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[Passé Sauvage] Nouvelles spiritualités: la fin des religions ?

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Invité
Quand aujourd'hui la commission d'enquête sur la pédocriminalité annonce que 330 000 mineurs ont été victimes de violences sexuelles depuis 1950 dans l'église, avec un calcul horrifique qui nous porte sur environ 4650 "cas" par an sur 70 ans, avec les casseroles que se trainent certaines religions, le désenchantement du monde est forcément inévitable et déjà consommé.
Il restera les irréductibles partisans du dogmatisme.

Un dispositif de pouvoir c'est jamais bon où qu'il se trouve.
 

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Holofractale de l'hypervérité
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30 Oct 2011
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Cool la video, analyse interessante, dommage que ça reste autant en surface et le ton un poil trop "hautain" m'as un peu dérrangé (on sens un regard extérieur avec un opinion non neutre).

Ce qui me soulève d'ailleurs une question à la quelle je n'avais jamais réfléchis:
Pourquoi quand on étudie avec intêret et curiosité des vieux peuples traditionnels pratiquer ce genre de religion, alors que si ce sont des occidentaux, on y apporte un regards plus "réducteur" ? Les personnes qui font ces analyses ont-elles conscience de ces biais ?
 
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Invité
La différence fondamentale c'est que les peuples occidentaux "copient" les peuples traditionnels. Et copier c'est un bien grand mot, ce ne sont le plus souvent que des visions archi biaisées des réalités vécues par ces différents peuples. L'exemple le plus simple et parlant qui me vient à l'esprit c'est le cas du "chamanisme - entre guillemet car le terme seul pose déjà problème. J'avais partagé cet article quelque part sur le forum -où ?

https://journals.openedition.org/terrain/16597

Mais en gros dans le cas du "chamanisme", ou plutôt du néo-chamanisme, l'occident à une vision du "chamanisme" comme d'une chose unifiée et bien définie, avec en plus une vision romantique de la plus vieille religion du monde, le truc authentique par excellence et tout. Alors qu'en pratique, il en est tout autrement. Je cite l'article :

"En Occident, d’autres formes encore de néo-chamanisme sont nées dans la mouvance New Age des années soixante, à la suite des ouvrages de Mircea Eliade (1951) puis de Carlos Castaneda (1968) et de Michael Harner (1980). Autant l’approche anthropologique est marquée par une atomisation des phénomènes « chamaniques » qui seraient, on l’a vu, tous singuliers, voir incomparables, autant le néo-chamanisme occidental se fait fort d’y voir une, sinon la religion primitive par excellence. Il propose une cosmologie uniformisée recomposant plusieurs thèmes (maladie initiatique, dévoration du corps, esprits auxiliaires, voyages de l’âme) et recombine pour parvenir à cette autre réalité des techniques d’accès élaborées dans différents contextes culturels comme par exemple le tambour évoquant la Sibérie ou les substances psychotropes associées à l’Amazonie."
 

Tridimensionnel

Holofractale de l'hypervérité
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@Payere de quel œil est-ce que tu regardes le vaudou ?
 

Canin

le Hutin (EEEEEHeh)
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3 Avr 2020
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Je n'irai pas juqu'à dire qu'ils "copient" mais effectivement je pense que ça vient des anthropologues de l'époque d'Elliade. C'est une vision un peu datée maintenant mais il cherchait une espèce de "mythe fondateur et universel", qui aurait existé dans les premières formes de civilisation ou de tribus, et aurait été décliné ensuite par les différents groupes séparés géographiquement.
Et on a commencé à s'intéresser au chamanisme à ce moment là, enfin nous les occidentaux. Mais la vision du sauvage primaire plus proche de l'humain authentique, moins façonné par la civilisation, est plus ancienne que ça. Je pense que c'est ce qui fait qu'on a encore le reflexe de regarder de ce côté là, le chamanisme ou les religions indiennes et orientales, quand on rentre en réaction avec le monde technique et scientifique. Le combat entre l'église et les sciences a été mené à l'époque des lumières et les secondes se sont imposées, normal qu'on aille voire ailleurs.
 
V

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Invité
Tridimensionnel a dit:
@Payere de quel œil est-ce que tu regardes le vaudou ?

J'aimerais pouvoir pondre une super réponse, argumentée et tout, mais je connais rien au vaudou… Dans les semaines qui arrivent ça risque de changer par contre ^^

EEEEEHeh a dit:
Je n'irai pas juqu'à dire qu'ils "copient" mais effectivement je pense que ça vient des anthropologues de l'époque d'Elliade. C'est une vision un peu datée maintenant mais il cherchait une espèce de "mythe fondateur et universel", qui aurait existé dans les premières formes de civilisation ou de tribus, et aurait été décliné ensuite par les différents groupes séparés géographiquement. 
Et on a commencé à s'intéresser au chamanisme à ce moment là, enfin nous les occidentaux. Mais la vision du sauvage primaire plus proche de l'humain authentique, moins façonné par la civilisation, est plus ancienne que ça. Je pense que c'est ce qui fait qu'on a encore le reflexe de regarder de ce côté là, le chamanisme ou les religions indiennes et orientales, quand on rentre en réaction avec le monde technique et  scientifique. Le combat entre l'église et les sciences a été mené à l'époque des lumières et les secondes se sont imposées, normal qu'on aille voire ailleurs.

