Salut les psychos!
Avant toute chose, sachez que j’ai fait un petit résumé à la fin pour ce qui ne souhaitent pas tout lire
Ca fait (beaucoup trop) longtemps que que je devais écrire ce TR. Le trip que je vais vous raconter a été une expérience très puissante, et à eu lieu à un moment et dans un endroit qui ont beaucoup de sens pour moi, une étape dans un cheminement.
J’ai passé plusieurs mois en Inde en l’année dernière, et ça a été une expérience incroyable, et très psychédélique. Psychédélique même sobre, car c’est un pays tellement fascinant, tellement différent, tout est aventure, tout est nouveau, et je me suis retrouvé durant de long mois avec ce regard d’enfant pour appréhender le monde. Au final, n’est-ce pas pour retrouver cet émerveillement originel que nous prenons parfois des psychotropes ?
Les personnes impliquées: Moi, un pote catalan (Charras) , un pote anglais (Jordy) et un pote français (Newbie). (C’est des pseudos tout pourris inventés y’a deux secondes)
La date: quelques part fin décembre 2013
Le lieu: sur la plage d’Arambol, à Goa, en Inde. On ne fait pas mieux
La substance: LSD, un carton divisé en quart par personne. Il me semble que c'était des Hoffman, en tout cas y'avait un mec qui faisait du vélo dessus :nod: Je n’ai aucune tolérance à ce moment là, ça fait plus de 6 mois que je n’ai pas consommé autre chose que du hash indien.
La dose: un quart du carton !
Le Set & setting: les vacances, le bout du monde, des amis chers, l’énergie du voyageur, de l’empathie, de la compassion, les orteils dans le sable au pays des hippies. Dur de faire mieux.
Acquisition des trips :
Ca faisait quelques jours qu’on été à Goa, à Arambol, juste nous 4 avec quelques autres copines. J’avais évidemment pensé qu’il fallait absolument faire une soirée psyché dans ce contexte absolument unique.
J’avais passé quelques jours à rechercher de la MDMA, qui s’est avéré chère et pas très bonne, ainsi que des trips. Finalement, à force de persévérance, j’ai rencontré un dealer nigérian super sympa qui m’a vendu des 4 cartons. Ils étaient chers et non négociables mais les mec avait l’air de savoir de quoi il parlait. Juste après l’achat, il me demande quand est-ce que je compte les prendre, je ne savais pas encore à ce moment là, et il me dit : « Je t’appellerai demain pour savoir comment ça a été ! ». Le SAV des dealos, le rêve J
Alors qu’on marchait sur la plage avec mes potes, on croise un mec avec des dreads qui distribuait des flyers pour une soirée. On discute et je m’aperçois qu’il est français. Le soir même, à 5 min en marchant de notre guesthouse, il y a une soirée reaggae, jungle, drum’n bass !
Préparation du trip :
Je pensais au départ prendre les trips lors d’une soirée psytrance mais la perspective d’une soirée reggae, moins stressante, me réjouis beaucoup. Nous décidons donc, Charras, Jordy et moi, de tripper ce soir. Newbie, l’autre français, était arrivé dans la journée. Il n’a aucune expérience psychédélique, mais je l’ai vu fumer le shilom comme un bonhomme, et rarement refuser un bédo alors qu’il est non fumeur. Il a une âme joyeuse et est toujours prompt à tenter de nouveau truc. C’est aussi le plus jeune du groupe. On lui fait part de notre plan, et il s’avère qu’il est intéressé. Comme je me sentais responsable de lui, étant moi aussi français et un peu plus vieux, je lui demande ce qu’il connaît des psychés (rien), à quoi il s’attends…
Je lui explique brièvement la durée (longue), les étapes (montée – plateau – descente), les effets (visuels yeux ouverts, yeux fermés, hallu auditives, synesthésie, bodyload), les risques (mauvaise expérience, bad). Je ne m’attarde pas trop sur les effets potentiellement négatifs car je trouve son attitude assez saine. Il a la bonne mentalité pour une expérience psychée ici et maintenant.
J’insiste sur Newbie car durant tout le trip, je garderai toujours un œil sur lui pour m’assurer qu’il va bien. Et il ira très bien comme vous allez le voir.
