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Les topiques freudiennes - Les instances psychiques

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Deleted-1

Invité
Cet article est une composition de copier/coller et réécriture de différents paragraphes issus de différents articles. Je l'ai constitué pour proposer une approche simpliste mais se voulant la plus complète des instances freudiennes, revues par plusieurs générations de psychanalystes jusqu'à aujourd'hui. Les instances psychiques sont des élaborations métaphysiques faisant parties de l'appareil psychique, et offrant un système d'interprétation des mécanismes de l'esprit.


Avant d'aborder les deux topiques freudiennes et plus en détails les instances psychiques, il est utile de comprendre sa métapsychologie, qui si le mot semble complexe, n'est pas si difficile à saisir pour qui est prêt à réfléchir sur soi. Freud considère la métapsychologie selon plusieurs points de vue : ce que représente l'esprit, comment il se constitue, quelle est sa forme et son fonctionnement. Dans la petite dizaine d'articles qui vont suivre, je ne vais pas nous assommer à coup de concepts psychanalytiques tordus et disant que l'enfant a pour but de voler le phallus du père manquant à la mère soit disant parce qu'elle n'a qu'un petit clitoris et pas une grosse, ce genre de dérive misogyne freudienne n'a aucun intérêt et c'est pour cela que je vous propose une simple vulgarisation des constituants du psychisme, que l'on appelle instances, et qui permettent de cartographier l'esprit pour une meilleure compréhension de certains de ses phénomènes basiques, et qui me semble indispensables à connaitre lorsque l'on est dans une démarche psychonautique.​

Non pas qu'une approche psychanalytique de l'esprit soit la vérité absolue quand à la recherche introspective d'explications pour interpréter nos affects et autres états particuliers, il s'agit juste là d'une manière d'aborder l'esprit d'une façon quasi scientifique, tout en continuant de prendre en compte la part métaphysique de nos errances spirituelles, ce qui n'est pas donné à toutes les sciences, qui ont parfois le tort de penser que la métaphysique n'est qu'une branlette de l'esprit, et que seul compte une approche purement cognitiviste par exemple. Je trouve cet état d'esprit nihiliste et vaniteux particulièrement réducteur, et surtout déshumanisant en réduisant l'être humain a des articulations neuronales et moléculaires, alors qu'il est doté d'un esprit fabuleux et qui n'a pas finit de nous étonner, tant sa plasticité et sa subjectivité est grande. C'est cette part subjective propre à chacun que je vous invite à découvrir en vous-même, pour trouver votre propre individualité, au cours d'un processus d'individuation dont l'étape suivante pourrait être l'acquisition culturelle d'un langage nouveau, celui de la psychanalyse.​


Voici donc un rapide aperçu de la métapsychologie freudienne:​


LE POINT DE VUE DYNAMIQUE (QUALITATIF)

Pour Freud, l'esprit est un flux continu d'énergie. De l'énergie psychique (la libido) circule dans l'appareil psychique, et des forces s'opposant donnent naissance à des tensions, des conflits psychiques. Au sein de l'appareil psychique, l'inconscient constitue un réservoir, dont certaines des énergies qui s'y trouvent tendent à passer dans le conscient. Le point de vue dynamique amène donc à considérer les phénomènes psychiques comme résultant d’une combinaison de forces antagonistes, les forces de l’inconscient contre la répression du système conscient. En résulte la formation d’un compromis (symptôme, rêve ou caractère).​


LE POINT DE VUE ÉCONOMIQUE (QUANTITATIF)

Représentation, affect et énergie psychique.​

Le point de vue économique repose sur l’aspect quantitatif et s’intéresse à la répartition de l’énergie psychique alors que le point de vue dynamique s’intéresse à l’aspect qualitatif (quelles forces s’opposent). L’étude de ces forces passe obligatoirement par l’étude de l’aspect quantitatif des énergies psychiques pour comprendre l’issue du conflit. L'appareil psychique comprend des représentations (de soi, des objets du monde extérieur, des personnes...) auxquels des affects sont parfois liés. La représentation constitue l'ensemble des connaissances que l'on a d'un objet, tandis que l'affect constituerait une valeur attribuée à cet objet (comme agréable, désagréable...). Un affect est l'équivalent d'une émotion, c'est la connotation affective que l'on associe à une représentation.​

