Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

En vous enregistrant, vous pourrez discuter de psychotropes, écrire vos meilleurs trip-reports et mieux connaitre la communauté

Je m'inscris!

Le narcissisme et ses troubles - MOI, TOI, NOUS, VOUS..

  • Auteur de la discussion Deleted-1
  • Date de début
D

Deleted-1

Invité
Amour excessif de l'image de soi, associant survalorisation de soi et dévalorisation de l'autre, habituel chez l'enfant, courant chez l'adolescent, compensatoire chez l'adulte.

Le mot dérive du mythe grecque de Narcisse, un jeune homme se croyant indigne d'amour et incapable d'aimer. Attristé au bord d’une étendue d’eau, il y admire le reflet de son visage en s'en extasiant, mais il ne se rend pas compte qu’il se désire lui-même. Et c'est désespéré de ne pouvoir assouvir son amour, que Narcisse se meurt, avant de se transformer en une fleur portant son nom.

ENFANCE

Le narcissisme émerge pendant la petite enfance, entre un et quatre ans approximativement. Il est nécessaire et normal au développement personnel de l’enfant, comme il permet le passage de l’auto-érotisme à l’amour d’un autre objet que lui-même. Ainsi, le petit enfant qui se suffit à lui-même en se croyant tout puissant, et qui ignore sa vie intérieur en se confondant avec le monde qui l’entoure, acquiert la tendance à porter son amour sur autre chose que sa propre personne. Ce décentrage s’effectue pendant la constitution du moi de l’enfant, en alternant les objets que sa libido va investir. De fait, cette quantité d’énergie psychique nommée libido, est soit investie dans un objet extérieur, soit investie dans le moi de l’individu. Le narcissisme investie premièrement la libido de l’enfant sur lui-même (les différentes parties de son corps), afin que son moi se constitue en prenant conscience de sa personne physique. Dans un second temps, le narcissisme change l’orientation de la libido, de manière à ce que celle-ci porte sur des objets extérieurs (le sein nourricier, la tétine, etc), afin que l’enfant prenne conscience de son environnement.

Lors de ces projections sur des objets extérieurs, se créent des représentations du monde extérieur. Ces représentations auxquelles s’identifie la libido, reviennent dans l’esprit de l’enfant quand celui-ci se sent frustré. Effectivement, comme le petit enfant ne peut voir se réaliser tout ses désirs (sur lesquels portent sa libido), il ressent une frustration opérant un repli défensif sur lui-même, et en découle une perte de l’investissement de sa libido sur les objets extérieurs. Ce faisant l’enfant réinvestit sa libido dans son moi, le structurant alors des représentations créées. De ce phénomène retour dit d’introjection, le moi s‘alimente de nouvelles images, lui permettant progressivement une maitrise sur l’extérieur, et initiant des actions comme obéir et résister, s’assouplir ou se durcir, prendre ou rejeter.

Le narcissisme édifie donc la subjectivité et l’estime qu’à l’enfant de lui-même. Cette organisation de l’appareil psychique est essentielle à notre équilibre, entre nos pulsions libidinales et les frustrations de ne pas pouvoir les assouvir. En se mesurant aux représentations qu’il se fait du monde extérieur, l’enfant s’identifie aux idéaux parentaux et culturels, et intègre des valeurs qui élaboreront et constitueront sa sexualité, et plus largement sa personnalité. Notre identité se créée dans une alternance narcissique, entre l’investissement d’objet extérieur et la réassurance intérieure des représentations de ces objets, où nous nous construisons entre l’amour des autres et l’amour de soi. L'enjeu identitaire serait que nous avons besoin d’autrui pour nous constituer individuellement, en s’incluant parmi les autres, mais tout en s’en différenciant suffisamment pour se caractériser comme individu. C’est un difficile équilibre à tenir, puisque nous ne voulons pas être comme tout le monde, en nous satisfaisant de nos singularités, tout en ne supportant pas d’être trop différent de la norme paradoxalement.


