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Questions personnelles

Moonshiner

Alpiniste Kundalini
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23 Sept 2013
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Je rentre dans mon atelier, "le troisième oeil ouvert", et je vois ça.
Pour le coup, je ne sais même pas quelle question je dois poser. Je revois donc ma vie, juste elle, très égoïstement. J' ai grandi au bord de l' océan, près de Biscarosse. Je savais déjà à l' époque que j' avais de la chance, que c' était ici et maintenant les belles années. Puis à 19 ans, je me suis engagé, pas dans le sauvetage comme mon père, ce n' était pas ma nature, je ne me suis pas menti. J' ai donc voyagé, suis parti en jungle, dans les Balkans, et ailleurs, j' ai connu des hivers à -35C, des été à +50C, j' ai été tour à tour traqueur et traqué. J' étais soldat. Fantassin. La morale en est discutable, mais je me sentais tellement vivant.
En 2003, ça a été le premier revers. J' étais en perm, sur ma bécane, et un camion m' a coupé la route. Je n' ai rien pu faire. Le temps d' un souffle, et j' étais là, sous ce moteur, mon Monster explosé sur la route, pendant que je me faisais un point de compression en attendant les secours.
Quelques mois plus tard, de mon fauteuil roulant, je lisais les papiers de l' armée qui me remerciait de ces années, et m' invitait à aller voir ailleurs, pendant que ma première fille faisait ces premiers pas.

Il m' a fallu un an, pour recommencer à travailler. Je suis devenu mécano, je réparais l' hydraulique sur les engins lourds. La vie a repris son cours. Mon autre fille est née, je me suis racheté un Monster, et d' autres machines que j' ai retapé doucement.
Avec d' autres gars, on a crée un espèce de "fight club" à moto. On se voyait la nuit, on s' affrontait, on reconstruisait, on partageait, et dès que l' on pouvait, on prenait la route sur quelques milliers de kms, pour aller se perdre dans un désert ou autre chose. C' était ma raison d' être. J' étais loin de chez moi, de mon océan, mais j' existais. C' était tellement vrai, que je me suis fait tatoué le nom de ce club sur tout le long de mon avant bras. Aucun regret. Je savais que j' avais une tumeur cérébrale, mais primo elle ne semblait pas bouger, et secondo, avant qu'elle ne se réveille, je me serais déjà enroulé autours d' un platane avec une de mes bécanes.

..Sauf qu' elle s' est réveillé. Plus tôt que prévu. On m' a percé la tête, drainé du LCR, biopsé, j' ai eu le droit à une chimio expérimentale, j' ai vraiment su ce qu' était la douleur, vraiment.
J' ai rencontré des médecins, des aides soignants, etc.. On m' a dit qu' il fallait que me prépare, que je mette ma famille à l' abri, que je devais rencontrer les psychologues de l' hosto, qu' ils m' expliqueront les choses, qu' il existait un groupe de soutien, enfin bref; que j' allais mourir.
Puis on un neuro s' est avancé, comme quoi il pouvait tenter quelque chose, et que de toute manière, je n' avais plus rien à perdre, qu' il ne me restait pas de quoi atteindre Noël, alors "la casse" dû à cette opération n' était plus à craindre.

Ca a été une période très courte, mais intense. Moins d' une semaine avant la dernière opération, j' ai pris mon surf et je suis redescendu chez moi, sur une plage, pour y passer le week-end entouré d' une poignée d' amis, composée de mes potes d' enfance, et de ceux du club.
Début octobre, on m' a ouvert la tête, pour aller au coeur du cerveau, y chercher cette tumeur grosse comme une balle de golf. (La radiothérapie ne viendra qu' en décembre)
On me l' avait dit "il y aurait de la casse", mais je ne pouvais pas y croire. Pas moi. Pas maintenant.
...Alors je regarde ces machines que j' aime tant, sans me demander "pourquoi", je me lui suis interdit.
Ca a un sens pour quelqu' un ou pour quelque chose, ça? Je n' ai pas l' air d' un tout petit être, presque aveugle et sans équilibre à attendre le jour où j' aurais assez récupéré pour reprendre une de mes moto? Quand viendra-t-il ce jour? Dans 6 mois? Dans 10 ans? Jamais? J' aurais pas pu finir à 20 ans comme mon équipier? Ca valait le coup de lancer une vie pour qu' elle parte en sucette à ce point là? En ai-je seulement fait quelque chose de cette vie? Pourquoi avoir été rassuré pendant ce temps de posséder un "black out" naturel, qui me permettait de ne jamais devenir vieux, et faire marche arrière au dernier moment pour accompagner les miens? Je verrais mes filles grandir, et se marier, ou je ferais une rechute dans 3/4 ans? Il y a une morale à tirer de tout ça? C' est ça ma nouvelle vie? Pourquoi je me souviens de ma vie d' avant comme si tout datait de la semaine dernière? Il y a une sortie à tout ça? Existe-t-il un moyen de m' apaiser? Ce serait arrivé à quelqu' un d' autre, y aurais-je seulement cru? C' est ça "l' exceptionnel"? C' est pas un peu beaucoup pour un seul type? A quel moment j' ai foiré au point d' en arriver là?

