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Dilution à 5mg/ml de 3-Me-PCPy dans de l’eau ppi, stockée dans une seringue pour être brumisée par voie nasale avec un kit MAD. Le produit se dissous très facilement dans l’eau. Ce soir, on sera deux, et on accumulera des doses de 5mg, jusqu'au total de 20mg pour moi et 25mg pour mon pote.
Je suis pas de bonne humeur. Je râle des nuages bas et de la fraîcheur. Mon pote est un rageux donc je me le permets. Je n’attends rien de cette soirée, juste qu’elle soit moins pire que la solitude. Des trucs me prennent la tête, et je sais que les dissos ont cette tendance à me ravaler le cerveau, le secouer comme on bat un tapis. Je l’ai parfois regretté dans des moments de bien-être, parce que ça écroulait le bien-être, j’étais pas contente de revenir à zéro. Au moins, là, je n’aurai pas ce genre de regret. Soudain un rayon de soleil, je suis contente : je le salue, je m’approche de l’eau, je veux le voir encore un peu. C’est le bon moment et le bon endroit pour drop.
T : 5mg. La solution a une odeur désagréable dans le genre plastique, et le goût de son odeur. La pulvérisation pique les muqueuses et les engourdit à la fois, ce n’est pas agréable du tout. J’y vais petit à petit, pour ne pas que ça coule dans la gorge, et en visant une zone précise, histoire de limiter la gêne.
On continue la ballade une bonne heure. Les effets sont presque indiscernables. Je les reconnais néanmoins, comme une watermark sur mes perceptions : j’ai pris un dissociatif. Je dirais que le temps s’écoule un peu différemment, un peu plus élastique, je me coince dans le présent, ce qui n’est pas désagréable. On furète ci et là, on soulève des trucs, on se plaint des urbanistes. On finit par trouver un petit vide de béton, dans lequel on se cale pour quelques clopes. On parle des humains et des non-humains. J’explique au camarade mon sentiment que plus rien ne m’attend ici.
T+1h : puisqu’une heure a passé et qu’on ne sent presque rien, c’est le moment de redrop 5mg.
On ressort. Au soleil couchant, la ville est factice. On marche, les effets montent doucement. Le réel ressemble à une photo qu’on me tendrait un peu de travers, et mon regard glisserait avec désintérêt (« ah oui, je vois »). Il y a cet effet de ciblage robotique où je vise une direction et mon corps y va tout seul (fort pratique la navigation embarquée). Ça fourmille un peu dans les membres, une énergie qui ne tape pas mais sur laquelle je pourrais me reposer, sans réfléchir. C’est agréable, même si pas grandiloquent. La ville est moche, les parcs sont fermés, j’ai envie de m’en foutre de tout, c’est ce qu’il y a de mieux à faire.
T+2h : On s’est posés sur un banc, encore pour fumer, et je commence à avoir froid. C’est le moment de pousser le truc ou lâcher l’affaire. Je sonde mon camarade, qui veut bien continuer. Tant mieux. Re-5mg.
Enfin, les effets dissociatifs se font sentir. Une chape un peu lourde sur le fil des pensées, qui les isole, nous isole (l’ami, moi, le banc) du reste du monde. J’oublie à peu près mes arrières-pensées, ce qui fait le fond grinçant du quotidien. Mon camarade décrit les événements récents du forum, ça me fait du bien. Pour établir nos dosages, il a lu un topic dans lequel intervient PaRa, on en discute en riant : sacrée époque tout de même, je l’avais presque oubliée. Peut-être parce qu’il fait froid, j’apprécie le contact physique. C’est un peu empatho je crois, j’ai envie de donner des petits coups de tête (comme font les chats).
À T+2h20, j’ai la sensation d’un agréable plateau, d’avoir trouvé le confort psychotrope que j’étais en droit d’attendre d’une prise de drogues. Une allusion random m’amène à un sujet qui me tracasse, un choc émotionnel que j’ai eu il y a quelques semaines. Sujet que je n’aime pas aborder, parce que trop complexe, trop lourd, trop diffus, trop triste. Là, je me convainc de le faire. Peut-être parce que je m’en fous, parce que le temps est devenu une bulle, et parce que ça vaut le coup avec ce camarade qui connaît déjà l’affaire. Histoire de poser un peu à plat. C’est ce que je fais, je pose à plat. J’explique ce qui me questionne et les conclusions que j’en tire. Mon pote me contredit parfois, m’affirme à d’autres. Les réflexions s’enchaînent et elles sont logiques. Du coup, on arrive assez vite à la fin du sujet. Je lâche quand même une petite larme, c’est agréable. D’une certaine manière, tout est simple. Il suffit de faire les choses comme elles viennent, comme elles font déjà elles-même. La vie c’est moche, je suis assez grande pour faire avec. J’assume.
