tagomago
Elfe Mécanique
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Salut tout le monde :grin:.
J'ai vécu un trip un peu particulier hier soir et j'ai eu envie de venir le raconter ici.
Contexte
Mardi 4 février 2014, 19h. Je suis allongé sur mon canapé en train de lire Sur la Route de Jack Kerouac.
Rétrospective. Cette année il y a eu un trip LSA qui remonte à septembre, un aux champis pour le nouvel an et les habituels verres et joints du week end. Cette pensée fait irruption dans ma boite crânienne alors que je suis plongé dans mon bouquin – comme ça, allez savoir pourquoi – et je me dis que je prendrais volontiers quelque chose ce soir. Ces derniers temps j'ai été beaucoup plus calme avec la drogue. Parce que j'avais envie de faire d'autres choses, mais l'envie m'en manquait simplement aussi ; cette envie qui vient d'entrer en scène.
Je commence à être excité par la possibilité de voyager dans mon inconscient. Mais avec quoi ?Il me reste des champis, deux-trois RCs psychédéliques et de la methoxetamine. Je réfléchis pas très longtemps parce que je sens une réelle réticence à l'idée de tripper seul avec des psychés. Je l'ai déjà fait, mais la dernière fois m'avait laissé un souvenir assez moyen alors mon choix se porte sur la petite mixie. Je repense aux quelques fois où je suis allé assez loin avec elle, à comment c'était brouillon, et je me dis que ce soir on va essayer de faire ça proprement : une seule prise, noir complet du début à la fin. Je range tout ça dans un coin et vaque à mes occupations.
À 20h30 je me prépare un repas léger et le mange en réfléchissant à la suite des opérations. J'ai un ami au téléphone. Il me propose de partir en week end dans le mois, ça me met de bonne humeur. Puis mes parents. Ils s'inquiètent un peu, ils trouvent que j'ai pas l'air en forme et me posent ds questions. Le moral retombe, case départ. C'est vrai que je suis un peu à l'ouest ces derniers temps. Y a des phases comme ça où je navigue dans le brouillard, à tâtons ; j'oscille rapidement entre les différents pôles de la cartographie des humeurs, ne sachant plus trop ce que je veux faire de ma vie. Alors je me dis sans trop y croire que si ce trip pouvait clarifier certaines choses, ça serait cool.
21h. Je prends une douche et m'attelle à la tâche. Je décide de prendre 50mg directement, une seule prise. J'avais plutôt pour habitude de faire des petites traces de 20mg et d'y revenir, mais là j'ai pas envie de devoir faire de redrop. Je veux qu'il y ait un début et une fin, je veux m'imposer ça. De mon expérience 50 mg paraît être une bonne dose pour partir suffisamment loin tout en gardant un certain contrôle s'il le faut. En plus j'avais pas touché à la MXE depuis l'été donc tolérance 0 à priori.
Je pèse, dispose la poudre sur une étagère, roule une paille avec un post-it et inspire tranquillement. Casque sur les oreilles je me glisse sous la couette et éteins la lumière. Ça va vous paraître con, mais j'ai changé les draps le jour même alors je me sens vachement bien. Si on pouvait s'endormir tous les soirs dans des draps propres ça serait vraiment génial. Je ferme les yeux et me laisse aller.
Hum … il manque pas un truc hasard garçon ? Putain la musique ! Décidément je suis même pas assez concentré pour prendre de la drogue correctement, ça me fait marrer.
Je navigue dans la liste d'artistes et m'arrête sur James Holden, l'album The Inheritors. Je l'écoute beaucoup en ce moment, il est en passe de rejoindre Boards of Canada et Klaus Schulze dans mon panthéon de la musique électronique (oui c'est un cercle très fermé
aranoid.
Bon là ça y est, on est partis. Pendant les 3 premier morceaux je ne ressens encore rien, attendant paisiblement la montée en appréciant la musique. Au cours de la 4ème piste je sens que ça commence. On peut dater le début des effets à T+20min. Je construis des dialogues dans ma tête, ça vient tout seul. À un moment mon interlocuteurs me pose une question à laquelle je n'arrive pas à répondre. Il se met à rigoler et je rigole aussi, de toutes mes dents. Je me dis que ça doit être marrant de voir un type allongé dans le noir se marrer comme ça en écoutant de la musique et je ris de plus belle.