TRAITS DE PERSONNALITÉ

Lié au fondement de la confiance en soi, l’individu possédant un narcissisme mesuré, s’aime assez pour être confiant dans ce qu’il entreprend, et a une estime de soi suffisante pour mener à bien des projets. Il possède une autonomie d’esprit lui assurant d’investir de nouveaux objets, pour plus de rencontres avec le monde qui l’entoure. Socialement, il peut donner sans se sentir frustrer, et recevoir sans se sentir tout-puissant. Si il est sensible et mâture, il ne s’enflamme pas quand on le félicite, et n’est pas dépendant d’éloge ou de reconnaissance pour se sentir exister. Affectueusement, il sait aimer et accepte de se sentir aimé, et il peut surmonter sans s’effondrer dramatiquement les épreuves de la vie, en rebondissant et se reconstruisant après les coups durs, sans se désorganiser ou totalement s’anéantir.

Mais si cette vision de l’individuation est idéale, en réalité l’amour de soi se confronte à de nombreux heurts et anomalies, que nous traversons à différents moments de notre vie, selon notre éducation et évolution psychique. Certains ingrédients néfastes à notre construction psychique, proviennent de nos relations parentales lorsque nous étions enfants. Les cas récurrents menant à un trouble de la personnalité narcissique, s’édifient par exemple quand un parent encense trop souvent son enfant, tout en le dénigrant méchamment à d’autres moments, ce qui blesse la sensibilité de l’enfant, en le poussant à vouloir satisfaire son parent mécontent. Mais ne pouvant répondre aux attentes du parent trop exigeant, et changeant de comportement à l’égard de son enfant, celui-ci se retrouvera perdu en ne sachant pas si ce qu’il fait est bien ou mal, et il en restera persuadé de n’être pas à la hauteur des exigences parentales. L’enfant peut aussi perdre ses repères individuels, lorsque le parent considérant son enfant comme une extension de lui-même, l’utilise pour satisfaire son propre narcissisme. C’est ainsi qu’en éduquant son enfant comme un objet valorisant les parents, ceux-ci empêchent leur enfant de s’individuer et de s’équilibrer affectivement, en le rendant dépendant de l'avis de ses parents, faisant autorité. D’autres exemples font preuve de situations où l’enfant ressent que l’un de ses parents ne s’intéresse guère à lui, ou n’est jamais content de lui, l’enfant subissant alors un ressenti d’abandon ou de réprimande permanent.

Ces caractéristiques poussent les parents souffrant d’une personnalité narcissique, à être négligents ou très intrusifs dans certains domaines de vie de leurs enfants. Pour forcer les enfants à agir dans leur sens, ces parents utilisent des moyens plus ou moins pervers, comme la maltraitance physique suite à des crises de colère, la culpabilisation pour exercer une pression psychique, ou l’abandon émotionnel. Sans plus d’explication des états d’âme et affectifs de leurs parents, les enfants en viennent à souffrir d’un manque d’empathie, ne les permettant pas de bien comprendre et interpréter les émotions et intentions d’autrui. C’est pourquoi les individus subissant un trouble de la personnalité narcissique, faute de se décentrer, se comparent aux autres en termes de supériorité/infériorité, singularité/banalité, puissance/faiblesse, richesse/pauvreté, beauté/laideur. De cette perception binaire, en découle des relations personnelles instables et partagées entre l’admiration et le mépris, ne favorisant pas leur adaptation sociale, même si cela dépend du degré de tolérance du milieu socioculturel auquel ils appartiennent.

Définissons maintenant deux catégories de pathologies narcissiques (que nous traiterons jusqu’à la fin de l’article) provenant du même manque de constance et de solidité dans la mise en place de l’amour de soi : d’une part l’excès d’amour propre, avec ses composantes d’égocentrisme, de manque d’empathie et de véritables sentiments pour autrui. D’autre part l’insuffisance d’estime de soi, composée de manques affectifs jamais comblés, et d’une confiance en soi jamais acquise. Je préciserais que l'on n'est pas catégoriquement en excès ou en manque de narcissisme, et que l'on retrouve dans ces deux manières d'êtres, des caractéristiques communes sur les plans affectif et comportemental.

