[LSD, Kétamine, Cannabis, Alcool] - Les mélanges mènent à la confusion

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Getcha

Matrice Périnatale
Bonjour à mes lecteurs et lectrices,

Après avoir lu des dizaines de TR, c'est à mon tour de me lancer. Les motivations sont multiples : partager mon expérience, tenter de m'en décharger partiellement, mettre en garde, recueillir vos avis, ...

Je suis un homme d'une trentaine d'année, féru de diverses substances avec en tête de gondole le cannabis dont j'ai eu (notez la formulation au passé composé) une consommation chronique depuis la difficile période du collège.

Ceci entrainant cela, j'ai au cours de ma vie expérimenté la plupart des substances aisément et moins aisément disponibles, toujours avec entrain, sérénité, recul sur les situations. Deux seules doctrines ont guidées mes pas : ne jamais au grand jamais essayer des substances injectables et surtout pas l'héroine.

Jusqu'au jour ou l’événement que je vais narrer ci-dessous est arrivé, remettant en question l'ensemble de mes certitudes jusqu'alors fortement établies, notamment sur ma capacité à gérer les altérations psychiques et de perception.

Nous sommes dans une maison, isolée de tout ou presque, difficilement accessible en suivant une succession de venelles toutes plus étroites les unes que les autres. Le contexte y est festif, nous sommes un groupe disparate de personnes venant d'ici ou d'ailleurs, composé de proches et d'inconnus. Le cadre y est presque idyllique, a deux pas de la nature mais toujours inséré dans un milieu péri-urbain.

La fête bat son plein depuis déjà deux jours, ou l'on alterne pour la plupart entre bières, shooters, cocktails divers, joints à toutes heures et petites poussettes de kétamine pour sucrer l'ensemble.

Le deuxième jour au soir voit les festivités arriver à leur summum, nous sommes nombreux et déterminés à faire trembler les murs. Les traces s'enchainent, les verres s'enchainent, les joints passent de mains en mains. La fin des festivités arrivant à grand pas, nous devons partir le lendemain, il s'agit de terminer tout cela dans un magnifique bouquet final.

Puis, tard dans la nuit, suffisamment tard pour que les rangs se soient clairsemés, toujours pas assez assommé à mon goût, je me souviens de la présence de buvards dans la soirée. L'idée me plait, mon sang ne fait qu'un tour et je me mets alors en quête de ce saint buvard. Je ne me rendrai compte que plusieurs heures plus tard qu'il était profondément démoniaque.

Nous partageons avec une connaissance, car mieux vaut vivre et partager l’événement, assez rare pour le souligner, avec quelqu'un. Nous prenons un quart chacun, histoire de tester puisque la personne qui nous l'a administré n'était pas en mesure d'en indiquer ni la provenance, ni la puissance.

Quelques heures après, et quelques verres et autres joyeusetés, ne sentant pas d'altérations particulières, je me résout à terminer le buvard seul, ou plutôt avec un ami qui lui n'en consomme pas. Peu après cela, la fatigue commençant à montrer peu à peu le bout de son nez, nous décidons de nous isoler dans une dépendance, en attendant que ce savant mélange arrive à son paroxysme.

Nous consommons des joints, joints sur joints, à une vitesse effrénée. Pour mon ami, ce divertissement est rare, il souhaite avoir l'expérience maximale. Au troisième joint, nous sentons tout les deux une barre se placer au milieu de nos fronts, qui nous pousse au fond de nos sièges. Tout ça est drôle à souhait, je suis ravi de partager ce moment.

Puis, sans prévenir, le LSD se montre avec force, vigueur, puissance que jamais je n'avais connu jusqu'à maintenant. Ma vue devient kaléidoscopique, des milliers de cellules individuelles découpent ma vision, les couleurs se mélangent.

J'observe mon environnement, sans un rire, estomaqué de la puissance de l'expérience. Il y a d'autres personnes autour de moi, je ne les connais pas. Je sens leurs regards peser sur moi, l'ambiance festive disparait pour laisser place à un marécage de tristesse, de rancœur, de jugement, tout est poisseux.

Tout commence à se mélanger, je deviens incapable de discerner le vrai du faux, le bien du mal, l'angoisse me tord le ventre. La puissance du trip, particulièrement inhabituelle, m'interroge sur la nature de la substance. Était-ce bien du L ? M'as t-on administré à mon insu une autre substance ?

Je suis incapable de me souvenir qui ou quoi a participé à renverser le trip, mais j'ai avec un certain recul, la certitude que de paroles prononcées, certainement mal interprétées et qui ont déclenché quelque chose. Je suis incapable de m'en souvenir précisément, comme si une pièce manquait au puzzle, l'ensemble des souvenirs de ce moment sont mélangés, troublés. 

