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Guest

Invité
Contribution d'un potos au sujet:

Premièrement les quantités totales à disposition si on prend en compte le pétrole dans son sens le plus large (sables bitumeux, eaux profondes, Arctique et antarctique, pétrole lourd, etc... c-à-d tout ce qu'on pourrait potentiellement utiliser) ne posent pas de problème en soit à moyen terme; certains papier scientifiques (cf: Google Scholar pour ceux que ca intéresse) tablent sur plusieurs fois l'équivalent de l'Arabie Saoudite rien que sans l'antarctique. On n'est donc très loin d'avoir "vider le sous-sol" comme le laisse parfois entendre certains articles de journaux simplistes.

Ce qui importe vraiment dans l'équation pétrolière c'est de savoir 1) quelle fraction de ces gigantesques réserves totales sont exploitables 2) à quel prix, et 3) à quelle vitesse.

- 1) Car de nombreuses zones restent tout simplement hors d'accès technologiquement; quel que soit le prix offert il est actuellement (et pour encore quelques temps) impossible d'atteindre le pétrole présent sous les 3 à 4km de glaces de l'antarctique ou dans certaines zones maritimes particulières. Mais avec l'avancée des techniques ces cas d'impossibilité totales se raréfient (pour le meilleur et pour le pire).

- 2) De nombreuses zones / types de pétroles nécessitent un certain niveau de prix pour être rentables et couvrir les investissements colossaux nécessaires à leur extractions; 70/90/100/... 300! USD/baril chaque niveau de prix ouvre de nouvelles possibilités d'extractions. Ces niveaux sont bien évidemment dépendant du développement technologique, ayant tendance à faire baisser les seuils de rentabilité.

- 3) Mais la principale variable qui semble donner actuellement des sueurs froide à l'AIE (Agence Internationale de l'Energie) c'est la rapidité d'augmentation de la production par rapport à la demande. Explications:

1880 (approx); nous sommes en Pennsylvanie et il suffit d'un Paysan armé d'une pioche de quelques planches et d'un peu d'huile de coude pour faire jaillir du pétrole et créer un nouveau puits en quelques heures ou quelques jours. L'offre n'a aucune peine à suivre la demande, au contraire il y a des crises épisodiques de surproduction.

Retour en 2010; nous sommes au canada, la création ou l'élargissement des zones d'extraction et de transformation du sable bitumeux sont des investissements colossaux (en milliards USD), extrêmement lents et nécessitant des dizaines d'hectares d'installations, des machines gigantesques, un approvisionnent électrique digne d'une métropole; entre la décision de créer de nouvelles capacités productives et leur entrée en fonction il s'écoule plusieurs années. Construire des infrastructures aussi lourdes prend énormément de TEMPS.

Problème; pendant ce temps le monde continue de tourner. L'occident veut toujours autant d'or noir tendis que le réveil de l'inde et de la chine tire la demande de plus en plus haut (Prévision de demande pétrolière 2015-2035 => en hausse continue. Cf; Google Scholar pour les papiers académiques ou site de l'AIE, ou encore l'UFIP).

Explication; jusqu'ici on était dans la situation suivante

graph1t.jpg


En rouge nous avons la demande de pétrole et en noir l'offre de pétrole. L'axe vertical représente les barrils/jour et l'ax horizontal les années. On constate qu'il y a globalement un appareillement entre offre et demande. (il y a bien sûr des épisodes particuliers, chocs pétroliers, quotas de l'OPEP etc, mais en gros la "big picture" sur les 100 dernières années ressemble à ça. Il y'a le détail sur le site de l'UFIP par exemple). Cette situation ne posait pas trop de problème, si on exclut bien sûr l'aspect environnemental.

Le problème c'est que dans les années à venir la situation risque de ressembler à ça;

graph2a.jpg


Les axes et les courbes sont les mêmes cependant le problème saute aux yeux; même si l'on n'est pas dans un pic pétrolier à la Hubert (au contraire la quantité produite continue d'augmenter) le découplage entre la demande et l'offre peut potentiellement faire très mal. En effet le paradigme des 100 dernières années (en gros) était; J'ai des projets de développement économique qui nécessitent du pétrole ? Pas de problème, je peux l'avoir il suffit d'aligner les billets. Hors dans une situation comme celle représentée sur ce graphique ce n'est plus le cas; QUEL QUE SOIT LE PRIX OFFERT il y a une limite de capacité qui est atteinte et qui n'augmente plus assez vite pour satisfaire la demande (problème notamment du TEMPS nécessaire à la réalisation de nouvelles installations de production mentionné plus haut).

En gros le développement économique des années 2015-20?? risquent fort d'être fait SOUS CONTRAINTE PÉTROLIÈRE, c'est à dire avec une augmentation annuelle limitée de la production. Ça n'est pas sans conséquence économiques, sociales, géopolitiques... comment faire la répartition si il ne suffit plus de payer pour obtenir ? Au plus offrent ? Quotas ? Bref beaucoup de questions ouvertes.

C'est seulement dans un deuxième temps (la date fait l'objet de débat Houleux, certains parlent de 2030, d'autres de 2050) que l'on aura vraiment un pic à la Hubert c'est à dire une DIMINUTION globale de la quantité produite. Là encore celà s'explique, malgré les réserves, par la difficulté technique et temporelle de remplacer du pétrole conventionnel facilement exploitable par d'autres type de pétroles moins aisés d'accès.