Excès de narcissisme

Caractérisé par un orgueil démesuré, l’individu est égocentrique et a un sentiment de supériorité personnel, lié à des fantasmes de grandeur le menant à une recherche excessive d’admiration. Il se surestime différents des autres en les dévalorisant, et se montre insensible aux sentiments et besoins d’autrui quand il n’en tire pas profit. Le narcissique se veut auto-suffisant, et exige de ses proches qu’ils soient exceptionnels, du moins à ses yeux. Aussi il ne prête que peu d’importance aux droits d’autrui, et à certaines normes sociales et valeurs morales. Arrogant et prétentieux, il souhaite surtout se faire remarquer en recherchant des traitements de faveur, et veut toujours avoir gain de cause, en se mettant en avant de manière compétitive et ambitieuse. Souvent paranoïaque, il se montre intolérant aux critiques, et il lui arrive de penser que les autres le provoquent ou le contrarient, ce pourquoi il répond sur la défensive, en devançant. Parfois mythomane, il exagère ses performances, ou s’attribue celles d’autrui pour accroitre son intérêt auprès de son public. Dégageant un sentiment d’invulnérabilité, le narcissique peut laisser paraître un certain bien-être, ou une certaine assurance, mais malgré les apparences il souffre beaucoup.

Manque de narcissisme

Cette fragilité narcissique empêche l’individu de s’épanouir en le rendant affectivement dépendant. Il doute de sa capacité à être aimé, a constamment besoin d’être rassuré, et est en perpétuelle demande d’attention et de reconnaissance. Dans le cas où il serait en défaut, l’individu se montre susceptible et ressent une grande frustration l’empêchant d’entendre la moindre critique. Déstabilisé et psychologiquement désorganisé, il va jusqu’à se mettre en colère et rejeter les gens ne glorifiant pas son égo, comme il l’exigerait. Se montrer méprisant leur permet de parer aux critiques et aux douloureux sentiments de hontes et d’humiliations. Le moindre petit rejet est interprété comme un abandon définitif, et l’on retrouve ici aussi, la dimension paranoïaque caractéristique du trouble de le personnalité narcissique. Effectivement le manque d’estime de soi amène l’individu à être envieux, et à s’énerver face à ses propres difficultés, même si il a tendance à les reporter sur autrui pour mieux se valoriser. Mais ce mécanisme de défense n’aide pas l’entourage du narcissique à le comprendre, comme il présente des masques bonifiants son image, au lieu d’avouer ses faiblesses. Ainsi il souffre d’une mésentente provoquant d’autant plus de critiques à son égard, ce qui le pousse à se replier en se montrant froid et distant, indépendant et invulnérable, alors qu'en réalité, derrière ses masques se cache une véritable détresse.


RELATIONS SOCIALES ET AFFECTIVES

En société

Le narcissique s’étant pris lui-même comme objet d’amour, il est préoccupé avant tout par l’image que son entourage lui renverra. Soucieux de plaire, il se cache derrière un « faux-self », c’est-à-dire une apparence d’affects et de comportements destinée à se faire aimer, même si déplaire en bousculant les gens peut le satisfaire tout autant. C’est donc en voulant surtout être au centre des attentions pour se sentir exister, que le narcissique parle de lui, ramène tout à lui, et ivre de son apparente attractivité, ne s’en rend plus compte qu’il saoule tout le monde en déballant ses histoires, ses vérités, et son égo. En cas de remarque sur son omniprésence dans les échanges, son égocentrisme lui fera interpréter les critiques indirectes en sa faveur, alors que toute critique directe sera perçue comme une attaque personnelle, et soulèvera une angoisse profonde chez lui. Cette angoisse a pour but de le protéger, lorsqu’elle amène le narcissique à se vexer d’une remarque, pour s’en défendre et se dire qu’il n’y peut rien, parce que ce n’est pas de sa faute. Ainsi il retourne la situation de manière à se déresponsabiliser, alors que sa paranoïa a exagéré une remarque, au lieu d’y donner une importance plus mesurée, en lui permettant de comprendre qu’il est cause de lui-même.

