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L'insoutenable usage de la vidéo en ligne

Tridimensionnel

Holofractale de l'hypervérité
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27 Avr 2016
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The Shift Project, un "laboratoire d'idée" qui réfléchit sur l'atténuation de la dépendance aux énergies fossiles, a publié une série de rapports sur l'impact du numérique et ce qu'on peut y faire. Je copicolle ici le "résumé aux décideurs" du second rapport, consacré aux vidéos en ligne, mais on peut trouver les trois rapports à cette adresse : https://theshiftproject.org/article/deployer-la-sobriete-numerique-rapport-shift/

Après avoir lu ça, même si en temps que consommateurs on n'a pas beaucoup de pouvoir, je serai attentif à regarder mes vidéos en moins bonne qualité, utiliser le p2p pour moins dépendre de netflix, préférer les podcasts aux émissions sur YT sauf quand c'est pertinent, télécharger mes sons au lieu de les écouter sur YT encore, et éviter de poster des embed sur psychonaut (les incrustations vidéo), ce qui peut être fait en encadrant de [*amoff] et [*/amoff] (sans le *) les URL de vidéos.




Trois supports accompagnent ce rapport :
• une extension pour le navigateur Firefox, qui permet de visualiser l'impact environnemental de sa consommation de données en ligne : cherchez « Carbonalyser » sur https://addons.mozilla.org ;
• un guide  pour  réduire  le  poids  d’une  vidéo,  réalisé  avec  Gauthier  Roussilhe  : disponible sur https://theshiftproject.org/guide-reduire-poids-video-5-minutes/ ;
• une vidéo pédagogique : à visionner sous le titre « Cette vidéo réchauffe le climat : merci de la regarder » sur YouTube.

1. LES USAGES AU COEUR DE L'IMPACT ENVIRONNEMENTAL DU NUMÉRIQUE


Le trafic de données est responsable de plus de la moitié de l’impact énergétique mondial du numérique, avec 55 % de sa consommation d’énergie  annuelle.  Chaque  octet  transféré  ou  stocké sollicite des terminaux et des infrastructures de grande envergure, gourmandes en énergie (centres de données, réseaux). Ce trafic augmentant actuellement de plus de 25% par an, il est nécessaire de caractériser les usages qui y sont liés si l’on veut gérer intelligemment l’énergie consommée par le numérique.

Les flux vidéo représentent 80 % des flux de  données  mondiaux  en  2018  et  80%  de  l’augmentation de leur volume annuel. Les 20% restants  sont  constitués  de  sites  web,  de  données, de jeux vidéo, etc. En termes d'usages, la surconsommation  numérique  est  ainsi  principalement causée par la vidéo. Tirée par le déploiement  de  technologies  de  très  haute  résolution comme la « 8K », dont la nécessité doit être interrogée, la vidéo absorbe une grande partie des coûts d'infrastructure réseau... alors qu'une moindre résolution de l’image suffirait à assurer l’usage actuel.

Dans les flux vidéo, c'est la « vidéo en ligne » qui occupe la place la plus importante, avec 60% des flux de données mondiaux en 2018. Le terme «vidéo en ligne» désigne dans cette étude une part des flux de données vidéo, correspondant aux usages dits « à la demande » : il s’agit de fichiers vidéo accessibles via les serveurs d’une plateforme de diffusion (type YouTube, Netflix etc.) ou des circuits de diffusion directe (bouquets opérateurs, etc.) sans que le fichier ne soit téléchargé de manière définitive.


