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MXE (40+20mg) An Ankoù

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TR assez long (4 pages word) mais sans excès. Assez introspectif.


TR MXE n°4*: An Ankoù (21/02/12)


Résumé*: Dans ma chambre, je cède soudainement à l'envie d'un trip dissociatif que je repousse de semaine en semaine (le dernier datant d'un mois) pour préserver ma santé et voir jusqu'où va ma volonté.


Dose*: 40mg en sublingual, puis après une heure, approximativement 20mg (entre 10 et 30), en sublingual également.


Set & setting*: Moyen.

Si le setting convient bien – mon lit, dans l'obscurité, avec une playlist de dark psytrance (j'ai envie de tripper à la darkpsy depuis des mois) – le set laisse très clairement à désirer. En fait, il s'agit d'une consommation totalement impulsive, principalement dictée par le fait que j'avais une envie dévorante de MXE.


Détails*:

23h40*: Après avoir passé toute la journée à me dire que je tripperais demain, je sors ma balance et me pèse 40mg de MXE que je prends en sublingual. Je commence à télécharger les éléments de ma playlist.

0h20*: Très peu d'effets. J'ai enfin ma playlist, mon casque, ma bouteille d'eau, … et décide de me coucher.

0h30*: Une angoisse atroce m'a pris et ne me lâche plus*: «*et si c'était trop faible*?*». Impossible d'y résister. Je veux du trip, du vrai, celui qui vous emmène à des années-lumière de toute réalité et vous promène dans au moins neuf dimensions différentes. Et je sais que si je ne l'ai pas, je cours le risque de voir mon désir inassouvi reprendre le dessus d'ici une à deux semaines seulement.
Je me lève, (sens de l’équilibre et de la coordination qui commencent à être affectés) et reprends deux pointes de couteau de MXE (une pointe faisant approximativement 10mg), puis reviens m'affaler dans mon lit alors que la première prose commence indéniablement à monter. Cependant, pas d'euphorie de début de trip, contrairement aux trois autres fois où j'en ai pris.

1h*: Je me suis laissé happer par la musique, ce qui a été exceptionnellement agréable. La darkpsy passe à merveille. J'ai médité quelque peu, invoqué mes dieux et déesses pour leur assistance dans ma quête du trip-qui-part-loin.
La tentative de masturbation n'a pas donné grand-chose. Et j'ai envie de pisser. Je repousse l'envie un moment, ais il devient clair que je vais devoir y céder pour tripper correctement.
C'est donc une tentative épique qui débute. J'allume la lumière, qui est résolument étrange. Me lève avec difficulté, et commence à progresser lentement vers les toilettes, me tenant à ma table de chevet, à mon bureau, aux poignées de portes.
Quand je les atteins, je m'affale sur la cuvette alors que mon corps qui commence à être sérieusement dissocié se vide de son trop plein. Je reste un petit moment avant de me rendre compte qu'il a fini son ouvrage, abimé dans la contemplation des carreaux baignés par le clair-obscur des lampadaires du dehors.
Enfin, je parviens à me remettre debout. Le retour est au moins aussi difficile que l'aller, mais je me sens pousser des ailes à l'idée de plonger dans le trip.

1h30*: Je regarde l'heure en me recouchant, sans parvenir à assimiler le concept de durée. Je ne sais plus à quelle heure j'ai dropé, et encore moins combien de temps ça fait.
Je ferme les yeux et remets mon casque en me blottissant sous ma couverture. Lentement je me sens partir de plus en plus loin, la sensation cotonneuse s'empare de moi. Un sourire et un bien-être immense s'étalent sur mes lèvres, je loue mes dieux pour le grand voyage qui commence...

Dans ce qui suit, la chronologie est à peu près respectée dans un même paragraphe, mais je n'ai aucune idée de l'ordre dans lequel les épisodes se sont produits.
Strictement tous les visuels du trip sont en traits blancs sur fond noir, soit en négatif par rapport à ma méthode de dessin, mais dans le même style (enchevêtrements complexes de motifs géométriques sans réelle perspective donnant naissance aux formes à proprement parler)


Pendant une bonne partie du trip, mes (assez rares) pensées seront majoritairement en breton. Ça a toujours été une sorte de but pour moi - «*le jour où je pourrai tripper en breton, je serai content*» - et j'en suis très étonné car je n'ai pas du tout eu la sensation d'être gêné, ça venait assez naturellement malgré la MXE (ou peut-être grâce à elle, car du coup le contenu de mes réflexions était quand même très simpliste. Pas de réflexion philosophique de haut vol). Depuis, je formule de temps à autres mes pensées en breton, et contrairement à mes attentes, j'y parviens assez bien.