L’individu qui subit des troubles de la personnalité narcissique se cachant derrière des masques, examinons-en de plus près, à savoir celui de la fausse humilité. L’ambiguïté de l’organisation psychique du narcissique, tient au fait qu’il a énormément d’estime pour lui-même sur certains points de sa vie, quand il se déprécie sur d’autres. Pour ne pas blesser son for intérieur en affichant ses faiblesses en public, le narcissique affiche une humilité non réelle, en sachant se mettre en retrait. Cette attitude lui permet d’une part de ne pas se risquer à dire de bêtise ou de dévoiler quelques inaptitudes à s’exprimer, et d’autre part à passer pour quelqu’un de humble et réservé, ce qui peut être valorisé en société. C’est donc en laissant autrui converser à sa place, que le narcissique compense au détriment des autres son sentiment d’infériorité jamais dépassé, quitte à l’entretenir en critiquant intérieurement ses pairs, quand il les observe meubler les discussions tout en dévoilant leur prétention, leur faiblesse, leur narcissisme.

Mais l’individu narcissique sort de sa fausse humilité, lorsqu’il a l’occasion d’étaler ses connaissances, dans les domaines qui le passionnent. Ainsi il peut exposer son savoir avec un vocabulaire technique choisi, lui laissant croire qu’il est quelqu’un d’exceptionnel. Et lorsqu’il capte l’attention d’autrui, il jouit d’une impression de victoire sur l’image médiocre qu’il a de lui-même, alors qu’il a partiellement perdu de vue le fait qu’il traite d’un sujet lambda, et qui le concerne surtout lui, en généralisant l’intérêt qu’il y porte à tout son auditoire. C’est donc en se berçant momentanément d’illusion, tout en faisant miroiter les causes de sa propre admiration, que d’une manière déterminée, il continuera toujours de douter de ses capacités, en ayant plus ou moins inconsciemment peur d’être une personne indigne.

Si la fausse humilité est très courante, d’autres masques cachent des manières d’être plus nuisibles aux relations sociales. Notamment lorsque le narcissique trop confiant de ses atouts et facultés à intriguer et s’attirer l’intérêt d’autrui, perçoit son entourage comme une extension de lui-même. Se montrant sympathique, il peut exercer un certain contrôle sur les autres tout en les manipulant en bien comme en mal, et faire preuve d’intransigeance et de mépris, allant jusqu’à exploiter autrui à ses propres fins. En se croyant meilleur, il refuse toute aide extérieure, et fait bien sentir aux gens qu’il n’a pas besoin d’eux. Dans une dynamique sociale, le narcissique entretient des rapports hautains et n’accorde d’importance qu’aux personnes qu’il estime, ou avec qui leurs relations lui profiteront, autrement, si son estime de soi est menacée, le narcissique se replie dans son for intérieur, et peut déprimer jusqu’à couper tout contact. Ce faisant, le narcissique est responsable de la détresse qu’il occasionne autour de lui, en fuyant toutes relations, ou écrasant de réactions agressives et autoritaires son entourage. En voguant de relations en relations houleuses, le narcissique reproduit malgré lui un schéma de séduction/déception, non pas considéré comme un refus de socialité, mais comme une inaptitude à préserver une entente sincère, amicale, ou amoureuse.

