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L'angoisse d'une heure de lecture

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L'angoisse est un malaise caractérisé par une peur intense accompagnée de sensations physiques oppressantes et désagréables. Inquiétude intense, liée à une situation d'attente, de doute, de solitude et qui fait pressentir des malheurs ou des souffrances graves devant lesquels on se sent impuissant. L'angoisse est due à la perte de représentation de soi, d'une identité véritable. Elle est le résultat d'un conflit entre le ça et le Surmoi, le ça et le Moi ou le Surmoi et le Moi. C'est le Moi qui vit l'angoisse, comme un signal d'alarme émit par lui face à un désir incompatible ou un danger à venir.



Sur le plan philosophique, l’angoisse est une inquiétude spirituelle et morale faisant face à l'inconnu de l'existence personnelle et collective. C’est parce l’humain est mortel qu’il a peur de sa mort, et est angoissé de ne pas savoir ce que va être sa vie, quand il va mourir, et ce qu’il va advenir de lui après sa mort. Si beaucoup de gens ne se reconnaissent pas anxieux, il se peut qu’ils se masquent leur angoisse en la fuyant de diverses manières pour oublier ce qui les tracasse. Ce refoulement s’opère face au vertige de la pluralité des choix et des possibilités s’offrant à eux. L’angoisse s’éprouvant seule dans son intimité, elle désignerait la prise de conscience que l’on se fait de sa destinée personnelle, lorsque l’individu responsable d’un choix de vie, se prend en charge. L’angoisse se manifeste donc lors de prises de décision qui font sortir l’individu de son néant, de son attente, et édifie son existence dans la construction de son parcours de vie. Dès la naissance l’angoisse s’éprouve dans un traumatisme due à la perte d’un état de bien-être prénatal absolu. Il en va alors de la fatalité de son destin d’être vivant et en devenir malgré lui, culpabilisé d’exprimer des besoins puis des envies à défaut d’être libre et autonome. L’angoisse est ainsi une inquiétude semblable à la peur, mais dont la cause du danger perçu est indéterminée, contrairement à la crainte ressentie et renvoyant à une chose précise.

L’angoisse est liée à la liberté, au rapport qu’a l’individu avec la puissance de son esprit lorsqu’il développe subjectivement la conception de sa propre existence, en tant qu’il est simultanément responsable de ses actes et libre de se choisir un avenir, ou de mourir en se suicidant. Le choix de vivre ou de mourir est la première caractéristique de la liberté humaine. Qu’importe le choix, il ne nécessite aucune justification en même temps qu’il représente la responsabilité que l’on a tout un chacun à l’égard de tous, lorsque l’homme prend conscience qu’il est engagé dans une dynamique individuelle et collective, et qu’il est législateur d’une vie autant liée à celles de son entourage proche, que de l’humanité toute entière. De cette totale et profonde responsabilité inconsciente naît l’angoisse. Mais trop souvent l’individu toujours plus individualisée et culpabilisé de se sentir privilégié, se masque par mauvaise foi cette angoisse existentielle d’appartenir à un tout plus grand que sa seule personne, et qu’il n’arrive pas à saisir. L’individu auto-centré et subissant dans son intériorité des tracas indéfinissables, n’a donc aucun moyen de décider ce qui lui est menaçant ou pas, puisque l’angoisse ressentie lui est indéterminée. En perdant son innocence et son ignorance aux travers d’expériences, il s’en retrouve alors effrayé de ne pouvoir qu’accepter son sort d’être vivant dans un environnement donné, ou d’y mettre un terme définitif. C’est en relation avec ses proches et son environnement que cette pensée lui est moralement pénible, et qu’inconsciemment ses insatisfactions et ses envies de se plaindre le culpabilise d’être ce qu’il est, en comparaison de ce qu’il aurait voulu être ou de ce qu’il n’est manifestement pas.

