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LA PARANOÏA 7 - L’ÉGOCENTRISME CHEZ LE PARANOÏAQUE

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Invité
[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]Article précédent : L'ENVIE ET LA PEUR D'ÊTRE UNIQUE, UNE PROBLÉMATIQUE EMPATHIQUE ET SYMPATHIQUE
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[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]L’ÉGOCENTRISME CHEZ LE PARANOÏAQUE[/font]



[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]Article recommandé : Le caractère égocentrique[/font]

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Le paranoïaque dans ses interprétations et délires rapportent tout à sa personne, et rejette sur autrui ses torts, en grande partie ce qu'il ne veut pas voir chez lui. En projetant vers l'extérieur ce qui le dérange, il garde en lui ce qui l'arrange, tel un enfant cherchant à s'innocenter, à se déresponsabiliser, à se déculpabiliser. C'est là tout l'aspect égocentrique de la personnalité parano[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]ïa[/font]que.

Au delà de ses jugements et comparaisons constantes, l'individu interprète avec plus ou moins de justesse la qualité de ses relations avec son propre inconscient et ceux d'autrui. Au travers de nos réalités personnelles et subjectives, nous sommes tous reliés au même réel. Le rapport au monde de chaque individu découle du fait que chacun est sensible à l'angoissante culpabilité faisant que nous nous sentons touchés, plus ou moins responsables des maux de ses proches, de son pays, de l'humanité (voir empathie). La culpabilité, qu'elle soit consciente ou inconsciente, lie les individus dans leurs hontes originelles, dans leurs intéractions de tous les jours les poussant à sublimer leurs envies, besoins et désirs au travers d'une quête de vérité, de conquêtes sexuelles, de divertissements quelconques, ou de querelles en tout genre. La culpabilité étant déniée la plupart du temps, c'est grâce aux mécanismes projectifs de l'égocentrisme que l'individu arrive à s'en détourner. Ainsi la paranoïa se transmet de proche en proche via nos modes d’expression que sont le langage, les gestes et postures du corps, se traduisant dans des attitudes et comportements spécifiques. Lorsqu'une personne se sent mal, son entourage le ressent et s'en trouve affecté.


DÉVELOPPEMENT PSYCHIQUE DE L’ÉGOCENTRISME
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[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]Avant de rentrer plus en détails dans les rapports entre l'égocentrisme et la paranoïa, revoyons un [/font][font=Calibri, Helvetica, sans-serif]rapide développement de la personnalité égocentrique :[/font]

[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]- Dans l'enfance, la personnalité s'affirme selon des modes de désirs, de besoins et de croyances primaires, qui lui sont propres. L'égocentrisme enfantin se remarque dans le fait que l'esprit du jeune n'est pas encore disposé à prendre en compte l'avis d'autrui, faute d'avoir appréhendé ses propres positions intellectuelles et morales (l'enfant ne s'est pas complètement différencié de ses parents). Si l'enfant comprend ce que l'autre pense de lui, faute d'autonomie il peine à se différencier de l'avis d'autrui en ne s'y identifiant plus, après s'y être projeté (voir passage du narcissisme primaire au secondaire).
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[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]- A l'adolescence la personnalité bouillonne dans des idéations, des idéalisations, des rêves et des espoirs démesurés, dans sa fermentation intellectuelle, dans son besoin d'absorption totale du monde sous les modes du jouir, du dominer et du comprendre. Les changements génital et hormonal en cours lors de la puberté exacerbent les pulsions libidinales de l'individu, qui se replie sur lui-même face à une réactualisation de ses angoisses passées. Face à ses peurs non assimilées, l'individu éprouve des tendances à l'ascétisme et à l'intellectualisation, amenant à des formes d'égocentrisme aussi nécessaires que rassurantes lors de ses remaniements physiologiques et psychiques (l'adolescent ne sait trop où, quand et comment investir son énergie, il se cherche des vertus morales correspondant à ce qu'il éprouve au fond de lui).[/font]