En couple

Dans une relation amoureuse, cette inaptitude à entretenir durablement et honnêtement son désir et «amour» pour l’autre, révèle toute la dimension narcissique chez l’individu promettant d’aimer, alors qu’il est dans l’incapacité d’aimer quiconque, excepté l’image idéalisée qu’il a de lui-même. Effectivement, si pour aimer, il ne faut plus avoir besoin d’être aimé, le narcissique se dépréciant et cherchant avant tout son amour-propre pour ne plus souffrir de sa culpabilité et dépendance affective, ne peut en conséquence aimer personne. Si il se sent amoureux en désirant un pair, il ne sera jamais dans l’action d’aimer en acceptant l’autre tel qu’il est (et non tel qu'il le voudrait), parce qu’en restant au stade du pur fantasme que d’aimer en l'autre ce qui le satisfait chez lui, le narcissique s’envie au travers de son partenaire, en y projetant ce qui le rend admirable à ses propres yeux. Ainsi il cherche d’abord à percevoir en l’autre ce qui lui plait chez lui, et cela l’empêche de reconnaitre vraiment son partenaire, en se leurrant dans l’image idéalisée qu’il se fait de sa propre personne, projetée dans celle de son partenaire.

Cette tendance à se projeter dans son partenaire est un double leurre, comme premièrement elle laisse penser au narcissique qu’il est amoureux d’autrui, alors qu’il n’aime chez autrui que ce qu’il y projette de plaisant, et deuxièmement, comme le narcissique y projette aussi tout ce qu’il ne veut pas voir chez lui. Cette manière de se déresponsabiliser diminue l’empathie du narcissique, en réduisant sa compréhension des états d’âme de son partenaire. Il ne se rend ainsi pas compte de ce qu’il lui fait vivre en le malmenant, très souvent sans remords ni culpabilité, puisqu’il vit dans son monde où lui a raison, quand son partenaire a toujours tort. Prenant ses relations comme un jeu où il avancerait ses pions dans le but de gagner sa partie, le narcissique ne peut s’y investir émotionnellement, par peur d’être sentimentalement blessé et abandonné. Le problème étant alors que la personnalité séduisante du narcissique plait, et que les personnes prises d’affection à son égard, risquent d’en souffrir si elles ne restent pas sur leur garde. A noter que le narcissique en souffrira aussi, lorsqu’il s’aperçoit qu’il n’aime que lui, et se trompe lui-même ainsi que son partenaire, en croyant l’aimer.

Trop égocentré, le narcissique se voulant indépendant n’est donc pas apte à considérer et éprouver de réels sentiments amoureux. Il n’accepte de faire plaisir à son partenaire qu’en fonction de son bon vouloir, et ne lui témoigne que trop peu de considération. Ce manque de respect trahit un désintéressement évident de son partenaire, et ne cherchant pas plus à le (re)connaitre, il sauvera ses apparences en se tenant garant d’une droiture morale, s’apparentant plus à une dévalorisation du partenaire culpabilisé et soumis. Et se trouvant toutes les excuses justifiant son comportement, le narcissique ne peut avouer ses torts comme il ne se rend pas compte qu’il s’est mal comporté et trompé. Si la situation le poussait à devoir se repentir, il dirait «Je m'excuse», formulation prouvant qu'il s'excuse lui-même, sans pour autant perdre la face. Et en étant rancunier, le narcissique se vengera quand il le pourra de ce qu’il a perçu comme un affront. L’homme narcissique est souvent machiste, il ne dévoile que très peu ses sentiments véritables, et s’attache à des valeurs traditionnelles où il sera dédouaner de tâches mettant en cause sa virilité, toujours en se gardant de gestes de tendresses. La femme narcissique se décharge elle aussi des tâches jugées ingrates, affirmant sa supériorité en voulant briller en société, qui comme l’homme, exerce sa domination tout en donnant le change.

Conflit conjugal

Orgueilleux comme pas deux, le narcissique est fier de son détachement affectif, qui le préserve de ressentir toutes émotions le contraignant à mettre son égo de côté. Manquant d'enthousiasme affectueux, il se renie en ne témoignant ni envie, ni besoin d'autrui. Il se veut autonome et avance donc tout seul, quand aveuglé par sa vantardise et faute d’échange, il ne comprend pas le fonctionnement du couple, au point de mettre le sien en défaut. Instable émotionnellement, et ne manifestant pas plus d’intérêt à son partenaire (au point de s’abstenir de tout rapport sexuel, qui ne lui manque pas), des tensions se créent et le narcissique n’en a que faire, malgré la récurrence des crises du couple. Il se fiche que son partenaire souffre de n'être jamais désiré ou méprisé, et il continue donc de ne pas partager ses sentiments, en trouvant des raisons accablant son conjoint. Ne consentant qu’à trop peu d’effort, le narcissique se laisse au mieux aimer, quand son partenaire cherche à susciter chez lui quelques émotions.