Le morceau s'arrête et on passe au suivant. Changement de décor cérébral, le dialogue disparaît et je me retrouve suspendu dans le vide. Je reconstitue rapidement les évènements, me souviens que durant le précédent morceau j'avais élaboré une discussion et cherche à la reprendre. Surtout, je cherche à retrouver la question à laquelle je n'avais pas su répondre, sans succès. Ça commence à m'obséder. De plus en plus. À cette pensée qui gonfle dangereusement s'en greffe une seconde, salvatrice : lâche ça vaut pas le coup, laisse toi entrainer par le courant et accepte. Ça me vient comme une évidence, l'autre pensée dégonfle comme un ballon de baudruche et s'évanouit dans les limbes de mon inconscient.
Je me dis que c'est le théâtre magique du roman Le Loup des Steppes de Hermann Hesse. « Seulement pour les fous ». Chaque morceau est alors une porte ouverte sur un univers, une facette différente de l'âme humaine. Le dialogue n'avait de sens qu'au moment où il s'est déroulé, maintenant c'est fini, on passe à autre chose et on garde le mouvement. Je me plais à l'idée d'explorer ce théâtre.
Le temps que je pense tout cela on arrive au 5ème morceau. Je crois que c'était alors le plateau qui pointait le bout de son nez, on peut donc le placer grossièrement à T+30min. Mais il faut savoir que chez moi quasiment tous les produits tendent à monter plus rapidement et durer moins longtemps que ce que je vois habituellement indiqué.
Ça devient vraiment très intéressant. Je suis totalement dissocié. Mon esprit, libéré de l'emprise corporelle, navigue dans des paysages oniriques et vaporeux en noir et blanc. Je me sens libre et dans le « vrai » (c'est une sensation récurrente avec la mxe, je me sens être là où je devrais être, une fois j'avais comparé ça avec un retour à l'état pré-natal).
Je vous propose d'écouter le morceau que j'écoutais à ce moment là :
Vers 1min20 il y a un orgue qui entre en scène. J'ai alors eu une vision, une espèce de temple amérindien qui descend du ciel. Je rentre dedans et me ballade dans diverses salles aux dimensions inhumaines bordées de statues représentant des divinités et de colonnes qui touchent un plafond que je peine à distinguer. C'est vraiment beau. Beau et impressionnant, quasi religieux.
Quand le morceau se termine le temple disparaît avec lui et je me retrouve à nouveau suspendu dans le vide.
La suite est beaucoup plus confuse. Je sais que peu après j'ai eu un flash de réalité et j'ai dû me lever pour aller pisser. Je me disais que j'étais en train de tout gâcher en faisant ça. Mais à peine la lumière à nouveau éteinte je retrouvais ce monde magique, le sourire aux lèvres. La suite des évènements va être difficile à relater de façon précise mais je vais tout de même essayer de poser par écrit ce dont j'arrive à me souvenir.
Tout d'abord il y a eu cet état d'esprit qui revenait régulièrement. Je cherchais à mettre la main sur le moment présent, à l'attraper pour comprendre le présent le passé et le futur. J'avais encore une touche de lucidité donc je pouvais grossièrement observer les contours de ma vie. Je me disais « t'es défoncé ; à côté de ça il y a ton état normal ; essaye d'y ramener quelque chose de ce qui se passe actuellement ». Je voulais vraiment croire que je vivais un moment important, il y avait quelque chose de l'ordre de l'extase tellement je faisais du moment présent toute la structure de ma pensée, de mon être, et je suivais son mouvement. Puis je suis dit qu'il n'y avait pas de mouvement. Ou plutôt que si, justement il y a un mouvement, mais il est perpétuel, il ramène du pareil au même. Minutes, Heures, jours, saisons, vie … À non la vie a une fin, c'est justement pour ça qu'on l'appelle vie. Merde. Comment on fait ? C'est quoi cette anomalie dans le système ? Je repensais à cette phrase de Kerouac tirée de Sur la route : « Ma garce de vie s'est mise à danser devant mes yeux, et j'ai compris que quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie ».
Uh, uh, ça alors … J'ai tout relativisé. Plus rien n'avait d'importance, parce que dans tous les cas on est perdants, on meurt. Donc ce qui compte c'est le chemin, l'aller-vers, l'élan, le mouvement. On s'en fout bien de réussir, tout ça est un jeu qui nous est donné à nous autres, magnifiques accidents biologiques.
Toute cette idée était terriblement inspirante pour un être dissocié. Sobre bon ça l'est déjà un peu moins, certains faits de la réalité nous rattrapent, bien sûr … Mais ça n'en reste pas moins le cadre intangible de l'existence. On ne peut pas se réconcilier avec la mort sans l'accepter.
