Doomed94
Matrice Périnatale
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- 22/2/08
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Je précise d'emblée, mon trip n'est pas cauchemardesque dans le sens où je me suis retrouvé dans un monde parallèle avec des aliens, que j'ai vu des monstres, ou ce genre de choses. Ceux qui s'attendent à un truc fendar et visuel avec tout plein de détails peuvent dores et déjà passer leur chemin. Malheureusement, j'ai oublier une très grosse partie du visuel.
Je repose brièvement le contexte. J'ai souvent lu qu'un trip réalisé dans un environnement familier ne pouvait pas tourner mal. Ce jour là, j'ai eu droit à un démenti d'une violence inouïe.
Je suis avec ma mère dans la cuisine, vers 2 heures du mat, ma tante s'est barré 2 minutes plus tôt après avoir testé l'extrait sans avoir eu d'autres résultats qu'une bouffée de chaleur.
C'est à mon tour.
A peine ai-je le temps de dire à ma mere "Laisse tomber, j'en ai pas aspirer assez", que je sens mon esprit décoller. Mon champs de vision s'assombrit et est subitement envahi par des centaines de fragments au contenu identique (je ne sais plus si c'était un objet, ou la lettre "R").
Décrire la phase qui suit avec netteté et précision relève de la gageure, et c'est pas faute d'avoir tenté plusieurs fois de me la remémorer, je ne puis que reporter les vaporeuses bribes de souvenirs qui m'en reste et les sentiments qui m'animaient sur le moment.
J'ai donc basculé dans un état visionnaire, assez proche de ce qu'on peut vivre juste avant le sommeil, lorsque l'esprit commence à vagabonder. Mais tout de même d'un niveau de réalisme (réalisme dans le sens où cela paraît réel sur le moment, mais sur le moment cette notion n'a aucun sens puisque vous avez de toute façon tout oublié de votre monde) et de violence largement haut-dessus. Les rêves et les cauchemards ont toujours des éléments de repères, quelquechose de famillier, ici rien, vous êtes complétement perdu. Vous avez à peine un vague souvenir de votre identité, et c'est vers ce souvenir infime que j'ai cherché à me raccrocher, quand je l'ai pu, pendant tout le trip.
Je crois qu'il y'a 2 parties à distinguer : celle ou vous vivez le trip, moment où la conscience est en état de semi-veille, et celle ou, brusquement, vous avez suffisament conscience de vivre ledit trip pour pouvoir l'influencer -attention, vous ne vous dites pas "ah oui c'est vrai j'ai pris de la salvia, donc en fait je délire total là, trop cool !", dailleurs vous ne vous dites rien, mais votre conscience se met à bredouiller, de sorte qu'un vague et fugitif souvenir d'avoir une existence quelquepart vous revient. Et quand je dis vague et fugitif, c'est pas pour faire de la littérature, c'est vraiment le cas et même plus encore. C'est précisement à ce moment que le trip s'est mis à basculer.
Ce dont je me souviens, visuellement, dans cette première partie : l'impression d'être emprisonné dans un objet, sinon d'être moi-même un objet, difficile à dire, mais j'étais un élément parmi cette masse d'objets et j'étais le jouet d'un processus répétitif qui semblait, au moment où ma conscience a affleuré, avoir duré une eternité. Vous n'imaginez pas à quelle point ça m'enerve de ne pas parvenir à revisualiser l'objet en question (je dis objet, mais ce n'était pas pour autant inanimé, je pense même plutôt contraire) ni quoi que ce soit. Des objets, je crois que j'y ai pris corps dans une infinité de toute façon, avant que ma conscience n'affleure pour enregistrer en mémoire (mais dans une partie scellé) ce dernier objet et que le trip ne chavire.
Le sentiment que j'ai eu, lors de ces accès de conscience, c'est un espèce d'épouvantement absolu mêlée à une incompréhension totale, d'autres sentiments ineffables venaient encore se superposer, c'est puissant et traumatisant, ce sentiment me revient parfois par flash d'une demi-seconde quand j'essaye dur comme fer de me souvenir du trip.
Lorsqu'on passe à la 2ème partie du trip, je ne sais plus trop ce que je suis : mais je suis toujours pris dans un processus répétitif et implacable qui semble duré depuis une eternité au moment où j'en ai conscience, ce processus est cette fois-ci plus net et se résume comme suit : je suis envoyez successivement dans des situations fictives de mon existence (lieu familier, présence de(s) parents, mais j'ai la conviction que cette situation n'a jamais existé, sinon dans un lointain passé, que je n'ai rien à faire là, c'est comme si je visitais des réalités parallèles où les repères sont bel et bien là, mais biaisés). Ca paraît abstrait mais visuellement, la manière dont ça se faisait donnait quelquechose de bien concret (mais dont le souvenir s'est évaporé très rapidement).
