolution chimique avait suivit la révolution industrielle.
La folie des inventeurs de moteurs avait fait place à celle des inventeurs de médicaments…
C’est au début du XX ème siècle que les premiers cachets contre le mal de tête ont vu le jour, mais aussi les premiers calmants et les premiers antidépresseurs et pilules pour régimes.
Les gaz de combats créés à partir de mélanges chimiques mortels datent aussi de cette époque.
Car en effet, les recherches sur les produits chimiques de synthèse et leurs potentiels n’avaient pas que des buts médicaux mais aussi, comme chaque nouvelle technologie, des visées militaires.
On sait aujourd’hui que la MDMA fut découverte par les nazis et devait être utilisé afin de donner plus de vaillance et de légèreté d’âme à ceux qui allaient mourir aux champs de bataille, ou comme sérum de vérité.
Mais bien vite les dangers névrotiques et dépressifs de la MD déconcerta les scientifiques et les projets furent laissés de coté
(le même problème allait se poser dans les 90’s quand dans certaines universités américaines des professeurs de psychanalyse allaient tenter d’utiliser cette drogue afin de soigner les névroses. Encore une fois la MD allait donner des résultats positifs à court terme mais désastreux à long terme, plongeant les malades dans une dépression encore plus profonde).
Plus même que la MDMA, le lsd fut distribué à des milliers de patients atteint de troubles mentaux, et ce tout à travers les 50’s, tant au Royaume-Uni qu’en Amérique.
Mais étonnement, aucun effet négatif notable n’avait pu être mis en avant par les médecins.
Mieux même, le lsd semblait véritablement aider ceux qui se sont perdus dans les méandres de leur inconscient…
Le lsd, alors distribué sous le nom de Delysid, permettait de continuer les recherches sur l’inconscient commencées bien plus tôt par le professeur Freud.
La CIA, au début des 60’s va aussi s’intéresser au lsd, mais cette fois c’est la face sombre de l’acid qui va être exploitée…
Prostituées et prisonniers vont alors servir de cobayes pour la CIA qui s’intéresse aux pouvoirs de perturbation mentale du lsd…
Le lsd peut-il aider lors d’interrogatoire?
Les soldats pourraient-il, grâce à lui, arrêter de pleurer?
Parmi de nombreuses expériences d’emplois malhonnêtes et dangereux du lsd, notons seulement la très symbolique tentative de droguer le thé de Fidel Castro en espérant que ce dernier pète les plombs en plein discours fleuve et se mette à divaguer stupidement…
Somme toute, la CIA aura juste assez étudié le lsd pour en être effrayé et ainsi utiliser leurs mesquines recherches pour valider plusieurs années plus tard le fait que cette drogue est monstrueuse, dangereuse et ingérable…
Le speed lui, fut utilisé lors des deux grandes guerre mondiales, et la cocaïne, drogue extraite de la coca mais raffinée chimiquement, devint populaire dans les 40’s. C’est dans les 50’s que fut synthétisée la mescaline du cactus et la psilocybine des champignons. La naissance du lsd s’inscrit donc dans une vaste mouvance de la recherche scientifique envers ce monde inconnu et prometteur des molécules synthétiques, chimiques et de leurs multiples combinaisons possibles entre elles.
Cependant, contrairement à ces autres dogues chimiques, le lsd demeurait presque inconnu jusqu’au milieu des années 60.
En effet, facile d’utilisation et très en phase avec l’excitation des années folles, la cocaïne avait acquis ses lettres de noblesse dès le début des 50’s, alors que les mafias du monde entier organisaient rationnellement son commerce.
Le speed, plus connu d’abord pour ses propriétés de coupe faim, était déjà employé comme excitant par la jeunesse américaine de l’après guerre, qui volait à leur maman ménopausée de quoi mieux draguer les filles.
Aussi, la mescaline et la psilocybine étaient connu des intellectuels mystiques du début du siècle.
Antonin Artaut et Henry Michaux ont fait le voyage du Mexique et sont devenus ensuite les premiers à relater les expériences folles de la mescaline.
Aldous Huxley se fit le chantre de la mescaline chimique, qu’il étudia sur lui-même de façon froide et raisonnée, pour ensuite publier les premiers livres sur la littérature psychotique (le meilleur des mondes, les portes de la perception).
Si la mescaline séduisait c’est avant tout par son coté shamanique, de par sa connexion évidente avec les tribus indiennes qui en vénéraient le cactus…
Mais le lsd faisait peur.
Venant de nulle part et sans mode d’emplois chamaniques ou poétiques, son expérience effrayait, et seulement des rares psychanalystes ou chercheurs en avait fait l’expérience avant les 60’s.
Mais les 60’s ont été la décennie des excès et l’homme n’a plus eu peur de rien.
La musique devint assourdissante et on n’eu plus honte de jouer mal.
Les philosophies devirent physiques et l’on n’eu plus peur de redevenir des sauvages aux cheveux long et aux idées courtes.
Partout dans le monde occidental, les règles et morales explosaient.
Le communisme perdait le combat du réelle face au totem des rêves de liberté.
Tout fut prétexte à vivre plus intensément.
Musique plus forte, danse plus aguicheuse, rapports sexuels plus fréquents, la jeunesse d’un monde en pleine croissance était près à tout pour se sentir vivant.