Mon passé n' a jamais été aussi près, j' ai l' impression de pouvoir le toucher, mais aussi celle d' être bloqué. Je sais qu' il me manque la réponse, mais je ne sais pas à quelle question, je ne sais même pas si je me suis déjà interrogé convenablement. Alors je me suis dit: Va sur psychonaut, certains ont bien plus voyagé que toi, certains sont plus intelligents, plus ouvert d' esprit, pour une fois, ne reste pas dans l' ombre, va chercher une réponse, là; t' en a besoin.



 
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10 Sept 2011
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Moonshiner a dit:
Ca valait le coup de lancer une vie pour qu' elle parte en sucette à ce point là? En ai-je seulement fait quelque chose de cette vie?

T'as eu tes bons moments visiblement, et tu surtout t'as deux filles. Tu m'as l'air d'être quelqu'un de conscient et d'audacieux, en bref d'assez éveillé par rapport à l'apathie ambiante. Quoi qu'il arrive, même si tu n'es plus là pour elles, ton exemple, ton souvenir et tes gènes seront là pour elles, et je ne doute pas qu'elles en feront quelque chose.

Quand à savoir si ça valait la peine, toi seul peut y répondre vraiment. Mais j'ai ma petite idée là-dessus, et c'est : oui. Oui, ça vallait la peine, parce que ça vaut toujours la peine de vivre, de se battre, d'avancer encore et encore et de ne rien lâcher. Sinon, on reste en position foetale dans son lit à gober ses anxiolitiques jusqu'au jour où on en prendra assez pour ne plus jamais se réveiller, mais pour moi ce n'est pas ça, la vie, et je pense que pour toi non plus, parce que je sens que tu as cette flamme qui brûle en toi.

Toutes les bûches finissent par n'être plus que cendres et suie, mais c'est ainsi que le feu continue. Ne baisse pas les bras, et bonne route, que ce soit dans ce monde ou un autre.
 

E-barrette

Neurotransmetteur
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Je n'ai aucune réponse à tes questions, mais je peux te dire une chose, des fois que ça t'aide. Quand je lis ton texte, j'éprouve deux trucs : de l'envie, parce que ta vécu une sacrée vie apparemment. Et puis de la tristesse, parce que t'es un mec qui a payé cash tout le temps et qui a pas de chance. Une putain de vie forte, trop forte peut-être pour un seul type.
 

GuyGeorge

Holofractale de l'hypervérité
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certains sont plus intelligents, plus ouvert d' esprit, pour une fois, ne reste pas dans l' ombre, va chercher une réponse, là; t' en a besoin.

Pourquoi te met tu d'emblée en position d'infériorité? En tout cas wah, t'as vie a été intense j'ai bien l'impression :) J'ai pas trop saisis la question en tout cas je te souhaite plein de bonheur héhé.
 
D

Deleted-1

Invité
Moonshiner a dit:
En ai-je seulement fait quelque chose de cette vie?




Ba oui, tu as fais l'armée, tu as voyagé à travers le monde en vivant autre chose que le touriste lambda, tu as fondé un "club" de motard, tu bricoles, et surtout tu as fais des enfants en fondant une famille.

C'est déjà plus que 90% des gens de ton âge mec...:grin:

Après pour ce qui est de chercher et donner du sens à sa vie, c'est pas évident quand on est incertain de son avenir, mais si tu veux te rassurer toi même, tu peux poser par écrit ta vie, tu verras que des choses t'en as vécu, et que ce n'est pas rien. Je pense qu'une fois rassuré tu seras plus optimistes quant à ton avenir et surtout en faisant le bilan c'est plus simple de trouver un sens à sa vie.

Mais bon relater le passé ça fait du bien quand on l'a accepté, mais accepter l'avenir quand il n'est pas tout rose ça n'est pas des plus facile. C'est assez difficile d'adopter ton point de vue, c'est clair que la déprime doit influencer tes réflexions, mais pour moi accepter la mort peut t'éviter de te prendre la tête, et continuer d'espérer à côté te maintiendra en vie.

Dans tous les cas je te souhaite que tout se passe pour le mieux, et que tu continueras de vivre tes passions encore longtemps !
 

Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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Devant ton honnêteté, je me sens une grosse merde de branleur spirituel et je me sens pas digne de répondre... tt'as vécu une vie plus que cool, et comme Barette et les autres j'admire. Je me sens pas en situation d'infériorité, parce qu'on a chacun sa vie, c'est à moi de rendre la mienne bien, mais voilà. Total respect.

Je sais pas quoi dire, d'entrée, comme ça, alors puisque tu poses les questions, je vais répondre. Et comme il y en a plein, je vais les voir les unes après les autres. Ce sera toujours ça, à défaut d'avoir de la qualité t'aura de la quantité.

Ca a un sens pour quelqu' un ou pour quelque chose, ça?

Pour moi ça en a. Pour moi, ton histoire fait beaucoup de sens, et là, maintenant, je te suis déjà reconnaissant.

Je n' ai pas l' air d' un tout petit être, presque aveugle et sans équilibre à attendre le jour où j' aurais assez récupéré pour reprendre une de mes moto?

Si, si... on est tous des gamins sur terre, mec. Bienvenue dans la famille j'ai envie de dire !

