Le Vol annulé

Xyro

Alpiniste Kundalini
Là où cette section abonde d'histoires intenses et captivantes, je vais raconter quelque chose de tout opposé : mon premier contact avec le LSD, un demi-trip pas fort et tout humide.
Bref, rien d'incroyablement barré. Amateurs de sensations fortes, il est encore temps de faire demi-tour. :)

J'avais pas prévu de le publier, juste de l'écrire pour moi-même. Puis finalement je trouve que j'ai appris au moins un truc intéressant qui sera ma conclusion.



Ça faisait des années que je voulais essayer le LSD. Un jour, les hasards bien faits de la vie m'ont amené à rencontrer quelqu'un qui, lors d'une soirée, m'a pratiquement fait l'apologie de ladite substance. Je n'étais pas bien difficile à convaincre de toute façon. Nous sommes restés en contact, et en grand amateur de musiques zélectroniques que je suis, je lui dis que je vais à un festoche à la fin de l'été, il me dit qu'il est tenté et qu'il me rejoindra sans doute le samedi.

(Même si pas mal de gens le reconnaîtront, je ne nomme volontairement pas le festival boueux en question : pas besoin de référencement parasite pour ses détracteurs. ;))

Samedi midi, je reçois donc un message provenant de lui : "Je suis à l'arrière du dancefloor". J'étais dans ma tente, j'enfile mes 5 couches de fringues, mes doubles chaussettes isolées, et je descends le retrouver. Il est arrivé cette nuit à l'arrache, pas vraiment préparé pour le froid, mais qu'importe : ça me fait plaisir de le voir.
Moi ça fait 3 jours que je suis en kiff total, porté par le son. J'ai juste tiré quelques taffes sur des bédos qui tournaient, et bu une ou deux bières par soirée.
Le son me suffit amplement, je suis dans un autre univers, celui qui a failli me faire pleurer de bonheur ce matin pendant le live de Ra. (Oui j'aime la goa.)

Il danse, les yeux fatigués, avec un sourire comme seule la musique peut nous procurer. Je discute un peu avec lui, il me raconte qu'il a passé la nuit à danser, qu'il a deux trips et demi dans le nez (enfin dans la corps quoi), et qu'il est agréablement surpris par la qualité du son. (Tu m'étonnes.)

Il me propose le demi-trip qui lui reste. Je connais les effets du LSD dans les grandes lignes. Je suis bien tenté, mais je me dit que ça se prête mieux à la nuit (puis bon, la trance prog de l'aprèm, c'est sympa mais pas assez prenant à mon goût).

On passe donc l'après-midi ensemble, à discuter et chercher des endroits avec une température supérieure à 7°C.
Le temps passe, et j'en arrive à troquer du papier toilette contre son demi-trip. Je le garde pour ce soir.

On se sépare, on se dit à plus tard, et je retourne rejoindre mon groupe.

S'en suit alors un début de soirée sous la tente super agréable, avec juste ce qui faut de weed qui tourne et d'anecdotes marrantes. On attend que le son se muscle un peu pour quitter notre campement.

Vers minuit, alors que je sens qu'on va pas tarder à bouger, j'ingurgite mon demi-trip. On se lève ensuite et on bouge jusqu'au dancefloor.

Là, encore une fois, j'use de mon grand talent d'autiste du dancefloor pour perdre de vue tous mes potes. Mais c'est pas grave, j'aime l'endroit malgré la boue et j'aime le son tout court. Je me pose donc aucune question, je danse. Après tout, je suis venu pour ça.

Des dizaines de minutes passent, je ne ressens rien de particulier. Je me dis que c'est dommage, moi qui espérais ressentir quelque chose de funky. Puis s'il faut en fait je ne suis pas sensible à cette drogue. Rah pourquoi ça tombe sur moi. J'ai jamais de bol avec les trucs qui m'intéressent. C'était pourtant bien parti cette soirée. Et puis merde.

Je prends un instant pour sortir de cette réflexion. "Hé mais ? Attends ? C'est un début de bad ça !" Mon détachement me fait rire tout seul, sur le coup. Même si j'ai déjà entendu des retour d'expériences sympas avec un simple demi-trip, je comprends bien que si je commence à penser de tels trucs, la suite ne pourra pas être bonne. Effets ou non.

Je décide donc de m'en foutre, perche ou pas perche, je suis dans le meilleur endroit du monde en cet instant précis. Aucune raison de regretter quoi que ce soit ! Je continue donc à danser, une heure passe.

Je regarde autour de moi, les gens ont l'air d'apprécier tout autant que moi le festival. Je regarde quelques lignes droites ou colorées de la déco, aucun signe hallucinatoire. Tant pis. Je croise alors mon pote, il me demande si ça me fait quelque chose, je lui réponds que non. Il se met en quête d'aller en trouver un autre alors que la nuit est déjà avancée. Il reviendra d'ailleurs bredouille.

