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Fumée d’État : L’Herbe, le Soupçon, et le Pouvoir

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Y34R_Zer0

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23/3/25
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Fumée d’État : L’Herbe, le Soupçon, et le Pouvoir

Introduction :

Il ne s'agit pas ici de faire l'apologie d'une substance, mais de disséquer la manière dont une société façonne ses peurs, ses interdits et ses symboles. Le cannabis, au-delà de sa nature chimique, est devenu en France le totem d'une dissidence surveillée. Il n'est pas une molécule, mais un miroir tendu à l'ordre établi. C'est dans ce reflet que l'on peut apercevoir les contours d'un pouvoir inquiet, prêt à sanctionner moins l'acte que la pensée qui le motive.


I. La Plante et le Pouvoir :

Là où certaines cultures l'ont apprivoisée comme une alliée de l'esprit et de la méditation – pensons aux traditions indiennes, à la Jamaïque rasta ou aux coffeeshops néerlandais – la France, elle, l'a figée dans un imaginaire pénal. L'herbe y devient trace, preuve, stigmate. Elle est ce qui désigne le corps comme déviant, l'esprit comme dangereux, l'individu comme suspect. Le THC n'est pas un danger en soi ; c'est le symbole de l'insoumission qui inquiète.


II. L’État Psychotrope :

Ce n'est pas la plante qui altère la perception, c'est le récit qu'on en fait. Une république qui condamne l’usage d’une substance tout en tolérant l'alcool et les psychotropes prescrits construit une hiérarchie des sensations autorisées. Ce que l'on pénalise n'est pas l'euphorie, mais la dissociation de l'ordre prescrit. L'État devient alors l'acteur premier d'une hallucination collective où l'interdit prend la forme d'une réalité alternative, répétée, défendue, imposée.


III. Le Poison est dans le Regard :

Un même joint fumé à Amsterdam ou à Paris n'a pas la même densité symbolique. Le contexte transforme la molécule. Là où il y a respect, il y a apaisement ; là où il y a crainte, il y a psychose. Le fumeur français n'inspire pas la curiosité ou l'indifférence, mais le soupçon. Il est porteur d'une transgression qui va au-delà du produit : il ose ressentir autrement.


Conclusion :

Penser la plante, c’est penser le pouvoir. Derrière la fumée se dévoile une lutte entre conformisme et autonomie, entre injonction et respiration. Le véritable psychotrope de nos sociétés modernes n'est pas une herbe venue des champs, mais la peur diffusée par les institutions. Il est temps de se demander : que cherche-t-on réellement à réprimer ?
 
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