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Le techno-féodalisme (et comment y résister ?)

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Sorence
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Sorence

zolpinaute de la sapience
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11/10/22
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Hop, encore une petite vidéo de Blast (45 min) :


Dans son dernier livre, l’économiste Yanis Varoufakis défend une nouvelle théorie économique : le techno-féodalisme. Selon lui, nous aurions déjà basculé dans une sorte d’ère post-capitaliste, qui serait bien pire que le capitalisme lui-même. Sur le plateau de Blast, il veut mettre en garde contre les nouveaux modes de domination, et expliquer comment cette nouvelle organisation de la production nous mènera incontestablement dans le mur sans changement majeur. Au micro de Salomé Saqué, celui qui a mené la lutte contre les dogmes néo-libéraux au sein de l’Union européenne par la voix du ministère des finances de la Grèce en 2015 propose un nouvel apport théorique pour comprendre la structure de l’économie d’aujourd’hui.

L'idée est la suivante : le système économique mondial serait de plus en plus régi non pas par le capitalisme, qui consiste à accumuler les moyens de production (machines), mais par un nouveau féodalisme (= accumulation des terres) exprimé dans le numérique : le techno-féodalisme.
Dans ce système, la richesse provient de la capacité à comprendre et orienter les désirs des consommateurs, donc de récolter leurs données et leur présenter un écran sensé représenter le réel.
Dans ce système, les seigneurs possèdent les terres digitales et nous n'avons d'autres choix que de passer par chez eux pour accomplir nos activités quotidiennes, nous acquittant au passage d'une gabelle en donnée ou en centimes. Ainsi des transactions, des communications, des documentations. VISA, Messenger, Google bien sûr...
Dans ce système nous sommes les techno-serfs, puisque nous sommes prisonniers de ces espaces digitaux dont s'éloigner devient de plus en plus coûteux.

Il est à noter que cette théorie n'est pas vraiment nouvelle : elle avait déjà été présentée en 2020.


Au début des années 2020, le consensus de la Silicon Valley se délite. Inégalités folles, stagnation de la productivité, instabilité endémique… la nouvelle économie n’est pas advenue. Les algorithmes sont omniprésents, mais ce n’est pas pour autant que le capitalisme s’est civilisé. Au contraire.
La thèse de ce livre est qu’avec la digitalisation du monde se produit une grande régression. Retour des monopoles, dépendance des sujets aux plateformes, brouillage de la distinction entre l’économique et le politique : les mutations à l’œuvre transforment la qualité des processus sociaux et donnent une actualité nouvelle au féodalisme. L’ouvrage commence par proposer une généalogie du consensus de la Silicon Valley et met en évidence les cinq paradoxes qui le minent.
La thèse centrale est ensuite déroulée, rythmée par des développements sur les GAFA, les chaînes globales de valeur ou encore le système de crédit social chinois. Les grandes firmes se disputent le cyberspace pour prendre le contrôle sur des sources de données. Les sujets sont attachés à la glèbe numérique. Dans l’ordre économique qui émerge, les capitaux délaissent la production pour se concentrer sur la prédation.
Cédric Durand est économiste à l’université Sorbonne Paris-Nord. Ses recherches portent sur la mondialisation, la financiarisation et les mutations du capitalisme contemporain.

Bon, rien de nouveau, mais l'entendre exposé aussi clairement m'a fait du bien, parce qu'explique simplement une tendance lourde et multi-face assez angoissante, cette impression de ne plus rien maîtriser sur une terre que je suis assez vieille pour avoir fantasmé comme un espace de liberté. Ce qui frappe aussi, c'est la massification du phénomène, et l'intégration des gouvernements dans ce système mondialisé, ce que je trouve carrément flippant au regard du futur de nos démocraties déjà bien décaties.
J'veux pas crier "nouvel ordre mondial", mais je crois que là, on taperait plus juste qu'avec les Illuminatis.