2. LA VIDÉO, POIDS LOURD DES USAGES DU NUMÉRIQUE

  • 60 %, c'est le poids des vidéos en ligne dans le flux mondial de données. Elles représentent 1,05 mille milliards de milliards d’octets (1,05 zetta-octets) en 2018, soit 60 % du flux mondial de données. C’est donc la principale forme d’usage de la vidéo, et de numérique. Cela  engendre  306  millions  de  tonnes  de  CO2  soit  20  %  du  total  des  émissions  de  gaz à effet de serre (GES) dues au numérique (utilisation et production des équipements confondues) et près de 1 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. La vidéo en ligne recouvre 4 grands types de contenus :
    • 34 %VoD. Il s'agit des vidéos hébergées  sur  les  plateformes de streaming de contenus de types films ou séries (Netflix, Amazon Prime, etc.), regroupées sous le nom de VoD, ou Video on Demand. La VoD représente 34% de la vidéo en ligne, 20% du flux total de données et 7% du total des émissions de GES dues au numérique.
    • 27 % pornographie. Il s'agit des vidéos hébergées sur des plateformes de streaming de contenus pornographiques (Pornhub, YouPorn, XVideo, etc.). Cela exclut par exemple le streaming direct, les photos, etc. Les vidéos pornographiques en ligne  représentent 27% de la vidéo en ligne, 16% du flux total de données et 5% du total des émissions de GES dues au numérique
    • 1 % tubes. Il s'agit des vidéos hébergées sur les plateformes de streaming de contenus divers tout public (dominé à 95 % par YouTube, le  reste étant réparti entre Dailymotion, Youku Tudou, etc.). Les «Tubes» représentent  21%  de la vidéo en ligne, 13% du flux total de données et 4% du total  des émissions  de  GES dues au numérique.
    • 18 % autres. Il s'agit des vidéos hébergées par les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Tik Tok, Snapchat, Twitter, etc.) et d'autres vidéos en ligne (petits services de streaming, vidéos directement hébergées sur un site etc.). Ces autres usages représentent au total 18% de la vidéo en ligne, 11% du flux total de données et 4% des émissions de GES dues au numérique.
  • 20 % autre vidéos. Nous avons choisi de séparer la vidéo en ligne d'autres formes de vidéo, qui regroupent ici: streaming télé, vidéo live (Skype, « camgirls », télé-médecine, etc.) vidéosurveillance, etc. Cette forme de vidéo représente 20 % du flux total de données.
  • 20 %, usages hors-vidéo. Ces autres flux de données, qui ne sont pas de la vidéo, couvrent des usages extrêmement variés : les sites web, les mails, la messagerie instantanée, le stockage de photos et de données diverses, les réseaux d'entreprise etc. Ils englobent également des usages qui peuvent être apparentés à de la vidéo, mais que nous avons choisi de séparer, comme le  peer-to-peer (qui permet d'échanger des fichiers, dont des vidéos) ou encore les jeux vidéo.

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3. CONCLUSIONS PRINCIPALES

A. LA VIDÉO EN LIGNE N’EST PAS UN USAGE DÉMATÉRIALISÉ

La vidéo fait aujourd’hui l’objet d’un usage intensif. Stockée dans des centres de données, elle est acheminée jusqu’à nos terminaux (ordinateurs, smartphones, TVs  connectées,  etc.)  par  les  réseaux  (câbles, fibre optique, modems, antennes de réseaux mobiles, etc.) : tous ces processus nécessitent de l’électricité, dont la production consomme des ressources, et émet le plus souvent du CO2.
• La  vidéo  est  un  support  d’infomations  dense : 10h de film haute définition, c’est davantage de données que l’intégralité des articles en anglais de Wikipédia en format texte !
• Le visionnage de vidéos en ligne a généré en 2018 plus de 300 MtCO2, soit autant de gaz à effet de serre que l’Espagne, ou près de 1 % des émissions mondiales.
• Les vidéos pornographiques constituent 27 % de tout le trafic vidéo en ligne dans le monde. Elles ont généré à elles seules en 2018 plus de 80 MtCO2, soit  autant  que  l’habitat  en  France,  ou  près de 0,2 % des émissions mondiales.
• Les émissions de gaz à effet de serre  des  services  de  vidéo  à  la  demande (de type Netflix ou Amazon Prime) équivalent à celles d’un pays  comme  le  Chili  (plus  de  100  MtCO2eq/an,  soit  près  de  0,3  %  des  émissions mondiales), qui accueille la COP25 en 2019.

B. LA SOBRIÉTÉ NUMÉRIQUE NÉCESSITE UNE RÉGULATION DES USAGES

• La sobriété numérique vise à rendre le système numérique résilient : le but est de créer un cadre qui génère des usages compatibles avec les limites sur les ressources.
• La  régulation  est  le  processus  par  lequel  on  s’assure  que  les  usages  sont  en  accord  avec  les  contraintes qui s’imposent au système numérique. Deux outils pour la construire : le levier réglementaire et le design des systèmes qui génèrent les usages.
• Les designs addictifs (autoplay, vidéos incrustées, etc.) sont incompatibles avec la sobriété numérique, car ils visent à maximiser la quantité de contenu consommée. Les plateformes de diffusion (leur design, le modèle économique sous-jacent, les métriques d’adhésion, etc.) ont un rôle central dans la forme que prennent les usages, et donc leur impact environnemental. Ainsi, les usages ne sont pas le simple résultat des comportements de consommation individuels, mais bien en grande partie le produit d’un système.
• Infléchir les usages numériques nécessite donc de réglementer les mécanismes qui génèrent les usages : ni l’auto-régulation des plateformes de diffusion, ni le volontarisme des usagers ne peut suffire.

C. LA RÉGULATION NÉCESSITE DES MODALITÉS PRÉCISES

• À titre individuel, être « numériquement sobre » dans sa consommation de vidéo en ligne, c’est utiliser la plus faible résolution qui permette de profiter du contenu, diminuer sa consommation et sélectionner davantage ce que l’on regarde.
• À l’échelle collective, une collaboration de tous les acteurs concernés est requise pour mettre au point la sobriété : régulateurs, politiques, fournisseurs de services, justice, usagers.
• La  priorisation  des  usages  est  l’enjeu  clé  du  débat,  dans  un  monde  sous  contrainte  climatique  : une sélection aléatoire des usages risque de s’imposer d’elle-même, si l’on ne réfléchit pas en amont aux usages que l’on souhaite préserver de manière prioritaire.
• La dimension mondiale du système numérique réclame des outils de régulation à la fois nationaux et internationaux : un très beau sujet pour l’Union européenne.

