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L'ADDICTION 11 - Les paradoxes du tox (PART 2) - Si tu lis tu seras juge (-18)

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Deleted-1

Invité
LES PARADOXES DU TOX (PART 2) - SI TU LIS TU SERAS JUGE...DE TOI-MÊME


Après avoir compris que l'individu occidental moderne est pétrit de contradiction quand sa personnalité incarne la société dans laquelle il vit, je vous propose dans cet article critique de voir plus en détails le portrait d'un usager de drogue, à partir d'une vulgarisation des logiques capitaliste et libérale.

Partie 1 des Paradoxes du tox : http://www.psychonaut.fr/thread-31789-post-592595.html#pid592595


COMMENT APPRÉHENDER LA STRUCTURE CAPITALISTE ET LIBÉRALE EN SOI, VIS-À-VIS DE SES DÉPENDANCES ?

Pour recentrer le sujet, redéfinissons brièvement les logiques capitaliste et libérale :​

- Le capitaliste cherche une forme de profit dans ses achats et consommations, afin d’en profiter le plus possible pour le moindre coût (coût financier, environnemental, mais aussi sanitaire, lorsque l'usager veut voir les étoiles sans en payer le prix fort du point de vue de sa santé, on peut aussi rapporter cette dimension à la nourriture quand on est prêt à manger des légumes pour un prix dérisoire qui cueillis avant maturité, ont muri dans un conteneur sur un bateau). Il est question d’optimiser son gain dans une logique de production-consommation.​

- Le libéral veut pouvoir être libre de disposer de lui-même, de s'émanciper de toutes valeurs morales et interdits sociétaux endiguant sa capacité à faire du profit. Il cherche à imposer ses volontés et exigences dans une législation lui octroyant les droits nécessaires pour faire ce qu'il veut quand il veut (par exemple la dérégulation des marchés financier, l’instauration de la télé réalité aux heures de grandes audiences, l'omniprésence du marketing et de la publicité pour aliéner le consommateur dès son plus jeune âge), et ce au détriment de devoirs éthiques et moraux, de responsabilités et de respectabilités des individus laissés pour compte, mais aussi de l'environnement surexploité. Tout acte a des conséquences, et il ne faut pas les nier, mais les assumer, ce qui n'est pas le fort du libéral quand on constate l'état actuel du monde.​

L’hypothèse développée serait donc que les usagers de stupéfiants incarneraient parfaitement le modèle de l’individu contemporain ayant intériorisé dans sa structure psychique l’idéologie capitaliste et libérale ambiante, en étant victime de son temps, d'une éducation qu'il n'a pas choisi. L’homme moderne subirait ainsi ses passions et pulsions dirigée vers le consumérisme, sans plus de désir, mais dans une recherche de jouissance maximale, dans une quête de satisfaction immédiate et à bas prix (l'avènement des RC étant des plus révélateurs avec l'attractivité de leur faible prix pour une défonce maximale).​


LA RECHERCHE DU NÉANT - Le point alpha de l'addiction

Le but ultime de la conso de drogue, de l'idéalisation absolue de sa vie rêvée est ce nihil, ce besoin de se perdre dans un ailleurs, où l'on se sentirait moins honteux et coupable de toutes ses responsabilités que l'on dénie. C'est la grande dénégation dont parlent les philosophes. L’ud a un besoin de retourner sans cesse dans ses paradis perdus de l’imaginaire, dans ses nostalgies au travers d'objet de substitution, pour se voiler la face en espérant y trouver du réconfort. Tout est une question de fantasme à recouvrer, quand faute de direction collective et individuelle à suivre, faute de valeurs pour se soutenir moralement, on manque d'éthique, de vie pratique. Alors quelle image recherche t’on de soi, de sa communauté, de sa société ?​

