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Y'a-t-il toujours un intérêt à suivre les cérémonies enthéogènes ?

MindWalker

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1/11/24
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Salut !

Voilà, il y'a un sujet qui me taraude depuis quelques temps, celui de la désacralisation ou bien de la marchandisation des différentes cérémonies enthéogènes à travers le monde. La plus connue est évidemment l'ayahuasca et après quelques reportages, trip reports et vidéos Youtube, j'ai quand même bien l'impression qu'il y'a une grosse dénaturalisation de cette cérémonie. A l'ère de la mondialisation, du capitalisme libéral et de la massification du tourisme, le Pérou (mais aussi les autres pays ne font pas non plus exception) ne pouvait pas lutter bien longtemps non plus. Les cérémonies d'ayahuasca me renvoient (à mes yeux néophytes) l'image d'un produit très onéreux, très standardisé dans des baraques bien équipées, à 40mn de la ville : bref, un business a vu le jour. Et ce, sans même parler des faux chamans en tout genres qui ont vu le filon face au psychédélique "culturel" le plus connu au monde. Et ceci, s'applique un peu partout. Je suis actuellement en Afrique de l'Ouest et j'ai un peu commencé à observer le rituel bwiti, avec la consommation de l'iboga. Comptez en moyenne 2000 à 4000 euros. Certes, vous partez deux semaines dans la forêt (et nécessairement cela a un coût), reste néanmoins que vous pouvez choisir vos chambres avec ou sans climatisation et la WiFi est incluse !

Et donc je ne sais pas trop où me placer. Personnellement, je suis athée donc je ne vais jamais chercher "Dieu" en consommant des produits enthéogènes. Donc finalement, l'aspect cérémoniel m'intéresse à 200% dans son aspect culturel mais finalement pas dans sa finalité : si je prends de la DMT, c'est pour ouvrir mon cerveau et court-circuiter mes réseaux neuronaux, pas vraiment pour taper la discut' à Ganesh, Amaterasu ou autres (même si bon, on sait jamais haha). Et donc fatalement, j'ai l'impression de manquer de respect face à ces coutumes : un Blanc occidental qui part au Gabon, cherche-t-il vraiment via l'iboga à se connecter au mondes des Ancêtres comme le font les Fang ? Ce même étranger, qui consomme l'ayahuasca, ne cherche pas non plus à pratiquer la divination via les âmes des morts ? Même chose pour le rapé, yopo, etc.

Bref, j'ai l'impression qu'un peu comme tout, le capitalisme a finit par travestir la chose. Ces cérémonies ancestrales ne sont finalement pas différentes des spectacles des derviches tourneurs en Turquie, des charmeurs de serpents ou des danses traditionnelles : payez (et payez cher) un produit qui aura lieu mardi à 18h comme toutes les semaines. Quelle authenticité reste-t-il ?

Aujourd'hui, la DMT est synthétisée/isolée et beaucoup moins chère qu'un voyage au Pérou dans un lodge hors de prix. Et je me dis que finalement, c'est peut-être identique de la consommer comme ça.

Qu'est-ce que vous en pensez ?
 
Dernière édition:
Est-ce qu'un natif d'amazonie, sans aucun contact avec le christianisme, trouverait du sens à l'eucharistie ?
Cette inversion a ses limites (elle exclut les rapports de domination et la modernisation des rites "exotiques" pour s'adapter aux attentes du public occidental), mais ça peut être une piste de réflexion.

Plutôt que payer pour s'exotiser, on pourrait aussi assumer nos héritages spirituels et les dépasser en recréant nos propres rites.
 
Je pense que les touristes y croient vraiment .
Et je pense que la majorité des séances monnayées accessibles a des touristes sont juste un business pour ces *chamanes*
Après y'a de vrais trucs religieux mais c est probablement pas le plus accessible aux touristes
 
Aujourd'hui, la DMT est synthétisée/isolée et beaucoup moins chère qu'un voyage au Pérou dans un lodge hors de prix. Et je me dis que finalement, c'est peut-être identique de la consommer comme ça.