Dieu était mort, réalisant les prophéties de Nietzsche annoncées plusieurs décennies plus tôt…
Mais loin de réaliser la perte de leur racine, la jeunesse ne pensait qu’à se créer de nouvelles valeurs, dignes de la faire rêver en lieu et place de l’ancienne religion austère…
On se tourna vers les indiens d’Inde, vers les indiens du Mexique, vers les indiens peaux rouges…
De Jim Morrison aux Beatles, il était à la mode de chercher dans l’étrange une nouvelle façon de comprendre le monde qui nous entoure: un monde qu’une minute à l’autre les bombes atomiques peuvent détruire, un monde où un rideau de fer sépare la liberté de l’égalité.
Un monde ou fleurissent les guerres civiles aussi vite que les rêves les plus fous de conquêtes spatiales.
Il devint clair que l’alcool violent et stupide des générations passées fut délaissé au profit du cannabis, plus enclin à favoriser la sagesse et les réunions de groupe, plus propice aux débats et aux rêves d’un monde meilleur.
Aux Etats-Unis, le cannabis devint aussi populaire que l’opium le fut en Chine plus d’une centaine d’années plus tôt.
Mais cette fois ce n’était pas une armée de junky allongés qui naissait de ce phénomène de société, mais plutôt une génération spontanée, cool et illuminée, d’étudiants pacifiques.
Jusqu’alors considéré comme un épiphénomène récréationel et mafieux, l’usage des drogues devint soudain un problème politique aux États-Unis.
Il fallait à tout prix faire taire cette psyché collective qui rêvait plus qu’elle ne produisait et qui disait non au nom de la paix plus souvent que oui au nom de la guerre…
S’ensuivit une violente guerre de propagande contre les drogues, sous toutes formes soient-elles.
Les fumeurs occasionnels de cannabis étaient traités sur le même pied d’égalité que les trafiquants d’héroïne et pendant plusieurs dizaines d’années, le point de vue du gouvernement sur les drogues fut le même; sous toute formes soient-elles, les dogues sont mauvaises, condamnables et immorales.
Le bébé fut noyé avec l’eau du bain.
Et la guerre psychologique aux rêveurs marqua la fin du rêve des 60’s.
Mais jusqu’en 64, le lsd, comme la plupart des drogues chimiques et de synthèse, bénéficiait d’un vide juridique qui, de fait, permettait son commerce et sa diffusion…
Si le lsd a survécu aux rêves hippies des 60’s, il n’en doit pas moins son explosion populaire à cette époque.
Dès le début des 60’s, dans le sud des Etats-Unis, des beatniks et des étudiants poètes se réunissaient lors d’agapes collectives de champignons hallucinogènes, et le voyage du Mexique, comme le témoigne les livres de Kerouac et Burroughs, étaient fréquent.
Suite logique aux expériences orientalisantes et artistiques, le monde psychédélique était connus des proto-hippies.
Alors que des milliers de kilomètres plus loin, de l’autre coté de l’océan, monsieur Hoffman continuait à créer de nouvelles drogues et à faire découvrir à un cercle restreint de chercheur son lsd, Timothy Leary, un enseignant chercheur d’Harvard lui, passe le plus clair de son temps dans des party démentes, où soir après soir, se succèdent orgies, beuveries, projections de films avant-gardistes, lectures de poésie…
D’une stature large de bel homme, Timothy Leary n’en possédait pas moins le charisme d’un professeur idéal, celui qui s’explique clairement et qui capte son auditoire…
Même en dehors des cours, sa pertinence et sa pédagogie épate…
Ce mec là sait ce qu’il dit et fait ce qu’il dit…
Un petit groupe d’étudiants fans se sont groupés autour de lui et se régalent de ses sophismes savants teintés de mystique orientale et du peu de connaissance que Leary a du bouddhisme zen…
Ses étudiants sont faciles à impressionner, et Leary n’a rien contre l’idée de jouer les gourous, bien au contraire…
Cependant, il n’en possède pas moins une soif incœrcible de découvrir la clé du monde…
Plus que personne de son temps, Leary a conscience que Dieu est mort et que sans conscience spirituelle, l’homme est voué à une triste névrose matérialiste…
Les philosophies orientales le touchent, mais il sent bien que ce n’est pas en empruntant une autre culture que la jeunesse occidentale se retrouva en phase avec elle-même…
Alors il s’intéresse à tous les efforts entrepris pour trouver ce fantôme propre à l’Amérique et à ses enfants de la nuit… Échangismes, rock’n’roll, art total, situationnisme, Leary connaît tous les poncifs de sa génération, mais cependant aucune prise de conscience métaphysique ne lui a changer la vie, ne lui a fait comprendre le pourquoi du comment…
Un jour, un de ses amis, professeur de fac en psychologie, lui fait part d’un article paru il y a quelques temps dans la revue scientifique du campus: un scientifique suisse aurait synthétisé une molécules du bonheur, proche de la mescaline ou de la psilocybe.
Timothy Leary avait déjà participé à des agapes de psychotropes, et il avait été extrêmement intéressé mais le caractère chamanique de ces drogues l’avait un peu rebuté.
Donc un soir Leary eu la chance de tester le lsd, entouré de collègues et introduit par un psychanalyste suisse.
Fort de caractère et sachant déjà ce qu’il voulait découvrir, à savoir l’illumination cosmique, Leary profita à fond de sa première expérience et sa vie en fut changée à jamais.
Ce qui fascinait Leary, c’était le caractère synthétique du lsd, le fait qu’un litre de ce liquide aurait suffit à faire voyager plus de onze millions de personnes…
Que rien n’était plus en phase avec nos sensations initiales que le lsd.