Prenons des exemples extrêmes mais précis​

Pourquoi chez certains, en prendre toujours plus en absorbant de l'alcool ou autre jusqu'à saturation, est une nécessité, une volonté dont le passage à l'acte orchestre et rythme leur vie (se mettre sa caisse chaque week end, son joint ou son fixe chaque soir, dans une dépense d'argent régulière, une construction d’un cadre de vie autour de consommation de toxiques. N'y a t'il pas là une dynamique d'avoir, d'échange, d'accumulation, comme un milliardaire accumulerait sans fin des biens monétaires, dans une folle et effrénée spéculation financière et boursière. Pourquoi entrer dans des logiques d'absorption qui se manifeste en soirée ou seul chez soi, par exemple lors d’une ivresse poussée à l'excès, en se remplissant le ventre jusqu'à ce que l'esprit vacille dans l'hubris, dans cette démesure digne des esprits les plus orgueilleux, qu'est-ce que l'individu a à se prouver dans ces moments là ? Quelle structure psychique le pousse à vouloir se libérer de lui en capitalisant sur son ébriété et son propre néant ?​

La réponse est bien sur qu'il est dépendant à son objet d’addiction qu’est l’alcool ou la drogue, et qu'il est prit dans un jeu de contradiction qui en lui, lui donne envie d'une vie sobre et heureuse, mais d'autre part il veut être au sommet des apparences de la coolitude en soirée, au top vis-à-vis de lui-même quand à ses capacités à tenir l’ébriété ou la perche comme un vrai bonhomme, un dur quoi, quitte à se transformer en un déchet bon à être jeter à la poubelle… Tout ceci est paradoxal, c’est une question de regard sur soi, entre ce que l'on croit être et vis à vis de ce qu'on ne veut pas voir chez soi : ce nihilisme et sa volonté de se néan-tiser jusqu’au bout de la nuit (joke).​

Lorsque l’on se livre corps et âme à une accoutumance à la possession, à l'achat et découverte  (collection) de psychotrope pour se faire plaisir, au redrop pour en profiter toujours plus, quitte à moins en profiter au final... que l’on s’en rend compte, mais que l’on recommence inlassablement à se péter la tête puisqu’on est addict, quel équilibre cherche l'ud entre ses revendications et ses consommations ? C'est là qu'il est utile de s'interroger sur ses volontés de se défoncer toujours plus haut et pour un moindre coût, afin de mettre au clair ses contradictions internes, et pouvoir commencer à travailler dessus dans une démarche introspective. Il s'agit de réfléchir sur soi quand à ses addictions, qui sont multiples et diverses, le problème n'étant pas d'être dépendant à une chose, mais d'en abuser.​


PORTRAIT D’UN USAGER DE DROGUE (ud)

Souvent l'ud combat la société libérale en dénonçant les travers du système, parce qu'il se sent marginalisé et acculé par une machine contre laquelle il ne peut rien. D’une part la société consumériste le rend dépendant dès son plus jeune âge à des produits sucrés, salés et croustillants, mais aussi à des biens technologiques imposés comme indispensables (ordinateurs, téléviseurs, smartphones, jeux-vidéos), quand d’autre part s’opère en lui une lutte intérieure contre la folie technologique industrielle, qui produit dans son organisme un stress le poussant à des consommations pour s'en libérer (l’ud a besoin de reconnecter avec une part naturelle en lui, la drogue lui permettant de retrouver son animalité, son innocence perdue (nostalgie de l'enfance)). En découle une dépendance à la drogue en plus de ses autres dépendances à la malbouffe et à la technologie, qui elle aussi produit de l'anxiété et de la déprime, ce qui enclenche un cercle vicieux lorsque l'ud cherche à se soulager d'un mal être en consommant des drogues, mal être qu'il entretient paradoxalement de part son mode de vie stressant.​

Plus à propos de son non conformisme, de sa volonté d'un monde plus égal et juste, on pourrait y voir une projection de son conflit intérieur sur la société. Il est effectivement plus facile d'accuser la société et ses politiques économiques capitalistes et libérales, plutôt que soi, que son égoïsme et sa propre avidité. L’ud veut être libre de consommer ce qu'il veut, c'est sa part libérale qui s'exprime lorsqu'il revendique la légalisation des drogues par exemple. Et à ce niveau là tant mieux si cela évite une répression des usagers, en plus de réduire le marché noir incontrôlable, tout en permettant de créer des emplois qui injecteront de l’argent propre dans le système.​