Durant la journée, nous buvons de l’eau, es jus de fruits, mangeons bien et nous reposons comme il faut. De toute manière, il fait très chaud et le soleil tropical est rapidement insupportable.
On s’équipe pour partir à la soirée : chemise en coton à manche longue pour les moustique, mon keffieh au cas où il fait frais, mon sarouel, et un petit sac léger en bandoulière avec des clopes, des feuilles, du charras, une bouteille d’eau et un peu de bouffe.
Début de la soirée :
Je divise consciencieusement les 4 trips en 16 quarts et je donne un quart à chacun. Chacun conserve ces 3 quarts restants dans sa poche, bien rangé et fermé.
Cette règle de RDR m’a je pense sauvé la vie (ou du moins le trip) ce soir là !
Nous partons vers un bar sur la plage qui organise une soirée trance ce soir là. On reste une vingtaine de minute et la trance commence à devenir dark. Et là je commence à angoisser un peu, et je sens que ce n’est pas ce que je veux entendre durant ma montée. J’en fais immédiatement part à mes potes et nous bougeons vers l’Opinhal (pour ceux qui connaisse), à une dizaine de minutes de marches.
Une fois arrivé là bas, nous allons sur la piste de danse. Il y a déjà du monde, il fait nuit, chaud et l’ambiance est géniale. C’est aussi une nuit de pleine lune, donc on voit relativement bien dans la nuit et la marée est importante. On se prend une bouteille d’eau et on danse au rythme du reggae.
Ca monte sévère :
Au bout de moment, on se concerte et on sort pisser non loin du bar. Et comme toujours quand je pisse trippé, il se passe quelques choses. Je réalise que je suis en train de sévèrement monter, et mes potes aussi, et on se marre tous en pissant. J’ai du mal à garder l’équilibre.
On rit tellement qu’on doit s’asseoir dans le sable. Et la là je me rend compte qu’on va prendre une énorme rouste. Je vois le sable former comme des lèvres pulpeuses qui chantent doucement, et ce à perte de vue. Je vois le néon au dessus du shack (le toit en feuille de palmier du bar) et j’ai l’impression que le bar est recouvert de flammes bleues qui oscillent doucement.
Je réalise aussi à ce moment que je n’ai pris qu’un quart de trip et que je peux déjà sentir que ça va être un trip colossal. Je me marre intérieurement. Et là je repense à Newbie, qui va se manger une grosse mandale lysergique dans la gueule. Il n’a pas trop l’air de comprendre tout ce qu’il se passe, mais il a l’air ravi.
Nous retournons sur la piste de danse, où le son est devenu plus jungle/ragga/drum’n bass (genre ça). La musique est rapide, le beat puissant, et j’adore les vibes reggaes. On danse les pieds dans le sable comme des malades. Il fait chaud et humide, le public est composé de hippies, de traveller et de fêtards et l’ambiance est super cool. Je me régale de la sensation du sable sous mes pieds. J’ai l’impression de m’enfoncer quand je danse, et je vois toujours ces belles lèvres sur le sol.
La balade dans le cimetière pirate.
Au bout d’un moment que je ne saurais quantifier, danser comme des fous nous fatiguent un peu, et Jordy et moi décidons d’aller faire une tour sur la plage.
Lors d’un précédent trip au LSD, j’avais paniqué à l’idée de me perdre et j’étais toujours anxieux en y pensant, mais je me disais que sur une plage c’est pas très compliqué de retrouver son chemin. Au pire, il faut chaud la nuit, je peux dormir sur la plage J
La plage est éclairé par la pâleur de la lune, la mer s’est retirée au loin à cause de la marée, et nous marchons sur le rivage dans le silence. Le bruit des vagues fait m’apparaît comme un hélicoptère, une sorte de roulement continue. Nous marchons au milieu des bateaux que les pêcheurs montent sur la plage pour la nuit.
Je regarde le ciel et je vois des constellations inconnues apparaître et se dessiner (comme dans le menu de compétence de Skyrim). Je vois des liens se former entre les planètes, des galaxies et des explosions. C’est absolument magnifique.
