Let's get things straight.
La classification américaine du DSM, qui fait autorité, distingue ces différents troubles selon :
* Le trouble bipolaire (qu'en français on appelle/appelait psychose maniaco-dépressive, mais on se sert plus du terme bipolaire maintenant. Le DSM a de beau jours devant lui). Des variations extrêmes de l'humeur, tantôt maniaque (euphorique, excitée), tantôt dépressive. Les phases de manie et de dépression tiennent sur plusieurs jours au moins, sur plusieurs semaines en général. On distingue plusieurs types de bipolarité selon le genre et la gravité des états maniaques ou dépressifs traversés.
* La schizophrénie. Difficile à décrire simplement, je ressors mon cours de psychopathologie française, donc ce qui suit ne sort pas du DSM. C'est une fragilisation globale du fonctionnement. Minkowski a trouvé un très beau terme : un manque de contact vital avec la réalité. On a des symptômes positifs : hallucinations, délires (donc sortie de la réalité). Des symptômes négatifs (repli autistique, manque de volonté, manque d'émotions). Et surtout, le coeur de la schizo, le syndrôme de discordance = dissociation : la désorganisation globale de la pensée, du discours, des mouvements. (Bien sûr il existe tout un tas de sous-classification selon la prédominance des symptômes).
* Le trouble dissociatif de l'identité : là on a les personnalité mutliples. J'avoue n'y connaître rien, c'est super rare. Ce que je sais, c'est que c'est un terme qui sert à la classification, et qu'il y a souvent sinon certainement des co-morbidités. Si quelqu'un est diagnostiqué d'un trouble dissociatif de l'identité, il a sûrement de quoi être diagnostiqué d'autre chose à côté, et ça peut être n'importe quoi : un trouble de la personnalité anxieuse, un trouble de la personnalité évitante, de la dépression, de la schizophrénie aussi...
Le trouble bipolaire et la schizophrénie sont les deux grandes facettes d'un grand ensemble qui tends à devenir flou dans la classification moderne de la psychiatrie : la psychose. La sortie de la réalité. Le trouble dissociatif de l'identité, lui, est une sorte d'ovni, plus un mot qu'autre chose.
Si quelqu'un parmi vous se demande s'il rentre dans l'une de ces catégories, je lui suggère de faire comme moi j'ai fait. Inquiété par mes histoires de DXM, j'ai été voir un psychiatre, et je lui ai demandé si j'étais schizophrène ou quoi.
- Non. Vous n'êtes pas dissocié. ( = vous n'êtes pas désorganisé = vous n'avez pas le syndrôme principal de la schizophrénie, à savoir la discordance, ou dissociation)
- Comment vous le savez ?
- Connaissances cliniques.
Bref j'en ai eu le coeur net. Faites pareil.
Et à tous ceux qui se demandent ici s'ils sont fous, eh bien, tant mieux pour vous ! C'est une excellente chose que de douter de sa santé mentale. Parce que les pires fous s'ignorent. J'ai des amis qui sont rentré en HP en plein délire, sans se rendre compte qu'ils perdaient les pédales, et bah c'est jamais drôle (enfin, si, c'est drôle dix ans après quand on le raconte).
Et ce psychiatre m'a bien dit : les schizophrènes ne choisissent pas d'être schizophrène. Ils en souffrent terriblement. Et un autre psychiatre m'a dit : si on ne les traite pas, les dommages cognitifs sont irréversibles et terribles.
Voilà, pour enlever quelques idées reçues et fleur bleue du genre "Laissons les schizophrènes vivre leur schizophrénie".