Ensuite il y a eu un moment où j'ai cru atteindre un état de « hole ». Ça devait être à environ T+1h. J'ai été emporté par un tourbillon et je me suis retrouvé sur la crête d'une espèce de montagne. Tout contact avec mon corps était rompu. J'ai marché un peu, puis j'ai pivoté d'un quart de tour. En face : l'infini étoilé. Au milieu : un visage au regard perçant. Il me fixait, sans sourciller. Je me demandais de qui il pouvait bien s'agir. Le temps de réfléchir il disparaissait, la montagne, les étoiles et moi avec lui.
Arrivé là je me souviens avoir navigué dans divers paysages mixiques, me questionnant sur le temps, l'espace, l'existence, et moi et nous au milieu de tout ça.
Quand The Inheritors fut terminé j'ai mis l'album Schwingungen de Ash Ra Tempel. Du krautrock haut de gamme bien planant. Les décors changeaient un peu, moins froids, plus colorés, mais toujours le même principe.
Quand les 40 min de l'album furent terminées je décidais d'arrêter d'écouter de la musique. Je retournais au toilettes, buvais un peu d'eau – je ne savais plus exactement à quoi servait ce doux liquide mais un instinct me poussait à en boire – et me recouchais.
J'étais déjà moins loin. « La réalité était en marche » et moi encore entre deux, ne me souvenant plus exactement de ce qui s'était passé et de ce qui allait arriver, mais confiant.
Il était 23h30, c'est à dire environ T+2h.
J'étais en nage. J'ai enlevé mon pull, j'avais vraiment chaud, puis j'ai tâché de m'endormir. Y en avait eu assez comme ça.
J'ai toujours lu que le MXE empêchait de dormir donc ça va peut être vous étonné, mais moi 2-3h après une prise j'ai jamais eu de mal à trouver le sommeil.
et j'ai eu envie d'écrire pour me remémorer, retrouver le cheminement de mes pensées et partager ce qui a sûrement été ma meilleure expérience dissociative. À mon avis enferme le trip dans un espace temps bien déterminé, ici dans le noir tout le long avec une seule prise, a vraiment eu son importance.
Voilà j'espère que la lecture vous aura plu ! Grosse bise à toutes et à tous, prenez soin de vous :yawinkle:.
J'ai vécu un trip un peu particulier hier soir et j'ai eu envie de venir le raconter ici.
Contexte
Mardi 4 février 2014, 19h. Je suis allongé sur mon canapé en train de lire Sur la Route de Jack Kerouac.
Rétrospective. Cette année il y a eu un trip LSA qui remonte à septembre, un aux champis pour le nouvel an et les habituels verres et joints du week end. Cette pensée fait irruption dans ma boite crânienne alors que je suis plongé dans mon bouquin – comme ça, allez savoir pourquoi – et je me dis que je prendrais volontiers quelque chose ce soir. Ces derniers temps j'ai été beaucoup plus calme avec la drogue. Parce que j'avais envie de faire d'autres choses, mais l'envie m'en manquait simplement aussi ; cette envie qui vient d'entrer en scène.
Je commence à être excité par la possibilité de voyager dans mon inconscient. Mais avec quoi ?Il me reste des champis, deux-trois RCs psychédéliques et de la methoxetamine. Je réfléchis pas très longtemps parce que je sens une réelle réticence à l'idée de tripper seul avec des psychés. Je l'ai déjà fait, mais la dernière fois m'avait laissé un souvenir assez moyen alors mon choix se porte sur la petite mixie. Je repense aux quelques fois où je suis allé assez loin avec elle, à comment c'était brouillon, et je me dis que ce soir on va essayer de faire ça proprement : une seule prise, noir complet du début à la fin. Je range tout ça dans un coin et vaque à mes occupations.
À 20h30 je me prépare un repas léger et le mange en réfléchissant à la suite des opérations. J'ai un ami au téléphone. Il me propose de partir en week end dans le mois, ça me met de bonne humeur. Puis mes parents. Ils s'inquiètent un peu, ils trouvent que j'ai pas l'air en forme et me posent ds questions. Le moral retombe, case départ. C'est vrai que je suis un peu à l'ouest ces derniers temps. Y a des phases comme ça où je navigue dans le brouillard, à tâtons ; j'oscille rapidement entre les différents pôles de la cartographie des humeurs, ne sachant plus trop ce que je veux faire de ma vie. Alors je me dis sans trop y croire que si ce trip pouvait clarifier certaines choses, ça serait cool.
Le trip
21h. Je prends une douche et m'attelle à la tâche. Je décide de prendre 50mg directement, une seule prise. J'avais plutôt pour habitude de faire des petites traces de 20mg et d'y revenir, mais là j'ai pas envie de devoir faire de redrop. Je veux qu'il y ait un début et une fin, je veux m'imposer ça. De mon expérience 50 mg paraît être une bonne dose pour partir suffisamment loin tout en gardant un certain contrôle s'il le faut. En plus j'avais pas touché à la MXE depuis l'été donc tolérance 0 à priori.