En effet, contrairement aux champignons ou aux cactus, le lsd ne provoque aucun vomissement, aucune maladie ne se s’infiltre dans votre métabolisme.
Aussi, la facilité d’utilisation de cette drogue plaisait à Leary.
Une goutte suffisait pour prendre conscience de la vérité des choses.
Le lsd ne provoque aucun effet secondaire si utilisé avec raison, aucune dépendance, aucune gueule de bois.
En somme le lsd était le dogue de rêve.
Timothy Leary allait devenir le pape du lsd, celui qui en fit un phénomène de société.
A cette époque, les professeurs d’Harvard n’étaient pas les seuls à utiliser le lsd, de l’autre coté des Etats-Unis, en Californie, les premières communautés hippies,
comme les happy prankster de Aby Hoffman, mais aussi les tribus de Ken Kasey, connaissaient le lsd et en faisait la drogue centrale et presque totémique de leur vision du monde et de leur mode de vie.
En 62 le lsd est légal,
et il devient très vite facile et peu onéreux de s’en procurer.
Leary, en professeur consciencieux, en distribuât à ses élèves, le dimanche, lors de cours extrascolaires où il est question, tous ensemble, de voir le monde tel qu’il est.
Tel que les rayons colorés du lsd le montre.
Leary prose ses réunions sous le titre de «groupe de travail psychanalytique et spirituel ».
Bien vite, les autorités d’Harvard le jettent à la porte.
Mais Leary va continuer ses expériences folles, cette fois tout à travers les États-Unis.
Tel un pape psychédélique, ses allocutions dans les multiples universités où des associations d’étudiants le font venir, sont attendues avec impatience.
Fort de sa popularité grandissante, Leary encourage chacun à essayer la drogue, la présentant sous un jour inoffensif si maîtrisé.
Et lui, Timothy Leary, en propose la maîtrise: c’est le slogan du «Turn in, Turn on, Drop out».
Repris en cœur par tous les jeunes plus ou moins cool des 60’s, ce mantra va devenir le totem d’un génération entière, et son application va dépasser celui de l’agape rituelle de lsd.
Plusieurs longues années de propagande ont permis à Leary de populariser sa drogue fétiche et c’est au couleur flashy du lsd que les 60’s vont s’illustrer.
De passages télé en appariations lors de concerts rocks et de festivals hippies, Leary devient l’un des leaders de la révolution des rêveurs.
Des Beatles à Warhol, chacun des fers de lance de cette époque folle reprennent à leur compte le lsd et leur art s’en trouve changée.
Disques fleuves de Soft Machine, concerts qui n’en finissent pas du Gratefull Dead, théories ubuesques et poésies décalées de Bob Dylan, le lsd est l’un des facteurs de l’explosion artistique des 60’s.
Prise de conscience globale, intérêt porté sur les sensations, l’art des 60’s est avant tout tourné vers la prise de conscience et l’expérience des sens.
Le lsd, tout naturellement, va accompagner les essais divers et variés en matière d’ouverture de ces fameuses «portes de la perception ».
Le lsd va influencer bien plus que l’art ou les hallucinations psychédéliques des hippies, il va aussi marquer la vie la plus quotidienne des habitants du monde occidentale.
Fruit des visions alanguies et molles du lsd, le design des 60’s est marqué par les courbes, les renflements, les déliquescences de formes.
Du papier peint kitch aux couleurs pastelles bariolées de formes en zigzags, jusqu’au mobilier d’intérieur et à ses chaises et sofas minimalistes incurvés, les objets les plus usuels de notre quotidien vont porter la marque d’une perception différente des formes et couleurs.
Les formes jadis rigides et droites deviennent élancées et courbées.
Les couleurs, jadis ternes et peu voyantes, vont accrocher l’œil…
Le fluo, le pastel, et les lava lampes, vont être les marques d’une décennie bruyante et enthousiaste, tel le miroir parfait des visions lysergiques.
Leary va vendre des livres, même sortir un album de jazz psychédélique…
Son influence va être totale sur la vague new age qui va suivre celle des hippies.
A la fin des 60’s, les étudiants se heurtent au refus obstiné du gouvernement d’arrêter la guerre injuste du Viêt-Nam.
Au concert d’Altamont, un Hell’s Angel tue un spectateur noir…
Aussi, le communiste qui jadis faisait rêver le monde entier d’égalité et de fraternité, maintenant fait peur…
Très peur…
Les tanks soviétiques sont entrés dans Prague, Budapest, Varsovie…
Tout, en cette fin de décennie, semble ressembler à un cauchemar. Le rêve aura tourner court.
La permissivité à outrance a entraîné bien des débordements, et des sectes malsaines et iniques, comme celle de Charles Manson, n’ont pas manqué de terroriser l’Amérique…
Le lsd, totem satanique de la famille Manson, va soudain ne plus être considéré comme une drogue permettant l’élévation de l’âme mais plutôt comme un dangereux produit rendant ses consommateurs fous…
Il est vrai qu’alors, les doses de lsd, dû à son bas prix et à l’expérience totale recherchée, étaient fortes, très fortes. Et contrairement à ce que n’a jamais cessé de répéter Timothy Leary, le lsd n’est pas si simple d’utilisation, et de trop nombreux bad trip fleurissent un peu partout…
Des filles se font mettre enceinte alors qu’elles croient s’accoupler à des dragons…
Même à Woodstock, le micro public de la scène principale met en garde contre l’acid de mauvaise qualité qui circule trop librement…
Comme se réveillant d’un mauvais rêve, une jeunesse qui a trop abusé va se regarder blême dans le miroir de ses espoirs: la violence existe toujours, l’incompréhension demeure, la police réprime les expériences que certains ont crus bon de pousser trop loin….
