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[LSD + ISRS] Les trois chocs

Xyro

Alpiniste Kundalini
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30 Sept 2012
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Préambule RdR tout ça :

J'en suis au troisième mois de traitement d'escitalopram (antidépresseur aussi utilisé pour le traitement de l'anxiété généralisée). Si j'y ai eu droit, c'est suite à des abus de 2C-D et 2C-D : des prises rapprochées sur un mois. S'en est suivi un bon gros crash psychique. J'ai souffert d'un trouble de l'anxiété généralisé assorti d'attaques d'angoisse plus ou moins aléatoires. (Ce que j'ai enduré ce trouve ici
)

Maintenant mon anxiété généralisée a disparu et je n'ai pas eu de d'attaque d'angoisse depuis plusieurs semaines : mon cas s'est stabilisé. De toute façon, je n'ai plus vraiment peur des crises vu que je les maîtrise plutôt bien.

Ça fait quelques jours que j'ai décidé de me "réconcilier" avec la drogue, et ce sera ce soir. J'ai vérifié la compatibilité pharmacologique du LSD et d'un ISRS : pas de souci en vue. En revanche, du côté psychologique je sais qu'il y a vraiment moyen de partir en vrille, à juste titre.

Bref : ne faites pas ça les enfants, ne prenez pas de drogue pendant un traitement psychiatrique. :)

 



Le début

Il est 21h, la lumière du soleil est maintenant bien chaude et horizontale. Deuxième jour de festival psytrance, j'ai un peu fumé de la bonne weed aujourd'hui et le premier soir je me suis suis surpris à me ramasser une cuite. Je suis dans la caisse de mon pote, nous sommes quatre au total : mon pote-covoitureur, S et T. Nous sommes garés à côté d'autres voitures, dans un petit champ d'herbes hautes. Un grand ciel bleu parsemé de quelques nuages nous surplombe.

La veille, j'ai parlé à mes potes des quatre trips que j'ai ramenés : dosés et testés à 110 µg, déjà essayés lors d'un précédent trip, je les ai trouvés efficaces. Tout le monde est chaud pour en prendre un, moi compris.

Mes trois potes avalent leur buvard dès que je leur donne. Personnellement, bien que connaissant la molécule, j'ignore quels vont être les effets en conjonction avec mon traitement. Je décide donc de découper mon trip en quarts. Je vais les ingurgiter à la suite : ça me permettra de doser l'intensité des effets.

S et T sont maintenant partis rejoindre le camion d'autres potes à eux. Je suis dans la voiture avec mon pote-covoitureur. Une légère appréhension s'installe en moi, mais j'ai très envie de retrouver ces sensations que je n'ai pas ressenti depuis plusieurs mois. Je décide de me servir un verre de rosé pour accompagner le premier quart.
Je discute un peu dans la voiture quelques dizaines de minutes, puis je décide de rejoindre le dancefloor. Je danse. Je reconnais le début des effets physiques du LSD, un grand sourire se dessine sur mon visage : ça me rappelle mes précédents trips et l'ambiance feutrée qui les accompagnait. Le soleil rougissant se couche peu à peu, les effets commencent à se prononcer alors que je n'ai consommé qu'un seul quart pour le moment.

Un

Soudain, je perçois un sentiment oublié refaire surface : un rush physique froid, mon cœur qui s'accélère, un sentiment de peur immédiate. C'est un début d'attaque d'angoisse. Je ne suis pas bien étonné qu'elle se déclenche en montée de LSD, je m'y attendais un peu. Ça va être l'heure de mettre en œuvre ce que j'ai appris pour la contenir : rationaliser. Je me dis que je suis entouré de gens de confiance, et que de toute façon, étant donné la petite dose la source est totalement psychologique et à peine révélée par la molécule. Je n'ai pas peur de faire un bad-trip, étant donné que je sais maîtriser l'angoisse.

Je respire, une vague de bien-être se propage en moi. Tiens, en réalité c'était une montée de trip. Je décide de rejoindre T et S dans leur camion. Les mouvements se fluidifient, me déplacer est agréable.