Je me lève, comme je peux, et souhaite partir immédiatement de l'endroit ou je suis. Je croise d'autres personnes sur le chemin, dans une pente. J'entends, je vois des choses néfastes, je suis persuadé qu'on me veut du mal. L'angoisse est trop forte, je pense à la mort.

Mon ami arrive quelques temps après, manifestement inquiet, sans paraitre à un seul moment altéré par les multiples joints ou les successifs verres d'alcool. Je lui demande de me trouver le meilleur endroit pour mettre fin à mes jours dans les alentours. Sans sourciller un seul instant, avec une froideur glaçante.

Cet ami me suivra pendant toute la durée du trip, sans être d'un grand secours. Particulièrement préoccupé par la situation, je tente de m'enfuir loin du lieu, pensant que mon salut se trouverait ailleurs, en changeant d'endroit. Mais je suis incapable de me souvenir le chemin dans les méandres tortueux des alentours. Il me suit toujours, en me posant de multiples questions dont je suis encore une fois incapable de me souvenir de la teneur, encore moins d'y répondre.

Aucunes hallucinations visuelles, rien, pas un seul éléphant rose à l'horizon. Tout n'est que tristesse, morosité, inquiétude. Je ne peux plus marcher, obligé de faire une pause, tentant de semer en vain mon suiveur, puis je m'assois. Les questions fusent dans ma tête, et je suis toujours dans l'impossibilité d'y accoler des réponses. La spirale de l'angoisse m'emporte.

J'entends au loin une portière de camion qui se claque, essaie t-on de m’assassiner ? De m'enlever ? De me torturer ? Il me semble que l'espace d'un instant, je m'évanouis dans une allée abattu par les mélanges et l'angoisse, malgré tout toujours accompagné.

Je me réveille brusquement, sans savoir dire quand, avec un gout de sang dans la bouche et dans le nez. Essaie t-on de m'assassiner ? A quelle tentative de lynchage je suis en train d'assister ?

Au loin, la maison ne produit plus un bruit. La fête est-elle terminée ou s'est-elle réorientée sur ma personne ? Suis-je désormais l'objet principal de divertissement ?

Mon ami me pousse à revenir à l'intérieur, nous approchons. J'entends soudainement le son reprendre, étrange, très étrange. Je fais mon entrée dans les lieux, sans y voir qui que ce soit. Ou sont-ils passés ? Qui a actionné la musique ?

L'ensemble de la situation à un air de film de série B, les scènes s'enchainent mal, les acteurs ont un jeu terrible. Je me retrouve à l'extérieur, en regardant vaguement vers l'horizon, en balbutiant vaguement des questions sans pouvoir articuler, "pourquoi ?", "qu'est-ce qu'il se passe", aux quelques silhouettes que j’aperçois autour de moi. On s'approche vers moi, on me tend un linge dont je ne sais qualifier la texture. Je respire au travers et m'évanouis de nouveau.

On me conduit manifestement dans une chambre, mais je me réveille et me relève plus tard en demandant des explications. On me reconduit dans ma chambre, ou je me réveillerai le lendemain.

En me levant, je perçois les derniers effets du L, notamment le caractéristique effet visuel de vague colorée. Je demande de nouveau des explications, sans qu'on puisse m'en donner de concrètes, on m'annonce que j'ai vrillé. Je souhaite y croire, mais le doute m'habite.

Je repars du lieu, pour ne plus y revenir, la fête est finie et chacun retourne à ses activités normales. Normales, avec en plus cette angoisse et ces questionnements qui ne me quittent plus depuis. Que s'est-il passé ? En qui puis-je faire confiance ?

L'eau a coulée sous les ponts depuis, je ne me suis jeté d'aucun de ces ponts, et - mal pour un bien peut-être - ma consommation de psychotropes a drastiquement chuté notamment celle de cannabis totalement oblitérée, seuls quelques morceaux d'ecstas ou rails de coke subsistent à l'occasion et dans des milieux surs.

J'ai, bien longtemps après, retenté la kétamine, sans grands succès, et avec des effets néfastes similaires à ceux que j'ai décrits, comme un revival de cet épisode traumatique. 

La page est tournée, mon organisme m'a communiqué son impossibilité d'y revenir. Tout cela n'est que mauvais souvenir, parfois envahissants ceci dit puisque parfois, en y repensant, je navigue entre la nécessaire certitude que c'était un bad trip et l'étrange impression que tout cela était savamment organisé. La vie continue toutefois, et franchement c'est pas mal.

Merci de m'avoir lu et n'hésitez pas à réagir :)
 
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