Tout le problème (du moins pour le comment des mortels dont je fais partie) c'est d'avoir accès aux informations, qui sont la plupart du temps des secrets d'état. Est-ce que les Saoudien pombent à 100% de leurs capacités réelles ? A 80? A 50? Quels sont les réserves réelles de brut facilement extractible dans le golf persique, sachant que le système des quotas de l'OPEP (fixé au prorata des réserves déclarées par les membres) pousse à déclarer des réserves non-existantes ? Mystère.
 
D

DasFrog

Invité
Pas trop frustrant au fait? J'veux dire, bosser dans un domaine qui régit (en partie) le monde de l'énergie à la limite du compréhensible? (j'rentre pas trop dans les détails, au pire on repart sur l'autre topic!)

Qui régit complètement plutôt. Mais c'est une question intéressante, et je la suis beaucoup posé ces derniers temps. Notamment depuis la découverte des psychés, j'ai commencer à vouloir apprendre à mieux me connaître, me découvrir en quelques sortes. Ça a entrainé des grandes questions sur mon avenir, sur ce que je voulais vraiment faire. Un moment je me suis même renseigné sur les équivalences possibles vers la neurosciences niveau Master/Doctorat. 'fin bon bref, le fait est que j'ai pas mal épluché la question.

A la base je suis très réaliste. Les belles idéologies pour moi c'est dans les livres et ça fait rêver mais c'est tout. Et j'aime énormément la nature, je prends jamais autant de plaisir que perdu dans une forêt seul et mes vacances s'oriente toujours vers le coin le plus perdu possible. Juste pour préciser que je suis pas un insensible à ce sujet.

Mais le réalisme me pousse à croire que le pétrole n'est juste pas remplaçable à ce stade de notre développement. Je crois assez fort en la science et en l'évolution technologique de l'homme (c'est en gros mes seuls croyances). Et le pétrole en est une étape. Le bois a été remplacé par le charbon. Le charbon nous a permis de nous développer jusqu'à l'aire de la toute puissance du pétrole et en moindre partie du gaz, le charbon restant aussi très utilisé. Qui nous ont permis ensuite de développer le nucléaire, qui soit dit en passant ne peut remplacer les énergies fossiles pour diverses raisons: sécurité, encombrement, technologie,... Le nucléaire reste basé sur l'usage de minerais, et donc en quantité limité.
Il y aura donc une suite, qu'elle soit bientôt ou pas, précédée ou pas d'évènements majeurs pour l'humanité. Ce sera surement dans la fusion nucléaire et/ou dans diverses énergies renouvelables, le soleil en priorité je dirais. Et pourquoi pas d'autres sources que nous avons pas encore découvert.

M'inscrire dans ce développement progressif de l'homme me fait penser que je ne suis pas non plus un poignard sur le dos de l'humanité. Mais ça reste l'aspect "philosophique" et une vison de loin.

Dans le quotidien, il faut voir que je ne bosse pas dans le business du pétrole. Je suis dans la recherche. C'est assez différent, je suis finalement assez loin de la réalité du terrain et des affaires. Ce n'est pas forcément un bien cela dit. Mon quotidien c'est de la simulation sur ordi, des calculs dégueux, de la recherche sur des gisement pour l'instant inexploitable,... Merci qui pour le gaz de schiste ? C'est nous ! Les huiles lourdes ? C'est encore nous ! Référence inside.
Enfin tout ça pour dire que je ne suis pas en train de jouer avec de l'argent ni en train d'exploiter les ressources d'un pays pauvre quelque part sur le globe. Ça met beaucoup de distance et me permet surement, peut-être à tort, de pas trop m'identifier au business pétrolier décrit comme un monde de requins.

Et puis bon, honnêtement, qui va dire qu'on peut se passer complètement de pétrole ? J'attends toujours une solution alternative, j'en vois passer toutes les semaines, toutes irréalistes. Alors bon, vaut peut-être mieux que ce soit moi qui bosse là dedans qu'un mec sans foi ni loi qui nous saccage tout...

Par contre et je suis sincère, je suis complètement CONTRE et révolté par les interactions politique/business pétrolier. Ça c'est quelque chose qui ne devrait pas exister. Et c'est autant aux compagnies d'avoir plus d'éthique qu'aux politiques de savoir ne pas obéir au marché de l'argent. C'est pas du tout mais alors pas du tout la philosophie aux USA mais je pense que la France est assez bonne dans le domaine.

Je sais pas trop si j'ai répondu à la question, j'ai un peu déballé ce que je pense en ce moment de mon job/études...

PS : Pour les gaz de schiste, je connais pas le sujet en détail mais on bosse beaucoup dessus. Je ne veux pas jouer leur avocat mais je suis un peu blasé par les écolos qui montent au créneau sans rien savoir en gros à leur sujet. Genre "pour exploiter ce gaz, ils fracturent les roches et ça risque de remonter dans les nappes phréatiques"... Oupa. Les nappes phréatiques sont en gros à moins de 100m sous la surface, max quelques centaines de mètres. Les schistes... plusieurs kilomètres. Les fractures font maxi quelques mètres, et déjà c'est panard, faut y aller pour fracturer une roche qui en gros ressemble à de l'ardoise mais beaucoup moins laminée, dans un environnement à plusieurs centaines de bars...
Ouais bon, ça sert pas à grand chose ce que je raconte mais j'aime pas trop quand les gens parlent des choses qu'ils ne connaissent pas et ne prennent pas la peine de plus se renseigner. Dans tous les domaines...

Ouais, pas convaincu que j'ai répondu à la question, mais il est tard ;) .

Et j'ajoute qu'il est nickel le post précédent de Tiax, ça décris bien les enjeux du pétrole qui ne sont finalement pas juste une histoire de réserve.
 
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