Je monte dans le camion, un peu chancelant. Une fois dedans, j'ai changé d'univers, les gens discutent, écoutent du son. J'ai un peu de mal à suivre des discussions mais je me sens bien.

Une demi-heure après, T et S ont envie de bouger devant le son. J'approuve.

Sur le chemin, alors que certains parlent de constellations nous observons le ciel: je fais remarquer à S que j'aperçois des petites lignes relier les étoiles. Il est saisi par le même effet, en plus flagrant que moi je pense.

Nous sommes maintenant en train de danser, je décide de prendre un deuxième quart.

Une trentaine de minutes plus tard, les effets s'amplifient. Je me sens bien incarné dans mon corps, mes membres sont sensibles et mes mains électriques. Une aura de confort se construit autour de moi. Je danse les yeux fermés, tout en arborant un grand sourire. J'aime les gens avec qui je suis, une sensation à la fois paisible et excitante s'est emparée de moi.

Deux

À nouveau, je ressens une angoisse virulente surgir des tréfonds de ma psyché. Elle est forte, inquiétante, mais je sais clairement que c'est un pur produit de mon esprit et du LSD. Je mets mon esprit de côté : j'écoute la musique à m'en faire vibrer, je danse en amplifiant mes mouvements, je me relie à mon corps en respirant à fond. Mon corps se réchauffe. D'un coup, cette peur poignante se change en un sentiment intense d'existence. Je suis. Ici et maintenant.

J'ouvre les yeux, les gens dansent en transe, la foule compacte forme une seule entité d'individus reliés. Je m'amuse pas mal avec mes CEV, les phosphènes laissés par les lumières se multiplient et se fractalisent.

Les effets sont bien présents, je sens que je peux aller un peu plus loin, je décide donc de prendre un troisième quart de buvard.

Trente minutes passent encore, je suis loin dans ma tête. Les idées défilent à toute allure, je me mets à penser à toutes sortes de choses en rapport avec le lien entre les gens et la notion de réalité qui me fait pas mal vriller. Je crains un peu de revivre une déréalisation comme au début de mon traitement. Oups. Bon allez, écoutons la musique à nouveau !

Je danse toujours avec un aussi grand plaisir, je suis heureux d'être avec S et T. Je souris grandement, peu importe s'ils le remarquent, je sais que ça se ressent.

Trois

Pour la troisième fois, une vague d'angoisse vient me saisir sournoisement. Je réalise que c'est en fait la montée du troisième quart. Je ferme les yeux, la lumière retentit en moi et se change en un gros flash blanc. Mes muscles fourmillent de plus en plus. Je me demande vraiment ce que ceci annonce. L'énergie du LSD jaillit en moi, je perçois une sorte d'aura rouge diffuse qui cherche à sortir de mon corps. Je fais un signe à S et T que je vais m'allonger dans l'herbe au bord du dancefloor.

Je me focalise à nouveau sur mon corps et l'environnement. La peur qui s'était invitée s'éloigne peu à peu pour laisser place à une sensation physique intense : j'ai bien fait de m'allonger. Peu à peu, elle se change en un bodyhigh qui me transporte vers une sensation de flottement et d'excitation.

Je respire, toujours allongé dans l'herbe. Des gens qui passent me regardent l'air inquiet : je souris et lève les pouces. Ils me rendent le sourire, rassurés.

Je laisse passer deux ou trois minutes, en rythme avec la musique, mon corps baigne dans une extase physique d'autant plus marquante qu'elle a été précédé de ce qui aurait pu être le début d'un bad-trip.

La théorie que j'avais développée au début du traitement de mes crises d'angoisse semble être vérifiée : chercher à annihiler un sentiment de peur est vain mais on peut le changer pour quelque chose de positif et rationnel né de ce sentiment.

La suite

Je me relève, je perçois à nouveau la chaleur enveloppante qui me donne l'impression de posséder mon corps plus que jamais. Je me remets à danser, la lumière devient stroboscopique. Je ne comprends plus rien et ça me fait rire. Je ferme les yeux : au moins mes visus sont plus cohérentes !

Parfois, le long de ma colonne vertébrale je me surprends à frissonner, cette stimulation est exquise. Au fil du temps, les émotions que je peux ressentir en regardant telle ou telle personne résonnent en moi.