À T+3h30 (1h30 après la dernière prise), on a la sensation d’une descente. La chape se délite et le réel redevient dur. Alors on redrop 5mg. Dix minutes après, mon camarade rajoute 5mg, pas moi. Je mets bonnet et mitaines, m’enroule une écharpe, emprunte le k-way du camarade. Pas trop de souvenir de cette dernière prise. Le réel s’est brièvement éloigné, mais je n’ai pas retrouvé le plateau. La conversations a un peu bouclé sur nos marottes habituelles.
T+4h30 (1h après la dernière prise) : il fait vraiment trop froid, et on commence à s’ennuyer, alors on décale. J’ai faim, mais aucune des provisions de l’ami ne me tente. J’ai envie de boire quelque-chose de goûtu, de bon. Marcher nous redynamise, la stimulation est réelle, me porte comme un ballon dans les courants d’air. Avec quelques degrés de rab, ça aurait été super de traîner toute la nuit. L’ami et moi nous séparons à la gare. Je suis défoncée, mais je n’ai aucun trouble de la coordination. Seule la lecture est inconfortable. Je ne sens pas de trouble de la pensée non plus, à se demander ce que signifie être défoncé, à quoi ça tient ? C’est presque une émotion, quelque-chose de dur et chaud, à l’intérieur. Une certitude.
Je repense au suicide de Tartopom, enfin surtout aux messages qui ont été postés sur le forum. La façon dont les autres ont parlé d’elle. Avec le regard un peu cosmique qui accompagne la dissociation, j’ai le sentiment d’une communauté d’âmes et de destin. Qu’on partage cela, cette curiosité et cette exigence pour le monde, et qu’on a notre rôle à jouer, même s’il n’est clair pour personne. Et que ce regard n'est pas simple à vivre, et mène beaucoup d'entre nous à mourir. En fait, j'ai de la compassion pour nous tous. Je suis contente qu'on existe, parce que le monde est moins moche comme ça. Mais je ressens aussi la douleur qui nous tue précocement, et je le comprends et je nous souhaite la paix (et la force et le courage en attendant).
Retour de l’ami :
"3-Me-PCPy
-prise 5mg par 5mg, ~1h entre chaque prise, petite accumulation. J'ai pas non plus ressenti une accumulation énorme avec ce protocole.
-assez stim (pas comme le speed où l'éveil est plus fort mais malgré ma fatigue, j'ai été bien réveillé et me sentais léger lié sûrement à la disso) et assez empatho, effet disso perceptible mais léger à 5mg, je l'ai plus ressenti quand j'ai redrop plus rapidement à la fin. High assez clair et lucide, pas trop le bordel. Aide dans les interactions sociales mais ne semble pas trop forcé, simple fluidité. Envies assez simples et petit émerveillement/joie dans l'appréhension du monde. Pas un bouleversement. Vision un peu floue mais sans plus, pas d'impression d'halluciner le monde comme j'ai déjà pu avoir.
Un peu trompeur dans la fausse lucidité notamment le manque d'effets disso. J'ai plus ressenti l'effet disso en rentrant, dans un environnement que je connaissais bien (sûrement lié à la reprise rapide à la fin) : les choses me paraissaient différentes et un peu distantes ; perte de repères sur les choses habituelles (sol qui semble et se ressent différemment, équilibre modifié, boîte de médocs comme lointaines et inconnues). Pas des effets spéciaux par rapport à d'autres PCx (3-meo-PCE, 3-HO-PCP -mais que testés en oral) que je connais. Je dirais que c'est moins disso que le 3-Meo-PCE et moins le bordel que le 3-HO-PCP. J'ai trouvé que la stim était moins forte et moins forcée (durait moins longtemps aussi) que sous 3-Meo-PCE mais sûrement aussi parce que je prends des doses plus fortes et en oral.
J'ai pris mes médocs en rentrant, mangé un peu et j'ai pu dormir rapidement après alors que je sentais encore les effets disso mais déjà moins les effets stim. Encore sous (notamment images qui arrivent, de manière peu naturelle, dans ma tête quand je ferme les yeux) mais dodo.
En vrai, je le trouve un peu facile et c'est peut-être pour ça qu'il peut être dangereux avec la fausse lucidité et des redrop compulsifs.
Le lendemain, pas de sensations particulières, assez reposé, pas d'effets perceptibles.