Quand viendra-t-il ce jour? Dans 6 mois? Dans 10 ans? Jamais?

Le jour où tu remonteras sur une moto ? On t'as dit que tu vas mourir et tout ce que tu veux c'est remonter sur tes motos ? Je crois qu'il y a quelque chose que tu n'as pas compris. J'y connais rien en moto, mais je repense à mon prof de BTS qui faisait de la moto cross de compèt, le meilleur prof de mon BTS. Au moment où on me donne mon diplôme, j'apprends qu'il s'est planté, incapacité en grosse partie, des années de rééduc. Il a dit : "la moto, c'est fini".
Et toi, qui réfléchis au sens de ta vie, là, à moitié mort sur un lit d'hôpital, tu veux remonter sur ta moto ? Désolé mais je comprends pas.

J' aurais pas pu finir à 20 ans comme mon équipier?

Bah non, le monde a besoin de toi, mec. Tes enfants, ta femmes, tes potes, etc. Si tu meurs, au fond c'est pas grave, mais chaque moment vaut la peine. Enfin, avis perso. Et j'ai réfléchis à la question.


Ca valait le coup de lancer une vie pour qu' elle parte en sucette à ce point là?

OUI. Surtout pour que tu vives tout ça.

En ai-je seulement fait quelque chose de cette vie?

TE FOUS PAS DE NOTRE GUEULE, relis le début de ton post. Si tu comprends pas ce que je veux dire, et parce que je veux être clair : OUI !

Pourquoi avoir été rassuré pendant ce temps de posséder un "black out" naturel, qui me permettait de ne jamais devenir vieux, et faire marche arrière au dernier moment pour accompagner les miens?

Sans doute parce que comme moi ça te fait peur de vivre ?

Je verrais mes filles grandir, et se marier, ou je ferais une rechute dans 3/4 ans?

Un truc qui est sûr c'est que tu vas devoir apprendre à lâcher prise et à vivre avec cette question.

Il y a une morale à tirer de tout ça?

Je pense qu'au moment de ta mort, quel que le moment où il arrive, ça deviendra clair. J'en suis à peu près sûr. Une intuition.

C' est ça ma nouvelle vie?

Peut-être bien que c'était ta vie depuis le début mais que tu n'en voulais pas ? Juste une supposition. Je me projette un peu, là.
Il y a des psys qui sont bons pour accompagner ce genre de démarche. Je suis en M1 de psycho clinique et on nous en parle. Il y a moyen de se faire accompagner dans son chemin.

Pourquoi je me souviens de ma vie d' avant comme si tout datait de la semaine dernière?

Aucune idée.

Il y a une sortie à tout ça?

Et une entrée ? Il y a moyen d'y entrer, dans cette vie ? De l'accepter ? C'est plus ma question perso, ça. Comment on fait pour y rentrer ? Parce qu'on en sortira un jour, de toutes façons. Hein? On va bien mourir un jour. Alors, autant bien vivre aussi, plutôt que d'attendre la sortie. En ce qui me concerne, c'est mon chantier personnel.


Existe-t-il un moyen de m' apaiser?

Sûrement. Forcément. Il faut chercher, et tu trouveras.

Ce serait arrivé à quelqu' un d' autre, y aurais-je seulement cru?

Je t'avoue que moi j'ai du mal à croire à ton histoire... et en fait... j'ai envie d'y croire. Parce que c'est beau.

C' est ça "l' exceptionnel"?

Ta vie est exceptionnelle, mec ! Pas parce que tu as voyagé, roulé... plus que les autres. Mais parce que TU AS FAIT CE QUE TU VOULAIS. Ça déjà c'est exceptionnel. Bien joué, clairement.
Ensuite, j'ai l'impression que tu en arrives à cet endroit de la vie où l'exceptionnel, c'est de CHOISIR de vivre. Choisir de vivre. Choisir sa vie.
Voilà, je crois bien que ta vie te propose un choix. Un putain de choix super dur, que t'as pas choisi, justement. Mais que, peut-être, au fond de toi, tu as cherché, inconsciemment ?


C' est pas un peu beaucoup pour un seul type?

C'est trop, clairement, et justement, trop c'est juste assez.

A quel moment j' ai foiré au point d' en arriver là?

T'as foiré que dalle mec. Si tout le monde vivait comme toi, le monde serait meilleur. J'ai pas envie de sortir une phrase du genre "ce serait le paradis sur terre", mais déjà, je dirais... Je dirais que si tout le monde vivait comme toi... TF1 n'existerait pas. Et ça cerait vraiment une bonne chose.
 

papi

Holofractale de l'hypervérité
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Moonshiner a dit:
J' aurais pas pu finir à 20 ans comme mon équipier?

Mon avis par rapport à ca, et, c'est tout con, mais, si t'en à pas fini à 20 ans, c'est que c'est comme ca, point barre, et t'a déjà fait pas mal de choses, pour ce qui est du futur, on peux pas savoir ce qui va se passer...