Plusieurs heures passent. Je refuse les joints ou les verres qu'on me propose, je ne tiens pas à mélanger afin de vivre juste le trip sous ISRS.

On se dirige alors vers le chill-out pour boire un thé. Assis, je discute avec S des effets du LSD et de ce qu'on a vécu pendant notre montée et les premières vagues. On est encore perchés, on parle de tout un tas de notions dont la définition du psychédélisme. Pour moi, c'est le fait de détruire nos barrières de protection et pas forcément dans un sens néfaste.

Je prends beaucoup de plaisir à échanger avec S, le fait de discuter évite aussi de se perdre dans des boucles mentales. On s'amuse de la puissance du non-verbal en faisant des moitiés de phrases que nous comprenons tous les deux.

Il faut cependant pas mal de concentration pour formuler une idée : je définis ça comme un mode de pensée fractal. Chaque élément dans le cerveau s'enchaîne en même temps sur plusieurs autres concepts qui mènent eux-mêmes à d'autres idées, se ramifiant ainsi à l'infini.

Après une heure ou deux à tenir nos discussions de perchés, nous retournons danser. Je me ramasse un set de hi-tech en pleine face, et moi qui ne suis pas fan du genre, je reste jusqu'au bout même si je ne comprends rien. Lorsque le set s'achève, j'ai la sensation de m'être fait rouler dessus par un TGV pendant une heure et c'était bon.

La fin

Au petit matin, alors que les effets s'estompent, j'émets l'idée de chercher à manger. Avec S, nous faisons le tour du festival mais tous les stands de bouffe sont fermés. Je l'invite à rejoindre ma caisse en pensant qu'il doit y avoir des trucs à manger dedans.

Je me suis trompé mais nous discutons encore un peu dans la voiture. Je sens la fatigue qui me gagne, alors qu'il retourne danser j'incline mon siège et je ferme les yeux. Il doit être 8h ou 9h, j'ai encore des CEV simples mais sympas.

Devant ces rosaces de moins en moins colorées, je m'endors peu à peu, un sourire sur les lèvres.

 



Conclusion

C'est la première fois que je me suis servi de cette molécule comme d'un outil pour comprendre mes mécanismes de la peur. J'ai également découvert son potentiel pour faire des jeux de mots, étant donné sa faculté à rapprocher les idées les plus éloignées.

C'était fort et pas sans heurts mais j'ai bien voyagé : décidément le mot trip est bien approprié.

Avant mon traitement j'avais pris un carton et demi de cette même série et je peux franchement dire que c'était aussi intense.

J'en déduis donc que mon traitement d'ISRS a bien multiplié par deux les effets du LSD, avec en prime des petits chocs psychiques. (Je m'en doutais un peu.)

Je ne recommande à personne de prendre du LSD sous ISRS, étant donné qu'il y a sans doute une raison si on suit un tel traitement.

Et bien entendu, prendre un ISRS dans le but de potentialiser le LSD serait une pure connerie : en particulier vu les effets de bords bien dégueulasses de ce genre de médicament. :)

Au final, j'ai pris du plaisir (un peu grâce aux secousses, mais chut), et encore une fois j'ai retrouvé dans ce trip ma définition du LSD : c'est la molécule qui a la faculté de réduire la densité infinité de l'univers en un point de masse nulle.
 

Sludge

Holofractale de l'hypervérité
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17 Sept 2011
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Merci pour ce TR. Ton approche était risquée mais tu as tiré de ton trip le meilleur, appris que tu pouvais gérer tes angoisses. En ce sens ce trip a sans doute été très instructif, et t'a peut-être même permis d'avancer. Le LSD a été une aide pour révéler ton potentiel personnel, et je trouve ça très positif.

Et qu'est-ce qu'on s'est bien amusé. :D

Merci d'avoir partagé ton expérience, et merci pour le reste. :)
 
D

D.F.