Je dis à Jordy que j’ai l’impression de marcher dans un cimetière pirate. On rigole et on s’imagine dans une aventure sur une île déserte. Je ne distingue pas grand chose, je dois dire que je vois assez mal sous lsd. J’avais l’impression de marcher dans une bulle géante, qui roulerait avec moi (comme un hamster dans sa cage). L’horizon me semble comme un mirage, je distingue la cîme des palmiers mais pas leurs troncs. Et je n’arrive plus à retrouver la mer à cause de la marée.
On s’assoit et on discute. Au bout d’un moment, on se retourne et on s’aperçoit qu’une demi-douzaine de chiens errants se sont assis non loin pour nous observer et nous écouter. On s’inquiète un peu car les chiens errants en Inde sont parfois agressifs et territoriaux, en particulier la nuit. On décide de retourner à la soirée.
La bataille contre les serpents
On retourne à l’Opinhal ou on retrouve Charras et Newbie. Nous sommes exténués par notre marche (et surement un peu en hypoglycémie) et décidons de prendre un coca. Je croise Charras au bar qui commande sa troisième bière de 66cl et nous explique qu’il a pris 3 quarts et se tâte à prendre le dernier. Je le regarde ébahie en remerciant le ciel de n’avoir pris qu’un quart. On boit nos cocas et ça va mieux. Je retrouve Newbie, qui semble bien kiffer sa rouste et ne pas comprendre grand chose. Il a l’air à la fois heureux et un peu effrayé, mais il danse comme jamais. Je lui demande si ça va et il me dis que oui. Je discute un peu avec lui et il a l’air d’aller bien. Je lui dis de profiter et qu’on est là si ça devient trop intense. Un peu plus tard, je le verrais en train de prendre des photos de ses pieds, du sol, de sa main, et je lui demande pourquoi. Il m’explique que c’est pour voir demain matin si tout ce qu’il voit est réel
D’excellents compagnons de trips.
Je me recale les pieds dans le sable sur la piste de danse. Je commence à être ultra arraché. Une personne passe devant moi avec des dreads en dansant, j’avais l’impression d’être dans Star Wars et de voir une personne à 4 bras. Au bout d’un moment, j’ai du mal à savoir si les individus sont hommes ou femmes, à cause des cheveux longs et du fait que je suis explosé. Puis je vois comme des serpents à la place des dreadlocks, et ça m’angoisse. Je me dit immédiatement que si je fais une fixette sur ça je vais devoir rentrer parce que je vais bader. Le schéma de l’angoisse classique : j’ai l’impression qu’on me regarde, que tout le monde est arraché, que je vais me perdre…
Je vois les serpents quand je ferme les yeux aussi. Et je me dis que je ne vais pas bader, j’ai pas fait tout ce chemin à jusqu’en Inde pour bader lors de ce trip de ouf ! Je ferme les yeux et je danse comme un malade. La musique est hyper rapide, en mode jungle de ouf, et je danse comme jamais. Je me dis que le serpent est le symbole de Shiva, le destructeur du mal. Je me dis que j’ai peur du serpent car je lui associe les symboles de là d’où je viens, le mal. Or ici c’est un symbole protecteur, et je dois l’accepter comme tel et ne pas avoir peur. Je ferme les yeux et, subjugué par la musique, je crie mentalement au trip de me donner tout ce qu’il a ! Je suis bombardé de CEV de symboles hindous, de om, de pyramides, d’œil psychés, la totale ! et quelques visions un peu flippantes au milieu. Mais je garde le sourire et je danse comme jamais. Et finalement je passe l’angoisse et je retourne dans un état de trip énergique. Et je danse…
Pensées fractales et fin
Finalement on danse jusqu’à 4h du mat, puis je rentre avec Jordy à la guesthouse où nous discutons jusqu’à l’aube. Les tentures psychédéliques de notre chambre (un bouddha et un shiva) créent une ambiance géniale. La discussion se fait en anglais et je suis surpris de la facilité avec laquelle je peux avoir une conversation très profonde et relativement technique. Je n’avais jamais expérimenté cette clarté mentale du LSD. D’ailleurs je ne faisais que répéter « j’adore cette sensation d’intelligence pure ». On pouvait parler d’un sujet, continuer sur un des embranchements possibles, puis revenir sur un autre embranchement de la pensée. Je ne sais pas si c’est très clair mais grosso modo c’est le sentiment de penser en fractales J
Au final on a pas trop pu dormir et je suis parti avec Charras pour marcher sur la plage à l’aube. C’était sublime.