L’étudiant syndicaliste se réveille terroriste,
la jeune collégienne hippie se réveille pute,
les parents permissifs se réveillent autoritaires et apeurés…
Même la musique populaire, après ses débordements soniques, revient à un son plus primaire, que certain ose même qualifier d’authentique…
Les stones sortent un grand poème blues, Exil on main street et loin derrière eux, le psychédélisme de pacotille de 67 ne manque à personne…
Tout simplement, en quelques semaines pourrait on dire, d’un Charles Manson l’autre, le lsd devient la drogue qui ment, la drogue qui fait se perdre dans un labyrinthe de paradis artificielles.
Le lsd devient la drogue que chacun a abusé et dont il est de bon ton de dire qu’elle est très dangereuse…
On en est revenu du lsd…
C’est plus à la mode les prises de conscience cosmiques, Apollo 15 vient d’exploser en vol.
Au début des 70’s, l’heure est plutôt aux confessions et regrets.
Car l’on n’a pas compris le lsd et trop nombreux sont ceux qui l’ont expérimenté sans faire attention à sa puissance phénoménale.
Le lsd devient l’ennemi public numéro un.
Aux états Unis, posséder du lsd devient crime contre l’humanité, et seuls quelques groupes post hippies new age le vénère encore.
Sinon eux, tout le monde s’en détache, il devient même has been et fleur bleue d’en consommer.
Alors que le punk des Ramones et les riffs agressifs de Led zeppelin plaquent des accords de fer sur une génération qui a la gueule de bois, le lsd et ses explosions de couleurs fantasques, sa spiritualité exacerbée, n’est plus du tout populaire.
Les méthamphétamines et le crack déferlent sur le marché des drogues…
En boite, on revient à la coke, et plus que n’importe quelle autre drogue, l’héroïne occupe le haut du pavé de ceux qui sont en manque de raison d’être…
Ceux qui se réveillent lourdement d’un rêve raté, ceux là se tournent vers la veuve blanche, celle des longs sommeils et du refus de vivre.
L’héroïne c’est un grand saut en arrière dans le coma prénatal, alors que le lsd proposait un bon en avant vers Dieu.
Tant et si bien, que lors des concerts punks à Londres en 77, celui qui sortait un pétard était pris pour un hippie ridicule et se faisait foutre sur la gueule…
Mais la vérité la voila: même Strummer carburait au lsd lors des sessions de Sandinista, et au vue des projets de Johnny Rotten après les Pistols, il est clair que lui aussi trouva dans le lsd l’inspiration nécessaire pour dépasser ce mur du son chaotique et bordélique où bien vite le mouvement punk a mené.
Aussi, Lemmy Killmister, de Motorhead, un des groupes les plus sauvages de l’Histoire du rock, carburait lui aussi très sec au lsd, lors de concert apocalyptique où les rêves fleuris des 60’s se fondent dans les désirs noirs et les aspirations au satanisme des 70’s…
Ainsi, le lsd, sans bruit, continua à influencer son époque, comme en effectuant un travail de sape artistique.
Alors que le métal se teinte de classique,
que le punk se matine au reggae,
que Pink Floyd fait des films,
le lsd lui aussi se mélange au speed pour faire danser plus follement les skinhead de Brixton, et aussi colorer en vert fluo les crêtes des punks…
Le lsd devient une drogue parmi tant d’autre dans les 80’s.
Car les 80’s sont avant tout l’explosion de la polycomsommation des drogues.
Plus rien n’est sacré et chacun sait que les hippies d’il y a vingt ans sont devenus les nouveaux cadres d’une société plus corrompue et mauvaise que jamais…
Car celui qui portait les cheveux long en 65, trouve ce souvenir comme honteux en 85...
Mais ses enfants, ceux qu’il a éduqué dans l’esprit des 60’s, eux, ils veulent vivre aussi leurs expériences…
Et si Dieu a été tué par papy, les rêves idéalistes par papa, que leur reste-il?
Un monde aseptisé où l’originalité fait peur, car un jour l’originalité folle des idées a failli renverser le monde.
Alors il reste ce monde gris de fin de siècle ou un nouveau fléau, le SIDA, vient frapper le monde, comme le symbole noir de la déroute du rêve.
La jeunesse découvre que ce qu’elle veut, c’est s’amuser, danser, ne plus penser à toutes ces désillusions, à la crise du pétrole qui fait le fantôme du chômage et de la vie dure planer de nouveau sur l‘ouest…
Cette jeunesse n’a plus même besoin d’artistes, de musiciens, de bonne conscience ou d’aspirations artistiques.
Non, ce que veut la jeunesse de la fin de siècle, c’est oublier.
Se fondre dans la nuit et sourire dans une dernière danse.
Elle sait que c’est elle qui payera l’adition salée des excès passés.
Mais en attendant, plus besoin de saxophonistes, de chamanes chantant, de génies de la guitare…
Juste un gros son qui boum-boum, des discothèques énormes où chacun peut danser seul et s’oublier dans l’énergie individualiste dégagé par ces instants de grâce où, à blinde d’ecstasy, de lsd, de coke et d’alcool, mille blancs-becs ferment les yeux…
Et en éternelles saccades, rentrent en transe hypnotique.
Manchester la noire et Liverpool la grise devient la Mecque des nuits sans fins.