[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]- Une fois adulte, la personnalité tend vers une application de ses talents dans le réel, lorsque le sujet a trouvé des centres d'intérêts où investir son énergie. Il y a un ajustement imposé aux efforts dans une adaptation efficace à l'objet, qui peut s'achever idéalement dans la création et le don de soi-même (l'individu a apprit à se décentrer en rencontrant autrui, en comprenant que chacun a sa réalité sensible propre). Néanmoins l'égocentrisme de l'adulte est présent tant qu'il reste clivé en lui-même, qu'il n'a pas élucidé ses parts d'ombre et comprit qu'elle était sa place, son rôle dans le monde (l'adulte continue de se chercher tel l'adolescent qu'il était). [/font]

[font=Calibri, Helvetica, sans-serif]- Chez le vieillard, la personnalité dans la mesure où elle a su se libérer des structures primitives, peut s'exprimer en une sécurité sereine en ayant su dominer ses affects et ses variations d'humeur. Mais les baisses des facultés cognitives et la peur de mourir n'aident pas forcément à garder un esprit ouvert et lucide, nuançant les teintes du réel et prenant en compte les avis d'autrui. Le vieillard souvent évolue dans son monde, avec son prisme de vue et son paradigme, ce qui peut poser quelques difficultés lors d'échanges de points de vue avec la jeunesse ne voyant pas les choses de la même façon.[/font]


ASSIMILATION DES CONNAISSANCES ET ÉGOCENTRISME

L'hypothèse maintenant développée serait qu'en assimilant de nouvelles connaissances, l'égocentrisme deviendrait le plus prégnant dans la personnalité, quand l'individu se sentant fort de lui-même suite à ses nouveaux acquis cognitifs, se grandirait plus qu'il ne l'est, ou l'espèrerait du moins.

L'égocentrisme structure la personnalité en tant que l'individu se développe autour de son ego, de son moi qui rapporte tout à sa personne définit par les pronoms personnels possessifs "me, ma, mes" qui parlent en soi, via le "Je" définissant le sujet dans son individualité. Le moi (l'ego) est cette instance psychique fait tampon entre sa réalité intérieure et extérieure, entre son esprit et le monde environnant. L'égocentrisme est donc naturellement présent en chacun, se manifestant à chaque phase de développement personnel prononcée, lorsque l'individu s'émancipe en accédant à des états internes lui permettant une plus grande réalisation de soi. Mais cette émancipation n'est pas si idéale qu'il y parait, lorsque l'on s'attarde aux variations de caractère de l'individu accédant à des stades supérieurs de son développement personnel. Voyons plus en détails ce qu'il en est de ses phases d'égocentrisme nécessaires afin que le sujet advienne à lui-même en retrouvant le "Je" en soi, dans un remaniement de sa personnalité s'adaptant à sa nouvelle appréhension de la réalité, c'est à dire en fonction de ses nouveaux acquis cognitifs intériorisés d'ordres émotionnels et intellectuels.

Au travers de découvertes et d'expériences variées, l'individu s'approprie donc des connaissances qui vont constituer son vécu, et influencer sa personnalité

On reconnait un égocentrique à sa façon de témoigner ses ressentis et intuitions de manière subjective, tout en pensant être objectif et mettant en avant sa vision du monde, au point de l'imposer plus ou moins comme une généralité. Dans une perspective introspective, c'est cette différence fondamentale de manière de s'exprimer que l'on peut estimer dans une autocritique, en observant si l'on use de propos plus ou moins généralistes, plus ou moins nuancés ou tranchés, en étant plus ou moins objectifs et apte à en discuter, au lieu de rester persuadé que l'on a raison (chacun traverse ce genre de phase à un moment de sa vie). Il est aussi intéressant de remarquer ce phénomène chez des enfants que chez des adolescents, mais aussi chez des quarantenaires en pleine crise de mi vie, ou des personnes du troisième âge. L'on pourrait donc généraliser cette observation à tout âge, chez tout individu changeant de manière significative sa vision du monde après avoir expérimenté et assimilé de nouvelles expériences, dont il aurait assimilé les conséquences et fait siennes les observations qu'il en aurait tiré (il y aurait là une renarcissisation de soi et un accroissement de l'ego dans la personnalité).