Conclusion :
Le trip était génial et incroyablement puissant avec une clarté assez surprenante à la fin. J’étais très bien entouré, très bien dans mes pompes et j’adorais l’endroit.
J’ai aussi réalisé ce que j’avais déjà soupçonné : la psytrance ne me convient pas trop pour tripper, surtout au LSD, je flippe trop facilement. Les petits sons un peu dark me font beaucoup trop partir en vrille. J’ai été très agréablement surpris par la jungle et la DnB. Le rythme rapide et la « couleur » reggae toujours joyeuse et festive me convient beaucoup mieux.
J'ai aussi été très content d'arriver enfin à combattre un début de bad de manière constructive. L'inversion du serpent comme symbole du mal en symbole du bien, une sorte de mic-mac hippie qui avait du sens à ce moment là.
Je me suis aussi rendu compte que je me sens bien quand je suis dans le rôle de "l'initiateur", du "chaman" de celui qui fait découvrir. J'ai l'impression que ça me permet de rester concentré sur quelques choses et que penser à quelqu'un d'autres éloigne les angoisses de bad que je pourrais avoir.
Je dois aussi vous dire que j’ai beaucoup pensé à la communauté de Psychonaut, que beaucoup d’entre vous aurez adoré être là et partagé ce moment dans ce lieu « culte » qu’est Goa.
Résumé : trip ultra puissant avec un quart de carton. Je n’en reviens pas de la puissance. C’était clairement le trip LSD le plus costaud que j’ai eu. Le carton devait être vraiment bien dosé. Le set & setting était parfait.
Longeur totale : pris vers 21h, dodo à 10h du mat soit 13h
Effets : visuels magnifiques
Bodyload : plutôt léger. Sentiment de crampes aux jambes que j’ai de manière récurrentes avec le LSD.
Appréciation globale : +++
Faites gaffe à vous, et vive la RDR !
Des câlins
Avant toute chose, sachez que j’ai fait un petit résumé à la fin pour ce qui ne souhaitent pas tout lire

Ca fait (beaucoup trop) longtemps que que je devais écrire ce TR. Le trip que je vais vous raconter a été une expérience très puissante, et à eu lieu à un moment et dans un endroit qui ont beaucoup de sens pour moi, une étape dans un cheminement.
J’ai passé plusieurs mois en Inde en l’année dernière, et ça a été une expérience incroyable, et très psychédélique. Psychédélique même sobre, car c’est un pays tellement fascinant, tellement différent, tout est aventure, tout est nouveau, et je me suis retrouvé durant de long mois avec ce regard d’enfant pour appréhender le monde. Au final, n’est-ce pas pour retrouver cet émerveillement originel que nous prenons parfois des psychotropes ?
Les personnes impliquées: Moi, un pote catalan (Charras) , un pote anglais (Jordy) et un pote français (Newbie). (C’est des pseudos tout pourris inventés y’a deux secondes)
La date: quelques part fin décembre 2013
Le lieu: sur la plage d’Arambol, à Goa, en Inde. On ne fait pas mieux
La substance: LSD, un carton divisé en quart par personne. Il me semble que c'était des Hoffman, en tout cas y'avait un mec qui faisait du vélo dessus :nod: Je n’ai aucune tolérance à ce moment là, ça fait plus de 6 mois que je n’ai pas consommé autre chose que du hash indien.
La dose: un quart du carton !
Le Set & setting: les vacances, le bout du monde, des amis chers, l’énergie du voyageur, de l’empathie, de la compassion, les orteils dans le sable au pays des hippies. Dur de faire mieux.
Acquisition des trips :
Ca faisait quelques jours qu’on été à Goa, à Arambol, juste nous 4 avec quelques autres copines. J’avais évidemment pensé qu’il fallait absolument faire une soirée psyché dans ce contexte absolument unique.