En chanson :

Voilà voilà. Maintenant, ça me fait réfléchir au rôle de Psychonaut. J'ai la conviction depuis quelques années que ce petit forum de niche ne concerne pas que les drogues. Dans un monde numérique qui, de mon point de vue, évolue dans la mauvaise direction, c'est un acte politique que de maintenir un espace de discussion autogéré, qui présente à chacun le même réel, qui ne farme pas de données, qui en revende encore moins, qui n'est pas rentable, qui n'a pas d'intérêt cachés, qui s'efforce de garder accessibles des archives de plus de vingt ans même quand elles n'entrent plus dans la Charte contemporaine.
Un contre-exemple : suite à l'arrestation du patron de Telegram, un script a été lancé sur l'application, qui a supprimé des dizaines de salons de discussion liés aux drogues : principalement des vendeurs, mais aussi des salons de RDR, dont les modérateurs ont perdu l'accès à toutes les archives et ont été bannis de la plate-forme. Des mois de travail réduits en fumée, sans recours, suite à la décision unilatérale d'un techno-seigneur nettoyant ses terres avant de les ouvrir au régime en place.

J'ai mis un point d'interrogation dans le titre, car je ne sais pas ce que d'infimes résistances comme celles de Psychonaut peuvent bien valoir, je ne sais pas quelles alliances nous pouvons nouer, si des efforts comme les nôtres peuvent théoriquement représenter un obstacle aux intérêts surpuissants, ou si nous ne représentons qu'une forme d'intertie. Je me demande si nous sommes les neutres qui laissent le pire advenir, ou si mettre de l'énergie dans ces petites lutte a un peu de sens.
Mais je vois comment les objets les plus futiles (quel média social ? who cares ?) deviennent des enjeux politiques démesurés. Ca m'effraie et me fascine à la fois, et j'ai envie d'en parler.

Je suis notamment très admirative du travail de l'association Framasoft, qui fournit des outils libres. Au début je ne comprenais pas bien, car autant que possible, ces outils découplent logiciel et hébergement. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas simplement "aller sur Mastoodon / PeerTube", pourquoi je devais d'abord rejoindre une instance et ce genre de chose.
En fait, c'est l'inverse du techno-féodalisme. Tu as l'outil : il est libre. Mais également, avec cet outil, tu vas où tu veux : chez toi, chez un tiers de confiance, c'est toi qui vois. Par contre, ce lieu est nécessaire, tu ne vas pas utiliser l'outil dans le vide, et ce lieu n'est pas fourni avec l'outil, tu dois le choisir ou le créer. Pour une personne comme moi, qui n'a pas été éduquée aux enjeux numérique, qui s'intéresse simplement aux choses, ça a été un véritable saut conceptuel. J'ai réalisé le pouvoir du territoire, et la servitude à laquelle nous acquiescons en louant contre notre personnalité des outils qui ne fonctionnent qu'à un seul endroit.
Cette vérité toute simple est pourtant inaccessible à la plupart des gens, car le monde du libre n'est audible quasiment qu'aux zinzins du numérique. Les serfs lambdas, comme moi, la plupart du temps ne comprendront tout simplement pas l'enjeux. J'ai l'impression que c'est seulement par hasard que j'ai été en position de sortir de cette caverne.
J'ai envie que Psychonaut puisse participer à cet effort, en ramenant la question des libertés numériques dans ce combat pour la liberté de conscience que représentent la réduction des risques et le psychonautisme. Mais comment faire ?
 
Dernière édition:
Je ne puis m'empêcher de penser aux villes-franches et petites républiques qui existaient le plus souvent sans problèmes à l'intérieur du monde féodal, mais je ne sais pas si c'est rassurant ou inquiétant.

 
xxx xxx ... Maintenant, ça me fait réfléchir au rôle de Psychonaut. J'ai la conviction depuis quelques années que ce petit forum de niche ne concerne pas que les drogues. Dans un monde numérique qui, de mon point de vue, évolue dans la mauvaise direction, c'est un acte politique ... etc...
la mission initiale de Psychonaut reste la RDR mais cela semble évoluer comme ces sondes spatiales d'abord parties à la découverte du système solaire et actuellement situées dans un au-delà interstellaire. Les plus lointains objets lancés par l'Homme sont les Voyager avec lesquels on garde le contact malgré la distance dépassant les 20 milliards de Klm... (une transmission radio terrestre prend plus de 19H de temps puis encore pareil pour la réponse de la sonde). Dans un million d'années, ces sondes commenceront à approcher certaines autres étoiles que le soleil. Puis il y aura aussi la sonde Pionner en pleine pérégrination mais qui approchera le système solaire HIP 117795 dans 90.000 ans... Pourtant c'est la seule façon d'explorer, d'étudier, de prendre connaissance.