Chaque passage à un stade supérieur de développement cognitif, s'accompagnerait donc d'une forme particulière d'égocentrisme

Ainsi à chaque modification de ses cognitions serait constatée une tendance à l’égocentrisme, qui durerait le temps de l’assimilation des connaissances nouvellement acquises, et du travail introspectif de chacun. Plus précisément ce travail introspectif d'accès à soi dépend de l'acception de ses transformations génitales, de ses changements hormonaux influençant ses variations d'humeurs, qui entraineront une exacerbation de son affectivité et donc un repli défensif du moi sur lui-même, c'est à dire des voiles de l'ego qui masqueront ses réalités à l'individu qui pourtant a accès à de nouvelles vérités sur soi, sur son monde (dans le langage cela se traduit par des propositions de nouvelles idées, de nouveaux points de vue, que le sujet défend et peut tendre à imposer). Mais en fonction des capacités intellectuelles nouvellement acquises tout au long de sa vie, l'individu n'est pas toujours à même de faire la distinction entre ses propres pensées ou actions, et celles des autres. Donc il a besoin d'un certain temps pour assimiler le savoir qu’il a acquit lors de ses dernières expériences émotionnelles et intellectuelles, d'où l'émergence naturelle d'un caractère égocentrique, pouvant être associé à des phases de paranoïa bénignes ou pathologiques selon les tendances et structures de l'individu.


L’ÉGOCENTRISME CHEZ LE PARANOÏAQUE - Égocentrisme et pseudo-altruisme, ou de l'inadaptabilité sociale.

Égocentrisme et interprétation paranoïaque - Du normal au pathologique

Une personne normale, avec une structure paranoïaque non décompensée, va croire et interpréter des choses qu'elle aura naturellement rapportées à soi, en s'en méfiant pour ensuite se rendre compte qu'elle s'est trompée au travers d'une autocritique. Au contraire le paranoïaque (dont la teneur paranoïaque est bénigne ou dont les tendances sont plus prononcées) va rattacher à son complexe idéo-affectif les évènements du quotidien en rapportant tout à sa personne, de manière plus ou moins pathologique, c'est à dire en élaborant un délire spécifique selon ses structures psychiques propres (s'il est plutôt névrotique, psychotique ou borderline de base). C'est à ce moment qu'apparait le délire de relation, lorsque le moi de l'individu est surinvestit narcissiquement, alors que cela est inapproprié puisque l'individu n'est pas réellement en danger (bien qu'il le croit en l'éprouvant véritablement).

C'est donc par peur, que le sujet mobilise ses ressources psychiques en se croyant ou en se mettant au centre de l'attention. Ainsi il rapporte d'autant plus tout ce qu'il perçoit à sa personne, au point de se faire submerger par un trop plein d'informations alimentant ses délires de persécution par exemple. Une personnalité saine ne vit pas une telle hypertrophie du moi en ne s'investissant pas autant en narcissisme, c'est à dire en ne se donnant pas tant d’importance, en ne portant pas autant d'attention aux choses qu'elle rapporte à soi, et qu'elle interprète avec méfiance. Tout est donc question d'estime de soi, de la qualité et la quantité de ses investissements narcissiques sur des objets extérieurs et sa propre personne (ses objets intérieurs que sont ses instances psychiques, tel le moi, l'ego qui manque, prédomine ou reste mesuré dans sa personnalité).

Problématiques des conduites égocentriques dans ses relations avec autrui, toujours le paranoiaque est dans l'attente d'une réaction d'autrui

Le paranoïaque donne des significations subjectives à des comportements et faits objectifs, mettant en doute l'avis des autres tout en idéalisant ses propres points de vue, dans une fausseté de jugement caractéristique de son égocentrisme. Le problème de l'égocentrique étant de tout rapporter à soi, le paranoïaque va interpréter les faits en se les appropriant, en s'impliquant dans des phénomènes où il n'a rien à voir avec les situations données. S'en suivent des attitudes inadaptées aux situations, voire des conflits perpétuels qui suscitent des erreurs d'interprétations des dires, des confusions entre les sous entendus implicites et les affirmations explicites. Des tensions dans les relations sont donc susceptibles d'apparaître et de perdurer lorsque le paranoïaque se voulant omnipotent, revendique quelques idées personnelles qu'il impose comme des vérités universelles par exemple. Cela ne veut pas dire qu'il a toujours tort, mais non plus qu'il a toujours raison, la vérité se situant au delà de la croyance que l'on a en ses idées à un instant donnée. La conviction en ses idées dépendant du degré de ses croyances.