J’avais passé quelques jours à rechercher de la MDMA, qui s’est avéré chère et pas très bonne, ainsi que des trips. Finalement, à force de persévérance, j’ai rencontré un dealer nigérian super sympa qui m’a vendu des 4 cartons. Ils étaient chers et non négociables mais les mec avait l’air de savoir de quoi il parlait. Juste après l’achat, il me demande quand est-ce que je compte les prendre, je ne savais pas encore à ce moment là, et il me dit : « Je t’appellerai demain pour savoir comment ça a été ! ». Le SAV des dealos, le rêve J
Alors qu’on marchait sur la plage avec mes potes, on croise un mec avec des dreads qui distribuait des flyers pour une soirée. On discute et je m’aperçois qu’il est français. Le soir même, à 5 min en marchant de notre guesthouse, il y a une soirée reaggae, jungle, drum’n bass !
Préparation du trip :
Je pensais au départ prendre les trips lors d’une soirée psytrance mais la perspective d’une soirée reggae, moins stressante, me réjouis beaucoup. Nous décidons donc, Charras, Jordy et moi, de tripper ce soir. Newbie, l’autre français, était arrivé dans la journée. Il n’a aucune expérience psychédélique, mais je l’ai vu fumer le shilom comme un bonhomme, et rarement refuser un bédo alors qu’il est non fumeur. Il a une âme joyeuse et est toujours prompt à tenter de nouveau truc. C’est aussi le plus jeune du groupe. On lui fait part de notre plan, et il s’avère qu’il est intéressé. Comme je me sentais responsable de lui, étant moi aussi français et un peu plus vieux, je lui demande ce qu’il connaît des psychés (rien), à quoi il s’attends…
Je lui explique brièvement la durée (longue), les étapes (montée – plateau – descente), les effets (visuels yeux ouverts, yeux fermés, hallu auditives, synesthésie, bodyload), les risques (mauvaise expérience, bad). Je ne m’attarde pas trop sur les effets potentiellement négatifs car je trouve son attitude assez saine. Il a la bonne mentalité pour une expérience psychée ici et maintenant.
J’insiste sur Newbie car durant tout le trip, je garderai toujours un œil sur lui pour m’assurer qu’il va bien. Et il ira très bien comme vous allez le voir.
Durant la journée, nous buvons de l’eau, es jus de fruits, mangeons bien et nous reposons comme il faut. De toute manière, il fait très chaud et le soleil tropical est rapidement insupportable.
On s’équipe pour partir à la soirée : chemise en coton à manche longue pour les moustique, mon keffieh au cas où il fait frais, mon sarouel, et un petit sac léger en bandoulière avec des clopes, des feuilles, du charras, une bouteille d’eau et un peu de bouffe.
Début de la soirée :
Je divise consciencieusement les 4 trips en 16 quarts et je donne un quart à chacun. Chacun conserve ces 3 quarts restants dans sa poche, bien rangé et fermé.
Cette règle de RDR m’a je pense sauvé la vie (ou du moins le trip) ce soir là !
Nous partons vers un bar sur la plage qui organise une soirée trance ce soir là. On reste une vingtaine de minute et la trance commence à devenir dark. Et là je commence à angoisser un peu, et je sens que ce n’est pas ce que je veux entendre durant ma montée. J’en fais immédiatement part à mes potes et nous bougeons vers l’Opinhal (pour ceux qui connaisse), à une dizaine de minutes de marches.
Une fois arrivé là bas, nous allons sur la piste de danse. Il y a déjà du monde, il fait nuit, chaud et l’ambiance est géniale. C’est aussi une nuit de pleine lune, donc on voit relativement bien dans la nuit et la marée est importante. On se prend une bouteille d’eau et on danse au rythme du reggae.
Ca monte sévère :
Au bout de moment, on se concerte et on sort pisser non loin du bar. Et comme toujours quand je pisse trippé, il se passe quelques choses. Je réalise que je suis en train de sévèrement monter, et mes potes aussi, et on se marre tous en pissant. J’ai du mal à garder l’équilibre.
On rit tellement qu’on doit s’asseoir dans le sable. Et la là je me rend compte qu’on va prendre une énorme rouste. Je vois le sable former comme des lèvres pulpeuses qui chantent doucement, et ce à perte de vue. Je vois le néon au dessus du shack (le toit en feuille de palmier du bar) et j’ai l’impression que le bar est recouvert de flammes bleues qui oscillent doucement.