Après je suis pas d'accord avec SoK, pour moi ca ne vaut pas toujours la peine de vivre, mais bon, c'est comme ca, on à pas le choix, il y a eu des vies plus misérables que la tienne, des vies bien plus belles, maintenant, voilà, on est peu de choses, et on ne peux jamais entièrement maitriser le destin, même si je ne pense pas que les choses soit écrites,

D'après ce que j'ai compris tu sais pas si tu vas survivre, tu te retrouve vraiment confronté à la mort avec laquelle tu a pas mal joué, en étant motard et militaire, non? Et tu a peur, et c'est putain de logique, surtout en sachant que tu laisse des gosses derrière toi, je pense que tu ne peux rien faire d'autre que d'attendre et de voir ce qui va se passer.

Et puis, par rapport, à ce "en ai-je seulement fait quelque chose de cette vie?", je pense que beaucoup de gens se posent ce genre de questions, mais c'est un peu vain, le passé, c'est le passé, on peut pas le réécrire... L'idéal serait encore de ne rien regretter..... Et c'est tout ce que je te souhaite.

En tous cas oui, ta vie à l'air bien plus palpitante que celle de beaucoup de gens, moi y compris, mais bon, j'en ai un peu rien à foutre, comme je le dit, la vie c'est une part de destin, une part de ce que t'en fait... Et ça sert à rien de fantasmer sur la vie des autres, en tous cas ca aide pas à trouver un équilibre. Ma vie j'ai l'impression de l'avoir passée sur mon pc, ou à me faire chier à l'école ou dans des tafs de merde, et a me mettre la race le reste du temps, rien de fascinant mais bon je suis pas non plus à plaindre. Si je voulais vraiment faire des trucs cools, je le ferais et puis voila.
 

Moonshiner

Alpiniste Kundalini
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Merci à tous,
j' ai eu pas mal de lecture grâce à vous, et beaucoup de matière à réfléchir.
Le mieux, pour éviter de sortir une grosse connerie, est de poser avant tout une réflexion sur ces post (je me donne donc la mâtiné pour ça), mais vous avez tous soulevé des points auxquels je n' avais pensé.
Déjà, car dans une vie, on ne peut pas tous être "architecte", ou du moins, pas forcément de choses matérielles. Je dois accepter ça, et effectivement, je dois reconnaitre que ça aurait pu être pire, je n' aurais pu pas me réveiller la dernière fois, ou morbide, ou paralysé.. Et certains n' ont même pas eu ne serait-ce qu' un seul jour à eux, en naissant myopathe par exemple.
Je comprend Soak, mes enfants m' interdiraient de m' interroger sur le fait de les laisser. Je comprend E-barrette, c' était (c'est) une vie forte, ça a sûrement un prix. Je comprend Bijord, je ne sais pas si c' est le fait que je m' infériorise, mais je dois reconnaitre que la pensé, c' est une gymnastique, et d' autres l' ont certainement plus pratiqué que moi. Je comprend Laura, mais tout ce que j' ai vu de la mort, à chaque fois, c' était un immense vide, sans fond. J' ai beau avoir essayé d' y mettre une morale, de la poésie, une rédemption, rien. Que du vide. Je comprend stylo, et papi, qui m' ont l' air d' être plus pragmatique sur la question, et qui eux verraient sans doute quelque chose où on ne peut pas tordre le temps..
..bref, vous m' avez tous donné des info intéressantes, faut que je relise plusieurs fois vos lignes, que je lise entre, et je reviens. Merci
 
M

Mushin

Invité
Salut Moonshiner !

C'est clairement une route compliquée qui s'ouvre aujourd'hui sous tes pas. La sortie, on y arrivera tous, ce qui compte c'est le chemin qu'on décide d'emprunter jusqu'à celle ci en dépit des "obstacles" mis sur notre route.

Loin de la vie à 100 000 à l'heure "physiquement" que tu as eu jusqu'ici (jpense même que la phase de plusieurs mois après ton accident de moto t'avais fait te poser moins de "questions", une fois réparé, c'est reparti en gros, mais corrige moi si jme trompe surtout), là t'as la vie à 100 000 à l'heure psychiquement, et ce genre de "contrainte" dans ta condition actuelle, ça fait forcément avoir des moments avec des grosses remises en questions. Est ce justifié ou inévitable parce que y'a le temps de ruminer?

Je ne connais pas en détail l'étendu des répercussions moteurs de ton intervention, et quand on a un bras ou une jambe cassée, on sait pourquoi on ne peut pas l'utiliser, c'est là, devant nous, visuel, tactile parfois y'a même droit aux odeurs depuis le plâtre. J'imagine que ne "pas voir" pourquoi ça foire, rend la chose encore plus dure à accepter, mais au final c'est "pareil".

Alors 6 mois/1 an, 10? Aucune idée, en tout cas "Jamais" : banni le de ton vocabulaire et de ton mental quand tu travailles ta rééducation. C'est sur que ça peut mettre longtemps, et faut pas se voiler la face, le crainte de la rechute du cancer est omniprésente pendant les 5 années d'examens divers pour confirmer la rémission totale, mais jpeux t'assurer avec certitude qu'en t'en donnant le temps tu verras les bénéfices, en focalisant toute cette énergie "perdue" dans des questions inutiles comme "il est toujours là?" "qu'ai je fais de ma vie?" "quel est le sens?" dans ta rééduc et en acceptant d'avoir "moins de contrôle" sur ton corps à l'heure actuelle pour une période indéfinie, cette période étant fatalement dépendante des efforts mis en oeuvre pour ta rééduc (pas te voir comme un être dépendant des autres, mais en interaction nouvelle avec les autres, c'est un nouveau rapport à l'Autre ... et donc à Soi, son corps, son mental, par extension).