Pendant ce voyage, je me rappelle qu'au bout d'un moment, dans la fulgurance infernale de ce cycle qui paraîssait ne jamais finir -une espèce de boucle interminable qui avait vraiment quelquechose de flippant et de vertigineux- j'ai réussi à me cramponner à une situation qui me semblait être le présent, comme si je l'avais pris au vol pour ne pas qu'on m'envoie ailleurs et mettre un terme à cette spirale.
Là je suis dans ma cuisine : j'entends ma mère me dire "va te coucher", une injonction qui me laisse craindre que je suis en faite coincé dans le passé ou bien dans une fausse réalité (car je voyais mal ma mère me dire d'aller me coucher, ça me renvoyait un peu au passé, aux années collèges). En fait, elle me le dit vraiment. Je réalise peu à peu que je suis bien dans le présent. Je suis sorti du trip mais je suis secoué à un niveau inconcevable, comme si je venais de naître et que je me demandais ou j'étais, je pose plein de questions, je fais une dizaine d'aller-retour sans aucune raison. Et là encore un sentiment bien spécial : je SAIS que je viens de faire un trip, mais il y'a quelquechose qui cloche, je n'arrive pas vraiment à mettre de mot dessus : grosse difficulté à réappréhender la réalité, à me réappréhender moi-même, crainte que quelquechose d'irréversible ne ce soit produit. Je suis pas loin de paniquer et je me fais violence pour ne pas m'abaisser à demander ma mère et ma tante de rester un peu avec moi avant d'aller se coucher. Ce sentiment s'éstompe peu à peu, et je m'endors. Le lendemain, je retrouve mon état normal comme si rien ne s'était produit.
On m'apprend que ça a duré 5 minutes, que je paraîssais être dans un état "neuro-végétatif", que je bavais, que je répétais le nom de ma mère et que je demandais ce qui se passait avec une voix d'enfant plaintive. Que j'ai fait une accolade à ma mère et à ma tante. Ca m'a fait rire car, vraiment, c'est à l'opposé de mon caractère, d'ordinaire je suis quelqu'un de plutôt froid et imperturpable.
J'ai eu l'impression d'avoir été projeté infiniment loin, la réalité telle qu'on l'a connaît était devenue une chose dérisoire à laquelle, au fur et à mesure que ma conscience se faisait jour dans le trip, j'essayais desespérement de me raccrocher.
Juste après avoir aterri, la stupeur était telle que pour moi il n'y avait aucun doute : jamais je ne retoucherai à un psychédélique (c'était la première fois, à part du shit à l'occasion, j'avais jamais touché à rien), comme si mon retour à la réalité avait tenu du miracle.
Au jour d'aujourd'hui je suis moins catégorique sur la question. Comme quoi.
Je repose brièvement le contexte. J'ai souvent lu qu'un trip réalisé dans un environnement familier ne pouvait pas tourner mal. Ce jour là, j'ai eu droit à un démenti d'une violence inouïe.
Je suis avec ma mère dans la cuisine, vers 2 heures du mat, ma tante s'est barré 2 minutes plus tôt après avoir testé l'extrait sans avoir eu d'autres résultats qu'une bouffée de chaleur.
C'est à mon tour.
A peine ai-je le temps de dire à ma mere "Laisse tomber, j'en ai pas aspirer assez", que je sens mon esprit décoller. Mon champs de vision s'assombrit et est subitement envahi par des centaines de fragments au contenu identique (je ne sais plus si c'était un objet, ou la lettre "R").
Décrire la phase qui suit avec netteté et précision relève de la gageure, et c'est pas faute d'avoir tenté plusieurs fois de me la remémorer, je ne puis que reporter les vaporeuses bribes de souvenirs qui m'en reste et les sentiments qui m'animaient sur le moment.
J'ai donc basculé dans un état visionnaire, assez proche de ce qu'on peut vivre juste avant le sommeil, lorsque l'esprit commence à vagabonder. Mais tout de même d'un niveau de réalisme (réalisme dans le sens où cela paraît réel sur le moment, mais sur le moment cette notion n'a aucun sens puisque vous avez de toute façon tout oublié de votre monde) et de violence largement haut-dessus. Les rêves et les cauchemards ont toujours des éléments de repères, quelquechose de famillier, ici rien, vous êtes complétement perdu. Vous avez à peine un vague souvenir de votre identité, et c'est vers ce souvenir infime que j'ai cherché à me raccrocher, quand je l'ai pu, pendant tout le trip.
Je crois qu'il y'a 2 parties à distinguer : celle ou vous vivez le trip, moment où la conscience est en état de semi-veille, et celle ou, brusquement, vous avez suffisament conscience de vivre ledit trip pour pouvoir l'influencer -attention, vous ne vous dites pas "ah oui c'est vrai j'ai pris de la salvia, donc en fait je délire total là, trop cool !", dailleurs vous ne vous dites rien, mais votre conscience se met à bredouiller, de sorte qu'un vague et fugitif souvenir d'avoir une existence quelquepart vous revient. Et quand je dis vague et fugitif, c'est pas pour faire de la littérature, c'est vraiment le cas et même plus encore. C'est précisement à ce moment que le trip s'est mis à basculer.