D. LA RÉGULATION POUR LA SOBRIÉTÉ EST UN DÉBAT SOCIÉTAL RÉALISTE

• La régulation en faveur d’une sobriété numérique est compatible avec le principe de « neutralité du net », lequel concerne la signification des contenus, pas leur volume. La sobriété numérique vise à rendre le système numérique résilient, en le gérant comme un bien commun.
• Prioriser les usages, c’est en apprécier les pertinences respectives. Or l’évaluation de la pertinence sociétale va bien au-delà d’une évaluation environnementale technique, et doit être réalisée à l’échelle de la société.
• Cette évaluation doit s’appuyer sur les outils déjà disponibles de la sociologie des usages et sur les compétences des régulateurs déjà existants (en France : ARCEP, CNIL, CSA, Hadopi ; en Europe : BEREC).
• La réflexion concernant la régulation des contenus haineux en ligne montre qu’une discussion sérieuse est possible, lorsqu’est identifié un risque pour l’intégrité de la société. Or, à l’heure où l’on évoque un « état d’urgence climatique », le risque sociétal lié aux contraintes environnementales est bel et bien avéré.


4. NE PAS CHOISIR N'EST PLUS UNE OPTION VIABLE

Pornographie, VoD, Tubes et autres : aucune de ces quatre catégories n’est négligeable dans les usages de la « vidéo en ligne ». Chacune représente à elle seule 10 à 20 % des flux de données mondiaux. Mettre en place une sobriété dans les usages vidéo, c’est diminuer l’usage et le poids de la vidéo.
Cette diminution implique de choisir entre affecter toutes les catégories d'usages de manière similaire, ou choisir de donner la priorité à certaines d’entre elles pour les préserver davantage – que ce soit en termes résolution/volume (par exemple : quelles sont les vidéos qui peuvent demeurer en 480p plutôt qu'en « 8k » ?), de design des plateformes, etc.

Réduire nos émissions de gaz à effet de serre, notre consommation d'énergie et de matières premières nous est imposé par la crise climatique et la finitude des ressources planétaires. Dans un monde ainsi contraint, ne pas choisir entre les usages, c’est laisser la contrainte s’appliquer aléatoirement plutôt que de manière choisie.
Ne pas choisir, c'est potentiellement laisser la sur-consommation de pornographie restreindre mécaniquement le débit disponible pour la télémédecine, ou laisser l'usage de Netflix contraindre l'accès à Wikipédia.

Du point de vue du climat et des limites planétaires, il ne s'agit pas d'être « pour » ou « contre » la pornographie, la télémédecine, Netflix ou les mails : il s'agit d'éviter qu'un usage jugé précieux ne pâtisse de la surconsommation d'un autre jugé moins essentiel.
Il s'agit donc bien de choix sociétaux, à arbitrer collectivement pour éviter que des contraintes ne s'imposent à nos usages contre notre gré et à nos dépends. Au 21ème siècle, ne pas choisir n'est plus une option viable.
 

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Holofractale de l'hypervérité
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Qui va s'amuser a calculer l'empreinte écologique de maintenant tout de suite t'écoute quoi ? :p

Sinon à titre informatif, vu que c'est pas vraiment clarifié dans le post, 1h de stream en qualité par défaut, il me semble que c'est plus ou moins 100g de co2. si tu regarde 3h de vidéos par jours, c'est 109 kg / ans soit environ 4kg de viande rouge.
C'est pas énorme au final mais bon, ça reste un source d'émission c'est bien de sensibiliser dessus.
 

xyzt_

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C'est pas énorme au final mais bon, ça reste un source d'émission c'est bien de sensibiliser dessus.
Ce qui est un peu préoccupant c'est la vitesse de croissance plus que la valeur absolue je trouve.
 

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Holofractale de l'hypervérité
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xyzt_ a dit:
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C'est pas énorme au final mais bon, ça reste un source d'émission c'est bien de sensibiliser dessus.
Ce qui est un peu préoccupant c'est la vitesse de croissance plus que la valeur absolue je trouve.

La vitesse de croissance de tout d'ailleurs est particulièrement flippant. on augmente tout a un rythme peu soutenable:
https://www.worldometers.info/co2-emissions/


Mais oui quand je vois des gens streamer du 4k sur leur écrans en 1080, j'ai parfois envie de me facepalm.
 

xyzt_

Symplectomorphisme
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9 Déc 2019
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Certes, mais là c'est un ordre de magnitude au dessus. Tu prends en exemple les GES / le CO2 : le taux d’accroissement annuel est de l'ordre de 0.5% chaque année, contre +20% par an pour le trafic internet mondial
 
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