Une représentation liée à un affect va devenir importante dans la vie psychique car elle est alors dépositaire d'une certaine énergie. L'énergie psychique se déplace, augmente ou se décharge, elle peut créer un conflit en s'opposant à une autre, et générer une tension qui essaie de se décharger, par exemple en allant dans le conscient. L'énergie psychique a ainsi tendance à investir un objet, qui va devenir important, puis un autre… l'interaction entre ces énergies est ce qui constitue l'esprit, mais des interactions défaillantes génèrent des tensions, et parfois des troubles.​

Principe de plaisir, de réalité et de constance.​

La décharge d'une tension provoque du plaisir, c'est la satisfaction du désir. L'appareil psychique fonctionne au début de la vie selon cet unique principe de plaisir qui vise à satisfaire en priorité les tensions : l'esprit du nourrisson est orienté par ses désirs et la satisfaction de ses besoins : dormir, manger, explorer... Tous ces comportements ont pour origine l'existence d'énergie qui cherche à s'échapper dans le monde, par l'intermédiaire de motivations générant des comportements. Le lien entre cette énergie, la motivation interne et le désir est direct : le désir commande la motivation qui entraîne les comportements amenant à la satisfaction du désir.​

Mais la réalité extérieure contraint au fur et à mesure à différer ces plaisirs, dans l'espoir d'une satisfaction plus grande, ou d'éliminer les déplaisirs qui découleront de cette satisfaction - c'est le principe de réalité - lorsque l'enfant commence à comprendre que la satisfaction directe n'est pas forcément, au final, une source de satisfaction suffisante (par exemple, elle entraîne des conséquences néfastes, ou bien le comportement adopté n'est pas adapté, etc...). Il apprend alors à différer sa satisfaction par des renoncements, devant lui apporter de plus amples satisfactions par la suite.​

Du principe de plaisir unique, l'enfant passe progressivement à un principe de réalité ayant un but similaire, mais prenant en compte les caractéristiques du monde extérieur. Il est à noter que pour cela, l'enfant doit effectivement prendre conscience du monde extérieur. Dans le cas de certains autistes, par exemple, la méconnaissance du monde extérieur entraîne l'inadaptation : l'enfant, capable seulement de vivre dans son monde intérieur, se comporte encore comme le nourrisson : caprice, indifférence affective, non prise en compte des conséquences...​

Le principe de constance vise à maintenir des tensions minimales, car ces tensions sont toujours présentes : l'appareil psychique va mettre en place des mécanismes qui permettront de ramener ces tension au plus bas niveau possible. Cela donne aussi lieu à des conflits psychiques : Lors du début de la vie, nous fonctionnons selon des processus primaires, l'énergie est libre (principe de plaisir), les tensions sont présentes et le nourrisson cherche à les apaiser directement. Lors des processus secondaires, cette énergie est liée à une représentation, et doit pour se décharger répondre au principe de réalité. Au fur et à mesure du développement, l'appareil psychique tente et réussit mieux (sauf troubles) à se maintenir dans un état de tension minimal.​

Pour résumer très simplement, on cherche autant à satisfaire nos désirs qu'à les réfréner quand on se confronte à la réalité, parce qu'il nous est impossible de tout le temps les satisfaire. Nous recherchons un équilibre dynamique et économique dans notre psyché, pour viser un état stable et agréable en limitant les tensions et autres frustrations.​



Freud a donc élaboré deux topiques dans le but de proposer une cartographie de l'esprit humain, la première regroupant les concepts de Conscient, Préconscient et Inconscient ; et la seconde regroupant les notions de Ça, Moi et Surmoi. Au fil du 20ème siècle et dans la lignée de Freud, d'éminents psychanalystes ajouteront ou amélioreront les concepts de Narcissisme, de Moi Idéal, d'Idéal du Moi et de Soi. En voici les principales caractéristiques :​


LA PREMIÈRE TOPIQUE :

