Sludge
Holofractale de l'hypervérité
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BACK TO THE “RIENVEMBRE”
Set & Setting
On est vendredi, je ne bosse plus depuis un peu plus de 2 semaines suite à ma démission. Un peu stressé par le flou qui entoure mon futur, je suis quand même mieux dans ma tête qu'avant, où mon boulot m'abrutissait.
C'est la soirée retour du Rienvembre, où l'on avait pris pour la première fois un psyché (hors empathogène) tous les quatre, et où on s'était plutôt bien marré, mais où je m'étais mis dans un sale état à cause du mélange MXE/Alcool.
M veut proposer à ma copine (on l'appellera A) de tester le LSD, mais je n'en ai pas parlé avec elle, il va lui mettre le buvard sous le nez sans discussion sur le sujet, et ça m'embête. Son expérience avec les produits hors alcool se résume au cannabis, à la MDMA, au Methylone et à une très faible dose de 2C-D lors du premier Rienvembre. Mais quand j'émets des réserves par rapport au fait de prendre de l'acide “comme ça”, j'installe un climat de stress jusque là non présent pour A. P arrive trouver la bonne approche en racontant leur premier essai avec M sur ces buvards.
Mon expérience personnelle avec le LSD est assez faible, une lors de la Psyhood en combo avec d'autres produits, une avec un demi-carton lors d'une soirée Ethereal Decibel Company, et une autre avec un carton très faible mais où j'ai profité en fin de teuf avec un gros pétard et des copains. Tous les autres essais ont été des échecs dans le sens où les cartons étaient vierges de LSD ou trop faibles, ou où mon esprit n'a pas “coopéré” (une fois où j'ai pris deux buvards qui ne m'ont presque rien fait mais où toutes les autres personnes présentes à la teuf étaient archi perchées sur les même buvards).
Début de soirée
On a bu l'apéro et finalement tous avalé le buvard. On mate des vidéos à la con et écoutons de la musique comme à notre habitude. La montée commence en moins d'une heure et ressemble à une montée de phénéthylamine, petite tension dans la mâchoire et le reste du corps. Puis les visuels classiques apparaissent, rien de bien étonnant, j'ai même tendance à trouver ces visuels redondants après avoir testé plusieurs 2C-X.
On s'amuse à retrouver chez chacun nos comportements déjà présents lors du premier Rienvembre. Rien à avoir avec l'effet du produit encore, simple jeu entre nous. Mais le rapport à la boucle s'installe déjà via ce petit jeu.
Plateau
Tout le monde est déjà très excité, et je vis un petit moment de bonheur musical en écoutant le 3e album de Kap Bambino. Je me rends à un moment dans la cuisine, et parle aux autres à distance. Ils ne m'entendent pas avec la musique, et plaisantent sur le fait que je parle tout seul, ou avec le lavabo. Quand je reviens dans le salon, et que M me regarde en plaisantant sur cela, je me prends ce que j'appellerais un “taquet mental” extrêmement violent. J'ai l'impression de pouvoir percevoir plein de sous-entendus derrière sa phrase et son regard amusé, et surtout je me pose pendant une demi-seconde la question, sans la formuler dans ma tête (l'esprit sous LSD va à cent à l'heure), de savoir si effectivement j'ai pété un câble et parlé au lavabo. Cette plaisanterie a réveillé une peur très présente au fond de moi depuis que je prends des psychés, et qui s'est exprimé violemment lors de la rencontre chez Lulla où j'avais mélangé 6-APB et champignons, et avait eu l'impression d'absences où j'aurais pu délirer.
Je capte finalement très vite que je n'ai pas déliré et que ce n'était qu'une blague, mais le choc du “taquet mental” est toujours là, je ressens une état d'étrangeté extrême, comme si j'avais fait une “décompensation” mentale, et je me demande fatalement si ça y est, je vais rester bloqué. Ce type de réflexion revient très couramment sur des expériences mentales, et je vois ça comme une forme d'EMI (expérience de mort imminente). On a beau savoir qu'on ne risque rien, l'esprit est persuadé qu'on va devenir fou ou mourir.