Les occidentaux (enfin quelques spécialistes occidentaux) se sont intéressés au chamanise avant. J'ai pas les dates précises, mais déjà fin du 19ème t'as des marques d'intérêts de leur part envers le "chamanisme".

La vision du sauvage dont tu parles est une des deux grandes visions de l'altérité qui ont traversées l'histoire, à savoir :

- Le "mauvais sauvage" 
- Le "bon sauvage" 

Un exemple avec la découverte des Amériques, t'avais au début cette vision répugnante des vilains hommes nus et anthropophages. Un bouquin d'un voyageur du 16ème s'appelle d'ailleurs "Nus, féroces et anthropophages".

Mais un peu plus tard a émergée la vision du "bon sauvage", laquelle a atteint son apogée avec Rousseau et Diderot. Je cite le premier, dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes :

"Plus on y réfléchit, plus on trouve que cet état [l’état primitif] était le moins sujet aux révolutions, le meilleur à l’homme, et qu'il n'en a dû sortir que par quelque funeste hasard qui pour l'utilité commune eût dû ne jamais arriver. L'exemple des sauvages qu'on a presque tous trouvés à ce point semble confirmer que le genre humain était fait pour y rester toujours, que cet état est la véritable jeunesse du monde, et que tous les progrès ultérieurs ont été en apparence autant de pas vers la perfection de l'individu, et en effet vers la décrépitude de l'espèce.

Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d'un commerce indépendant : mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre ; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles"

Il suffit d'aller visiter les rayons d'une librairie, de se balader sur internet, ou d'aller dans une biocoop -ok elle est facile- pour voir quelle vision est la plus populaire aujourd'hui… Evidemment, de ces deux visions présentées plus haut, aucune n'est valable. Enfin, juste pour dire que pour trouver d'où vient cet attrait pour l'ancien, le sauvage/primitif, l'authentique ou le traditionnel, il suffit de regarder l'histoire et le rapport à l'autre au travers des époques.
 

Biquette

Modo vache qui rend chèvre
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5 Fev 2013
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4 874
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Ce qui me soulève d'ailleurs une question à la quelle je n'avais jamais réfléchis:
Pourquoi quand on étudie avec intêret et curiosité des vieux peuples traditionnels pratiquer ce genre de religion, alors que si ce sont des occidentaux, on y apporte un regards plus "réducteur" ? Les personnes qui font ces analyses ont-elles conscience de ces biais ?

Est-ce vraiment un biais ? On parle de pratiques intensément codifiées au sein de sociétés traditionnelles, donc au coeur d'un ensemble d'usages et de représentations culturelles communes définissant le rapport au monde des individus qui la compose, et qui, par-là, leur permet de se différencier de leurs voisins. On est quand même dans un cadre bien planté et d'une certaine profondeur d'étude.

Dans le cas du néo-chamanisme occidental, on part de l'individu qui se fait sa petite liste de courses spirituelles et pioche un peu où bon lui semble, en s'appropriant de manière complétement déconnectée de leur contexte de nombreuses croyances. La question du sacré et du profane n'a plus cours selon les termes habituels, puisqu'il est possible de tout mélanger (comme l'a mieux expliqué mon VDD on retrouve cette opposition projetée dans l'antagonisme naturel/technologique). Plus de tradition là-dedans, que du très moderne.

La différence de traitement tient à mon avis à plusieurs choses, la première déjà expliquée par mon VDD c'est que la quête idéaliste d'un "Homo Naturalis" a laissé des traces chez les académiciens, même si les méthodes et outils sont sujets à des réformes constantes, et bien les recherches du passé continuent de nous influencer.
- Ensuite y a l'aPprOpriATion CULturElle, c'est usant à la longue d'observer la mondialisation En Marche et de voir nombre de contenus de recherche appauvris et distordus, puis de voir ces même contenus régurgités par le capitalisme sous une forme bâtarde et bien emballée de plastique (voir purement détruits par celui-ci). Ce qui explique peut-être en partie le ton condescendant de la vidéo.
- Le dernier point découle du premier, une affaire d'idéologie toujours, la sécularisation de l'occident a poussé à chercher la magie ailleurs dans un contexte où l'on décrit la modernité occidentale comme "désenchantée". Sauf que bah non, le primate occidental n'est pas plus rationnel et moins croyant que ses cousins du ponant (encore les effets résiduels de discours idéologiques dépassés sur la prétendue supériorité de l'homme blanc éclairé par les lumières de la raison), et ça je pense qu'il a fallu attendre la 2ème moitié du XXème siècle pour que la recherche commence à s'en rendre compte. Je dis peut-être une grosse connerie hein, j'y connais rien en anthropo.

Et enfin et surtout, parce que "ces religions" sont incroyablement diversifiées et sont une trace mourante de la richesse humaine, là où les syncrétismes occidentaux tendent à la simplification des concepts et à la création de melting-pots plus ou moins codifiés (y a qu'à voir les rainbow gathering, un ensemble de codes informels pour vivre ensemble et un gros fouillis spirituelo-pouet-pouet où chacun y va de son interprétation du monde toute individuelle).

Après je suis d'accord avec l'idée, l'omniprésence du spirituel dans le fait humain devrait pousser à l'observer pour ce qu'il est, et non pas pour ce qu'on aimerait qu'il reste (ou devienne).
 
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