Je pense qu'en soirée avec de la stimulation et le fait de bouger, ça peut être sympa, et dû au manque d'effets disso moins intéressant solo."
Je suis pas de bonne humeur. Je râle des nuages bas et de la fraîcheur. Mon pote est un rageux donc je me le permets. Je n’attends rien de cette soirée, juste qu’elle soit moins pire que la solitude. Des trucs me prennent la tête, et je sais que les dissos ont cette tendance à me ravaler le cerveau, le secouer comme on bat un tapis. Je l’ai parfois regretté dans des moments de bien-être, parce que ça écroulait le bien-être, j’étais pas contente de revenir à zéro. Au moins, là, je n’aurai pas ce genre de regret. Soudain un rayon de soleil, je suis contente : je le salue, je m’approche de l’eau, je veux le voir encore un peu. C’est le bon moment et le bon endroit pour drop.
T : 5mg. La solution a une odeur désagréable dans le genre plastique, et le goût de son odeur. La pulvérisation pique les muqueuses et les engourdit à la fois, ce n’est pas agréable du tout. J’y vais petit à petit, pour ne pas que ça coule dans la gorge, et en visant une zone précise, histoire de limiter la gêne.
On continue la ballade une bonne heure. Les effets sont presque indiscernables. Je les reconnais néanmoins, comme une watermark sur mes perceptions : j’ai pris un dissociatif. Je dirais que le temps s’écoule un peu différemment, un peu plus élastique, je me coince dans le présent, ce qui n’est pas désagréable. On furète ci et là, on soulève des trucs, on se plaint des urbanistes. On finit par trouver un petit vide de béton, dans lequel on se cale pour quelques clopes. On parle des humains et des non-humains. J’explique au camarade mon sentiment que plus rien ne m’attend ici.
T+1h : puisqu’une heure a passé et qu’on ne sent presque rien, c’est le moment de redrop 5mg.
On ressort. Au soleil couchant, la ville est factice. On marche, les effets montent doucement. Le réel ressemble à une photo qu’on me tendrait un peu de travers, et mon regard glisserait avec désintérêt (« ah oui, je vois »). Il y a cet effet de ciblage robotique où je vise une direction et mon corps y va tout seul (fort pratique la navigation embarquée). Ça fourmille un peu dans les membres, une énergie qui ne tape pas mais sur laquelle je pourrais me reposer, sans réfléchir. C’est agréable, même si pas grandiloquent. La ville est moche, les parcs sont fermés, j’ai envie de m’en foutre de tout, c’est ce qu’il y a de mieux à faire.
T+2h : On s’est posés sur un banc, encore pour fumer, et je commence à avoir froid. C’est le moment de pousser le truc ou lâcher l’affaire. Je sonde mon camarade, qui veut bien continuer. Tant mieux. Re-5mg.
Enfin, les effets dissociatifs se font sentir. Une chape un peu lourde sur le fil des pensées, qui les isole, nous isole (l’ami, moi, le banc) du reste du monde. J’oublie à peu près mes arrières-pensées, ce qui fait le fond grinçant du quotidien. Mon camarade décrit les événements récents du forum, ça me fait du bien. Pour établir nos dosages, il a lu un topic dans lequel intervient PaRa, on en discute en riant : sacrée époque tout de même, je l’avais presque oubliée. Peut-être parce qu’il fait froid, j’apprécie le contact physique. C’est un peu empatho je crois, j’ai envie de donner des petits coups de tête (comme font les chats).
À T+2h20, j’ai la sensation d’un agréable plateau, d’avoir trouvé le confort psychotrope que j’étais en droit d’attendre d’une prise de drogues. Une allusion random m’amène à un sujet qui me tracasse, un choc émotionnel que j’ai eu il y a quelques semaines. Sujet que je n’aime pas aborder, parce que trop complexe, trop lourd, trop diffus, trop triste. Là, je me convainc de le faire. Peut-être parce que je m’en fous, parce que le temps est devenu une bulle, et parce que ça vaut le coup avec ce camarade qui connaît déjà l’affaire. Histoire de poser un peu à plat. C’est ce que je fais, je pose à plat. J’explique ce qui me questionne et les conclusions que j’en tire. Mon pote me contredit parfois, m’affirme à d’autres. Les réflexions s’enchaînent et elles sont logiques. Du coup, on arrive assez vite à la fin du sujet. Je lâche quand même une petite larme, c’est agréable. D’une certaine manière, tout est simple. Il suffit de faire les choses comme elles viennent, comme elles font déjà elles-même. La vie c’est moche, je suis assez grande pour faire avec. J’assume.