J'ai l'impression de percevoir des sous-entendus dans les phrases, et surtout j'arrive à une sorte d'état de lucidité où je constate (je gamberge énormément) que les 3 autres partent dans des délires (dans le sens “classique” du terme cette fois, pas médical) chacun de leur coté sans se comprendre. Voir ça me perturbe encore et me met mal à l'aise, me sort des conversations que je reprends toujours en cours, et qui sont évidemment toujours pleine d'imagination et de créativité. Notamment plus tard où on s'allonge dans la chambre et où P et A imaginent des scènes en écoutant de la musique (nous sommes un courant d'eau, nous sommes dans l'espace, nous sommes un bouillon de légumes...).
Je reprends toujours ces délires en cours, mais ne rentre pas dedans, je commente bêtement ou confirme ce qui se dit, je me sens à l'écart, je réfléchis trop. M trip les yeux fermés et reste silencieux pendant ce temps. Je me demande s'il ressent la même chose que moi. Je rationalise en me disant qu'on est tous dans le même état puisque les autres partent dans des délires sans toujours se comprendre (toujours ces sous-entendus que je trouve parfois négatifs, je trouve que les vannes n'ont plus leur place sous LSD). Mais en même temps, je me dis qu'aborder le sujet risque d'installer un malaise, surtout si je suis finalement le seul à ressentir cet état de bizarrerie.
Cela se confirme d'ailleurs plus tard. Mon cerveau semble avoir réajusté le tir, et même si je suis presque dans le même état que tout à l'heure, je suis plus positif et accepte plus volontiers le trip. Je passe un bon moment ! Du coup j'en profite pour dire aux autres que j'ai été complètement à l'Ouest tout à l'heure, que mon cerveau est parti en couilles, et les autres répondent par la question “et ça va mieux ?”. J'en conclus qu'ils s'inquiètent, qu'ils me revoient chez Lulla. Ça y est, j'ai baddé une fois, je suis celui qui va toujours passer pour le type qui risque de dérailler, plus personne ne voudra tripper avec moi. Finalement, cet épisode oublié, j'ai complètement rationalisé le trip et en profite, je rigole bien avec P et A. Mais quand plus tard une nouvelle référence à l'épisode du lavabo est faite par les autres, et que M me tapote l'épaule, me fait un clin d'oeil et me dit “si tu vois ce que je veux dire” ou un quelque chose du genre, ce retour à la Boucle initiale qui avait engendré le trip sonne comme une prophétie. Ça ne me remet aucunement dans le mal, mais je suis marqué par la façon dont la chose retentit en moi.
Descente
M dort et on regarde des passages de Fantasia. Je regrette de ne pas avoir profité de tout, de ne pas avoir vécu de synesthésie encore une fois, une chose qui me fait rêver avec le LSD. Je n'ai pas non plus eu de visuels remarquables, mais j'ai passé un moment étrange et inoubliable avec mes amis, et réappris ce qu'était le LSD, et à quel point son aspect mental pouvait être profond et dérangeant. Je pense qu'avec l'acide, le potentiel d'extase est aussi grand que celui de bad trip. Être avec des gens de confiance est primordial lors de ce type d'expériences, ainsi qu'un set & setting béton.
Lors du retour chez nous avec A, on redécouvre plein de choses dans la ville qu'on n'avait pas remarqué jusque là, comme si tout avait l'air différent, et ça me rappelle encore à quel point le LSD et les champignons sont uniques comparés aux autres psychédéliques que j'ai pris. L'aspect créatif m'a aussi encore beaucoup surpris. C'est absolument dingue ce à quoi on peut penser et dans quels délires on peut entrer sous acide, et j'ai l'impression de n'en avoir entrevu qu'un millième du potentiel.