Morning Glory
Holofractale de l'hypervérité
ΔFosB.
ΔFosB ΔFosB ΔfosB ^_^
Haaaa j’aime les noms compliqués :3
Ce post va être un peu technique mais venant de dénicher ce bidule, je suis intellectuellement plutôt hypée (jsais pas si ça se voit ).
Ce qui suit n’est qu’un court résumé et je ne suis bien entendu pas à l’abri d’erreurs, donc si vous êtes intéressé.e.s n’hésitez pas à mener vos propres recherches (et éventuellement à feeder ce topic ce faisant^^ ) !
[Edit: ha, n'hésitez pas à demander si y a un truc pas clair ou pas assez compréhensible, je me rends pas toujours compte de si j'explicite trop un truc ou au contraire pas assez]
ΔFosB (DeltaFosB) est retrouvée dans les neurones en tant que facteur de transcription (ie, qui module leur expression génique) et est considérée comme un important biomarqueur de l’addiction. Une corrélation a été trouvée entre le degré d'addictivité d’une drogue et l’efficacité avec laquelle elle augmente sa concentration dans les neurones D1 du noyau accumbens. Elle a aussi d’autres fonctions que je n’ai pas encore autant investiguées.
L’écrasante majorité des drogues dopaminergiques (peut-être même toutes) l’influent, ainsi que d’autres (mais d’une façon différente apparemment, probablement dans d’autres régions cérébrales) telles que des antidépresseurs et antipsychotiques.
Ce mécanisme peut amener des effets secondaires dans certains cas, tels que les tremblements observés avec les antipsychotiques, ou les conduites addictives accrues chez certains patients traités par médicaments dopaminergiques.
Certains plaisirs naturels enfin, comme les aliments gras/sucrés et le sexe ont également une incidence similaire.
Alors, comment ça marche?
En réponse à l’exposition à un élément addictogène (pour notre exemple, parlons d'une drogue), particulièrement si la dose ou l’intensité est forte, la concentration en différentes protéines Fos augmente drastiquement dans le neurone. Elles sont cependant rapidement évacuées, mais ce faisant l'une d'entre elles, notre ΔFosB, va créer une petite quantité d’isoformes phosphorylés, qui eux ont une demi-vie vraiment longue.
Lorsque la substance est administrée chroniquement, les isoformes vous s’accumuler et commencer à agir.
ΔFosB a une pote, appelons-la C-Fos. Les deux se régulent normalement mutuellement, l’une inhibant la synthèse de l’autre. Du coup, dans le cas d’exposition répétée à un élément addictogène (et bien sur en fonction d’autres facteurs tels que l’environnement dans lequel évolue la personne ou sa génétique), la sur-accumulation de la première déséquilibre cette alliance à moyen terme. C-Fos, trop inhibée, laisse finalement ΔFosB en roue libre, ce qui à nouveau inhibe un peu plus C-Fos... ce cercle perpétuant le phénomène toujours plus loin et pour longtemps, même après l’arrêt de la conduite addictive.
Par divers mécanismes que je n’ai moi-même pas entièrement compris, tout ça amène à une altération de l’expression génique du neurone, et donc à une modification fonctionnelle et même structurelle de ce dernier.
C'est par cet intermédiaire que les psychostimulants par exemple, augmentent le BDNF dans le système de la récompense, poussant les dendrites des neurones à croître dans cette zone et à apprendre que ce truc, c’est bon, on en reveut.
Les récepteurs opioïdes kappa sont également revus à la hausse, provoquant une baisse de l’aversion au stimulus.
(Entre autres changements, y en a pleiiin, cf les sources^^)
Ces deux phénomènes semblent pourtant ne pas être valables dans le cas des opioïdes, qui pourtant activent bien ΔFosB eux aussi. J’ai plus de mal à comprendre les mécanismes finaux menant à l’addiction dans leur cas, mais notre protéine a quoi qu’il en soit toujours un rôle à jouer.
(Et au passage, les psychostims augmentant également les récepteurs mu, il existerait donc une tolérance croisée avec les opis, ça j’en reste coite, je m’y attendais pas^^)
Eeeeet voilàààà comment une petite protéine peut avoir un si grand rôle dans cette maladie… Et peut-être des pistes thérapeutiques pour l’avenir, qui sait ?
[Bonus stage] Autres points que je trouve intéressants et sur lesquels je m’interroge :
L’accumulation excessive des isoformes de ΔFosB provoquerait une neuro-inflammation dans le système de la récompense.
La dépression est caractérisée, à ce niveau, par une diminution de ΔFosB dans la même région cérébrale apparemment. Cela expliquerait en partie la perte de motivation et de plaisir liée à cette pathologie. Les dépressions dopaminodépendantes sont taboues en France, probablement à cause de son hystérie autour de l’addiction, mais la piste mériterait parfois d’être creusée selon moi.
La concentration de ΔFosB serait accrue de façon adaptative en cas de situation de stress social chronique, mais au contraire réduite lors d’un isolement social prolongé.
Hors les deux situations, concrètement, peuvent mener à la dépression, huuum…
Et il est bien connu que l’isolement social est un gros facteur de risque au développement d’une addiction, ce qui est paradoxal puisqu’au niveau cellulaire ce serait l’accumulation de ΔFosB et non sa réduction qui la favoriserait.
Plein d’autres mécanismes co-dépendants à découvrir, je suppose *-*
Vouuuala où j'en suis de mes recherches. J'espère que ce petit compte rendu est lisible et qu'il intéressera quelqu'un, ça sert à rien de connaître ce genre de détails de pharmaco sûrement (quoique), mais jsais pas, c'est passionnant .___.
xoxo
Morning
https://en.wikipedia.org/wiki/FOSB
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3139704/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4380559/
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.3109/00952990.2014.933840
ΔFosB ΔFosB ΔfosB ^_^
Haaaa j’aime les noms compliqués :3
Ce post va être un peu technique mais venant de dénicher ce bidule, je suis intellectuellement plutôt hypée (jsais pas si ça se voit ).