À T+3h30 (1h30 après la dernière prise), on a la sensation d’une descente. La chape se délite et le réel redevient dur. Alors on redrop 5mg. Dix minutes après, mon camarade rajoute 5mg, pas moi. Je mets bonnet et mitaines, m’enroule une écharpe, emprunte le k-way du camarade. Pas trop de souvenir de cette dernière prise. Le réel s’est brièvement éloigné, mais je n’ai pas retrouvé le plateau. La conversations a un peu bouclé sur nos marottes habituelles.
T+4h30 (1h après la dernière prise) : il fait vraiment trop froid, et on commence à s’ennuyer, alors on décale. J’ai faim, mais aucune des provisions de l’ami ne me tente. J’ai envie de boire quelque-chose de goûtu, de bon. Marcher nous redynamise, la stimulation est réelle, me porte comme un ballon dans les courants d’air. Avec quelques degrés de rab, ça aurait été super de traîner toute la nuit. L’ami et moi nous séparons à la gare. Je suis défoncée, mais je n’ai aucun trouble de la coordination. Seule la lecture est inconfortable. Je ne sens pas de trouble de la pensée non plus, à se demander ce que signifie être défoncé, à quoi ça tient ? C’est presque une émotion, quelque-chose de dur et chaud, à l’intérieur. Une certitude.
Je repense au suicide de Tartopom, enfin surtout aux messages qui ont été postés sur le forum. La façon dont les autres ont parlé d’elle. Avec le regard un peu cosmique qui accompagne la dissociation, j’ai le sentiment d’une communauté d’âmes et de destin. Qu’on partage cela, cette curiosité et cette exigence pour le monde, et qu’on a notre rôle à jouer, même s’il n’est clair pour personne. Et que ce regard n'est pas simple à vivre, et mène beaucoup d'entre nous à mourir. En fait, j'ai de la compassion pour nous tous. Je suis contente qu'on existe, parce que le monde est moins moche comme ça. Mais je ressens aussi la douleur qui nous tue précocement, et je le comprends et je nous souhaite la paix (et la force et le courage en attendant).
Retour de l’ami :
"3-Me-PCPy
-prise 5mg par 5mg, ~1h entre chaque prise, petite accumulation. J'ai pas non plus ressenti une accumulation énorme avec ce protocole.
-assez stim (pas comme le speed où l'éveil est plus fort mais malgré ma fatigue, j'ai été bien réveillé et me sentais léger lié sûrement à la disso) et assez empatho, effet disso perceptible mais léger à 5mg, je l'ai plus ressenti quand j'ai redrop plus rapidement à la fin. High assez clair et lucide, pas trop le bordel. Aide dans les interactions sociales mais ne semble pas trop forcé, simple fluidité. Envies assez simples et petit émerveillement/joie dans l'appréhension du monde. Pas un bouleversement. Vision un peu floue mais sans plus, pas d'impression d'halluciner le monde comme j'ai déjà pu avoir.
Un peu trompeur dans la fausse lucidité notamment le manque d'effets disso. J'ai plus ressenti l'effet disso en rentrant, dans un environnement que je connaissais bien (sûrement lié à la reprise rapide à la fin) : les choses me paraissaient différentes et un peu distantes ; perte de repères sur les choses habituelles (sol qui semble et se ressent différemment, équilibre modifié, boîte de médocs comme lointaines et inconnues). Pas des effets spéciaux par rapport à d'autres PCx (3-meo-PCE, 3-HO-PCP -mais que testés en oral) que je connais. Je dirais que c'est moins disso que le 3-Meo-PCE et moins le bordel que le 3-HO-PCP. J'ai trouvé que la stim était moins forte et moins forcée (durait moins longtemps aussi) que sous 3-Meo-PCE mais sûrement aussi parce que je prends des doses plus fortes et en oral.
J'ai pris mes médocs en rentrant, mangé un peu et j'ai pu dormir rapidement après alors que je sentais encore les effets disso mais déjà moins les effets stim. Encore sous (notamment images qui arrivent, de manière peu naturelle, dans ma tête quand je ferme les yeux) mais dodo.
En vrai, je le trouve un peu facile et c'est peut-être pour ça qu'il peut être dangereux avec la fausse lucidité et des redrop compulsifs.
Le lendemain, pas de sensations particulières, assez reposé, pas d'effets perceptibles.
Je pense qu'en soirée avec de la stimulation et le fait de bouger, ça peut être sympa, et dû au manque d'effets disso moins intéressant solo."