Plus particulièrement, à un moment du trip, sans trop que je sache pourquoi, une phrase assez souvent répétée par mon prof se retrouve dans ma bouche*: an daou zo mat. Les deux sont bons, les deux conviennent. Il disait ça parce que, compte tenu de la diversité géographique du breton et la flexibilité de sa syntaxe, il y a toujours au moins deux manières de dire la même chose. Parfois dix. Et cette phrase que je ressasse comme un mantra prend une dimension bouddhique. Les deux sont biens. J'accepte avec indifférence, et même bonheur, ce qui arrive.

Fait assez spécial, je garde conscience d'être breton quasiment tout le long du trip, même quand je n'ai plus conscience de quoi que ce soit d'autre de mon identité.

Physiquement, les sensations consistent principalement dans cette enveloppe cotonneuse et douce. Des impressions de flottement, d'accélération, de lévitation, aussi. Mes jambes sont incroyablement étirées et molles. Mes bras, au contraire, repliés sur ma poitrine alors que je suis allongé sur le dos, sont courts, et totalement dénués de chair, ce ne sont que des os saillants.

Globalement, je passe à peu près tout le trip dans une sorte de tube ou de navire, à avancer plus ou moins vite. Il y a une vague tendance à la sortie hors du corps, mais sans que ça se concrétise totalement...

Je quitte la Terre, m'éloigne dans l'espace – avec la conscience aigüe que la Bretagne, ce petit morceau de rien du tout, est plus qu'infime à l'échelle de l'Univers. Mais qu'y puis-je*? Je suis breton et rien n'y changera quoi que ce soit. Voilà à quoi je pense en frôlant les anneaux de Saturne...

Dans des tunnels mouvants, je vois de loin Lug, le premier dieu celte qui m'avait intéressé. Le voyageur, le maître de tous les arts, savoirs et techniques, le fils des forces de l'ordre et du chaos qui maintient l'équilibre cosmique. Je tente de m'approcher, sans trop de succès. Et voilà que s'avance vers moi... An Ankoù. L'oubli. Le vieux Père-Faucheur, celui qui crée pour détruire et détruit pour créer, celui qui sème les grains et fauche les blés, dont il récupère les grains pour semer à nouveau. Il a son visage en forme de crâne, sans chair, avec ce sourire grimaçant, jovial et effrayant à la fois*; et son costume noir des grands jours, avec son chapeau à large bords bien ciré et des gros boutons brillants à sa veste.

Il n'y a que le vide. Qui se dilate. Comme dans dans premiers trips à la MXE. Je m'enfonce toujours plus loin dans ce vide, et celui bouge aussi, m'envole, toujours plus loin. Le mouvement se ralentit doucement. Et tout se fige. Se cristallise. Gèle. Par couches, de manière fractalaire, remplissant peu à peu tout le vide. Jusqu'à ce que tout, tout soit pris dans le givre du vide.

Je suis allongé. Mon corps... Mon corps est en pierre. Je suis en pierre. Je suis un gisant. Le gisant de la crypte de la basilique de Quimperlé, lors de mon pèlerinage en Bretagne cet été. Ce gisant dont je m'étais moqué, parce que son visage censé l'immortaliser pour l'éternité avait perdu ses traits à cause des siècles d'érosion. Je suis de pierre, et ne fais qu'un avec le sol de pierre, avec les fondations de pierre. Et je vois, immense, la basilique reposer sur moi, ses murs, sa coupole aussi grande que le ciel. Tout l'univers m'écrase, moi, le gisant anonyme qui avait eu l'orgueil de me croire immortel.