Si chacun se ment à lui-même, tout le monde n'est pas paranoïaque dans le sens maladif du terme

L'orgueil et l'égocentrisme ne peuvent expliquer la paranoïa à eux seuls, lorsqu'un complexe de représentations chargé affectivement se maintient au premier plan de la psyché et pousse l'ego à se voiler la face, dans un éventuel délire paranoïaque où le moi se veut tout puissant. Le problème advient lorsque l'individu qui se trompe lui-même en vient à se fixer sur une ou plusieurs idées déterminées, et à interpréter les choses depuis des points de vue ne prenant pas en compte l'avis d'autrui, et ce au point d'en développer une forme de délire avec de possibles tendances psychotiques. C'est là tout le problème de l'égocentrique qui ne peut se reconnaitre et s'apprécier qu'au travers du regard d'autrui, faute de s'aimer lui-même. L'égocentrique est toujours dans l'attente d'une réponse venant d'autrui, c'est là sa part névrotique.


ÉGOCENTRISME ET FORMATION DU DÉLIRE

L'apparition progressive du délire se fait au cours d'une période d'assimilation, de remaniements de ses processus intellectuels et cognitifs

L'égocentrisme du malade délirant lui fait se composer une vision du monde presque caricaturale selon les situations de vie qu'il traverse. Il transpose les interprétations qu'il se fait de son quotidien dans des intellectualisations alimentées par son imagination, produisant des métaphores de soi, des masques d'ego définissant son style selon la teneur des ses caractères égotiques. Sans réelle décompensation de sa structure paranoïaque, l'individu égocentré apparait comme particulier pour ne pas dire excentrique, montrant un entêtement et une excitabilité sans pour autant qu'on puisse le distinguer dans une foule d'individu présentant les mêmes traits de personnalité. On remarque des manifestations de doutes, des oscillations dans ses croyances, la ré-actualisation ou l’apparition de nouveaux idéaux qui tendent à une résurgence du caractère égocentrique dans la personnalité. La formation de la paranoïa se fait donc par phases d'égocentrisme. Les symptômes du délire apparaissent lors d'états périodiques de surexcitation de l'intelligence, de la sensibilité et de la volonté (manifestation de ses tendances paranoïaques, affirmation de son ego).

La permanence du délire s'établit autour d'un noyau structuré, ou de plusieurs noyaux concentriques

Malgré un manque d'auto-critique, se remarque chez l'égocentrique une auto-observation omniprésente du fait d'un surinvestissement de son moi. Le sujet se sent en confiance, portée par une volonté inébranlable, une force le poussant à s'affirmer en allant de l'avant (manque de recul sur soi, besoin d'un remaniement du concept de soi, de comprendre son nouvel état d'esprit). Orgueilleux et malade de sa propre image, d'une mauvaise estimation de soi dans des évaluations trompeuses, l'égocentrique conserve pourtant des réactions intellectuelles et mnésiques dans la moyenne, en bon névrosé qu'il est. Si chez une personne normale l'égocentrisme produit une difficulté naturelle à se comprendre via un aveuglement dû aux illusions nécessaires de son propre ego, chez un individu malade l'égocentrisme vire au délire dans des surinterprétations où le sujet rapporte tout à lui de manière pathologique (dans le sens où cela renforce son auto-aveuglement, ses délires de persécution, de revendication et d'interprétation). Son attitude mentale est alors dominée par l'émotion, caractérisée par un état affectif presque pur.

L'individu s'éprouve telle une sensation unique et universelle

La croyance prédomine donc, et le manque de raison se traduit par une élaboration intellectuelle déficiente (manque d'autocritique), se réduisant à la perception de signification personnelle impossible à préciser par l'individu (manque de clairvoyance), alors qu'il s'y efforce quitte à s'épuiser mentalement (la quête de sa vérité est éprouvante et déprimante quand l'on passe à côté de soi, ou que l'on s'approche trop prêt de ses vérités tragiques et cruelles).