Le lsd redevient à la mode avec la vague révolutionnaire des musiques électroniques…
L’intérêt n’est plus porté sur la qualité ou la recherche artistique, mais plutôt sur le potentiel énergétique de la musique…
On va danser pour s’oublier dans un rythme éternel…
Si l’on sait que jamais aucune réponse ne sera donnée à nos fols espoirs, au moins il est clair que toute la nuit durant, un son barbare et simple ne s’arrêtera pas.
On ne cherche plus de solutions, plus de questions ne sont posées.
Mais un désir d’ivresse et de silence de l’âme dicte les soirées électros.
On ne drague pas, on ne socialise pas, mais on se drogue à en perdre l’esprit, on danse plus de dix heures d’affiler en perdant plusieurs kilos…
Et plus que jamais le lsd prouve sa pertinence, à savoir son adaptabilité…
Le lsd est un caméléon, il s’adapte à ce que chacun recherche en lui…
Pour une oreille mystique, il va murmurer des vérités cosmiques, mais si un analphabète spirituel veut juste nager dans un océan multicolore et trouver la force de danser toute la nuit en oubliant jusqu’à son existence merdique, le lsd l’aidera aussi dans sa quête du néant qui repose.
Au début des 90’s l’électronique a définitivement révolutionné la musique.
Prédominance du rythme sur la mélodie, de la danse sur la pensée, de la machine sur l’instrument, jamais plus rien ne sera comme avant…
Fini les ballades sacrées des Beatles mais une soif toujours grandissante de samples, de tic-tic continuels…
La musique électronique, cependant, ne possédait pas encore de caractère mystique ou philosophique, si ce n’est la danse salvatrice de l’homme des cavernes…
Il lui manquait la danse de l’âme, la danse cosmique…
C’est à Goa, en Inde, que l’électro a dépassé les simples concepts d’originalité de son, pour faire naître un rythme initial aussi efficace que l’était le bues tout au long du XXème siècle.
La trance Goa est tout simplement la forme musicale la plus efficace pour danser.
Et cela, bien sur, dépasse le strict cadre du corps en mouvement pour attendre celui de l’âme elle-même, motivée par des vibrations primaires basiques et essentielles.
Goa est un petit état de la cote sud-ouest indienne.
Ancienne colonie portugaise, Goa est marqué par son catholicisme indigène, et sa politique libérale qui en font un des états les plus permissifs d’Inde.
L’alcool y est en vente libre, et le tourisme, depuis les 60’s, y a explosé.
On s’y amuse, s’y drogue, depuis 40 ans.
D’abord étape du chemin des hippies à travers l’Asie vers l’Australie, Goa a vu, dès le début des 70’s, des communautés occidentales s’installer.
Mais c’est au milieu des 90’s que ce petit état indien va connaître son boom.
En effet, c’est à Goa, précisément sur les plages d’Anjuna,de Chapora ou de Pallolem que va naître le style électronique insurpassable de la trance psychédélique, aussi appelé communément Goa trance.
Des DJ israéliens de Londres passent leurs vacances au soleil, et dans leurs bagages ils n’ont pas oublié leurs boites à rythme et groove box Roland.
C’est avant tout ces instruments de conception japonaise qui vont permettre la création de la trance comme genre musical innovant.
En effet, contrairement aux synthétiseurs et aux samplers des 80’s, les instruments japonais, élaborés par de vrais ingénieurs et artistes qui travaillent en étroite collaboration, permettent de changer les propriétés des sons en directe, tout en ayant au préalable composé le sample.
Ainsi les sons ne sont plus prisonniers d’un réglage préalable, et les samples peuvent varier d’un instant à l’autre en tonalité, texture, filtre.
Bien sur, dès les 70’s, le Moog permettait aussi de varier les sons en directe, mais ce synthétiseur ne permettait pas le samplage et la lecture sur plusieurs pistes de boucles rythmiques préenregistrées.
En somme, c’est les groove box qui ont permis aux artistes de travailler leurs sons plus profondément.
Il ne s’agissait plus alors de trouver LE son, mais de trouver LES sons, avec toutes les potentialités de progressions possibles entre eux. C’est-à-dire que plusieurs vagues de son progressent chacune indépendamment et formant ainsi une cohérence d’ensemble qui appelle à une certaine forme de trance.
Les variations peuvent être très diverses, agissant sur la profondeur du son, sa tonalité, sa rondeur, aussi sur son rythme, sur le nombre des sons et leurs différents degrés de complexité.
La mélodie est rarement présente car tout est basé sur des variations de rythmes, de sons qui vont former une homogénéité d’ambiance.
À tour de rôle, les samples s’arrêtent puis redémarrent plus ou moins rapidement.
Les basses sont lourdes et rondes tandis qu’absolument tous les types de sons peuvent être utilisés pour comblé le vide sonique, de la guitare au dijiridoo, en passant par les plus dingues déflagrations.
Alors que jamais la basse ne s’arrête, les samples tissent entre eux une matière dense qui pousse irrémédiablement l’auditeur à bouger son Q.
Cette musique est basée sur un système de vague sonique qui jamais ne s’arrête, sauf lors de très courtes pauses, faisant figures de rapides respirations. Rarement agressive, cette musique est marquée par ses sonorités colorées et claires, son absence de parole. Il ne s’agit de rien d’intellectuel ou de simplement festif, mais plutôt de sensoriel. Ce son parle aux sens, qui sans résister, s’agitent à son écoute.
