Tridimensionnel a dit:
@Payere de quel œil est-ce que tu regardes le vaudou ?
J'aimerais pouvoir pondre une super réponse, argumentée et tout, mais je connais rien au vaudou… Dans les semaines qui arrivent ça risque de changer par contre ^^
EEEEEHeh a dit:
Je n'irai pas juqu'à dire qu'ils "copient" mais effectivement je pense que ça vient des anthropologues de l'époque d'Elliade. C'est une vision un peu datée maintenant mais il cherchait une espèce de "mythe fondateur et universel", qui aurait existé dans les premières formes de civilisation ou de tribus, et aurait été décliné ensuite par les différents groupes séparés géographiquement.
Et on a commencé à s'intéresser au chamanisme à ce moment là, enfin nous les occidentaux. Mais la vision du sauvage primaire plus proche de l'humain authentique, moins façonné par la civilisation, est plus ancienne que ça. Je pense que c'est ce qui fait qu'on a encore le reflexe de regarder de ce côté là, le chamanisme ou les religions indiennes et orientales, quand on rentre en réaction avec le monde technique et scientifique. Le combat entre l'église et les sciences a été mené à l'époque des lumières et les secondes se sont imposées, normal qu'on aille voire ailleurs.
Les occidentaux (enfin quelques spécialistes occidentaux) se sont intéressés au chamanise avant. J'ai pas les dates précises, mais déjà fin du 19ème t'as des marques d'intérêts de leur part envers le "chamanisme".
La vision du sauvage dont tu parles est une des deux grandes visions de l'altérité qui ont traversées l'histoire, à savoir :
- Le "mauvais sauvage"
- Le "bon sauvage"
Un exemple avec la découverte des Amériques, t'avais au début cette vision répugnante des vilains hommes nus et anthropophages. Un bouquin d'un voyageur du 16ème s'appelle d'ailleurs "
Nus, féroces et anthropophages".
Mais un peu plus tard a émergée la vision du "bon sauvage", laquelle a atteint son apogée avec Rousseau et Diderot. Je cite le premier, dans son
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes :
"Plus on y réfléchit, plus on trouve que cet état [l’état primitif] était le moins sujet aux révolutions, le meilleur à l’homme, et qu'il n'en a dû sortir que par quelque funeste hasard qui pour l'utilité commune eût dû ne jamais arriver. L'exemple des sauvages qu'on a presque tous trouvés à ce point semble confirmer que le genre humain était fait pour y rester toujours, que cet état est la véritable jeunesse du monde, et que tous les progrès ultérieurs ont été en apparence autant de pas vers la perfection de l'individu, et en effet vers la décrépitude de l'espèce.
Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d'un commerce indépendant : mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre ; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles"
Il suffit d'aller visiter les rayons d'une librairie, de se balader sur internet, ou d'aller dans une biocoop -ok elle est facile- pour voir quelle vision est la plus populaire aujourd'hui… Evidemment, de ces deux visions présentées plus haut, aucune n'est valable. Enfin, juste pour dire que pour trouver d'où vient cet attrait pour l'ancien, le sauvage/primitif, l'authentique ou le traditionnel, il suffit de regarder l'histoire et le rapport à l'autre au travers des époques.