Le conscient : il s'agit du lien avec la réalité et le monde extérieur. En périphérie et au contact de ce monde extérieur (au niveau perceptif, donc), il enregistre les stimuli extérieurs. Les sensations entrent en effet directement dans le domaine de la conscience (du moins, tout ce que l'on peut mentionner...). Le conscient concerne également des objets intérieurs (état d'esprit, pensée...). Le conscient se constitue sous la forme de représentations, auxquelles des affects sont liés (pensées, raisonnements, émotions, etc…). Par nature, le conscient va essayer d'éviter les conflits et les tensions : il est géré selon le principe de réalité.​

Le préconscient : zone de censure, celui-ci représente l'intermédiaire, plus ou moins accessible à la conscience (par exemple, sensations internes, déjà-vu, prémonitions, mots sur le bout de la langue), il fait aussi office de tampon avec l'inconscient en empêchant quelques matériaux psychiques indésirables d'accéder à la conscience (refoulement). Processus secondaires et principe de réalité y sont les maîtres, beaucoup de choses du préconscient passent donc dans le conscient.​

L'inconscient : c'est la partie la plus archaïque de l'esprit, la plus primitive, dans laquelle se passe l'essentiel de la vie psychique du sujet, et dont un petit morceau seulement accède à la conscience. Là, ce sont les processus primaires et le principe de plaisir qui sont à l'honneur, l'énergie est libre, change d'objet, se décharge comme elle le souhaite. Tout ce que l'on a vu, ressenti, s'accumule dans l'inconscient.​

Selon Freud, il existe une très forte censure entre l'inconscient et le préconscient, et une autre, moindre, entre le préconscient et le conscient. Si une énergie ne peut pas passer cette censure de l'inconscient vers le conscient/préconscient, on dit qu'elle est alors refoulée dans l'inconscient. Le concept de refoulement prend une part très importante dans la conception psychanalytique. Dans la pratique psychanalytique, l'objectif de la cure analytique consistera à abroger ces censures, afin que les représentations refoulées puissent accéder au champs de la conscience, déchargeant leur énergie au passage, et réduisant les tensions et conflits éventuellement à l'origine de troubles psychiques.​

Freud ne se satisfait cependant pas de cette représentation de l'appareil psychique, notamment lorsqu'il étudie plus en détails les mécanismes de censure et de résistances. A partir de 1923, Freud propose donc une deuxième topique, non pour remplacer, mais pour compléter la première.​


LA SECONDE TOPIQUE :

Freud ne conçoit plus, cette fois, l'esprit humain en terme d'association de systèmes, mais d'association d'instances, ce qui est plus proche de ce que tout un chacun conçoit sur son appareil psychique. Freud met à cette occasion l'accent sur la possibilité de conflits inter-instances, mais également intra-instances.​

Le ça : c'est le pôle pulsionnel de l'individu, il correspond à l'inconscient en tant qu'il est totalement situé dedans. C'est la partie normalement impénétrable de la personnalité et c'est ce que la psychanalyse essaie de mettre à jour. Une partie du ça est innée, on en dispose dès la naissance. Régis par les processus primaires et le principe de plaisir, il est le réservoir pulsionnel de toute l'énergie psychique. Les processus n'y sont pas logiques, il peuvent coexister tout en contradiction, bref tout y est possible comme il n'y a pas de notion de bien ou de mal, de temps ou d'espace, de jugement de valeurs, de morales, etc… Le ça est en quelque sorte la matière brute dont est constitué l'esprit, avant qu'il ne se structure : S. Freud indique à ce propos que "à l'origine, tout était ça, le Moi va progressivement se développer".​

Le Moi : c'est la personnalité du sujet, le pôle défensif de l'individu, c'est une sorte de médiateur entre le monde extérieur et le ça du sujet. Il essaie de sauvegarder le sujet, son intégrité, son estime de soi... Il assure l'identité et la stabilité du sujet, constitue sa conscience d'être. Presque tout le préconscient est dans le Moi. Il se constitue par l'expérience, et par identification aux autres, c'est ce qui est le plus unifié, homogène et logique. Il essaie de faire en sorte que le bien-être du sujet soit sauvegardé, les mécanismes de défense et leurs processus en font partie. Ainsi, une partie du Moi est de nature inconsciente. Il assure la gestion des conflits entre instances :​