Un narcissique fort aura tendance à se mettre en couple avec un plus faible narcissique, afin d’équilibrer les égos, chacun comblant le vide de l’autre. L’un admiratif, satisfera celui ayant besoin d’admiration, quitte à amplifier son admiration dans le but de souder leur union. Mais cette façon de s’aimer aussi illusoire que précaire, laisse toute marge d’action à des perversions, où le fort narcissisme accablera de reproches le plus faible, utilisant son besoin d’admirer un caractère fort, pour mieux le tenir en laisse, tel un objet à sa disposition. En couple, finit les masques d’humilité, les narcissiques expriment toutes leurs susceptibilités, et se reprochant leur propres torts, ils font preuve d’une rage menant à des violences psychiques ou physiques dans le pire des cas.


SOCIÉTÉ MODERNE ET POLITIQUE

Comme chaque société engendre ses pathologies psychiques particulières, c’est en ayant normalisé l’éducation d’enfants-rois que nous évoluons aujourd’hui dans une société, où des parents narcissiques objectivent leurs enfants pour leur propre plaisir, qui une fois adultes, chercheront à reproduire ce même schéma de plein narcissisme vécu pendant leur enfance. Le culte du narcissisme est une des caractéristiques de notre société, où les adolescents se croyant mâture, manque en réalité d’indépendance et s’égare ensuite dans des dérives et plaisirs adulescents, faisant d’eux les maîtres absolus de leurs petits univers respectifs. Cette exaltation individualiste, égocentrique et narcissique se retrouve abondamment sur les réseaux sociaux, quand chaque individu se met en avant de manière toujours plus éphémère, pensant que son entourage s’intéresse à sa personne, autant qu'il s'admire lui-même. C’est donc paradoxalement, que le désir narcissique contemporain est moins fermé sur l’individu, en s’orientant sur le plaisir d'être regardé et admiré par autrui. L’image de soi reste sur-investie, mais son amour propre est désormais présenté aux regards des autres, il ne s’agit plus de s’aimer soi-même dans son coin, mais de s’exhiber au travers de n’importe quels médias.

Compétitive et prônant la rivalité, notre société complexe est stressante, et pousse les individus au repli, régressant dans leur illusion narcissique. La publicité déforme notre vision du monde, et fausse nos repères et idéaux en déséquilibrant nos rapports sociaux. Le capitalisme moderne infantilise les consommateurs, les retranchant dans leur narcissisme infantile, lorsqu’ils étaient tout-puissant en possédant des biens désirés. Cette dynamique régressive nuit à toute forme de sagesse, et les comportements sociaux montrent que les cohésions entre individus se dégradent, au fur et à mesure que le narcissisme travaille à diminuer l’empathie et le détachement de soi, chez des individus moins apte à s’ouvrir aux autres. Les tendances narcissiques limitent notre compréhension du monde et de nos contemporains, et le nihilisme accompagné de l’industrialisation du monde, laisse place à l’uniformisation des comportements et mode de vie, conduisant des communautés révoltés à la haine et à la violence. Aujourd’hui la façon de faire de la politique s’apparente à un show médiatique, où les électeurs votent pour une personnalité plutôt que pour ses idées, et des individus imbus de leur personne comme Sarkozy, Trump ou Macron, sont de vrais cas d’école pour analyser ce vers quoi tend le narcissisme contemporain, quand on s'aperçoit que ce sont eux qui redéfinissent les tendances et manières de se présenter en public.
 
Haut