Je pèse, dispose la poudre sur une étagère, roule une paille avec un post-it et inspire tranquillement. Casque sur les oreilles je me glisse sous la couette et éteins la lumière. Ça va vous paraître con, mais j'ai changé les draps le jour même alors je me sens vachement bien. Si on pouvait s'endormir tous les soirs dans des draps propres ça serait vraiment génial. Je ferme les yeux et me laisse aller.
Hum … il manque pas un truc hasard garçon ? Putain la musique ! Décidément je suis même pas assez concentré pour prendre de la drogue correctement, ça me fait marrer.
Je navigue dans la liste d'artistes et m'arrête sur James Holden, l'album The Inheritors. Je l'écoute beaucoup en ce moment, il est en passe de rejoindre Boards of Canada et Klaus Schulze dans mon panthéon de la musique électronique (oui c'est un cercle très fermé
aranoid.Bon là ça y est, on est partis. Pendant les 3 premier morceaux je ne ressens encore rien, attendant paisiblement la montée en appréciant la musique. Au cours de la 4ème piste je sens que ça commence. On peut dater le début des effets à T+20min. Je construis des dialogues dans ma tête, ça vient tout seul. À un moment mon interlocuteurs me pose une question à laquelle je n'arrive pas à répondre. Il se met à rigoler et je rigole aussi, de toutes mes dents. Je me dis que ça doit être marrant de voir un type allongé dans le noir se marrer comme ça en écoutant de la musique et je ris de plus belle.
Le morceau s'arrête et on passe au suivant. Changement de décor cérébral, le dialogue disparaît et je me retrouve suspendu dans le vide. Je reconstitue rapidement les évènements, me souviens que durant le précédent morceau j'avais élaboré une discussion et cherche à la reprendre. Surtout, je cherche à retrouver la question à laquelle je n'avais pas su répondre, sans succès. Ça commence à m'obséder. De plus en plus. À cette pensée qui gonfle dangereusement s'en greffe une seconde, salvatrice : lâche ça vaut pas le coup, laisse toi entrainer par le courant et accepte. Ça me vient comme une évidence, l'autre pensée dégonfle comme un ballon de baudruche et s'évanouit dans les limbes de mon inconscient.
Je me dis que c'est le théâtre magique du roman Le Loup des Steppes de Hermann Hesse. « Seulement pour les fous ». Chaque morceau est alors une porte ouverte sur un univers, une facette différente de l'âme humaine. Le dialogue n'avait de sens qu'au moment où il s'est déroulé, maintenant c'est fini, on passe à autre chose et on garde le mouvement. Je me plais à l'idée d'explorer ce théâtre.
Le temps que je pense tout cela on arrive au 5ème morceau. Je crois que c'était alors le plateau qui pointait le bout de son nez, on peut donc le placer grossièrement à T+30min. Mais il faut savoir que chez moi quasiment tous les produits tendent à monter plus rapidement et durer moins longtemps que ce que je vois habituellement indiqué.
Ça devient vraiment très intéressant. Je suis totalement dissocié. Mon esprit, libéré de l'emprise corporelle, navigue dans des paysages oniriques et vaporeux en noir et blanc. Je me sens libre et dans le « vrai » (c'est une sensation récurrente avec la mxe, je me sens être là où je devrais être, une fois j'avais comparé ça avec un retour à l'état pré-natal).
Je vous propose d'écouter le morceau que j'écoutais à ce moment là :
Vers 1min20 il y a un orgue qui entre en scène. J'ai alors eu une vision, une espèce de temple amérindien qui descend du ciel. Je rentre dedans et me ballade dans diverses salles aux dimensions inhumaines bordées de statues représentant des divinités et de colonnes qui touchent un plafond que je peine à distinguer. C'est vraiment beau. Beau et impressionnant, quasi religieux.
Quand le morceau se termine le temple disparaît avec lui et je me retrouve à nouveau suspendu dans le vide.
La suite est beaucoup plus confuse. Je sais que peu après j'ai eu un flash de réalité et j'ai dû me lever pour aller pisser. Je me disais que j'étais en train de tout gâcher en faisant ça. Mais à peine la lumière à nouveau éteinte je retrouvais ce monde magique, le sourire aux lèvres. La suite des évènements va être difficile à relater de façon précise mais je vais tout de même essayer de poser par écrit ce dont j'arrive à me souvenir.
