Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

En vous enregistrant, vous pourrez discuter de psychotropes, écrire vos meilleurs trip-reports et mieux connaitre la communauté

Je m'inscris!

DMT | 20mg | Un monde sombre

Lotre

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
30 Nov 2011
Messages
3 892
Expériences précédentes avec les psychédéliques :


Champis, LSA, Salvia, toujours à doses modérées, toujours du bonheur, je n'avais pas idée de ce qui va suivre.




Expériences précédentes avec la DMT :
- 5mg de premier test. Pulse tryptaminique, changement des couleurs.
- 10-12mg de second test. Rencontre avec un esprit espiègle, qui joue avec moi comme avec une marionnette.


Sur les deux expériences de rencontre avec la molécule, je contrôlais beaucoup le trip. C'était un peu à moi de décider à quel point rentrer dedans, d'ouvrir les yeux quand je voulais revenir à la réalité ordinaire. C'était gentil. Ce n'est pas le cas de ce dernier trip.




Vers 5h du mat', ma douille est prête. 20mg de cristaux bien blanc entre deux couches de cendres dans un petit bang. Je mets cette musique pour accompagner mon trip : DNA Activation, Dreamtime Magic, Eliah Jasper 432hz - YouTube


J'allume une bougie et j'éteins les lumières. Je prends le bang en main, et je commence à respirer profondément pour me calmer et pour préparer mes poumons à la douille. Mais je ne le sens pas trop de faire ce trip. Mes deux trips de tests n'étaient pas très fort mais ils sont encore très récents. Le dernier date d'avant hier. Ils m'ont quand même appris et apporté des trucs, je devrais les intégrer et les appliquer à ma vie avant d'aller plus loin. Je n'ai rien à faire dans le monde de la DMT ce soir, je sens qu'elle ne me veut pas. Je repose le bang, je réfléchis. Si je ne prends pas cette douille je vais être un peu frustré, et je ne saurai pas vraiment ce qu'est la DMT, depuis le temps que j'en parle. Et puis mon pote va peut-être m'appeler demain pour récupérer son bang, la douille est prête, ça me ferait chier de la tirer à la va-vite au réveil. Je réfléchis à ce que pourrait m'apporter la DMT ce soir, ce que je peux lui demander. Je lui demande de m'enlever ma colère, mes côtés dark. Que le trip soit à ce sujet, l'amélioration de mon être, un grand nettoyage.


La musique est presque terminée, j'en change, je mets Lama Gyurme et Jean-Philippe Rykiel en playlist.
Très bien, quand la chanson se finira il y en aura une autre. La musique est belle et rassurante, ça ne peut pas mal se passer, c'est le moment, je tire la douille.


Le premier truc qui me surprend, par rapport aux précédentes, c'est qu'elle passe toute seule. Pas de moment où toute la fumée accumulée se ramène d'un coup dans ma bouche, ça glisse tout seul sans la sensation de coulage de douille. C'est doux, je sens à peine le goût. Je garde la fumée sans difficulté tout en doutant d'avoir vaporisé toute la DMT. Je pose le bang et là je sens la grosse montée fulgurante. Je relâche la fumée en soufflant la bougie. Le son de mon souffle est métallique et distant, comme si je m'entendais de loin, un peu comme quand j'ai une capuche en synthétique sur la tête, mais en beaucoup plus prononcé. Je sens fortement le désir de m'allonger, j'y suis comme poussé. Je ferme les yeux. Les pensées fusent dans ma tête, je me rappelle plus quoi, mais je me répète intérieurement de fermer ma gueule. Tu l'as voulu le trip, maintenant tu te laisses porter.

Je sais plus tout ce qui s'est passé à ce moment du trip, j'ai eu cette pulsation tryptaminique qui apporte chaleur et euphorie, qui m'a fait lâcher un gros rire dans ma piaule, j'ai dis quelques mots à haute voix je ne sais plus lesquels. Je passe en respiration consciente car j'ai l'impression de pas respirer. Le son de ma respiration est toujours métallique et lointain. J'ai aussi l'impression que mon cœur ne bat plus. C'est pas flippant mais bizarre. Je prendrai plusieurs fois mon pouls lors du trip, pour vérifier que mon corps vit toujours.


Par moment j'ouvre les yeux. Pas trop de visuels. Je vois mes mains qui bougent en laissant des traces, elles s'enroulent en mode fractale. Je referme les yeux, pris par cette sensation de voler/me faire écraser. La musique se met à déconner, elle ralentie, il en manque des bouts, elle semble avoir du mal à sortir des hauts parleur. J'ai l'impression que le Lama et un esprit se livrent un combat, l'un essayant de réprimer l'action de l'autre. Dis autrement, j'ai l'impression que la musique me protège en gênant l'action de quelque chose, et ce quelque chose essaye de rendre la musique sombre et malsaine, et il y arrive à moitié. J'hésite à couper la musique ou pas, mais de toute façon je ne peux pas, je sais pas trop comment retrouver le mp3 qui est pourtant à côté de moi, et j'ose pas trop bouger.