Un sentiment d’euphorie vous gagne à l’écoute de ces vagues de son progressives et infinies, comme si la nuit ne finirait jamais, comme si jamais de pause ou de dépression n’existaient plus. On comprend aisément pourquoi l’ecstasy et le lsd sont associés à cette musique, et bien souvent consommateurs de psychotropes et passionnés de musique sont les mêmes. Car enfin, la Goa trance a été composé, il faut bien le dire, par des artistes sous lsd.
Ainsi, l’Inde est une destination de farniente et de débauche pour la plupart d’entre eux.
D’un point de vue plus globale, l’Inde et Goa ont toujours représenté pour l’Occident une certaine forme de tentation hédoniste.
Dès 1994, des bars et cafés touristiques de Goa commencent à organiser des grosses fêtes pour attirer les chalands et faire boire des cocktails à cent cinquante roupies…
Or, à Goa, c’est les mafias israéliennes et italiennes qui tiennent la côte, et bien vite, ce petit état plutôt calme, devient le théâtre underground de soirées démentes où les V.I.P du monde entier viennent écouter les derniers DJ à la mode.
Très vite de nombreuses raves sont organisées et des full Moon party voient danser les jeunes du monde entier…
Les pieds dans la mer, les yeux tournés vers une Lune à l’envers.
Les premiers DJ israéliens déclareront que seul ce son était capable de leur faire oublier ce qu’ils avaient connu, vu, et fait à la guerre.
S’il est vrai qu’il est d’usage de penser que Dieu parle au juif, il est utile alors de constater que depuis Albert Hoffman cette drogue est aussi, de fait, la drogue du peuple élu.
Ces vagues soniques matinées d’effets psychédéliques vont bien vite devenir très à la mode en Europe les étés suivant.
Et toujours, avec la hard teck, la trance fut la musique de base des festivals électro et des raves party organisées tout à travers le monde depuis quinze ans.
Alors que ce style musical reste minoritaire et peu connu du grand public, il n’en demeure pas moins qu’un solide réseau de passionnés fait de ce style un genre indémodable et toujours d’actualité, tant dans les squats party de Londres que dans les grosses boites de Fitzroy à Melbourne.
Et ce style musical va sans conteste remettre, d’une certaine façon, le lsd à la mode.
Évidemment, la trance psychédélique est influencée musicalement par les ragas indiens et leurs vagues étirées, leurs vastes improvisations qui emmènent l’esprit un peu plus haut que d’habitude...
Une musique propice à l’élévation de l’âme, tout emprunt de mysticisme et d’hindouisme ..
Les premiers DJ porteront souvent des noms empruntés au panthéon hindou, et l’esthétique visuelle de la Goa trance est composée de Shiva multicolores, de voyages astraux…
Il est alors tout naturel que le lsd, intimement lié aux 60’s et à leur penchant orientalisant, se soit imposé derechef comme LA drogue de cette musique.
Alors que plus que jamais un son fin et riche était balancé dans l’air, il s’agissait de savoir en profiter pleinement… Les variations des filtres soniques permettaient, grâce au lsd, d’apparaître sous la forme de variations lumineuses, lorsque le danseur fermait les yeux…
Ainsi, une expérience vraiment totale était enfin possible…
Emmené par le démon de la bougeote, encouragé par des visions en étroite connexion avec les sons perçus, un vrai phénomène de trance est alors possible.
Une certaine jeunesse va alors délaisser l’abrutissement sauvage des discothèques monstrueuses pour organiser dans la nature des fêtes improvisées. C’est les premières raves party.
Alors que les paysans n’en croient pas leurs yeux, parfois jusqu’à plusieurs centaines de personnes se réunissent dans les champs des banlieues des principales capitales du monde occidental.
Le lsd lui aussi appelait à prendre l’air.
Alors que cette musique avait été crée sous les tropiques, elle ne pouvait que s’épanouir au grand air.
Afin de rentabiliser le déplacement et l’installation, les party s’étirent, durant parfois jusqu’à plusieurs jours d’affilé. Ce qui pousse aussi les amateurs à préférer les drogues qui agissent longtemps, comme, justement, le lsd.
Enfin, crée par des artistes hallucinés, il est plus qu’évident que la musique elle-même s’apprécie mieux sous l’effet d’un psychotrope, car les choix de composition de cette musique sont avant tout effectués en ayant pour référence le système sensoriel et cognitif des drogués comme auditeurs de référence.
Or chacun sait que la drogue permet de développer certaines capacités auditives, artistiques, sentimentales, si ce n’est intellectuelles.
Or, après quelques overdoses dues à des emplois criminels de la kétamine et du GHB,
mais aussi à des surdoses d’ecstasy et à des déshydratations, les musiques électroniques firent peur.
Surtout la Goa trance, avec son univers de références aux psychotropes permanentes et sans équivoque.
Ainsi la Goa trance fut poussée à s’épanouir en raves illégales.
Alors que les discothèques permettaient déjà de trouver de la drogue pour mieux passer la soirée, en rave, toutes les barrières ont disparues, et chacun trouve de tout en grande quantité.
L’héroïne n’y a pas sa place, car elle n’est pas une drogue festive,
mais tout, de la coke au 2cb, au 2ct7, au PCP,à l’ecstasy, se retrouve en rave.
Mais c’est avant tout le lsd qui est le plus prisé.
Peu connu des services de police, sans odeur et sans volume, facile à vendre, le lsd permet aussi, pour une somme modeste, et sans aucun risque pour la santé si pris à dose raisonnable, de passer une longue soirée à danser, penser, voir et sentir.