3h30*: Je consulte l'heure par vague réflexe. Impossible de savoir à quoi ça correspond réellement. Le temps existe encore, mais je ne m'y retrouve plus. En tentant de remettre mon réveil (qui par ailleurs a une forme ovoïde et une couleur d'acier bleuté particulièrement MXEsques) à sa place, je le fais tomber dans un fracas infernal.
Le temps est tombé. Aboli. Brisé.
Je referme les yeux. La perche est moins intense, laisse place à la pensée. Et la dissociation réelle, celle du morcellement schizophrénique de l'identité, m'écrase.
Qui suis-je*?
Aucune idée. La question me laisse froid. Je ne sais pas ce que je fais là, dans cette pièce (je ne l'assimile pas vraiment à une pièce, en fait, j'ai perdu toute notion effective de l'espace et mes yeux perçoivent mon environnement sans que mon cerveau ne puisse attribuer un sens aux formes ou aux couleurs). Je ne sais pas ce qu'est le son qui m'entoure.
Je suis quelqu'un... Ce qui n'est déjà pas si mal. Mais qui*?
La question tourne en rond. Je ne sais plus. Les noms, les pseudonymes, les théories de réincarnation, le problème biologique de l'identité (il n'y a aucune preuve de l'existence d'une âme, donc a priori nous sommes entièrement matériels*; or il n'est aucune particule de matière qui reste en nous indéfiniment, toujours remplacée par une autre), tout m'accable, je me débats sans espoir et sans avancer.
Suis-je*?
Hélas, oui. C'est là toute l'atrocité de la dissociation. L'ego est toujours là. Mais mutilé, fracassé en une multitude d'éclats acérés.
L'identité est une construction humaine et sociale. Or chaque personne me voit différemment. M'imagine autrement. Et vue la vie que je mène, ce n'est sans doute pas peu dire que d'ajouter*: complètement différemment.
La vie que je mène... Je la remonte lentement. Les dernières heures, les derniers jours, les dernières semaines, les derniers mois, les dernières années. Et je n'y perçois qu'une fuite en avant, une lente descente vers la folie et la drogue. Le libre-arbitre, le réduction des risques, l'éthique de vie que je m'étais choisie... Ce n'est que de la poudre aux yeux.
Je n'ai jamais rien contrôlé. Toujours été le jouet de mes parents, de la société, de mes pulsions instinctives.
Il n'y a donc pas de perte progressive de contrôle, pas de descente aux enfers. C'est juste l'état normal des choses. A partir de ce point, l'amorce de descente aidant, je commence peu à peu à recoller les morceaux.
Je suis quelqu'un. Quelqu'un qui a pris de la MXE. Quelqu'un qui a pris de la MXE dans sa chambre pour se faire un trip immense. Je suis un psychonaute et je suis dans ma chambre. La musique est de la darkpsy, que j'ai téléchargée.
Je suis le psychonaute qui a le pseudo des runes Sowilo, Othala, Kenaz. Le soleil, l'héritage, et la flamme. Je suis un fidèle des anciens dieux. Je suis le fils biologique de mon père et de ma mère, je suis le frère par serment des membres de mon clan. Je suis le fils spirituel de Wotan, le voyageur des mondes et l'inspirateur des poètes. Je suis l'auteur de Tristes psychotropiques. Je suis breton. Ur Breizhad on. Je suis alsacien. Isch bin 'e Elsàsser.
Je suis étudiant en biologie, j'ai bêtement foiré mon premier semestre, et j'ai l'intention de reprendre les choses en main.
Sur cette pensée rassurante, je me replonge dans la musique et profite des dernières sensations de la substance. J'imagine, vues de haut, de longues processions, avec d'immenses tambours tribaux, et la foule qui scande une incantation à Wotan, un peu à la manière d'un Hare Krishna mais en plus simple et intense.

5h*: Je décide de couper le son, qui devient un peu étouffant. J'ai besoin de calme.

5h30*: J'ai fini de cogiter et commence sérieusement à chercher le sommeil, qui a du mettre environ une demi-heure à venir.

12h30*: Réveil. Pas de rêve dont je me souvienne. Je reste dans mon lit douillet comme une loque. Rien à faire aujourd'hui.

14h*: Je parviens enfin à rassembler l'énergie nécessaire pour me lever. Il y a un très vague flottement résiduel, mais presque rien. L'épreuve du miroir m'attend...
Je la passe avec succès. Quelques minutes de contemplation face à ce visage dans la glace sont tout de même nécessaires, mais pas de dissociation persistante.
Aucune déréalisation notable dans la journée ou les jours suivants, tout se passe à merveille.