Égocentrisme et interprétation

Même si rien n'indique à l'individu que les paroles entendues ou les évènements perçus le concernent, il reste convaincu au fond de lui qu'il est visé. Qu'il en soit conscient ou pas, il se place toujours aux centres des attentions. S'il est conscient de ses interprétations mais rentre quand même dans un délire en rapportant les choses à soi (ses affects et tendances paranoïaques le poussant à cela), il peut s'imaginer qu'autrui n'était alors pas conscient de lui adresser un message, message qui peut être interprété de plusieurs façons selon qu'on s'attarde aux propos de surface ou de fond, aux sous entendus plus ou moins conscients ou inconscients (voir empathie). Autrui a t'il voulu m'adresser un message subliminal, sans même qu’il s'en rende compte ? Autrement, si le sujet est inconscient de ses mécaniques égocentriques et paranoïaques, de ses désirs du fait de s'approprier ce qui lui plait ou l'arrange, l'on peut distinguer quatre formes verbales de dénégation.


QUATRE FORMES VERBALES DE DÉNÉGATION, D’INTERPRÉTATION INCONSCIENTES

Lorsque le sujet évoque son amour/haine à propos d'un objet extérieur, et en opposition à l'affirmation de son amour (c'est à dire de l'objet désiré, par exemple une personne tierce idéalisée ou jalousée), la dénégation de cet aveu amoureux peut prendre quatre formes que sont la persécution, l'érotomanie, la jalousie et l'auto-érotisme narcissique :

- La première dénégation donnant le thème de la persécution s'exprime par un "Je le désire sans pouvoir l'avoir donc j'affirme ne pas l'aimer. Je le hais", et se traduit dans l'esprit par un "Il me hait". Il y a donc ambivalence dans la pensée clivée en bon et mauvais objet du sujet. L'objet désiré initialement projeté est donc inatteignable, puis une fois introjecté dans un retour à soi, est devenu un objet persécuteur, révélant toutes les frustrations du sujet à propos de l'objet de son désir. Par exemple, un tel que j'apprécie pour ses qualités ne me revient pas parce qu'il me rappelle mes insuffisances, donc je crois qu'il me rabaisse, alors que c'est moi qui le méprise, parce que je me dévalorise en me sentant inférieur à lui, tout en me voulant supérieur (voir rapport entre identification et projection).

- La seconde dénégation donnant le thème de l'érotomanie s'exprime par un "Je ne l'aime pas. C'est lui qui m'aime" (l'objet désiré désirerait le sujet). L'individu désirant être un tel qu'il apprécie pour ses qualités, se met à croire dans une identification projective que c'est cette personne désirée qui le désire, et non l'inverse. Après avoir projeté son désir sur autrui, le sujet égocentré rapporte à lui son propre désir, au travers d'une identification à la figure d'un objet ou d'une personne tierce. Pour se valoriser, l'individu vaniteux se croit aimé par l'objet tant désiré, inavoué. Souvent dans le cas d'un délire érotomaniaque, l'individu s'identifie à des personnages connus, symbolisant l'idéal du moi du sujet qui se voit grand, plus grand qu'il ne l'est, mais surtout tel qu'il voudrait être secrètement. Ces figures majestueuses prennent alors des formes persécutrices ou idéales, faisant respectivement se dévaloriser le sujet, ou se survaloriser dans un délire de grandeur par identification projective.

- La troisième dénégation donnant le thème de la jalousie s'exprime par un "Je ne l'aime pas. C'est l'autre qui l'aime". L'individu s'identifiant à l’objet de son désir, par exemple une personne qu'il affectionne pour ses qualités auxquelles il s'identifie, va croire que c'est un troisième sujet qui aime l'objet qu'il désire, à sa place. Avec ou sans inversion projective, l'identification à l'objet désiré et à la personne tierce désirant aussi cet objet, sème la confusion dans l'esprit du paranoïaque, projetant en dehors de lui son désir inavoué. C'est là toute la problématique de la triangulation des désirs, lorsque toujours l'on désire ce que l'on a pas, d'où le fait que l'on désire la femme de son voisin sans se rendre compte que sa propre femme nous aime, et qu'on l'aime, ou pas.

- La quatrième dénégation donnant le thème de la personnalité narcissique s'exprime par un "Je ne l'aime pas. Je n'aime personne. Je n'aime que moi". Dans cette forme le sujet jouit de son image omnipotente dans un délire de grandeur, niant complètement autrui dans un manque d'empathie flagrant. Il y a une régression évidente à un stade de narcissisme primaire, où l'individu à ce besoin de recouvrer un sentiment de toute-puissance narcissique, un soi grandiose (égocentrisme +++).​


Article suivant : Les principaux mécanismes de défense opérant dans la structure paranoiaque

 
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