Le forum étend son champ d'exploration vers de nouvelles zones de l'existence (politique). On ne sait pas ce que on retrouve là (coucou !) mais pourtant on le fait parce que on doit le faire...
 
Dernière édition:
Je pense que le mieux à faire c'est d'éduquer les gens sur la question des logiciels libres et de comment fonctionner Internet. Je suis un peu plus optimiste et j'ai l'impression que l'utilisation des logiciels libres ne fait qu'augmenter. Il y a déjà beaucoup de logiciels libres qui sont utilisés un peu partout sur le web, sans qu'on se rende compte. Aussi, l'utilisation de Linux sur des ordinateurs privés ne fait qu monter ces dernières années, c'est très cool.

Il y a aussi Steam dernièrement qui a décidé de payer des employés pour contribuer à une version Linux alors qu'ils auraient pu très bien simplement récupérer son code (vu qu'elle est open source) et faire leur propre version proppriétaire payante. Tandis qu'ils ont délibèrement choisi de la part d'une grosse mégacorpo de collaborer au projet de façon tout à fait ouverte et en gardant tout en libre. J'espère qu'il y aura plus de collaborations du style dans le futur et que les boites qui utilisent des projets open source y contribuent.
 
Ce thread go full circle :
Il y a aussi Steam dernièrement qui a décidé de payer des employés pour contribuer à une version Linux
Yanis Varoufakis a été recruté par Valve (propriétaire de Steam, plus grand territoire techno-féodal du jeu-vidéo) pour être leur économiste résident, avant de les lâcher pour finalement devenir, à la suite d'un chemin de causes-à-effets pimenté, ministre de l'économie grecque, rien que ça.
Ca n'apporte pas grand chose à la discussion mais ça m'a fait rigoler ^^

Par contre, je suis mitigé quant au fait que Steam soit développé pour linux : c'est cool de pas avoir besoin d'une install windows juste pour jouer, mais c'est typiquement par ce genre de stratégies que le monde du libre va se faire progressivement empoisonner. Rendez-moi mes jeux DRM-free en couch-coop ;_;



Des podcasts pour celleux qui ont la flemme de lire l'article de Blast :



Quand je suis tombé dessus, en plus d'un certain déclic intellectuel, ça m'a rappelé une conversation qu'on avait eu Sorence, où tu me disais ne pas bien voir la différence entre féodalisme médiéval et capitalisme, et ça m'apparaissait très flou aussi. La distinction propriété des terres par un noble versus propriété des moyens de production par la bourgeoisie ne semblait pas suffire - en fait c'est qu'elle ne suffisait déjà plus, en tout cas dans l'espace numérique. (Voir, elle n'a presque jamais suffit dans de nombreux lieux colonisés, je pense à des exemples comme la United Fruit Company)
 
Dernière édition:
Vous semblez tous omettre le fait que le capitalisme s'accompagne aussi d'un récit.
Entre la main invisible et la légende de l'ascenseur social/transfuge de classe/self-made-man des ricains, on a un certain nombre d'éléments relevant presque de la croyance qui permet au capitalisme de tenir le coup, tout simplement parce que les gens se convertissent.

Vous êtes déjà allés en Europe de l'Est ? En mode, parler avec les gens, voir leurs modes vie. Ils sont fans du capitalisme là bas. Parce que ça les laisse penser que ce système résout tous les problèmes, tous les manques à gagner culturels, économiques, même de confort de vie, qui étaient dûs au communisme totalitaire.

Là où le techno féodalisme se sépare de cette conception du monde, c'est qu'à aucun moment on essaye de nous faire croire qu'on peut accroitre ses terres sur le web en se forgeant une fortune en crypto-cash. Dès les années 2010 on savait que se faire un nom sur Internet avec des vidéos devait servir ensuite à gagner des thunes dans le monde réel (cf le nombre d'humoristes YT qui font maintenant du théâtre/stand up ou le raptor et ses compléments alimentaires).
Je reprend un exemple issu de la video : Musk il est riche dans la vraie vie mais c'était pas un seigneur du web avec des domaines. Pour se faire il a du investir. Personne a jamais cru qu'il pouvait faire ça sans être un énorme bavard de capitaliste en premier lieu avec assez de thunes à investir pour que ça marche.
 
