Heu...
Je sais pas trop quoi te dire Trickster, en fait tu ne comprends simplement pas l'idée d'oppression ni de système. Or c'est l'idée de base du féminisme (l'oppression systémique des femmes, par qui au passage? Les extra-terrestres, ah oui). En fait tu ne crois pas à la misogynie. De là je me sens un peu découragée, j'ai pas la foi de te sortir toute la rhétorique, tu iras te renseigner si tu en as vraiment envie, le net regorge de ressources à ce sujet...
Juste pour répondre à ta première phrase, lorsque la plupart des viols sont le fait d'hommes sur des femmes, on ne peut plus dire que c'est une question de "perception" ou des problèmes individuels.
Je suis intimement persuadée que c'est une question culturelle, la façon dont on est éduqués, la façon dont les hommes sont encouragés à percevoir les femmes et les femmes à se percevoir elles-même ; quand des consentements sont niés, que le sexe est vu comme un devoir conjugal, qu'une femme est un objet de plaisir masculin, que lorsqu'elle dit non ça veut dire oui, lorsque la sexualité féminine est dénigrée, lorsque le mot "pute" n'existe qu'au féminin, lorsqu'on apprend aux filles à faire attention à ne pas être violées plutôt qu'aux hommes à ne pas violer, lorsque leur clitoris n'est mentionné dans aucun manuel scolaire, lorsque leur plaisir est dit "mystérieux" (en fait c'est comme un gland hein, tu frottes ça jouit voilà), lorsqu'on prétend leur psyché "compliquée" (oui c'est oui et non c'est non, compliqué hein) ; je ne vois pas ce qu'il te faut, moi j'appelle ça de la misogynie .|
Quant au point de vue extérieur: si l'on admet (et j'admets complètement) que notre société actuelle pousse les hommes à être des violeurs presque malgré eux (par exemple en valorisant le chantage affectif ou le non-respect du refus, c'est très clair dans Blade Runner) - et je ne suis pas en train de dire que tous les hommes sont des violeurs, mais que notre culture pousse au viol - si l'on admet par ailleurs que la majorité des viols sont fait par des hommes sur des femmes, alors on comprend très bien qu'une victime de viol n'ait aucune envie d'écouter les conseils d'un homme à ce sujet, voire même d'évoquer le sujet devant lui.
Je reste volontairement vague mais c'est du vécu, je ne sors pas ces phrases comme ça, j'ai vu mes amies, mes connaissances, je me suis vue, j'ai écouté les réactions, j'ai vu qui s'en servait comment, quels hommes étaient corrects, quels hommes ne l'étaient pas, et j'ai vite compris que les seuls hommes à réagir de façon à peu près saine avaient de bonnes raisons de le faire, au niveau de leur vécu ou de leur identité. Tandis que la plupart des femmes comprenaient... parce que la plupart avait vécu ça ou avaient peur de le vivre.
Un viol est assez traumatisant sans qu'on ait à supporter la double peine des gens qui ne comprennent pas et qui jugent, ou la présence de ceux qui nous font peur. Lorsqu'on a besoin de se soigner, on va vers ceux qui nous font du bien. On a aucun devoir d'objectivité ou de débat ou de conseil non sollicité lorsqu'on est blessé. On a juste besoin de soin.
Je reste consciente que des femmes peuvent avoir des propos abusifs et se montrer très misogynes ou culpabilisantes.