Alors, la musique, la drogue, la nature et la nuit se fondent pour proposer l’expérience totale, celle des chamanes.
bien des effets extérieurs, physiques, comme les déformations visuelles, le sentiment d’euphorie, sont largement ressentis par les consommateurs et doivent être envisagés comme des constantes du lsd, faisant ainsi figure de première propriété évidente de cette drogue.
Mais les propriétés mystiques du lsd, son potentiel de dynamiteur de conscience, dépend de l’ego de chacun, de la structure psychologique de chaque consommateur…
Ainsi le lsd peut faire naître de douces pensées éthérées et suaves dans l’esprit d’un gentil poète, mais à l’inverse, une âme en déroute peut se perdre méchamment dans le labyrinthe de l’acid…
La quantité moyenne d’un trip de lsd est de 125-150 microgrammes .
Mais ceci dit, il faut bien deux à trois fois cette dose pour expérimenter pleinement toutes les opportunités de cette drogue.
Le lsd se présente sous une forme liquide qui a pu être au préalable fixée sur un petit papier buvard.
Une dose correspond à une goutte, ou à un petit confetti de moins de 5mm carré.
Plus rarement, le lsd peut se trouver sous une forme solide, et apparaître sous le forme d’un minuscule grain de sable gris, c’est la micro pointe.
Les petits petits buvards de lsd sont coupés à partir d’une feuille plus large. Habituellement imprimé avec une image, ces feuilles de buvard sont baignés dans un bain de diethylamide d'acide lysergique.
Puis elles sont prédécoupées, un peu à la manière des timbres.
Cette technique permet une standardisation des doses et un commerce et une vente plus simple.
Pour donner une simple ordre d’idée,
à raison d’une goutte chacun, un seul litre de lsd suffirait à faire triper onze millions de personnes.
A raison d’un conffeti par personne, l’équivalent d’un livre de poche de 300 pages en feuilles imbibées de lsd permettrait le même résultat.
Le corps humain possède sans aucun doute un certain seuil de tolérance au lsd et que l’on ne pourrait situer autour des quatrièmes ou cinquièmes gouttes.
Cela veut dire que, si les doses sont multipliées, elles vont augmenter les effets de la drogue, mais à partir d’une certaine quantité présente dans l’organisme, un plafond réactif est atteint et il n’est pas possible de le dépasser.
Augmenter les doses permet d’abord de renforcer les effets, de les rendre plus violent, de les faire durer plus longtemps.
Mais à partir d’un certain moment, le corps se bloque et invariablement les états ne progressent plus.
Tout comme avec les champignons ou la MDMA, après un trip, le corps humain va rester comme immunisé pendant une semaine environ.
C’est-à-dire qu’après la consommation de la drogue, après son voyage, le corps humain ne va plus être si réactif au produit si utilisé les jours suivant.
Pour la même quantité prise, les effets peuvent être très faibles, voir nauséeux, si le corps n’a pas eu le temps de s’en laver complètement.
Comme on peut le voir, le lsd est une drogue dont on peut difficilement abuser, car une trop grande consommation n’apporte rien à ses effets, et le corps, de par sa réactivité à moyen terme, refuse une consommation trop répétée voir quotidienne de la drogue.
Les effets durent en général une dizaine d’heure et sont ressentis entre vingt minutes et deux heures après l’ingestion de la goutte ou du buvard.
Alors que la MDMA provoque une montée violente et soudaine, le lsd se fait sentir plus sereinement.
Montant en vague d’euphorie et de bien être, c’est tout naturellement que, petit à petit, le lsd agit.
Tout d’abord, une phase de légère fatigue est ressentie, une fébrilité des membres et des articulations aussi.
Ce vague malaise n’est pas du tout handicapant et il va lentement faire place à une explosion des sens…
Les couleurs deviennent plus vives, les idées et les concepts sont plus clairement exprimés et compris, un sentiment de bien être commence à se faire sentir chez le consommateur.
Et alors qu’encore dix minutes avant il ne savait pas à quoi s’attendre et se demandait si jamais la fatigue et la fébrilité s’estomperaient, voila que le consommateur de lsd se retrouve en quelques instants dans un univers plus brillant, plus beau, où il fait dorénavant bon rêver, danser, aimer, observer.
Tout simplement et sans douleur, il est passé d’un état de conscience à un autre.
Ce qui est important à comprendre, c’est qu’une drogue aussi puissante que le lsd investisse votre âme et vos sens le plus profondément possible et ce sans aucune sorte de violence.
La montée de MDMA provoque sueurs froides et angoisses,
les champignons et la mescaline font vomir,
l’héroïne aussi,
mais le lsd prend gentiment possession de vous sans heurts ni violence, naturellement.
Sans même avoir le temps d’en avoir peur, la réalité est devenue autre.
Il en va de même pour la redescente.
Le retour à la réalité s’étale sur plusieurs longues heures et s’il peut être difficile mentalement de reprendre contact avec le monde triste et complexe du réelle, physiquement, aucune dégradation ne se fait sentir, le lsd ne provoque aucune gueule de bois.
De plus, le lsd rend le corps plus beau, les muscles plus saillant, l’œil plus vif.
Incontestablement, un bon trip d’acid permet au corps de vivre un bain de jouvence musculaire et mental.
Le lsd lave, répare et soigne. Le lsd agit sur le mal de tête, la diarrhée, le stress et la dépression.