Je réalise aussi à ce moment que je n’ai pris qu’un quart de trip et que je peux déjà sentir que ça va être un trip colossal. Je me marre intérieurement. Et là je repense à Newbie, qui va se manger une grosse mandale lysergique dans la gueule. Il n’a pas trop l’air de comprendre tout ce qu’il se passe, mais il a l’air ravi.
Nous retournons sur la piste de danse, où le son est devenu plus jungle/ragga/drum’n bass (genre ça). La musique est rapide, le beat puissant, et j’adore les vibes reggaes. On danse les pieds dans le sable comme des malades. Il fait chaud et humide, le public est composé de hippies, de traveller et de fêtards et l’ambiance est super cool. Je me régale de la sensation du sable sous mes pieds. J’ai l’impression de m’enfoncer quand je danse, et je vois toujours ces belles lèvres sur le sol.
La balade dans le cimetière pirate.
Au bout d’un moment que je ne saurais quantifier, danser comme des fous nous fatiguent un peu, et Jordy et moi décidons d’aller faire une tour sur la plage.
Lors d’un précédent trip au LSD, j’avais paniqué à l’idée de me perdre et j’étais toujours anxieux en y pensant, mais je me disais que sur une plage c’est pas très compliqué de retrouver son chemin. Au pire, il faut chaud la nuit, je peux dormir sur la plage J
La plage est éclairé par la pâleur de la lune, la mer s’est retirée au loin à cause de la marée, et nous marchons sur le rivage dans le silence. Le bruit des vagues fait m’apparaît comme un hélicoptère, une sorte de roulement continue. Nous marchons au milieu des bateaux que les pêcheurs montent sur la plage pour la nuit.
Je regarde le ciel et je vois des constellations inconnues apparaître et se dessiner (comme dans le menu de compétence de Skyrim). Je vois des liens se former entre les planètes, des galaxies et des explosions. C’est absolument magnifique.
Je dis à Jordy que j’ai l’impression de marcher dans un cimetière pirate. On rigole et on s’imagine dans une aventure sur une île déserte. Je ne distingue pas grand chose, je dois dire que je vois assez mal sous lsd. J’avais l’impression de marcher dans une bulle géante, qui roulerait avec moi (comme un hamster dans sa cage). L’horizon me semble comme un mirage, je distingue la cîme des palmiers mais pas leurs troncs. Et je n’arrive plus à retrouver la mer à cause de la marée.
On s’assoit et on discute. Au bout d’un moment, on se retourne et on s’aperçoit qu’une demi-douzaine de chiens errants se sont assis non loin pour nous observer et nous écouter. On s’inquiète un peu car les chiens errants en Inde sont parfois agressifs et territoriaux, en particulier la nuit. On décide de retourner à la soirée.
La bataille contre les serpents
On retourne à l’Opinhal ou on retrouve Charras et Newbie. Nous sommes exténués par notre marche (et surement un peu en hypoglycémie) et décidons de prendre un coca. Je croise Charras au bar qui commande sa troisième bière de 66cl et nous explique qu’il a pris 3 quarts et se tâte à prendre le dernier. Je le regarde ébahie en remerciant le ciel de n’avoir pris qu’un quart. On boit nos cocas et ça va mieux. Je retrouve Newbie, qui semble bien kiffer sa rouste et ne pas comprendre grand chose. Il a l’air à la fois heureux et un peu effrayé, mais il danse comme jamais. Je lui demande si ça va et il me dis que oui. Je discute un peu avec lui et il a l’air d’aller bien. Je lui dis de profiter et qu’on est là si ça devient trop intense. Un peu plus tard, je le verrais en train de prendre des photos de ses pieds, du sol, de sa main, et je lui demande pourquoi. Il m’explique que c’est pour voir demain matin si tout ce qu’il voit est réel