Le trip continu de monter en intensité. La guitare électrique de la musique est complètement ouf. Magnifique et en même temps j'ai une vague impression qu'elle se moque de moi, je la sens espiègle. Je me demande si elle est vraiment dans la chanson ou si elle vient d'ailleurs. A plusieurs reprises j'ai l'impression d'être « là et pas là ». Comme si mon esprit voyageait hors de mon corps mais que je n'avais pas la capacité de suivre et de visualiser ce voyage, et dès que j'y pense je reprends conscience de mon corps et du monde qui l'entoure. Mon corps n'est pas sans âme, mais mon âme est parfois sans corps.


Et puis, à ce moment où j'ai les yeux fermé, écrasé dans mon lit, sous mon gros duvet prévu pour les températures extrêmes, je sens que c'est le moment de se laisser aller, vraiment, complètement, de lâcher prise totalement. De mourir en quelque sorte. La demande m'en est faite. A peine une fraction de seconde d'hésitation et je m’exécute, je suis là pour ça après tout. Le silence se fait en moi, j'ai oublié la musique, je vois des formes mouvantes qui se mélangent et puis je suis envahi par une image de fractale très colorée. Elle ne ressemble pas à celles que j'ai vu ailleurs sur internet ou autre. Je me dis que c'est ce qu'on voit quand on meurt. Que d'une façon ou d'une autre ces formes rentrent dans la composition de l'univers. En sont-elles la cause, le résultat ? Je sens une présence, pas vraiment bienfaitrice. Je lui demande « et alors, l'univers dans tout ça ? » Elle ignore ma question, mais j'ai le sentiment de lui avoir posé une colle. J'ai depuis le début comme un blocage, un nœud dans le ventre, je me dis que c'est chiant, que ça ne colle pas avec mon état, et pouf!.. Il disparaît, on me l'enlève. A ce moment je ne sens plus rien. Je ne peux même pas dire que je suis détendu, mais je me sens neuf, vide, silencieux. Ce n'est pas négatif, mais c'est déconcertant. Je ne sens toujours pas ma respiration ni mon cœur.


Silence et calme, le trip s'est appaisé. Mon rapport à la réalité à complètement changé. J'ai l'impression d'avoir déjà vécu ce moment. Je suis collé à mon lit et je fais des mini allers-retours dans le temps. J'ouvre les yeux, je les referme, je recommence et je me demande si c'est le même instant. Je sens que l'univers est vieux, j'en prends pour la première fois de ma vie la mesure. J'essaye de déterminer à peu près combien de temps s'est écoulé grâce à la musique, mais je ne comprends plus rien dans ce domaine. J'ouvre les yeux, il fait noir, un peu de lumière filtre autour des rideaux. Je vois mon pantalon et une serviette accrochés à la corde à linge, ils sont dark et menaçants. Les rideaux ont l'air de démons qui me scrutent. Tout ça est calme et ne bouge pas, mais c'est pas rassurant. Je regarde mes mains. Leur façon de bouger n'est pas habituelle. Elles sont toutes noires et crochues, mes doigts sont des griffes. C'est très stable comme vision. Je suis devenu entièrement mon côté sombre, je le représente physiquement. Je ne sais pas si je dois bouger ou pas. Je suis comme dans une autre réalité. Je reconnais tout autour de moi, les formes n'ont pas changé, mon chien est bien là à sa place, mais je ne ressens pas les choses pareil. Déjà il y a ce côté menaçant autour de moi, et moi-même je ne me ressens pas comme d'habitude. Je bouge un peu, je m’assois.


Je me dis que le trip devrait être fini maintenant. Je suis toujours dedans, mais sans me sentir en train de tripper, de monter. Ça paraît bien trop réel, cette lucidité est insensée. Je coupe la musique. « Je vais rester perché à vie. » Je commence à paniquer. En une seconde l'angoisse m'envahit aussi rapide que la montée du trip. Je pense aux gens que je pourrais appeler, je saisi mon portable. Je pense au pote qui m'a fourni les écorces. Il peut me sortir de là. Il faut que je lui en parle. Il m'avait dit qu'on peut pas badder sous DMT, qu'on en a même pas le temps. Je me dis que j'ai dépensé toutes mes enzymes MAO sur mes deux tests, que c'est pour ça que le trip dure. Je sens mon âme perdue, enfermée dans un monde sombre. Je me demande pourquoi j'ai fait ça. Tout ça en deux secondes. Et puis je me reprends. Dans ma tête ça fait « non non non pas de bad ». Fermement, je me dis que tout ça est une conséquence de quelque chose. Que même si je restais un démon dans un monde de nuit, ce serait une réalité comme une autre, que je l'aurais cherché, à force d'entretenir cette colère et cette méchanceté. J'accepte tout, quoi qu'il arrive, tout en gardant dans un coin de ma tête que le trip finira probablement par redescendre. Je souffle un grand coup. Ma respiration a toujours ce son métallique et distant. Je suis encore un peu en stress, alors je me lève, je saisi un mégot de cigarette roulée dans le cendrier, mon briquet, je vais ouvrir la porte de mon appart qui donne sur une petite cour. Il pleuviote, je suis en tong. Mon chien se lève et vient me faire des câlins. Sa fourrure est un peu différente qu'à l'habitude, elle raconte sa vie. Il me fait des câlins et il m'aide comme jamais je n'ai été aidé. Il me raccroche à la vie, il est la seule preuve à ce moment que je suis vivant. Le monde de ma cour est sombre, normal il fait nuit, mais c'est pas que ça. Ce silence, ce calme, cette sensation d'être dans un espace clos à ciel ouvert, comme si la réalité elle-même était cloisonnée. Elle n'est qu'une parmis d'autres. Même les esprits supérieurs qui peuvent jouer avec nous, les dieux, s'ils existent, ne savent pas d'où ils viennent, d'où vient l'univers. Le mystère est encore plus grand que ce que je pensais. Je ne ressens plus rien, je ne sens plus le souffle de vie en moi. Je pense à ma vie, à mes proches du moment, à la journée qui a mené à ce trip. Je m'étonne presque de me rappeler de tout ça. C'est comme si c'était un rêve et que j'en avais été réveillé brutalement. Je suis vide, vivant de corps dans un monde froid, sans sens, sans but. Je me sens complètement détaché et je me demande comment je vais vivre dans cet état. Ce n'est pas négatif, ni positif, c'est juste comme ça, je suis matière dans un monde de matière. Ça peut être perçu comme une force, car ce détachement m'épargne les complications dues aux émotions. C'est peut-être ça ma rédemption.