T'es toujours la même personne, avec ton histoire, ton vécu/expérience, tes filles, ta famille, tes potes. Ton corps te semble un peu une cage pour l'instant, et passer devant tes motos doit devenir un moteur supplémentaire, pas une raison "de plus" de baisser les bras. J'imagine que ce doit être terriblement frustrant, qu'il y'a de quoi être en colère, après un peu tout, même soi même, mais "que faire d'autre?".

Oublie pas que c'est comme une jambe cassée, mais là, la restauration de l'état "de base" se fait pas trop par des processus "automatiques" de cicatrisation et le médecin ne peut pas dire "on vous déplâtre dans 2 mois", c'est cette incertitude qui doit parfois être le plus dur à accepter et c'est compréhensible.

Le cerveau, si tu l'encourages à essayer de mobiliser des zones corporelles qui pour l'instant restent inertes ou mal coordonnées, va "recâbler" à force d'essayer, alors ça va revenir progressivement. Je ne dis pas que tu vas récupérer une mobilité parfaite (quoi qu'avec quelques années avec la bonne approche, ça peut faire le taf), ni que tu verras les résultats la semaine prochaine (ou peut être que si après tout), mais surtout, des que tu constateras l'effet bénéfique "visuellement, tactilement, etc" ça va catalyser ta motivation et le travail de rééduc prendra vraiment tout son sens, le premier pas est le plus difficile au final.

Bon, y'a la radiothérapie qui va commencer en décembre, jpense que les médecins ont du t'expliquer que ça serait surement éprouvant, donc perd pas de vue qu'avec une radiothérapie en plus, tu seras plutot fatigué, te jette pas trop la pierre si y'a des moments où t'es pas super motivé pendant cette période quoi, tu restes humain, avant tout ^^.

Au pire, t'étais parti pour pas finir 2013, et au final la route continue encore un bout. En chercher le "pourquoi" n'a pas vraiment d'autre sens que celui que tu lui donnes, où alors le sens se révélera à toi en temps voulu. C'est un grand combat avec toi même qui commence, c'est certain, et y'aura encore des phases de doute qu'il ne faut pas chercher à nourrir en ruminant, mais en verbalisant comme tu le fais là (ici, avec un psy [c'est le "mieux" parce que c'est difficile de faire porter le poids de sa pensée "noire" à nos proches directs sans les affecter et les mettre devant leur propre "impuissance"], avec un pote, bref, faut sortir les trucs de sa tête pour projeter/protéger sa pensée intime sinon c'est une pente risquée que de tout garder).

Cela va faire 1 mois que tu as été opéré, que tout s'est passé très (trop?) vite, t'as encore toute ta tête, la possibilité de communiquer, faut passer par une étape de deuil de ton ancien corps qui semble inévitable pour reprendre possession de ce "nouveau corps" qui au final est le même, c'est """juste""" que la communication nerveuse entre le cerveau et certains muscles est à "recréer" et ces connexions seront nouvelles (pas les mêmes connexions utilisées avant qui étaient putain d'efficaces après XX années de sollicitation, surtout pour chez ex militaire). Enfin nouvelles, pour refaire la route depuis le cortex moteur jusqu’à la moelle épinière, c'est ""que"" cette partie là qui est baisée.

La convalescence va être longue et éprouvante psychiquement et physiquement, mais chaque effort du quotidien est un ptit soleil pour toi et tes proches, et les progrès aussi minces soient ils, sont une victoire de bataille. Quelque soit la finalité de cette guerre interne, l'heure n'est pas à se poser "La question" m'voyez. Mais ça c'est de l'ordre de ton libre arbitre, jdonne juste ma perception de ta situation, c'est ta vie, ce sont tes choix, personne autre que toi ne peut juger si ce que tu vis est franchissable, quels sont tes objectifs etc, mais une chose est certaine, c'est qu'on a des ressources et des expériences de vie qu'on néglige.
La psilo favoriserait la neurogenèse, mais ça c'est juste une idée comme ça hein :D

Et on pourrait dire que "c'est trop pour un seul gars", mais il faut aussi savoir rendre notre propre expérience relative, même si ce qu'on vit personnellement est toujours le plus dur à supporter. *une pensée aux gamins prisonniers des hosto depuis bébés que j'ai pu croiser au taf, qui t'envieraient, ou au moins kifferaient écouter tes histoires d'une vie riche :D, ou aux mecs avec l'algie vasculaire de la face autrement appelée "maladie du suicide", c'était pour les exemples*