Je n'ai pas l'impression d'omettre la question du récit (meme si je ne l'ai pas abordée explicitement) ? Au contraire j'ai l'impression que le cœur de la lutte contre le techno-servage, c'est de dénaturaliser le consentement a priori produit par l'omniprésence des services qui en relèvent. Faire comprendre comment ça fonctionne, puis montrer que d'autres voies sont possibles. C'est ce dont je parle à la fin : le saut conceptuel de réaliser qu'il n'est pas naturel et obligatoire de louer des outils privés dans des domaines privés, en échange de son identité. Qu'à la place, on peut se fédérer entre gens bien intentionnés pour utiliser des outils libres sur des domaines ouverts. Snap parle aussi d'éducation.

Je pense que Psychonaut a un tout petit rôle à jouer là-dedans.
Déjà, grâce à la bonne volonté de Snap, on migre petit à petit notre infrastructure technique vers des outils libres comme Nextcloud.
Malheureusement on a dû abandonner MyBb qui était trop mal supporté, mais au moins avec Xenfo on reste propriétaires de notre infra, c'est-à-dire qu'on peut la modifier et qu'on ne paye que les MAJ, si on le désire.

Malheureusement, on reste tributaires de médias sociaux comme Discord et Instagram. C'est surtout par manque de temps et d'énergie.
On pourrait se déplacer sur un serveur Matrix (plutôt que Discord) mais il faudrait le config et c'est un peu moins fancy et ca bug souvent, donc pas la force pour le moment.

Aussi, ca me fait un peu mal au coeur qu'on s'investisse sur Instagram sans rejoindre le Fediverse. Mais je suis incapable de m'imaginer prendre en main un média supplémentaire et poster régulièrement dessus. Nos capacités temporelles sont au max. Il nous manque vraiment une personne dans l'équipe.
A minima je voudrais demander à Keps, avec qui on a fait les vidéos MDMA, de nous envoyer les fichiers afin qu'on les mette sur une instance de PeerTube. Ainsi, les liens depuis notre Fiche Info pointeraient vers une plateforme libre, au lieu de participer à la captation de l'attention par YouTube.
 
Je pointais ça pour souligner la différence avec le capitalisme.

Parce que c'est déjà sorti dans des discussions avec d'autres membres du forum qui ont pu me dire aussi "oui mais en fait le capitalisme et le féodalisme c'est pareil, possession des terres / possession des moyens de production etc..." et bien en fait si c'est différent, et notamment à cause de ce récit.

Au final je te rejoins sur la nécessité de faire autrement, de recréer quelque chose qui ne nous rende pas dépendants de maxi corpo qui possèdent la moitié d'internet. Faut recréer des domaines indépendants ! ZAD internet !!!

Ou alors

RETURN TO MONKE
RRETTRUURNRNR TOOO MONNKEKEE

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D'accord je comprends mieux.
Mais j'ai l'impression que ces croyances :
la main invisible et la légende de l'ascenseur social/transfuge de classe/self-made-man
sont omniprésentes aussi dans le techno-féodalisme.
Par exemple, la modération automatique sur base de signalement, qui amène le lissage des opinions sur Instagram et Facebook (et la dimension mensongère de la main invisible, parce que ce n'est qu'un libéralisme de façade, tu as quand même un acteur central qui dicte une direction et impose ses préférences en lien avec la géopolitique).
Et les médias sociaux commerciaux reposent sur un culte de soi érigé en entrepreneur de la séduction, où chacun pourrait devenir une e-star.
 
Effectivement, mais je crois pas que ce soit simplement la même chose.

Déjà j'ai bien précisé que c'est des croyances et des récites ces trucs (main invisible etc) on le sait tous ici maintenant que ça l'est.
Et chaque fois que ces récits sont reportés dans le domaine d'internet, ça finit par revenir dans le monde réel. C'est pour ça que je prenais des exemples à la fin.
Sérieusement, chacun pourrait devenir une star, pour faire quoi après ? Les influenceurs ils sont au service de grosses marques pour se faire de la thune. C'est pas eux les patrons. C'est LVMH ou d'autres, pas les gens qui les aident à vendre leur produits.

