C'est exactement la discussion que j'avais avec un gars y a une heure, il me disait avoir fait une alternance et que son expérience pro lui avait ouvert les portes du monde du travail, alors que des mecs avec de plus gros diplômes genre master en école de commerce, mais pas dans les écoles les plus reconnues, avaient du mal à trouver du taffe, parce qu'ils étaient inaptes faute d'avoir une expérience pro.
Pour ma part je n'ai jamais réussi à trouver d'alternance donc j'ai enchainé les stages non payés ou payés au lance pierre, et ça ne vaut pas l'alternance puisque ça côte moins dans les sondages et que ça paye moins, bref la reconnaissance est moindre et au final ça n'a débouché sur rien à part de la galère dans mon cas (objet du capital, prêt à se plier en quatre pour combler les trous dans l'urgence, la précarité de l'emploi tu la sens bien qui t'écrase dans ce cas là, c'est vicieux et pernicieux, parce que c'est comme ça, t'as pas le choix, arrête de rêver, tais toi et bosse). Et de ce que je constate autour de moi, je ne suis pas le seul. Je parle d'une filière dans le graphisme, genre un monde bien bouché avec des perspectives d'avenir nulles si t'es pas prêt à faire un taffe d'esclave sachant apprécier l'enculage patronale...désolé pour le vocabulaire, mais d'après ce que j'ai expérimenté on ne fait pas mieux comme définition de cet univers où le mec lambda qui se voulait artiste avec ses sensibilités est juste mal payé pour fournir un travail non artistique parce que conforme aux tendances du moment, en sachant que le patron n'est pas au fait des tendances lol, enfin non c'est pas marrant mais on s'y soumet parce qu'on a pas le choix à partir du moment où faut payer son école, donc ouai on perd ses jolies illusions et on découvre l'envers du décors, son nihilisme qui louvoie en soi en pervertissant ses propres rêves, bref faut en avoir gros sur la patate pour encaisser les coups du sort, les revers, et ça se raccroche à des petites philosophies du genre "qui perd gagne" ou "l'échec est un diplôme"...à partir de là ça te forge une âme d'esclave ou de combattant. Après soit tes parents t'assurent la belle vie, soit t'en chies parce que y a toutes ces factures qui rampent sous ta porte...mais bon là en revient aux différences de base de capital économique, social et culturel de base qui fractionnent les classes sociales.
L'orgueil populaire en a sauvé plus d'un. Serre les poings et fait ton bout de chemin, j'adore le documentaire de Karl Zéro sur Poutine, ce moment où après avoir fait son trou, il accède au pouvoir et que sa petite voix intérieure dit aux oligarques de s'incliner devant lui : "plus bas connard, plus bas !" - Là ça paye.