Qu'est-ce que vous en pensez ?

j'en pensse que la dmt en cristal couplé à un imao n'est probablement pas pareille que la plante, rien que par les dosage mais aussi part les produits à effet d'entourage., et le fait que se sois bue.


Y'a-t-il toujours un intérêt à suivre les cérémonies enthéogènes ?​


oui je dirais , mais je ne parle pas de payer je parle de faire comme, ya certain aspect!

par exemple avec le khat faut manger copieusement avant surtout si ont compte s'enfiler toute une botte.

avec bl'aya faus suivre une diète c'ets probablement important si on veux pas crever.
 
Coucou ! Intéressante et importante ta réflexion à propos de l'appropriation culturelle des rituels psychotropes. Je te rejoins sur pas mal de points, mais je veux quand même critiquer ce que je vois comme une sorte de "mythe du bon sauvage", c'est-à-dire une vision de l'authentique comme non touché par les blancs, "dans son jus", spontané et sans horaires...
un produit qui aura lieu mardi à 18h comme toutes les semaines. Quelle authenticité reste-t-il ?
...la messe a lieu tous les dimanches à 11h et 18h (et le samedi à 18h aussi). Le rite chrétien en est-il moins authentique ?
Il y a du chauffage dans les églises l'hiver, est-ce moins authentique qu'à l'époque où l'on se pelait le cul à Noël ? (parallèle avec la clim pour l'iboga) en vrai oui y'a des tradis qui refusent le confort et n'ont jamais accepté Vatican II et préfèrent la messe en latin où personne ne comprend rien, ce que perso je trouve pas davantage authentique puisque la messe en latin date d'une époque où assez de gens parlaient latin pour que ça n'ait plus sens de la faire en grec...
Ces petites réflexions pour rappeler que les rites, ca évolue, est c'est un autre biais exotisant que de rechercher l'expérience pure intouchée des évolutions dont nous-mêmes sommes bien contents de bénéficier au quotidien. À quel point on prend le monde pour notre parc d'attraction ?

J'pense que ça appelle à des réflexions vraiment fines et concrètes sur des cas particuliers, telles que : quelles sont tes motivations, à qui profite le crime, comment circule l'argent, quelles sont les conséquences pour les cultures locales, comment le vivent les concernés, quelles sont leurs volontés à eux, tout ça tout ça.
 
Je pense que les touristes y croient vraiment .

Reste la question de savoir à quoi ils croient vraiment. De manière générale, c'est rarement ce à quoi croient les gens qui sont à l'origine de ces cérémonies.
 
mais je veux quand même critiquer ce que je vois comme une sorte de "mythe du bon sauvage", c'est-à-dire une vision de l'authentique comme non touché par les blancs, "dans son jus", spontané et sans horaires...
Mmh, effectivement, je n'avais pas vu les choses sous cet angle. Je suis tombé sur cette autre discussion qui parle un peu de la même chose que ce topic.

C'est vrai qu'effectivement, je me suis laissé bercer par un mythe très "romantique" de ces produits, presque mystique. En relisant mon message d'introduction, je vois qu'il est un peu acerbe voire condescendant. Faut dire que je suis un peu tombé de haut quand j'ai vu le prix des initiations de bwiti et surtout les accomodations. Mais en même temps, c'est vrai que fatalement les choses évoluent, les rites changent inévitablement alors que les générations se succèdent.

Je me tâte beaucoup finalement sur les produits que j'ai mentionnés. J'adorerai voir ces cérémonies mais pas dans cet aspect lucratif qui est aujourd'hui accessible. Peut-être que le seul moyen se trouve dans le visionnage des reportages ?