Mais avant de rêver à un monde meilleur où les drogues seraient légales, une introspection est nécessaire, afin de comprendre la mécanique de son esprit, les structures psychiques qui régissent nos pensées et comportements, ses contradictions entre ce qui est et comment on voudrait que les choses soi. Il faut décortiquer ses conflits intérieurs entre ses envies et besoins, ses pulsions de vie et de mort, ses passions et ses exigences morales, son réalisme et son idéalisme, ce qui doit passer par la dure analyse de ses relations parentales intériorisées, des conflits vécus pendant son enfance, et de ses relations avec les normes sociétales que l’on tend à respecter ou transgresser. La transgression étant le propre de l'ud.​

Ainsi l'ud dénonce la morale ambiante, mais ne critique que trop peu l’hypocrisie de sa propre morale s’appliquant en lui, en ne voyant pas chez soi ce qui lui fait vraiment défaut (ses contradictions entre ce qu’il dit et les valeurs qu’il prône, et ses comportements qui vont dans un sens opposé), alors qu’il est le seul responsable de ses actes. C'est-à-dire qu’il y a chez les individus un manque d’autocritique, de dialogue intérieur (subjectivation), que je vous propose de voir plus en détails afin de comprendre comment l'ud dénonce dans la société tout ce qu'il ne veut pas voir chez lui, en projetant dans des objets extérieurs ce qui lui ferait défaut, lorsqu’il est préférable pour son ego d'accuser la surconsommation ambiante, plutôt que ses propres excès de psychotropes, ou autres.​

Les contradictions apparentes sont donc omniprésentes, entre les valeurs de liberté que prônent l’ud et ses comportements incohérents avec son discours​

Mais ne blâmons pas l’ud victime de déterminismes sociaux-culturels consuméristes qu’il a intériorisé par le biais d’institutions qui rendent dépendants (en plus d'abrutir par la même occasion, quand les grands médias versent du yaourt dans la tête des citoyens… « Allume ta télé, éteint ton cerveau »). Le problème de l’ud, mais aussi des gens en général, est donc de masquer leurs propres torts derrière des revendications qui font sens dans l'air du temps (la bien-pensance morale selon le buzz du moment (être Charlie en défilant avec des dictateurs, voter Macron contre le FN), ou selon l’idéologie du groupe d'individus que l'on suit (exemple des forums ayant leur propre politique)), quand les gens se comportent de la manière qu’ils dénoncent par ailleurs, sans s’en rendre compte.

Le groupe s'identifie toujours à son membre le plus malade​

On peut y voir un double discours, dont l'un est réaliste, et l'autre idéaliste, l'un est pratique et éthique, l'autre théorique et moralisateur. Aussi se montrer cohérent exigerait de faire la part des choses entre ses idéaux et ses comportements, pour cesser d’entretenir un système que l'on dénonce, parce qu'en fait le système serait en nous, et que malgré soi, c'est soi-même que l'on dénoncerait en projetant ses torts sur « la société », cette entité abstraite. Cette contradiction entrainerait une certaine haine de soi, une culpabilité inconsciente poussant à consommer toujours plus pour s'oublier, et ne pas se révéler à soi en faisant tomber ses masques, c'est-à-dire comprendre le cercle vicieux et auto destructeur de ses dépendances, que l'on a cherché mais pas voulu, et qui entretiendrait par ailleurs le système se régalant de nos consommations, qu'elles soient légales ou non.​

Sans s’affoler, examinons tout ça plus en détails.​


LA HAINE DE SOI

La philosophie de Nietzsche nous explique qu’en tout être humain, il y a un potentiel singulier d'hostilité envers lui-même. Pour dissoudre ce potentiel néfaste en soi, il faut d’abord admettre qu’il y a des mécaniques toxiques dans son esprit, reconnaitre que l’on répète malgré soi des attitudes et comportements nous poussant à des caractères peu appréciables, et qui nous minent le moral, mais aussi nuisent à nos relations sociales. A partir de ces constats souvent douloureux mais nécessaires, quand on a cerné le poison en soi (ses facultés à dire non à la vie, à être plein de haine, de colère, de dégoût, de mépris, de peur, etc), et une fois comprit qu’on est son propre pire ennemi, il nous faut apprendre à dire OUI à la vie en se penchant sur ses philosophies (mais encore faut-il en avoir…et c'est pas gagné étant donné que ça n’est pas au programme sur W9 ou D8).​