Puis je rentre, je fais 20 caresses au chien, je me pose sur le lit, je réfléchi à ma vie. Il faut que j'agisse. Que j'utilise et prenne soin de mon corps. Je vais aux toilettes, je m'éclaire au briquet, pas question d'allumer la lumière. Je fais 20 pompes. Et puis je vais me coucher. 20 mg.


Aujourd'hui je me suis réveillé en tant que personne normale. Je reste très curieux, j'en veux encore presque, mais je ne sais pas si je pourrai consciemment encore m'infliger un moment comme ça. Je vais attendre un bon moment, et peut-être me tourner vers la Changa pour une exploration à petits pas.
 

Thomas11

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
10 Sept 2012
Messages
1 222
Démétra peut être méchante, bien méchante il faut croire :|

Bien dark, tu m'avais prévenu ... mais là, ah ouais, sale claque !
 

Yaba

Alpiniste Kundalini
Inscrit
12 Juin 2010
Messages
620
Les trips à la DMT marquent à vie.
 

Lotre

Holofractale de l'hypervérité
Inscrit
30 Nov 2011
Messages
3 892
Faut dire que ce TR je l'ai écrit le lendemain par besoin de cristalliser l'expérience. Depuis j'ai pris un peu de recul, et je me rends compte que cette expérience m'a été bénéfique. Et j'ai pris conscience aussi de la puissance phénoménale de cette molécule. J'ai relu les autres TR avec un autre regard.
 

RedKaktus

Glandeuse pinéale
Inscrit
24 Oct 2012
Messages
161
J'ai surkiffé ! :-o

A la fin, t'as bien retranscrit un cheminement que je me suis fait, et que je me fait toujours d'ailleurs. Se dire qu'on sait pas "dans quoi" on vit ? Ca peut paraître troublant et déconcertant, mais pourtant...
Quelques idées que j'aime bien, que je me rappelle régulièrement :
-De la totalité de ce que contient l'Univers, seuls 0,00000001% sont connus de nos méthodes d'observation
-Les théories les plus en vogues en ce moment dans le domaine scientifique prédisent un Univers multidimensionnel, ou même certainement un Univers holographique, qui ne serait en fait, qu'une simulation d'un "ordinateur" quantique
-Tout n'est que fréquences, vibrations, et ondes.
-La physique quantique a démontré l'existence de l'"Intrication", qui signifie basiquement que tout est lié dans l'Univers, si l'on interfère sur une particule à un point A, une autre particule à l'autre bout de l'Univers sera instantanément affectée elle aussi, en conséquence.
-Quelles sont nos réelles possibilités ? Des choses comme la télépathie, la télékinésie, les dons de médiumnité, lévitation... sont-ils réellement possibles ?
-Que nous cache-t'on ? Et pourquoi ? :-o

Après, à chacun de faire sa sauce. Mais franchement, si être "perché", c'est simplement se dire, que PEUT-ETRE, tout est possible. De voir le Monde avec un oeil plus curieux. De commencer à sortir de la "norme" (qui de toutes manières est un amas de mensonges et d'ignorance) pour commencer à se bricoler une philosophie de vie, adaptée à sa vie afin d'être heureux... Alors OUI, je suis perché et je suis content de l'être ! :tonqe:

Amicalement

"J'ai depuis le début comme un blocage, un nœud dans le ventre, je me dis que c'est chiant, que ça ne colle pas avec mon état, et pouf!.. Il disparaît, on me l'enlève. A ce moment je ne sens plus rien. Je ne peux même pas dire que je suis détendu, mais je me sens neuf, vide, silencieux. Ce n'est pas négatif, mais c'est déconcertant." :-o
"Mon corps n'est pas sans âme, mais mon âme est parfois sans corps." :rock:
 
Haut