Et ta vie continue, toujours aussi riche, même si l'épreuve qui s'impose à toi semble mettre un coup d’arrêt. Un exemple "idiot" mais, transmettre à tes filles/tes proches aussi longtemps que possible, avec l'expérience que tu as et que tu fais actuellement, c'est une richesse qu'elles ne trouveront nulle part ailleurs. Alors ne banni pas tes questionnements (se questionner permet toujours d'aller vers l'avant plutôt que stagner sur des pseudo-certitudes, et toutes les réponses sont en toi au final), mais remet les à leurs justes places et conséquences pour ne pas pédaler dans le mauvais sens. T'es un trompe la mort professionnel qui a l'air de passer expert, respect ^^

Garde la niak en gros, reçois toutes mes bonnes vibes ! Tout ce que jte souhaite c'est de pouvoir un beau matin avoir le grand kiff de refaire une ballade à moto, mais faut accepter que ça puisse demander du temps. Sinon le "sens de la vie" a toujours été le même, ne pas encore avoir trouvé Sa réponse ne signifie pas qu'il n'y en a pas ;)
 

Moonshiner

Alpiniste Kundalini
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..et Mushin apporte carrément une vague au moulin de ma réflexion:

Tu as d' ailleurs clairement raison sur pas mal de choses. Pour mon gros crash en moto, je l' avais vu ainsi: J' allais me retaper, c' était une certitude, une évidence.
C' était qu' une question de temps avant que je remonte, et bientôt, je serais le type au cuir rappé et aux fractures ouvertes qui reste plus rapide. Je m' étonne même d' avoir pu raisonner de cette façon. Même les secours n' étaient au final qu' un "dû". Je ne me souviens même pas (honte à moi) un visage de pompier. J' étais un matricule important qui appartenait à l' état, j' avais vu des gens se prendre des balles et recourir l' année d' après, donc, au même titre que je faisais mon job, ils feraient le leur. C' était incroyablement "con" de raisonner ainsi.
C' est aussi vrai, que le cerveau doit avoir du temps pour se reconstruire. Je crois que j' ai peut-être été "choqué" qu' on "intervienne" sur le mien, car ça reste le siège de l' esprit, de l' âme. Mais au final, nombreux sont ceux qui commencent une vie d' une bien pire manière, et apprennent tous les jours à faire avec, sans rien lâcher. Ceux là sont vraiment forts, de traverser quelque chose qu' ils n' ont pas risqué, sans avoir de compensation, ni même sans espoir d' en avoir même droit à une, un jour, un seul. Je crois que je devrais plus réfléchir à cela.
J' adore les moto qui vibrent, hurlent, crachent des flammes au rétrogradage, se montrent aussi dangereuses qu' elles sont généreuses en sensations.. car ça fait partie des choses que je connais, du "terre à terre qui me fait vibrer". Mais si on avait tous 4 bras, le fait d' en perdre un m' aurait empêché de conduire ce qu' on aurait inventé à la place.. Mais on sait tous que deux bras, c' est suffisant..

J' ai toujours eu peur du temps, ça a toujours été un vrai problème pour moi. Au point que je culpabilise, en me demandant parfois si je n' ai pas moi-même crée cette tumeur, pour fuir au moment où je m' apercevrais que les choses ne peuvent plus être ce qu' elles ont été. Mais c' est vrai que c' est un peu facile de prendre seulement ce que je considérais comme "bien", et éviter ce que j' estimais "pas intéressant". Un combat ne peut en être un, si il est gagné d' avance, et je dois apprendre qu' on ne contrôle pas grand chose, et affronter l' inconnu. C' est difficile bien sûr, mais je n' ai pas le choix, une fois de plus la peur ne sert strictement à rien, seul le temps parle, au fur et à mesure. Au moins, certaines de mes idées toutes préconçues semblent encore valables!
Certes, je n' éteindrais pas mon ordi en me disant que c' est bon, j' ai toutes mes réponses, mais je sais que les bonnes politiques de recherche sont ici.

Toutefois, j' aimerais bien ramener mon grain de sel sur un sujet que j' ai vu dans vos réflexions, souvent ailleurs, et sur ce forum.
Je sais que ça ne va clairement pas plaire à certains, mais après tout, puisqu' on est dans l' échange, autant le marquer ici que pourrir un autre sujet:
Beaucoup voit en la mort une sorte de "libération", de "récompense", de "passage", ou autre chose. Bien sûr, je ne suis pas revenu d' outre-tombe pour donner la bonne parole, mais de ce que j' en ai vu, de plus ou moins prêt, à chaque fois, c' est "vide". Les gens existent encore tant qu' on parle d' eux, tant qu' on s' en souvient, puis plus rien. C' est fini. Mais je me trompe peut-être, j' espère d' ailleurs, car c' est trop illogique.

Ouch.. J' ai pas fini de cogiter..
 

uroborus

Neurotransmetteur
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Étant croyant, mon avis sur la question est clairement orienté. Curieusement, tu n'as pas évoqué la question de Dieu, de l'au-delà. Ça reviendrai à accepter ta condition et il semble que ce ne soit pas exactement le cas pour le moment, puisque tu es, sauf erreur, plus tourné vers le passé. J'aime à penser que de nombreux problèmes existenciel, pourtant très concret, trouve leur réponses dans la culture littéraire ou cinématographique, qui elle même, quand il s'agit d'oeuvre de qualité, sont largement influencé par des réflexions mené par d'émminent philosophe. En plus des éléments de réponses pertinents qui t'on été apporté, ton histoire m'a beaucoup touchée. Je ne pense pas que ta vie a été mené en pure perte, le fait que tu le pense, cependant, suggère une grande humilité en toi. Respect.
Il y a un film que tu pourrais voir, méconnue, mais peut-être pas tant que ça chez les psychonauts, c'est L'échelle de Jacob, réalisé par Adryan Line. Une oeuvre bouleversante. Voilà pour les références.