Un examen de conscience est le passage obligé pour se pencher sur ses pensées, découvrir ses passions et désirs, et qui l’on est, mais aussi comprendre sa religion, ses croyances, ses points vue et avis, ainsi que ceux des autres, pour sortir des stéréotypes et des clichés instaurés et véhiculés par les grands médias. Tout individu ne se posant pas pour méditer sur sa personne, ses pairs et la société, manque à un travail de subjectivation indispensable à la connaissance de soi. S’exciter en permanence à droite et à gauche en s’oubliant dans une activité effrénée et non productrice, participe au fait de tourner en rond et à son refus de se penser, lorsqu’on ne prend pas le temps de réfléchir sur soi et sur le monde, qu’on fonce tête baissée dans ses passions et pulsions débridées, et qui poussent à consommer toutes sortes de choses, parce que c’est cool et tendance d’une part, quand d’autre part on en a besoin pour ne pas péter un câble vu son degré d’anxiété. " Je consomme, donc je suis ".​

Fragmenter sa pensée c'est se donner des perspectives​

Nietzsche (et bien d'autres) est très critique sur le manque d’introspection ambiant, sur la faculté des individus à être dans l’ego, c'est-à-dire narcissique, égocentrique, orgueilleux et vaniteux. C'est là tout l’enjeu de comprendre les ressorts de ses culpabilités inconscientes, en fonction de ses hontes que l’on n’ose pas s'avouer, sinon l’on se réfugie dans son moi idéal, c'est-à-dire dans une part enfantine et régressive de sa personnalité effrayée, qui a besoin de se rassurer en se déresponsabilisant comme un enfant qui ne comprend ni sa personne, ni ses contemporains, ni le monde dans lequel il vit. En résulte des comportements faisant que l’on se met des bâtons dans les roues, comme dit précédemment on répète des schémas qui nous sont toxiques, en étant dépendant de choses qui nous aliènent. Nietzsche via son personnage Zarathoustra nous dit qu’il faut affirmer la vie et son intensification en soi, en recherchant une volonté de puissance à être, à tendre vers son existence, vers son devenir pour advenir à soi. Il faut donc à l’individu éveiller ses sensibilités perdues dans une décadence morale évidente (par exemple la vulgarité omniprésente dans la société pornifiée), il lui faut sortir de sa léthargie, de son apathie, de son égocentrisme et de ses croyances douteuses une fois qu’il les met en perspective avec de vraies connaissances, lors de phases introspectives.​

Il faut bien comprendre que cette visée philosophique très critique n’est pas réactionnaire, mais progressive, quand il est question d’émancipation de soi et non de revenir à un état antérieure ou le patriarcat et la religion dominaient les masses. Ce n’était pas mieux avant, ce n’est pas top maintenant, alors faisons en sorte que demain soit un jour meilleur.​

La poursuite de mon raisonnement se fera en abordant la question du nihilisme, intrinsèque à la haine de soi. Au-delà de la question de l’addiction que l’on a vu sous ses formes cliniques, psychologiques et vaguement sociologiques, il nous faut maintenant comprendre sur un plan philosophique pourquoi l’individu se drogue, qu’est-ce qu’il cherche dans ses consommations ?

Partie 3 - Nihilisme et consommations de stupéfiants
 

Éléphant

Neurotransmetteur
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15 Déc 2017
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Hello !

Je voulais juste te féliciter pour ton taf, tes articles sont bien construits et agréables à lire selon moi. C'est facile de critiquer mais faut aussi le dire quand quelque chose est bien fait.

Garde le cap  :)
 
D

Deleted-1

Invité
Merci :) je garde le cap oui, et je vais même essayer de proposer d'éventuelles solutions ou idées pratiques après toute cette critique !
 
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