Dans la conversation que j'ai cité, il y'a une vidéo et il y'a ce top commentaire vachement intéressant :
Salut, je vis en Colombie et je pratique les cérémonies avec Yagé. Juste quelques trucs : sur le fond, tu as tout à fait raison sur le fait que ce remède était autrefois une médecine collective et qu'elle est devenue individualiste en occident, coincidant avec la dynamique capitaliste au point que toute spiritualité est aujourd'hui absorbée par le terrible "développement personnel", allant jusqu'à créer des folies comme : faites de la méditation ou consommez de l'ayahuasca pour devenir riche et performant. Néanmoins, c'est illusoire de considérer que les peuples pré-capitalistes seraient dans le dévoiement de leurs cultures parce qu'elles ont évolué et ne sont plus conformes exactement à leurs traditions ancestrales. Tous les indigènes vivent dans le présent, et sont des êtres pensants, pas des totems. L'idée du soin ou de la guérison est en permanence en mouvement, et comme tu dis cette aproche hybride de la médecine qui intègre des éléments de la philosophie occidentale ne rend pas les cérémonies artificielles, parce qu'inotenthiques. C'est clair que 95% des cérémonies pratiquées ici, et 100% des cérémonies pratiquées en Europe et en Amérique du Nord sont des attrapes touristes qui se monayent entre 150 et 300 dollars US. Mais il existe aussi un bon nombre de chamans sincères, dédiés au soin des habitants de leur région, qui certes ne sont plus des communautés fermées mais des échelles plus larges qui accueillent la plupart des gens. En soignant les individus, ils soignent également "la société", ou le collectif. La modernité n'est pas égale à la mort de l'authenticité. Et entends moi, je suis révolutionnaire, activiste, "anarchiste" pour faire court et fervent militant décolonial. Tu as tout à fait raison de dire que le mythe du gentil sauvage est raciste et ethno-centré, mais ça l'est également de présumer que les chamans sont devenus des entrepreneurs menteurs et manipulateurs parce qu'ils ont fait évolué leur pratique. Ça revient à dire qu'ils auraient dû rester à poil dans la forêt parce que c'est leur place historique. Le capitalisme étant un système totalitaire qui s'engouffre dans toutes les brèches du monde, les indigènes ne faisant pas exeption à la règle, ils cherchent à gagner de l'argent pour survivre. En fait, pour ceux qui sont effectivement des charlatans, ou pourrait juste se réjouir qu'ils s'en mettent plein les poches grâce à la naïveté occidentale, d'un point de vue décolonial. Bref je pourrais développer mais je crois que c'est déjà assez long.
 
sur l'échelle du temps le chamanisme précède la méthodologie rationnelle dans le raisonnement humain. C'est le cas pour toutes les pratiques divinatoires des différentes cultures. Initialement ce sont des pratiques égocentriques communautaires dénotant d'une sorte d'intimité de la tradition.

Les premiers étrangers à observer ces rites exclusifs à une culture furent des explorateurs. Là il s'agit encore d'exceptions. Mais après ce début, les shamans prennent conscience que de plus en plus de gens les observent depuis la modernité. Les pratiques ne sont plus dans la confidence des groupes humains traditionnels originaux.

Ce qui se décide aujourd'hui c'est ce que vont faire les shamans de leur shamanisme: une source de revenus? En faire du tourisme? Vont-ils adapter le shamanisme au Monde moderne de la civilisation par un shamanisme émanant le charisme comme alternative? Cela a déjà été le cas avec les gurus de l'Inde... parfois avec succès, parfois avec honnêteté, parfois uniquement pour l'argent mais aussi des fois par pureté d'intention. Parfois en tant que charlatanisme aussi.

Évoquons en référence les gurus de l'Inde pour présager l'éventualité du shamanisme...
 
Reste la question de savoir à quoi ils croient vraiment. De manière générale, c'est rarement ce à quoi croient les gens qui sont à l'origine de ces cérémonies.
Je vais m'autoriser le cliché total sans nuance pour une fois
Un gloubi glouba New Age inesené, d'éveils spirituel bouddhiste et le Kundalini selon pas mal de forum / communautés internet chéper .
Rien de tout ça n'a quoi que ce soit a voir avec le chamanisme amazonien

Mais bon .... si ça fait vivre l'économie locale de pays pas très riches et que les *chamanes* n'abusent pas de leurs adeptes quand ils sont en plein trip .... pourquoi pas hein
 
Je voulais pas le dire mais je pense que c'est vrai. Ce que je voulais surtout pointer, c'est la difficulté, même quand, sincèrement, on veut croire ce que croient les Amazoniens (lesquels ?) et/ou qu'on veut croire qu'on croit ce que croient les Amazoniens, de ne serait-ce qu'arriver à savoir et comprendre.
 
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