Tout d'abord il y a eu cet état d'esprit qui revenait régulièrement. Je cherchais à mettre la main sur le moment présent, à l'attraper pour comprendre le présent le passé et le futur. J'avais encore une touche de lucidité donc je pouvais grossièrement observer les contours de ma vie. Je me disais « t'es défoncé ; à côté de ça il y a ton état normal ; essaye d'y ramener quelque chose de ce qui se passe actuellement ». Je voulais vraiment croire que je vivais un moment important, il y avait quelque chose de l'ordre de l'extase tellement je faisais du moment présent toute la structure de ma pensée, de mon être, et je suivais son mouvement. Puis je suis dit qu'il n'y avait pas de mouvement. Ou plutôt que si, justement il y a un mouvement, mais il est perpétuel, il ramène du pareil au même. Minutes, Heures, jours, saisons, vie … À non la vie a une fin, c'est justement pour ça qu'on l'appelle vie. Merde. Comment on fait ? C'est quoi cette anomalie dans le système ? Je repensais à cette phrase de Kerouac tirée de Sur la route : « Ma garce de vie s'est mise à danser devant mes yeux, et j'ai compris que quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie ».
Uh, uh, ça alors … J'ai tout relativisé. Plus rien n'avait d'importance, parce que dans tous les cas on est perdants, on meurt. Donc ce qui compte c'est le chemin, l'aller-vers, l'élan, le mouvement. On s'en fout bien de réussir, tout ça est un jeu qui nous est donné à nous autres, magnifiques accidents biologiques.
Toute cette idée était terriblement inspirante pour un être dissocié. Sobre bon ça l'est déjà un peu moins, certains faits de la réalité nous rattrapent, bien sûr … Mais ça n'en reste pas moins le cadre intangible de l'existence. On ne peut pas se réconcilier avec la mort sans l'accepter.
Ensuite il y a eu un moment où j'ai cru atteindre un état de « hole ». Ça devait être à environ T+1h. J'ai été emporté par un tourbillon et je me suis retrouvé sur la crête d'une espèce de montagne. Tout contact avec mon corps était rompu. J'ai marché un peu, puis j'ai pivoté d'un quart de tour. En face : l'infini étoilé. Au milieu : un visage au regard perçant. Il me fixait, sans sourciller. Je me demandais de qui il pouvait bien s'agir. Le temps de réfléchir il disparaissait, la montagne, les étoiles et moi avec lui.
Arrivé là je me souviens avoir navigué dans divers paysages mixiques, me questionnant sur le temps, l'espace, l'existence, et moi et nous au milieu de tout ça.
Quand The Inheritors fut terminé j'ai mis l'album Schwingungen de Ash Ra Tempel. Du krautrock haut de gamme bien planant. Les décors changeaient un peu, moins froids, plus colorés, mais toujours le même principe.
Quand les 40 min de l'album furent terminées je décidais d'arrêter d'écouter de la musique. Je retournais au toilettes, buvais un peu d'eau – je ne savais plus exactement à quoi servait ce doux liquide mais un instinct me poussait à en boire – et me recouchais.
J'étais déjà moins loin. « La réalité était en marche » et moi encore entre deux, ne me souvenant plus exactement de ce qui s'était passé et de ce qui allait arriver, mais confiant.
Il était 23h30, c'est à dire environ T+2h.
J'étais en nage. J'ai enlevé mon pull, j'avais vraiment chaud, puis j'ai tâché de m'endormir. Y en avait eu assez comme ça.
J'ai toujours lu que le MXE empêchait de dormir donc ça va peut être vous étonné, mais moi 2-3h après une prise j'ai jamais eu de mal à trouver le sommeil.
Conclusion
Je me réveille le lendemain – c'est à dire aujourd'hui – vers 9h30 avec un léger mal de crâne et un sens de l'équilibre encore peu certain … J'ouvre la fenêtre pour avoir de l'air frais. Ça me fait du bien. Je bois un verre de jus d'orange puis vais me doucher en repensant aux événement de la veille, déçu en un sens parce que je voyais pas trop ce que je pouvais en tirer. Je sentais bien pourtant que cela avait été plus intéressant que tous mes autres trips à la MXE, qu'il y avait quelque chose de magique sur le moment (ben oui t'étais défoncé comme il faut, c'est normal aussi …
et j'ai eu envie d'écrire pour me remémorer, retrouver le cheminement de mes pensées et partager ce qui a sûrement été ma meilleure expérience dissociative. À mon avis enferme le trip dans un espace temps bien déterminé, ici dans le noir tout le long avec une seule prise, a vraiment eu son importance.Voilà j'espère que la lecture vous aura plu ! Grosse bise à toutes et à tous, prenez soin de vous :yawinkle:.