Peut être effectivement qu'on peut commencer à se dire qu'eux, les influenceurs, ils ont une petite parcelle qui leur permet de soutirer des sous aux grosses boites qui ne possèdent pas de terres en Internet. Mais on va pas se mentir, y a jamais eu de récit type "deviens un influenceur connu et tu pourras posséder ton Facebook". En fait y en a pas besoin car on sait tous que pour faire ça faut : soi racheter facebook (donc maxi moula) soi créer sa propre plateforme à moindre frais comme le fit Suckerberg en premier lieu (donc savoir faire technique ou alors payer des gens pour le faire donc moindre moula).

Une espèce de dialectique encore male définie existerait donc entre le capitalisme "réel" et le techno féodalisme ???

🪜🪜🪜🪜🪜🪜🪜🪜🪜🪜🪜
 
Ah tu veux dire que le rêve proposé par le techno-féodalisme, c'est "chacun peut devenir un vassal" plutôt que "chacun peut devenir un seigneur" ?
Oui je suis plutôt d'accord, mais faut quand même se méfier de "tout le monde sait que...". Il y a des choses évidentes qui ne sont jamais conceptualisées tant qu'elles ne sont pas dites, surtout auprès des jeunes qui prennent plus facilement pour naturel le paradigme dans lequel els se développent.
 
ZAD internet !!!

Ou alors

RETURN TO MONKE

Le défi reste la visibilité et l'accessibilité. Pour une ZAD dans l'IRL, c'est déjà pas évident de ne pas être isolée, de se couper des soutiens et des entrées qui viennent compenser les inévitables sorties. Alors qu'au fond, l'IRL c'est déjà une instance et des protocoles partagés. Quand tu pars sur des "lieux numériques" auxquels il faut d'abord commencer par amener les gens (leur expliquer, les faire sortir de leur routine des grands chemins du numérique, etc, tu te retrouves vite avec un entre-soi très réduit qui a peu d'impact et qui est difficilement pérenne.

Mais sinon, ouais, RETVRN TO MONK

Monks gardening.webp
 
D'où l'importance des acteurs intermédiaires, qui ont un pied dans le libre et un pied dans d'autres milieux :)
 
je disais "tout le monde sait" aussi parce qu'au début de ces trucs là, on savait déjà que les vassaux resteraient des vassaux.
Genre les youtubeurs, beaucoup de gens se disaient à l'époque de l'explosion de cette pratique "faut songer à un moment à un vrai business plan" et du coup après ils profitent de leur popularité pour lancer un commerce dans le capitalisme matériel.
 
On s'attendait à un absolu informatique combiné aux administrations, à l'Appareil d'Etat et les institutions pour organiser et commander la société et les citoyens mais quand on voit l'efficacité des services administratifs en ligne on a compris que ce ne sera pas un vecteur de féodalité moderne mais plutôt celui de la préhistoire en ricochet sur le 3me millénaire en régression quand la communication est en récession aujourd'hui... Les guides préposés à l'aide du visiteur internaute sont des IA établissant un dialogue nul par l'entremise d'un minichat. On n'a plus aucune chance de trouver une personne ayant de la compétence requise... Avant c'était encore possible même si ce n'était pas systématique. Le but de tout ce numérique donné aux structures, n'est pas de donner un support au citoyen mais de s'en débarrasser sans avoir à faire avec les complications.

Nombre d'administrés tombent le bec dans l'eau au moment d'introduire la carte d'identité dans le module de lecture pour la déclaration d'impôts ou tout autre service administratif comme les papiers de l'auto ou les allocs...

Bref, on comprend que des initiatives indépendantes prennent le territoire numérique abandonné par l'état. Il s'agit là d'une instauration sauvage avec une déclinaison maffieuse à la clé. On se fait espionner par des cookies ou trojans porteurs de regard malsain, délinquant... même pas celui d'une Justice inquisitrice.

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Edit: Sorence tu as mis une bique... je croyais que mon message était ad hoc, pertinent et justifié...
 