Le lsd peut se mélanger avec tous les autres types de drogue sans qu’aucune ne prenne l’ascendance sur lui.
Combiné au cannabis, le trip peut devenir pus cérébrale,
avec de la cocaïne, il devient plus gai,
avec de la MDMA il devient plus psychédélique…
Les effets de l’alcool sont annilés et un type sous acide peut boire sans modération, il ne ressentira pas ou très peu les effets de l’alcool.
Seul l’usage d’antibiotique et de certains anti-dépresseurs peuvent entraîner des désordres d’ordre physiques.
Il est particulièrement décommandé de prendre du lsd si un traitement aux antibiotiques est suivi, car les antibiotiques interfèrent dans l’épanouissement du lsd en en gênant sa progression.
Le sentiment de fébrilité et de nausée va ainsi être décuplé et va parasiter l’action du lsd qui sera en sorte comme avortée.
Le lsd est communément classé sous l’appellation de drogue hallucinogène, or, à proprement parler, il ne s’agit pas d’hallucinations, mais plutôt de déformations du réel.
Le lsd ne propose pas un accès à une quelconque forme de paradis artificiel, il propose juste une nouvelle forme de perception du réel.
Les doses doivent être supérieur à 150 µg pour provoquer de francs délires visuels.
Enfin, les déformations visuelles ne sont pas obligatoires, et un trip d’acid peut se révéler puissant et profond sans même qu’aucune altération visuelle du réel ne soit perçue.
Car le lsd agit autant sur l’apparence du réelle que sur sa perception intrinsèque.
Nul besoin de voir une chaise déformée pour en saisir son inaltérable existence.
Les «hallucinations »visuelles de l’acide sont son expression la plus impressionnante, la plus accessible, mais en aucun cas le lsd ne soit se résumer à une loupe psychédélique du réel.
LSD et réalité ?
Tout d’abord, rappelons que le lsd mobilise presque tous les sens à la fois, agissant sur le vue comme sur l’auditif ou le toucher.
Plus rarement il est vrais, sur l’olfactif ou le goût.
C’est au niveau des couleurs que les premiers effets se manifestent.
Tout comme l’exprimait très bien A. Huxley à propos de sa première expérience de mescaline, «(il) voyait ce qu’Adam voyait au matin du monde».
Ainsi les couleurs semblent plus vives, plus chaudes.
L’agencement des couleurs et leurs teintes diverses répondant à la lumière, semble comme faisant parti d’un vaste tableau… La vie et la nature ressemble aux plus belles natures mortes.
N’importe quel paysage ou situation revêt le caractère d’une fresque parfaite.
Les éléments structuraux qui nous entourent semblent être les multiples pièces d’un immense puzzle.
Alors que, dans la vie quotidienne, les couleurs qui nous entourent nous semblent ternes car trop connues, trop vues, sous lsd, embelli d’un éclat nouveau, chaque détail attire notre attention.
Le ciel ressemble très vite à celui de la chapelle Sixtine, pour peu qu’un gros cumulus se détache sur un ciel bleu azure.
Face à un couché de soleil qui incendie l’horizon, un touriste ne manque pas de s’extasier, le lsd provoque le même effet, un grand émerveillement béa face à une nature que l’on ne soupsonnait pas si belle.
Le lsd révèle les choses comme elles sont vraiment, les couleurs sont plus franches, et les dimensions mathématiques et parfaites des structures visuelles apparaissent plus claires, plus évidentes.
Et cette simplification du réel en fonction de ce qu’il a de plus évident ne se limite pas au visuel, la perception des autres humains en est aussi changée.
La société des hommes ressemble à un grand film au millier de figurants.
Chaque regard, démarche, parole, peut être interprété d’une façon évidente, directe, caricaturale par le lsd.
Les traits du visage de chacun sont grossis, maquillés pour en faire ressortir leur essence.
Grâce au lsd, la vie est comprise à prime abord, et non après réflexion.
Le lsd fait comprendre en un regard ce qu’il aurait fallu, en étant sobre, découvrir après tout un cheminement cognitif.
Essayons d’expliquer comment fonctionnent les déformations visuelles du lsd.
Des études sur les effets du lsd ont mis en évidence que celui-ci n’agit pas directement sur les sens, il n’entre pas en contact direct avec les zones du cerveau consacrés aux sens.
En effet, le lsd semblerait agir sur l’ego de l’individus, et c’est en ouvrant l’ego et en libérant ses possibilité interprétatives, qu’alors les sens s’emballent et se mettent à divaguer.
Ceci est très intéressant, cela veut tout simplement dire que le lsd libère l’esprit qui ensuite libère les sens.
Ainsi l’expérience n’est pas dépendante des sensations éprouvées mais c’est plutôt les sensations éprouvées qui correspondent aux idées exprimées.
L’expérience est intimement liée à l’âme de chacun et non juste un désordre des sens faisant germer des rêves chaotiques.
D’un point de vue strictement formelle, voila comment semble s’exprimer ces déformations: la plus petite unité de chaque chose est fixe, mais toutes les unités qui l’entourent se meuvent…
D’un point de vue global, les objets immobiles deviennent mouvant, ils occupent l’espace.
Cependant, ils restent ancrés à un point fixe autour duquel les objets semblent tourner.
Si le monde devient mouvant, il n’en demeure pas moins réel.
Les couleurs sont exacerbées, mais le vert reste vert, une chaise reste une chaise.
Le monde ne change pas d’apparence mais son apparence est ressentie différemment; c’est là tout le paradoxe des visions lysergiques.