Conclusion*:

Le choix de la darkpsy était aussi vaguement audacieux, mais j'ai bien eu raison, à condition de l'apprécier ce type de musique étrange et violente à la fois colle très bien avec les dissos.
La prise impulsive et le redosage approximatif à H+1 avaient bien mal fait commencer le trip, mais la barre s'est bien redressée avec un trip mémorable (premier trip vraiment introspectif sous MXE, bien intense).
La phase de dissociation à 3h30 m'a totalement pris au dépourvu, puisque je pensais mon trip gagné et plié. C'est au contraire là que les difficultés ont commencé. Y avait-il vraiment un risque, ou est-ce que l'élimination de la MXE par mon métabolisme aurait réglé le problème quoi qu'il arrive*? Je pense que je ne le saurai jamais.
Je n'avais pas vraiment de gros problèmes d'identité, mais ça m'a vraiment bien remis en place. Je me suis aussi accordé une semaine intégrale sans psychotropes, sans ordinateur, sans télé, sans journaux, sans sorties mondaines. L'avenir dira ce qu'il en est, mais ce trip devrait marquer une nouvelle période de ma vie, pas radicalement différente, mais avec davantage de psychonautisme drug-free (plus régulièrement, en tout cas*: méditation, expériences de paralysie du sommeil induite, …) et d'activité physique (là aussi, surtout sur la régularité). Un peu plus de contacts humains, aussi.
D'une certaine manière, on peut considérer que le trip ferme une parenthèse ouverte par le 2C-C*deux semaines plus tôt (TR à venir) ; mais finalement c'est un trip assez majeur dans le sens où c'est aussi la fin de mes errances en matière de MXE*: à présent je commence vraiment à appréhender la molécule (quand, comment, pourquoi la prendre).


Ô Mort, vieux capitaine, il est temps*! levons l’ancre*!
Ce pays nous ennuie, ô Mort*! Appareillons*!
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons*!
 

GuyGeorge

Holofractale de l'hypervérité
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J'ai médité quelque peu, invoqué mes dieux et déesses pour leur assistance dans ma quête du trip-qui-part-loin.
La tentative de masturbation n'a pas donné grand-chose.

Ptain mort de rire, si un curé faisait ses préparatifs dans l'ordre des tiens pour aller à la messe... :D (j'ai pas tout lu je continue^^)

Merci pour le partage jeune indépendantiste-extrémiste-breton! J'aime bien comme tu décris tes questionnements, quand la dissociation s'en va peu a peu, et que tu retrouve tes souvenirs de façon cyclique, comme si le cercle de tes pensées s'agrandissait peu a peu (ou plutôt si ta conscience se recentrait sur ton égo petit a petit). C'est fou ça, si tu t’imprègne assez d'une idée, d'une ambiance etc (genre par exemple pour toi le fait d'être breton, dans la FAQ du DXM il parle du jeu doom), tu va avoir un trip a cette image. Ça laisse présager des possibilités infinies de trip. Avoir un set précis pour orienter le trip, ce serai méga habile! Faudrait demander a totoro son avis je suis sur qu'il s'est déjà plongée sur la question!

J'ai bien aimé merci again :wink:
 

Acidbuzz

Holofractale de l'hypervérité
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Tiens, j'avais raté ce TR ! L'écriture est incisive autant que le trip, j'aime.
Repoussé pendant longtemps comme toi (cf. http://www.psychonaut.com/rcs/40163-[mxe]-test-du-plug.html#post632467), je me demande si ce WE ce n'est pas le bon moment pour retenter cette molécule (plug ou sub), malgré le fait que mes reins n'aiment vraiment pas :)
Merci ! ;-)
 

PH0SGENE

Glandeuse pinéale
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SoK a dit:
«*le jour où je pourrai tripper en breton, je serai content*»
Compte tenter la MXE quand j'aurais l'argent, mais clairement la phrase la plus marrante que j'ai pu lire jusqu'ici
 

Ouroboros

Holofractale de l'hypervérité
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Bon trip report.
 

KétaMane

Elfe Mécanique
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Vraiment sympa le TR. J'ai commandé de la MXE y'a même pas 24h ça me met l'eau à la bouche... :drool: )
 
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Un peu plus de 10 ans après, je suis tombé sur une chanson récemment composée par une artiste bretonne : QUINQUIS - Netra ken

Et tant l'imagerie "spatiale" que les paroles concernant l'Ankoù et les interrogations sur l'identité ("Je ne suis plus rien / Plus personne / Personne ne le nierait / Je n'existe pas / Et si je venais à mourir ? / Et si l'Ankoù venait ? / Je ne suis plus rien / Plus personne") m'ont fait revenir pas mal d'images du trip, dont certaines que j'avais oubliées. Assez perturbant comme expérience.

Y a t-il quelqu'un pour confirmer que ça ressemble quand même fortement à la bande-son d'un trip vieux de 10 ans ?
 

Aiskhynê

Chatterrante acidulée
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Ouah ! Ça m'a fait planer en tout cas ! :p
Super Tr n'empêche xD
 
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