C’est donc dans l’impossibilité de définir et d’exprimer son mal-être inavouable, mais aussi en ressentant l’angoissante possibilités de tous ses pouvoirs d’action, que son monde devient insignifiant, et s’offre à l’individu comme une menace qu’il appréhende partout et nul part, aussi proche de sa personne lorsqu’il la ressent au plus profond de son être, que lointaine en étant incapable de la saisir dans son essence. La vérité par delà toutes les explications et justifications que l’on se trouverait, serait que l’angoisse est le monde qui nous entoure en tant que tel, omniprésente autant dans notre environnement qu’en nous, puisque nous évoluons dans ce monde tout en y étant partie intégrante. De la prise de conscience de la contradiction entre son libre arbitre et le fait d’être prisonnier d’une vie nous assurant une mort certaine, surgit l’insaisissable angoisse qui nous rend étranger à nous-mêmes. Cette étrangeté renvoie à l’indétermination de se situer dans un tout, entre le rien et le nul part, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, mais aussi à faire preuve d’ego en imaginant l’homme comme un empire dans l’empire de la nature. Au-delà de notre sentiment de supériorité, ce concept est si déstabilisant qu’il nous oppresse au point d’étouffer notre esprit avide de liberté, et qui par la raison et les sciences s’accroche à quelques visées matérialistes lui permettant de rester bien ancré dans une réalité physique, concrète et rassurante. C’est alors en flirtant avec des points de vue métaphysiques nous libérant de nos illusions et autres passions avilissantes, que l’angoisse nous ramène sur terre, dans nos corps dont les chaires se rétractent au point que la souffrance nous forcerait à refouler toutes envies de s’échapper au delà de l’horizon de nos possibles, et d’ainsi se réaliser en gagnant plus de liberté dans un équilibre entre corps et esprit, entre raison et émotions.


EFFETS, FACTEURS, NIVEAUX ET CLASSIFICATION DE L’ANGOISSE

Effets physiques - L’angoisse signifie en latin « passage étroit ».

Les somatisations se manifestent en tant que resserrement de la gorge et engourdissements, impression d'étouffement et d'étranglement, sensation de vertige et d'évanouissement, gêne thoracique et difficulté à respirer, crise d’asthme et fatigue, palpitations cardiaques et sudation, spasmes et tremblements, nausées, gêne abdominale et estomac noué, frissons ou bouffées de chaleur. Ses manifestations cardiaques, vasculaires et céphaliques font que l’on perçoit l’expérience de manière déréelle.

Effets cognitifs

Sentiment de désarroi, d’épuisement et de faiblesse morale, de déréalisation (sentiment d'irréalité) ou de dépersonnalisation (être détaché de soi) voire d’inexistence, ses capacités de mentalisation sont amoindries et peuvent être gelées par la peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou, comme de mourir ou de disparaitre.

Effets comportementaux

Sur le moment l’individu peut exprimer son état angoissé en expliquant ses ressentis jusqu’à pleurer, ou sur le long terme se replier dans une existence routinière pour ne plus avoir à anticiper l’avenir incertain. Une fuite est aussi possible dans l’hyperactivité.

Facteurs constitutionnels et facteurs actuels dus à l’environnement

Il est des personnes qui de manière innée ou acquise, ont de part leur caractère et leur physiologie hypersensible une tendance anxieuse constitutionnelle. Elles se sentent facilement stressées et en éprouvent régulièrement des somatisations fonctionnelles, ou réagissent par des comportements inadéquates, en réaction à des stimulations diverses et multiples de leur environnement concret et social. Alors l’angoisse a comme motif un ou des évènements plus ou moins graves tels qu’une incertitude, une dispute, une maladie, une rupture, un licenciement, auxquels les personnes n’ont pas de solution appropriée et immédiate. L’impact de l’évènement sur leur physique et leur psychisme dépendra de leur personnalité, en prenant différentes formes cliniques, et en s’exprimant symptomatiquement selon des degrés intensités allant :

- De l’inquiétude synonyme d’insécurité et d’agitation relative à la morale, à la crainte qui est une petite peur
- De l’anxiété d’une difficulté réelle, au doute et au soucis d’un évènement particulier
- De l’effroi qui paralyse et de la terreur qui déforme la perception en introduisant dans l’imaginaire, à la panique où l’imaginaire empêche l’analyse de la situation et entraine des ripostes exagérées
- De l’angoisse caractérisée par un danger indéterminé et non représenté, à l’horreur qui dégoûte et dépersonnalise/déréalise

Ces niveaux d’angoisse se retrouvent dans des formes cliniques d’états anxieux, et définis comme pathologiques selon la persistance et l’intensité des symptômes :

- L'anxiété masquée est une expression mineure de l’angoisse. Le ressenti anxieux n'est pas toujours perceptible parce l’angoisse est masquée par des mécanismes de défense de la personnalité (refoulement, clivage). Malgré tout les symptômes se traduisent par une agitation, une fuite dans l’hyperactivité, une prise de risque, ou une consommation de stupéfiant. Chez l'enfant l'angoisse s’exprime par des cris, des pleurs, des sanglots, une pâleur, des plaintes somatiques.