Ce qui suit n’est qu’un court résumé et je ne suis bien entendu pas à l’abri d’erreurs, donc si vous êtes intéressé.e.s n’hésitez pas à mener vos propres recherches (et éventuellement à feeder ce topic ce faisant^^ ) !
[Edit: ha, n'hésitez pas à demander si y a un truc pas clair ou pas assez compréhensible, je me rends pas toujours compte de si j'explicite trop un truc ou au contraire pas assez]
ΔFosB (DeltaFosB) est retrouvée dans les neurones en tant que facteur de transcription (ie, qui module leur expression génique) et est considérée comme un important biomarqueur de l’addiction. Une corrélation a été trouvée entre le degré d'addictivité d’une drogue et l’efficacité avec laquelle elle augmente sa concentration dans les neurones D1 du noyau accumbens. Elle a aussi d’autres fonctions que je n’ai pas encore autant investiguées.
L’écrasante majorité des drogues dopaminergiques (peut-être même toutes) l’influent, ainsi que d’autres (mais d’une façon différente apparemment, probablement dans d’autres régions cérébrales) telles que des antidépresseurs et antipsychotiques.
Ce mécanisme peut amener des effets secondaires dans certains cas, tels que les tremblements observés avec les antipsychotiques, ou les conduites addictives accrues chez certains patients traités par médicaments dopaminergiques.
Certains plaisirs naturels enfin, comme les aliments gras/sucrés et le sexe ont également une incidence similaire.
Alors, comment ça marche?
En réponse à l’exposition à un élément addictogène (pour notre exemple, parlons d'une drogue), particulièrement si la dose ou l’intensité est forte, la concentration en différentes protéines Fos augmente drastiquement dans le neurone. Elles sont cependant rapidement évacuées, mais ce faisant l'une d'entre elles, notre ΔFosB, va créer une petite quantité d’isoformes phosphorylés, qui eux ont une demi-vie vraiment longue.
Lorsque la substance est administrée chroniquement, les isoformes vous s’accumuler et commencer à agir.
ΔFosB a une pote, appelons-la C-Fos. Les deux se régulent normalement mutuellement, l’une inhibant la synthèse de l’autre. Du coup, dans le cas d’exposition répétée à un élément addictogène (et bien sur en fonction d’autres facteurs tels que l’environnement dans lequel évolue la personne ou sa génétique), la sur-accumulation de la première déséquilibre cette alliance à moyen terme. C-Fos, trop inhibée, laisse finalement ΔFosB en roue libre, ce qui à nouveau inhibe un peu plus C-Fos... ce cercle perpétuant le phénomène toujours plus loin et pour longtemps, même après l’arrêt de la conduite addictive.
Par divers mécanismes que je n’ai moi-même pas entièrement compris, tout ça amène à une altération de l’expression génique du neurone, et donc à une modification fonctionnelle et même structurelle de ce dernier.
C'est par cet intermédiaire que les psychostimulants par exemple, augmentent le BDNF dans le système de la récompense, poussant les dendrites des neurones à croître dans cette zone et à apprendre que ce truc, c’est bon, on en reveut.
Les récepteurs opioïdes kappa sont également revus à la hausse, provoquant une baisse de l’aversion au stimulus.
(Entre autres changements, y en a pleiiin, cf les sources^^)
Ces deux phénomènes semblent pourtant ne pas être valables dans le cas des opioïdes, qui pourtant activent bien ΔFosB eux aussi. J’ai plus de mal à comprendre les mécanismes finaux menant à l’addiction dans leur cas, mais notre protéine a quoi qu’il en soit toujours un rôle à jouer.
(Et au passage, les psychostims augmentant également les récepteurs mu, il existerait donc une tolérance croisée avec les opis, ça j’en reste coite, je m’y attendais pas^^)
Eeeeet voilàààà comment une petite protéine peut avoir un si grand rôle dans cette maladie… Et peut-être des pistes thérapeutiques pour l’avenir, qui sait ?
[Bonus stage] Autres points que je trouve intéressants et sur lesquels je m’interroge :
L’accumulation excessive des isoformes de ΔFosB provoquerait une neuro-inflammation dans le système de la récompense.
La dépression est caractérisée, à ce niveau, par une diminution de ΔFosB dans la même région cérébrale apparemment. Cela expliquerait en partie la perte de motivation et de plaisir liée à cette pathologie. Les dépressions dopaminodépendantes sont taboues en France, probablement à cause de son hystérie autour de l’addiction, mais la piste mériterait parfois d’être creusée selon moi.
La concentration de ΔFosB serait accrue de façon adaptative en cas de situation de stress social chronique, mais au contraire réduite lors d’un isolement social prolongé.
Hors les deux situations, concrètement, peuvent mener à la dépression, huuum…
Et il est bien connu que l’isolement social est un gros facteur de risque au développement d’une addiction, ce qui est paradoxal puisqu’au niveau cellulaire ce serait l’accumulation de ΔFosB et non sa réduction qui la favoriserait.
Plein d’autres mécanismes co-dépendants à découvrir, je suppose *-*
Vouuuala où j'en suis de mes recherches. J'espère que ce petit compte rendu est lisible et qu'il intéressera quelqu'un, ça sert à rien de connaître ce genre de détails de pharmaco sûrement (quoique), mais jsais pas, c'est passionnant .___.
xoxo
Morning
https://en.wikipedia.org/wiki/FOSB
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3139704/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4380559/
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.3109/00952990.2014.933840