Invité
Question semi-HS : Les ISRS ne sont pas supposés réduire l'efficacité du LSD (et autres agonistes des récepteurs séroto) du fait que la molécule occupe déjà une partie des récepteurs sérotoninergiques ? Oo

Sinon GG pour avoir supporté l'escitalopram... Je suis suivi pour le même genre de symptômes, mais la prise d'ISRS, dont le fameux escitalopram, n'a fait que les empirer (sans parler de la panoplie d'effets secondaires funky qui vont avec), une vraie saleté. ><
 

Xyro

Alpiniste Kundalini
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30 Sept 2012
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Don_Fouinardo a dit:
Question semi-HS : Les ISRS ne sont pas supposés réduire l'efficacité du LSD (et autres agonistes des récepteurs séroto) du fait que la molécule occupe déjà une partie des récepteurs sérotoninergiques ? Oo

Sinon GG pour avoir supporté l'escitalopram... Je suis suivi pour le même genre de symptômes, mais la prise d'ISRS, dont le fameux escitalopram, n'a fait que les empirer (sans parler de la panoplie d'effets secondaires funky qui vont avec), une vraie saleté. ><

Alors, effectivement prendre de la MDMA sous ISRS est totalement inefficace vu que tes récepteurs sont censés être saturés de séroto (il reste que la partie stim de la molécule). Mais d'après les infos que j'ai pu pêcher sur bluelight, ça n'altère pas la puissance des agonistes.

Depuis le début du traitement, je suis carrément plus sensible à l'alcool et à la weed (avec modération bien sûr, sinon bonjour les effets anxiogènes). Et franchement, pour le LSD je l'ai aussi bien senti qu'avant mon traitement pour une dose deux fois moindre.

J'ai un peu joué le rat de labo sur ce coup et je ne sais pas si je peux généraliser, mais dans mon cas ça a bien potentialisé. (Et j'ai fait gaffe à ne consommer rien d'autre que de l'eau et du thé ce soir-là.)

Sinon oui, les deux premières semaines d'escitalopram sont bien dégueu. ;)
 
D

D.F.

Invité
J'ai pas de qualifications dans le domaine, mais je trouve quand même cela surprenant. ^^' Qu'on me balance une fiole à la tête si je dis des bêtises, mais finalement la différence de mécanisme d'action entre un releaser et un agoniste et l'origine de la molécule qui va binder les récepteurs (interne pour le releaser et externe pour l'agoniste), non ? Je ne remets pas ton expérience en question hein, c'est juste que je trouve le report surprenant par rapport à tout ce que j'ai cru comprendre jusqu'à maintenant. Need bouffer du PDF en masse. ^^

Sinon oui, les deux premières semaines d'escitalopram sont bien dégueu. ;)
Malheureusement dans mon cas ça duré jusqu'à ce que j'abandonne, un peu plus de 3 mois sauf erreur. :/
 

Xyro

Alpiniste Kundalini
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30 Sept 2012
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Don_Fouinardo a dit:
Qu'on me balance une fiole à la tête si je dis des bêtises, mais finalement la différence de mécanisme d'action entre un releaser et un agoniste et l'origine de la molécule qui va binder les récepteurs (interne pour le releaser et externe pour l'agoniste), non ? Je ne remets pas ton expérience en question hein, c'est juste que je trouve le report surprenant par rapport à tout ce que j'ai cru comprendre jusqu'à maintenant. Need bouffer du PDF en masse. ^^

T'inquiète, je suis aussi surpris vu que je pensais que mes récepteurs étaient tous squattés par la séroto et qu'il n'y aurait pas de place pour un agoniste.
Si quelqu'un a des pistes, ça m'évitera de faire de la pharmaco de comptoir... ^^

EDIT :
Je vais ajouter que je suis au bout de 3 mois de traitement et que j'ai une certaine tolérance qui s'est installée.
Mais visiblement ça dépend de l'ISRS utilisé : http://www.drugs-forum.com/forum/showpost.php?p=21643&postcount=4
 

Gamida

Holofractale de l'hypervérité
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18 Avr 2012
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Merci Xyro, pour ce Tr, ou l'on peux associer lsd et maitrise d'une bouffée d'angoisse, c'est porteur et rassurant, tout en ne perdant pas de vue, le caractère relatif de chacun ;o)
 
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