Dernière édition:
ce ne sera pas un vecteur de féodalité moderne

Bref, on comprend que des initiatives indépendantes prennent le territoire numérique abandonné par l'état. Il s'agit là d'une instauration sauvage avec une déclinaison maffieuse à la clé.

C'est le concept de la féodalité en fait - le territoire abandonné par l'administration impériale romaine est morcelé par des initiatives indépendantes qui se l'approprient, et le mettent à disposition contre paiements réguliers ou services rendus.
 
Sorence tu as mis une bique... je croyais que mon message était ad hoc, pertinent et justifié...
Chez moi, la biquette est appréciative ! Je suis d'accord avec ce que tu dis, mais tu dis des choses tristes. Il me faut un emoji ambivalent, comme la biquette.
 
Sorence bon faisons semblant d'y croire et positivons j' y crois et je positive...

après la machine, le destin programmé de l'individu a encore été une obsession en même temps que se ramifiait l'informatique. D'après les pronostics on devrait se révolter contre le pouvoir abusif avec ses systèmes d'automatisation donnant forme pré-établie au destin... Mais cela n'est pas arrivé. A la place, le bourgeois bonnasse élevé dans la certitude des valeurs sûres devient la cible de délinquants qualifiés en matière informatique.
 
Dernière édition:
Par contre, je suis mitigé quant au fait que Steam soit développé pour linux : c'est cool de pas avoir besoin d'une install windows juste pour jouer, mais c'est typiquement par ce genre de stratégies que le monde du libre va se faire progressivement empoisonner. Rendez-moi mes jeux DRM-free en couch-coop ;_;
Welp non, en fait c'est Valve qui a mis des développeurs pour faire des contributions à Arch Linux en ce moment. Et ce, sans rien demander en retour (si ce n'est que ça reste open source). Ils auraient très bien pu juste avancer sur leur OS à eux (SteamOS) en duplicant Arch et avoir leur propre version améliorée, mais ils ont pris la décision d'améliorer Arch à la source pour tous ses utilisateurs.
(D'ailleurs, laisser Proton en open source, c'est aussi un idée de fou quand même, ils auraient pu le garder en propriétaire sur SteamOS et ça aurait détruit la concurrence).

Sinon oui l'aspect propriétaire de beaucoup des services, l'émergence des SaaS qui me donnent envie de brûler des serveurs et les termes de license abusifs ça me donne juste envie de quitter les solutions propriétaires un maximum.
Un bon exemple c'est Adobe :
Un abonnement complètement délirant à 700-800€/an
Si tu veux résilier ton contrat immédiatement, il faut payer (une centaine d'euros).
Tes créations sur leurs logiciels peuvent être utilisées pour entrainer leurs IA et c'est pas optionnel (sinon on t'interdit l'accès à toutes tes données/créations).
Leurs formats sont tellement propriétaires qu'en important des autres formats sur Adobe, soit ça ne s'ouvre pas, soit ça fait n'importe quoi. Et les autres logiciels n'ont pas le droit d'ouvrir la plupart de leurs formats de fichiers qui sortent des logiciels Adobe.

Adobe, entreprise validée comme boss final du techno-féodalisme ? Qui dit mieux ?
 
Par contre, je suis mitigé quant au fait que Steam soit développé pour linux : c'est cool de pas avoir besoin d'une install windows juste pour jouer, mais c'est typiquement par ce genre de stratégies que le monde du libre va se faire progressivement empoisonner. Rendez-moi mes jeux DRM-free en couch-coop ;_;

Dans le même genre, Threads, un nouveau média social bifurqué d'Instagram, s'est rendu interopérable avec le fediverse.

D'un côté ça fait longtemps que les concepteurs de cette fédération espéraient la jonction avec Meta ou X. De l'autre, comme tu dis, je crains un empoisonnement, Meta n'aurait pas fait ce moov si ce n'était pas possible d'en tirer parti et leur parti, j'y ai pas confiance !
Ça va donner des développements intéressants, comme chaque fois que de nouveaux acteurs rejoignent la fédération. J'ai écouté ce chouette article lu à haute voix qui explique les évolutions du code entraînées par l'arrivé de communautés minorisées, puis de réseaux d'extrême droite.
 
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