Autrement... Et c'est tout à fait personnel, peut-être déplacé aussi... La vie, en soit, c'est déjà une forme de rêve plus ou moins lucide. Il faut s'interroger sur la relation rêve/réalité. Dans quel mesure tes rêves influent sur ta vie éveillé? Dans quel mesure ta vie influera sur celle d'après? C'est une façon commode de relativiser. J'ai rencontré des gens formidable, en rêve, des personnes que j'ai vraiment aimé, comme s'il s'agissait d'une vie pleinement vécu. Devrais-je les oublier, m'en moquer, parce qu'il "ne" s'agit que de rêves? Je préfère être dans cette optique où chaque réalité se valle et me construisent que de penser que la réalité est absolue. Celà me semble plus optimiste et constructif. Quelque soit la réalité, donc, fait en sorte de ne pas éprouver de regret.
 

Moonshiner

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Ta question est intéressante Uroborus, aussi, excuse moi si je n' arrive pas à répondre au mieux, mais voilà ce que je pense de dieu:
Lors de ma dernière session à l' océan, la nuit venue, on s' est assis autours d' un feu sur la plage, et j' ai fait un voyage sous Salvia, juste ce qu' il fallait. Ca reste un (le?) des plus beaux moments que j' ai connu:
Tout m' a paru magnifique, le ciel était d' une profondeur indescriptible, le sable était plus fin que tout, et pourtant j' avais l' impression que je pouvais en voir chaque grain. La forêt derrière, éclairée de temps en temps par des orages lointains.. Je n' ai jamais rien vu d' aussi beau, jamais. Je sentais les vagues "à l' intérieur de moi", ça dépassait tout ce que j' avais pu imaginer. Au cours de ce voyage, j' ai senti en permanence une "présence", comme si cette dernière était l' auteur de tout ce que je voyais à ce moment là, qu' elle était à l' origine de toute cette logique qui nous échappait. "Quelque chose" de ni bon, ni mauvais, ni homme ni femme, "quelque chose" qui ne juge pas, qui ne punit ni ne récompense. "Quelque chose" de bien au-dessus de nous, qu' on a pas la possibilité de saisir, qui nous dépasse trop, presque une équation. Je crois que Dieu, c' est cela.

J' ai, comme chacun j' imagine, envisagé le fait qu' une vie pourrait ne pas en être une, n' être qu' un rêve. Par exemple, la première fois où j' ai eu très chaud, je me suis assis le soir, j' ai regardé mon casque, et me suis dit que je devrais être mort. Que c' était peut-être ça la réalité. Que j' étais étendu par terre en train d' agoniser, et que pendant cette dernière fraction de seconde, mon cerveau était en train de me pondre une vie entière, parfaitement réelle dans les moindres détails, pour que la fin me paraisse moins pénible. Mais l' idée que ma propre famille ne soit pas "vraie" m' est trop insupportable.
Tu parles aussi de regret, c' est quelque chose qui revient souvent, et que je dois vraiment travailler je pense. C' est même une "clé" à mon avis.
J' ai déjà entendu parler de "L' échelle de Jacob", ainsi, il faut vraiment que je le voie maintenant!
 

Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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Je cerne un peu mieux la problématique.

Je ne saurais trop plussoyer l'avis de Mushin, qui a de l'expérience en milieu hospitalier et qui, pour ce que je connait de lui, n'a pas l'habitude de raconter des conneries pour se rendre intéressant.

J'ai pas grand-chose à dire de plus, parce que je doute que mon avis serve à grand-chose... c'est vrai que moi je suis plus du versant mort=Dieu=libération, que j'ai la foi, etc... du coup pour moi le plus dur c'est pas la mort, c'est la vie, et c'est pas un mince problème en ce qui me concerne. Mais ça apporte peut-être pas grand-chose, au final.

MAIS j'ai un peu rebondi sur ça :
Au point que je culpabilise, en me demandant parfois si je n' ai pas moi-même crée cette tumeur, pour fuir au moment où je m' apercevrais que les choses ne peuvent plus être ce qu' elles ont été.

On a eu un cours en master, sur la question de l'annonce de la maladie, du traitement dur à encaisser, de l'accompagnement, etc.

De nos jours, en psycho du trauma et de la maladie, on fait très attention à NE PAS faire de la psychosomatique de bas étage, du genre "Elle a tellement mal vécu son divorce qu'elle en a fait un cancer." On évite parce que c'est dangereux.

MAIS on considère que si ça arrange le patient de considérer que sa maladie est due à quelque chose de mal qu'il a fait, donc qu'il l'a mérité, alors on peut accompagner le patient dans sa culpabilité, sans la juger, puisqu'elle donne du sens. On n'est pas là pour dire à la personne d'où vient son mal, mais pour l'aider à traverser l'épreuve.