Je me recale les pieds dans le sable sur la piste de danse. Je commence à être ultra arraché. Une personne passe devant moi avec des dreads en dansant, j’avais l’impression d’être dans Star Wars et de voir une personne à 4 bras. Au bout d’un moment, j’ai du mal à savoir si les individus sont hommes ou femmes, à cause des cheveux longs et du fait que je suis explosé. Puis je vois comme des serpents à la place des dreadlocks, et ça m’angoisse. Je me dit immédiatement que si je fais une fixette sur ça je vais devoir rentrer parce que je vais bader. Le schéma de l’angoisse classique : j’ai l’impression qu’on me regarde, que tout le monde est arraché, que je vais me perdre…
Je vois les serpents quand je ferme les yeux aussi. Et je me dis que je ne vais pas bader, j’ai pas fait tout ce chemin à jusqu’en Inde pour bader lors de ce trip de ouf ! Je ferme les yeux et je danse comme un malade. La musique est hyper rapide, en mode jungle de ouf, et je danse comme jamais. Je me dis que le serpent est le symbole de Shiva, le destructeur du mal. Je me dis que j’ai peur du serpent car je lui associe les symboles de là d’où je viens, le mal. Or ici c’est un symbole protecteur, et je dois l’accepter comme tel et ne pas avoir peur. Je ferme les yeux et, subjugué par la musique, je crie mentalement au trip de me donner tout ce qu’il a ! Je suis bombardé de CEV de symboles hindous, de om, de pyramides, d’œil psychés, la totale ! et quelques visions un peu flippantes au milieu. Mais je garde le sourire et je danse comme jamais. Et finalement je passe l’angoisse et je retourne dans un état de trip énergique. Et je danse…
Pensées fractales et fin
Finalement on danse jusqu’à 4h du mat, puis je rentre avec Jordy à la guesthouse où nous discutons jusqu’à l’aube. Les tentures psychédéliques de notre chambre (un bouddha et un shiva) créent une ambiance géniale. La discussion se fait en anglais et je suis surpris de la facilité avec laquelle je peux avoir une conversation très profonde et relativement technique. Je n’avais jamais expérimenté cette clarté mentale du LSD. D’ailleurs je ne faisais que répéter « j’adore cette sensation d’intelligence pure ». On pouvait parler d’un sujet, continuer sur un des embranchements possibles, puis revenir sur un autre embranchement de la pensée. Je ne sais pas si c’est très clair mais grosso modo c’est le sentiment de penser en fractales J
Au final on a pas trop pu dormir et je suis parti avec Charras pour marcher sur la plage à l’aube. C’était sublime.
Conclusion :
Le trip était génial et incroyablement puissant avec une clarté assez surprenante à la fin. J’étais très bien entouré, très bien dans mes pompes et j’adorais l’endroit.
J’ai aussi réalisé ce que j’avais déjà soupçonné : la psytrance ne me convient pas trop pour tripper, surtout au LSD, je flippe trop facilement. Les petits sons un peu dark me font beaucoup trop partir en vrille. J’ai été très agréablement surpris par la jungle et la DnB. Le rythme rapide et la « couleur » reggae toujours joyeuse et festive me convient beaucoup mieux.
J'ai aussi été très content d'arriver enfin à combattre un début de bad de manière constructive. L'inversion du serpent comme symbole du mal en symbole du bien, une sorte de mic-mac hippie qui avait du sens à ce moment là.
Je me suis aussi rendu compte que je me sens bien quand je suis dans le rôle de "l'initiateur", du "chaman" de celui qui fait découvrir. J'ai l'impression que ça me permet de rester concentré sur quelques choses et que penser à quelqu'un d'autres éloigne les angoisses de bad que je pourrais avoir.
Je dois aussi vous dire que j’ai beaucoup pensé à la communauté de Psychonaut, que beaucoup d’entre vous aurez adoré être là et partagé ce moment dans ce lieu « culte » qu’est Goa.
Résumé : trip ultra puissant avec un quart de carton. Je n’en reviens pas de la puissance. C’était clairement le trip LSD le plus costaud que j’ai eu. Le carton devait être vraiment bien dosé. Le set & setting était parfait.
Longeur totale : pris vers 21h, dodo à 10h du mat soit 13h
Effets : visuels magnifiques
Bodyload : plutôt léger. Sentiment de crampes aux jambes que j’ai de manière récurrentes avec le LSD.
Appréciation globale : +++
Faites gaffe à vous, et vive la RDR !
Des câlins