J'avance vers le centre du dancefloor (alors que je restait tout le temps à l'arrière, dans "ma zone", plus pratique pour qu'on me retrouve).
La musique m'hypnotise de plus en plus, un grand sourire se dessine petit à petit sur mon visage. Je me sens bien, connecté à cet endroit festif, molécule à part entière de cette foule mouvante. Impossible de dire combien de temps je reste seul dans mon monde à bouger mon corps.

Puis, je décide d'aller prendre un bière. J'ai mon gobelet contre moi, et je sais ce que je vais commander. Et pourtant.

Je fais donc un demi-tour, le bar étant derrière le dancefloor. Et je commence à marcher dans la boue, en essayant de me détacher de la musique. À croire que c'est elle qui rend mon déplacement pénible. Et puis d'ailleurs pourquoi pourquoi les gens bougent tous d'une manière aussi fluide ? J'en ris.
Et puis putain, moi qui aime bien me parler à voix haute, pourquoi je viens de dire une phrase aussi compréhensible que "blavageuneu" ?
Instant réflexion dont la réponse sera sans appel : j'ai tiré sur mon dernier joint il y a deux heures, j'ai bu ma dernière bière à peu près au même moment. Ma pensée est claire et j'ai des réflexes. J'ai une légère sensation d'euphorie, les mouvements sont tous fluides et ça fait une heure que j'ai ma langue qui est enroulée sans que je sache pourquoi.
Ah ben si en fait. Ça marche. C'est pas incroyable, mais au moins j'ai réagi.

Je me concentre pour formuler ma phrase dans ma tête "un pinte de bière steuplé" parce que visiblement mon élocution est légèrement à la ramasse. Une fois le sol boueux parcouru en 500 images par seconde, j'arrive à passer ma commande du premier coup. Le ridicule de ma victoire me fait rire.

Je retourne sur le dancefloor. Je passe quelques heures de plus à profiter de la soirée, surtout seul. J'ai bien compris que je ne vivrai pas quelque chose d'incroyable ce soir, mais peu importe la petite euphorie de comme-après-un-bédo (sans le côté stone) est assez sympa en elle-même. Le son m'hypnotise, je danse.

Puis, quelqu'un venu de l'avant du dancefloor s'approche de moi. Merde, je vais devoir communiquer ! Bon, il a juste l'air joyeux et lucide. Il me regarde et me dit "T'es beau, tu danses trop bien !". Ah, toi t'as plutôt choisi la MD on dirait ! J'ai pas envie de lui casser son trip, alors je joue son jeu : je le remercie et je lui fait un grand sourire. Drogue ou pas, montrons-nous reconnaissants. Visiblement ma réponse le satisfait, il part alors répandre l'amour pour son prochain un peu plus loin. De toute façon, je n'ai pas eu besoin de me forcer, le sourire reste sur mon visage.

Finalement, quelques heures plus tard, je me couche et je dors sans trop de problème. (T+5h je dirais)

Afterglow ou pas, fatigue ou pas, ce dimanche qui voit poindre le soleil me donne les larmes aux yeux. Je ne pense pas que je sois le seul dans ce cas sur le dancefloor d'ailleurs. J'ai pas de doute : je suis au meilleur endroit possible, en cet instant précis.



Avec le recul, lors de mon premier vrai trip plus tard, je me suis effectivement aperçu que j'ai vécu un début de montée, bloqué en mode "début de montée", justement.
Ça n'aura pas été inutile, même si je n'ai clairement pas passé le cap hallucinogène, j'ai appris à identifier mes réactions à faible dose.

C'est au final une bonne expérience qui m'est utile pour reconnaître les prémices d'un décollage imminent. Le moment PNC aux portes quoi. Ou l'instant vérification de la porte opposée, je sais pas trop. :-o
En tout cas, anticiper la mise des gaz et éviter de prendre une seconde réservation juste avant le décollage. ;)
 
On c'est peut-être croisé à Ra ?
J'étais en lutin orange - jaune louche à botte verte (Bon une video c'est mieux ...)

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(Entre 10 et 15 seconde on me voit très bien :mrgreen: )

Et oui tu as bien reconnu le changement d'état de conscience !
C'est bien copain !

Et oui, il y a pas que toi qui a pleurer le Dimanche (Bon moi c'était abusé aussi !)
 
Héhé, en effet on s'est sans doutes croisés. Même si j'étais plutôt vers l'arrière du dancefloor et bien dans mon monde. ;)
 
Ohoh !
Moi aussi j'étais grave dans mon multi-monde :twisted:
 
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