Voilà, je tiens cette info de seconde main (cours de psycho clinique), donc ça vaut ce que ça vaut.
 

Moonshiner

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Stylo, tes raisonnements m' ont beaucoup enrichi. Je n' avais "pas pris la place" à laquelle toi, tu pouvais te tenir pour réfléchir ainsi.
Tu dis avoir la fois, être croyant, et c' est peut-être toi le plus près de la vérité, je n' ai jamais eu la prétention de répondre à une question pour laquelle personne n' a jamais su répondre, ce qui est d' ailleurs le principe de la fois. Je me suis au final, fait ma propre description de Dieu, mais peut-être lui ai-je choisi une forme qui m' arrange, je ne sais pas. J' aime l' idée que je m' en suis faite, car ça m' a paru possible, rassurant.
Et par tes propos, je découvre au passage que je suis bien un (ex)malade comme les autres, avec mes propres valises. Entre nous, je me suis toujours arrangé pour déposer ma culpabilité là où je pouvais l' oublier, et j' espère bien me débarrasser de celle-ci maintenant, car elle me pèse énormément..
 

Raøul

Banni
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Moonshiner a dit:
J' ai, comme chacun j' imagine, envisagé le fait qu' une vie pourrait ne pas en être une, n' être qu' un rêve. Par exemple, la première fois où j' ai eu très chaud, je me suis assis le soir, j' ai regardé mon casque, et me suis dit que je devrais être mort. Que c' était peut-être ça la réalité. Que j' étais étendu par terre en train d' agoniser, et que pendant cette dernière fraction de seconde, mon cerveau était en train de me pondre une vie entière, parfaitement réelle dans les moindres détails, pour que la fin me paraisse moins pénible. Mais l' idée que ma propre famille ne soit pas "vraie" m' est trop insupportable.

Haha ! Regarde vite l'échelle de Jacob alors, ça pourrait te faire cogiter sur le temps, la vie et la mort. Si tu meurs avant de l'avoir vu, tu vas rater ta vie, de plus le personnage principal est un ancien militaire, comme toi. Par contre, c'est un film qui demande souvent plusieurs visionnages.
 

Moonshiner

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c'est un film qui demande souvent plusieurs visionnages.

Pas de soucis!! Mes journées sont plutôt légères maintenant
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Stylo 2.0

Holofractale de l'hypervérité
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Tout m' a paru magnifique, le ciel était d' une profondeur indescriptible, le sable était plus fin que tout, et pourtant j' avais l' impression que je pouvais en voir chaque grain. La forêt derrière, éclairée de temps en temps par des orages lointains.. Je n' ai jamais rien vu d' aussi beau, jamais. Je sentais les vagues "à l' intérieur de moi", ça dépassait tout ce que j' avais pu imaginer. Au cours de ce voyage, j' ai senti en permanence une "présence", comme si cette dernière était l' auteur de tout ce que je voyais à ce moment là, qu' elle était à l' origine de toute cette logique qui nous échappait. "Quelque chose" de ni bon, ni mauvais, ni homme ni femme, "quelque chose" qui ne juge pas, qui ne punit ni ne récompense. "Quelque chose" de bien au-dessus de nous, qu' on a pas la possibilité de saisir, qui nous dépasse trop, presque une équation. Je crois que Dieu, c' est cela.

On a tous besoin de s'en faire une "image", de Dieu, à partir du moment où ça nous arrange d'y croire ou d'y penser. Et ton expérience m'a l'air vraiment bien. De mon point de vue, avec ma grille de lecture, j'ai envie de dire "tu as fait l'expérience de Dieu", mais je suis personne pour en juger, parce que c'est ta vie.

Mais ouais, ouais, je te dirais d'aller dans ce sens. Je pense qu'il y a quelque chose qui nous dépasse profondément, quelque chose qui n'est pas dépassé du tout, "lui". Quelque chose d'indépassable, donc, et qui rassure profondément parce que ça laisse un sentiment de plénitude. Michel Foucault parle de "comfort des vérités terminales", ça veut bien dire ce que ça veut dire.

Après, en ce qui me concerne, la partie sportive, c'est d'incarner cette croyance, cette pensée, dans le quotidien, qui lui est tout sauf rassurant, parfois.

Ça veut dire qu'en chaque instant de ma vie je dois me souvenir que Dieu est là ? Boarf dur. Très dur.

Mais je crois que le jeu en vaut la chandelle, même si je rate, même si je tombe, même si j'oublie. J'y reviens à chaque fois. Pour moi c'est ça la foi : quelque chose qui grandit, qui n'est jamais fini.
 

Moonshiner

Alpiniste Kundalini
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En tout cas Stylo, même si j' aime l' idée que je m' en suis faite, même si j' aime découvrir si les autres y croient, ou pas, pourquoi, etc, une chose est sûr: Je ne veux pas connaître la vérité!!
(..si l' on considère que ce qui est vrai pour l' un, l' est pour tous)
 

Mr.G

Holofractale de l'hypervérité
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Brr le chat plein d'encre n'aime pas communiquer. Dommage qu'un simple écrit est déranger la plume. Je ne trouve pas de nom d'oiseau pour quelque chose qui ne vole pas.
 
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