- L'anxiété chronique est une appréhension flottante et diffuse quasi permanente, qui occasionne un état d'alerte constant. Le sommeil est perturbé, l’individu est asthénique (état de faiblesse générale) et se désintéresse de sa vie, de son travail, des relations sociales, de la sexualité, et ce jusqu’à une possible dépression.

- La crise aiguë est momentanée et spontanée, vécue par un état de panique, avec sensation de vertige ou d'évanouissement, perte de contact avec la réalité. L’individu a un sentiment d'irréalité ou de dépersonnalisation (comme être détaché de soi), avec une peur de perdre le contrôle de lui-même ou de devenir fou.

De ces facteurs psychiques anxiogènes agissant constamment, se dégagent trois structures psychopathologiques correspondant à trois types d’angoisses particulières que sont la psychose, les états-limites et la névrose :

- La psychose est une structure mentale correspondant à des frustrations précoces maternelles et à une impossibilité fonctionnelle de l’enfant de dégager son propre Moi de celui de la mère, en se séparant de l’image de celle-ci pour se définir et s’affirmer en tant qu’individu. L’enfant n’ayant pu accepter les frustrations excessives selon ses exigences (vouloir téter le sein alors que sa mère lui aurait retiré), se construit une réalité dans laquelle il est resté comme fusionné avec sa mère qu’il a du mal à différencier de sa personne. La fixation à ce stade pré-organise le Moi de manière psychotique, en favorisant une angoisse de morcellement caractéristique d’angoisse de mort, d’anéantissement, et de déstructuration. Angoisses qui prennent souvent la forme de crise de panique intense.

- Les états-limites (borderlines) correspondent aussi à des situations traumatisantes pour l’enfant de moins de 4 ans, ayant fait l’expérience d’une perte de l’objet de son idéal. L’expérience de frustration qui fait suite à une séparation ou à la perte d’un objet cher, est trop précoce par rapport à sa maturité psychique, et il en pâtit dans une angoisse dite de perte, le rendant dépendant de ses parents et de son environnement (développement de soi dans un manque d’autonomie). Les angoisses y sont plus rares que dans les cas psychotiques, mais néanmoins causées par un risque d’insuffisance ou d’échec, lorsque l’enfant n’atteint pas son but, ou que son idéal n’est pas satisfait (problématique de l’enfant roi trop exigeant et ne supportant pas la frustration).

- La névrose d’angoisse est moins traumatisante jusqu’à ce qu’advienne la période œdipienne vers l’âge de 4 ans. Surgit alors un conflit entre ses pulsions et son surmoi, entre ses désirs et la mise en place de défense pour ne pas succomber à ses propres exigences pouvant être socialement inappropriées. L’angoisse vécue est dite de castration, et causée par une émergence pulsionnelle réprimée, d’où une insatisfaction chronique qui en découle. S’en suivent des demandes d’aide ou des plaintes, procédant soit par crises soudaines et laissant l’individu malade de lui-même, lorsqu’il redoute une mort subite, la folie ou la perte de ses moyens d’existence ou de sa vie sociale, soit par périodes prolongées d’hyperactivité sans cause extérieure, évoluant vers un état habituel d’inquiétude, sinon d’affolement, avec besoin de protection et d’assistance.

L'angoisse de castration est propre à la névrose, dont les angoisses névrotiques se retrouvent dans :

- L’angoisse d'attente qui est une attente anxieuse, présageant d'un malheur et où l'on s'attend au pire (humeur sombre et pessimiste)
- L’angoisse phobique qui survient face à un objet redouté et pouvant provoquer un danger dans une situation à risque probable (animaux, transports, voyage, foule, solitude)

Aussi elle se distingue à travers l'analyse des colorations qualitatives de l'angoisse et selon l'objet de sa crainte :

- L'angoisse de type dépressif est la crainte de perdre l'objet lors d’une séparation, elle se rapporte à la position dépressive et se retrouve dans les organisations de type borderline.
- L'angoisse de mort, plus précoce, est de nature psychotique et liée à l'angoisse de morcellement qui porte plus sur l'être que sur l'avoir. Le psychotique est terrorisé par l'annihilation, dont le morcellement est le vecteur.
- L'angoisse d'orgasme en tant que peur de la perte de soi à l'approche de l'acmé. Cette angoisse peut aussi se manifester dans l'analyse, au moment où la solution de la peur de la perte de soi se manifeste sous forme de vertige, d'angoisse de chute.