Ce dont je me souviens, visuellement, dans cette première partie : l'impression d'être emprisonné dans un objet, sinon d'être moi-même un objet, difficile à dire, mais j'étais un élément parmi cette masse d'objets et j'étais le jouet d'un processus répétitif qui semblait, au moment où ma conscience a affleuré, avoir duré une eternité. Vous n'imaginez pas à quelle point ça m'enerve de ne pas parvenir à revisualiser l'objet en question (je dis objet, mais ce n'était pas pour autant inanimé, je pense même plutôt contraire) ni quoi que ce soit. Des objets, je crois que j'y ai pris corps dans une infinité de toute façon, avant que ma conscience n'affleure pour enregistrer en mémoire (mais dans une partie scellé) ce dernier objet et que le trip ne chavire.
Le sentiment que j'ai eu, lors de ces accès de conscience, c'est un espèce d'épouvantement absolu mêlée à une incompréhension totale, d'autres sentiments ineffables venaient encore se superposer, c'est puissant et traumatisant, ce sentiment me revient parfois par flash d'une demi-seconde quand j'essaye dur comme fer de me souvenir du trip.
Lorsqu'on passe à la 2ème partie du trip, je ne sais plus trop ce que je suis : mais je suis toujours pris dans un processus répétitif et implacable qui semble duré depuis une eternité au moment où j'en ai conscience, ce processus est cette fois-ci plus net et se résume comme suit : je suis envoyez successivement dans des situations fictives de mon existence (lieu familier, présence de(s) parents, mais j'ai la conviction que cette situation n'a jamais existé, sinon dans un lointain passé, que je n'ai rien à faire là, c'est comme si je visitais des réalités parallèles où les repères sont bel et bien là, mais biaisés). Ca paraît abstrait mais visuellement, la manière dont ça se faisait donnait quelquechose de bien concret (mais dont le souvenir s'est évaporé très rapidement).
Pendant ce voyage, je me rappelle qu'au bout d'un moment, dans la fulgurance infernale de ce cycle qui paraîssait ne jamais finir -une espèce de boucle interminable qui avait vraiment quelquechose de flippant et de vertigineux- j'ai réussi à me cramponner à une situation qui me semblait être le présent, comme si je l'avais pris au vol pour ne pas qu'on m'envoie ailleurs et mettre un terme à cette spirale.
Là je suis dans ma cuisine : j'entends ma mère me dire "va te coucher", une injonction qui me laisse craindre que je suis en faite coincé dans le passé ou bien dans une fausse réalité (car je voyais mal ma mère me dire d'aller me coucher, ça me renvoyait un peu au passé, aux années collèges). En fait, elle me le dit vraiment. Je réalise peu à peu que je suis bien dans le présent. Je suis sorti du trip mais je suis secoué à un niveau inconcevable, comme si je venais de naître et que je me demandais ou j'étais, je pose plein de questions, je fais une dizaine d'aller-retour sans aucune raison. Et là encore un sentiment bien spécial : je SAIS que je viens de faire un trip, mais il y'a quelquechose qui cloche, je n'arrive pas vraiment à mettre de mot dessus : grosse difficulté à réappréhender la réalité, à me réappréhender moi-même, crainte que quelquechose d'irréversible ne ce soit produit. Je suis pas loin de paniquer et je me fais violence pour ne pas m'abaisser à demander ma mère et ma tante de rester un peu avec moi avant d'aller se coucher. Ce sentiment s'éstompe peu à peu, et je m'endors. Le lendemain, je retrouve mon état normal comme si rien ne s'était produit.
On m'apprend que ça a duré 5 minutes, que je paraîssais être dans un état "neuro-végétatif", que je bavais, que je répétais le nom de ma mère et que je demandais ce qui se passait avec une voix d'enfant plaintive. Que j'ai fait une accolade à ma mère et à ma tante. Ca m'a fait rire car, vraiment, c'est à l'opposé de mon caractère, d'ordinaire je suis quelqu'un de plutôt froid et imperturpable.
J'ai eu l'impression d'avoir été projeté infiniment loin, la réalité telle qu'on l'a connaît était devenue une chose dérisoire à laquelle, au fur et à mesure que ma conscience se faisait jour dans le trip, j'essayais desespérement de me raccrocher.
Juste après avoir aterri, la stupeur était telle que pour moi il n'y avait aucun doute : jamais je ne retoucherai à un psychédélique (c'était la première fois, à part du shit à l'occasion, j'avais jamais touché à rien), comme si mon retour à la réalité avait tenu du miracle.
Au jour d'aujourd'hui je suis moins catégorique sur la question. Comme quoi.