- du point de vue dynamique, il assure la défense de l'intégrité psychique.​
- du point de vu économique, il constitue les liaisons entre différentes énergies.​

Le Surmoi : issu du ça, il se construit par identification au cours de l'enfance (dans un premier temps, identification aux parents, puis par la suite, aux références culturelles et sociétales) : il est l'intériorisation des règles de vie. Son rôle est celui d'un juge à l'égard du Moi, il est responsable par exemple du sentiment de culpabilité. Il assure trois fonctions : l'auto-observation, la conscience morale et la censure. Le Surmoi est, selon Freud, l'héritier du complexe d’œdipe.​

Le Moi Idéal : il se rapporte au sujet se percevant comme idéalisé, en étant le lieu du fantasme héroïque, lieu dans lequel le sujet se voit accomplissant maintes merveilles. Le moi idéal s'exprime par exemple dans le rêve, ou la rêverie diurne, exprimant toute la force du sujet qui se voit plus grand, plus fort, plus puissant qu’il ne l’est. C’est un idéal de toute-puissance narcissique forgé sur le modèle du narcissisme infantile, trouvant son origine dans le stade du miroir, et appartenant au registre de l’imaginaire.​

[url=http://www.psychonaut.fr/thread-31444.html]L’Idéal du Moi :[/url]http://www.psychonaut.fr/thread-31444.html Lieu psychique porteur de l’idéal que le sujet établit en lui, auquel il mesure son moi actuel, et qui serait, à côté du moi, la condition du refoulement. Lacan le conçoit comme une instance symbolique, issue logique de l'œdipe, et dépassement de la structure imaginaire du Moi (Moi Idéal). L’Idéal du Moi est une instance de la personnalité résultant de la convergence du narcissisme (idéalisation de son Moi) et des identifications aux parents, à leurs substituts et aux idéaux collectifs. En tant qu’instance différenciée mais complémentaire du Surmoi, l’Idéal du Moi constitue un modèle critique auquel le sujet cherche à se conformer.​

Le Narcissisme : permettant de s’aimer, et d’aimer autrui, il constitue l’estime de soi sur laquelle repose le sentiment d’identité et la confiance en soi. Nécessaire au maintien de la vie, il permet de donner un sentiment d’existence, en protégeant des sentiments de vide et de néant, de l’absence de sens et de la mort. Le narcissisme et sa valeur identitaire ne sont ni figées ni inaltérables, aussi les évènements du quotidien peuvent le renforcer lors d’acquis, comme l'ébranler lors de crises successives, ou d’un traumatisme. Le narcissisme qui est ce « ciment qui maintient l’unité de moi » peut devenir, quand il devient une issue devant les contraintes pesant sur le Moi en construction, une calamité qui a tout l’air d’une condamnation à perpétuité.​

[url=http://www.psychonaut.fr/thread-31493.html]Le Soi :[/url] il se caractérise par un sentiment d'identité et d’intimité de l'individu, et la conscience de son autonomie dotée de valeurs et de contre-valeurs. Le Soi est constitué de l'ensemble des pulsions et sentiments, des constituants psychiques de la totalité de la personnalité, à opposer au Moi qui ne se réfère qu'à la structure de la personnalité. C'est la partie la plus créatrice de notre personnalité, c'est celle qui imagine, qui joue. C'est le fondement du symbole, qui nous donne le sentiment d'exister. C'est ce que nous reconnaissons comme étant nous-même, nous représentant spécifiquement. Il se développe dans le contact avec l'environnement.​


Voici un schéma explicatif regroupant les instances psychiques, que j'ai replacé dans une échelle de temps où l'on voit les différents stades de notre évolution enfantine, toujours d'après les théories de Freud, mais aussi d'après d'autres psychanalystes. Il s'agit d'un schéma vulgarisé comme cet article et ceux vers lesquels il renvoie pour tenter de comprendre l'organisation de notre psyché, d'un point de vue psychanalytique.​




Et voici un second schéma de la psyché, trouvé sur internet.​

 
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