ORIGINES DE L’ANGOISSE ET DIFFÉRENCES AVEC LA PEUR

L'origine de l’angoisse est liée à la pulsion, lorsqu’elle n’est pas assouvie et engendre un déplaisir. En d’autre terme, l’angoisse est le résultat d’un désir éprouvé mais n’ayant pas pu être vécu ou sublimé, lorsque la pulsion réfrénée a créé un excès de tension psychique , et produisant une surcharge d’énergie qui n’a pu se libérer. L'angoisse provoquée est donc secondaire à la non-utilisation de l'énergie libidinale, quand une tension sexuelle n’a pu être transformé en affect, par exemple par l’élaboration psychique d’un sentiment pouvant être exprimé.

Il y a là un défaut ou une perte de la représentation mentale de ce qui anime l’individu intérieurement (pulsions et énergie libidinale amenant à la symbolisation culturelle), soit par un manque de développement psychique faute d’exprimer ses ressentis (par le langage ou le symbolique), soit par une répression de ses mêmes ressentis (refoulement), soit par un écart entre sexualité physique et sexualité psychique (exemple d’un désir sexuel inassouvi ou d’un sentiment tût, favorisant une accumulation de stimulus physiques non déchargés, et qui s’échappent sous forme de symptômes physiques ou psychiques angoissants). L'angoisse a donc une fonction d'auto-conservation, dont le but est le rétablissement d’un état de bien-être, et ce en régulant les tensions entre corps et esprit pour minimiser les conflits et ressentis déplaisants. Les alternatives pour retrouver un équilibre serein est de décharger la tension pulsionnelle par un moyen d’expression quelconque (sublimation), ou de la refouler pour ne plus pâtir de sensations d’angoisse désagréables et spécifiques (inquiétude, doute, peur, etc).

Les sources de l’angoisse

Les sources sont multiples et ont des degrés différents, quand une angoisse peut s’éprouver très intensément lors d’un unique évènement traumatique, ou s’ancrer dans le psychisme par des successions de situations pénibles et l’accumulation de tensions . Ces sources peuvent être intra-utérines lorsqu’elles sont transmises par la mère lors de la grossesse, héréditaires par la transmission d’archétypes ou d’un patrimoine génétique particulier, mais aussi causées lors de complication à la naissance où à postériori en vivant un traumatisme.
Durant l’enfance, les causes se retrouvent ordinairement dans l’éloignement d’un parent, la maladie, un décès, des violences et agressions verbales ou physiques subies. Reste à faire des liens entre ses causes et ses états angoissés, que l’on peut déceler par des symptômes tels que l’hystérie, les phobies, la prise de risque, les conduites addictives, etc. Il est des angoisses très graves et évidentes, mais aussi des angoisses plus légères et ainsi plus dures à détecter car inconscientes (ce qui ne les empêche pas de nous mener la vie dure).

L'angoisse au cours du développement

L’origine de la constitution du mécanisme de l’angoisse serait la naissance, lorsque le bébé non préparé à naitre est contraint de passer à travers le col de l‘utérus (dans le meilleur des cas), et d’inspirer sa première bouffée de vie. Au fil de son développement psycho-social, l'enfant éprouve les manifestations fonctionnelles de l’angoisse, qu’il doit vivre de manière ponctuelle et mature pour se construire.

- Naissance : angoisse originaire
- Stade oral (sucer, mordre) : angoisse de dévoration (d’être dévoré), angoisse de persécution (paranoïde et schizoïde), angoisse de perte correspondant à la culpabilité inconsciente que le bébé éprouve vis à vis de son agressivité
- 8ème mois : angoisse de séparation ou d’abandon, le Moi est assez développé pour que le bébé éprouve consciemment son angoisse
- Stade du miroir (vers 1 an): angoisse de morcellement liée à l’intégrité de son identité
- Stade anal (retenu ou relâchement des sphincters) : angoisse de destruction (effraction anale, se vider de son corps)
- Œdipe (vers 4 ans) : angoisse de castration, liée à l’interdit de la masturbation
- Adolescence : angoisse existentielle, questionnements indéfinis sans réponses précises
- Age adulte : angoisse de mort, perte de la confiance en soi et besoin de contrôle

A chacune de ces situations, l’individu perdant son ignorance au travers d’expériences, surmonte ses angoisses en trouvant des solutions lui permettant d’intérioriser l’objet de sa peur, de se le représenter pour le maitriser et aller de l’avant. Malgré tout des traces de ces angoisses primitives persistent, mais sont assimilées par des concepts offrant une abstraction compréhensible et salvatrice d’un phénomène angoissant, grâce au symbolique, au langage et à la culture. Exemple d’une idée philosophique rassurant sur la fragilité de l’existence face à la maladie. L’angoisse de part les réponses qu’elle amène à trouver et son anticipation par rapport à un danger à venir est dynamisant pour la personnalité, édifie et consolide l’individu tout au long de sa vie parce que ce qui ne le tue pas le fortifie. Néanmoins l’angoisse peut aussi paralyser dans des cas d’ordre pathologiques, ou lorsque l'on a affaire à un obstacle, à une perte, et dont la problématique qui en découle doit être surmontée (exemple du travail de deuil).

Vis à vis de la peur

La peur est une sensation consciente, immédiate et spontanée, liée à l'instinct de conservation. Elle est conséquente à la perception d'un évènement extérieur, et provoque un choc émotionnel pour prévenir d’un danger. La réaction de stress induit alors une réponse telle que la riposte, la fuite, ou l'inhibition de l'action (Fight, Fly, Freeze). Mais si la peur est une émotion ordinairement transitoire et réactionnelle, l’angoisse en tant qu’affect peut être plus récurrente et constante en s’installant durablement. A différentes échelles, on peut différencier la crainte qui renvoie à un fait précis, de l’angoisse qui est plus approximative et inconsciente. La peur est alors une appréhension d’un danger extérieur telle la partie émergée d’un iceberg, quand l’angoisse en est la partie immergée en tant qu’appréhension de soi (« Le vertige est angoisse dans la mesure où je redoute non de tomber dans le précipice, mais de m’y jeter »). La peur et l’angoisse se recoupe lorsque la peur devient un syndrome de l’angoisse, parce que sous chaque peur se cache une profonde angoisse. Les manifestations somatiques et psychiques diverses peuvent alors être brusques et intenses, comme lors d’une crise de panique réactive ou d’une sensation d’effroi paralysante, et allant jusqu’à l’horreur écœurante et déshumanisante.

La différence entre angoisse et effroi est que ce dernier survient lors d’une situation dangereuse nous prenant par surprise, alors que l’angoisse serait là pour nous préparer à un éventuel danger. L’effroi est un état émotionnel réactionnel que l’individu subit psychiquement de manière passive, lorsque l’état d’angoisse est activement induit par une activité psychique prévenant le danger. L’angoisse protègerait donc de l’effroi, d’un stress consécutif à un danger indéfini qui nous surprendrait et pourrait nous traumatiser. Néanmoins l’angoisse reste déstabilisante et fait que l’on ne se sent pas bien chez soi et en soi, dans son environnement qui a perdu en familiarité.


LES MÉCANISMES DE L’ANGOISSE

Le petit enfant n’éprouve que très peu d’angoisse de manière durable, parce c’est le plus souvent protégé par ses parents qu’il ignore les dangers environnants et exagère ses forces dans un sentiment d’omnipotence. En grandissant il prend conscience de ses faiblesses, de ses impuissances et de sa moindre valeur en se comparant et en se situant dans le tout, par rapport à autrui. Au fur et à mesure de son éducation, son sentiment illusoire de sécurité peut s’étioler lorsqu’il se retrouve dans des situations non maitrisées, ou qu’il se voit interdire des exigences le frustrant et ravivant quelques angoisses passées. Par ailleurs la peur de mourir ainsi que la culpabilité de ne pas correspondre à un idéal parental ou sociétal entrainerait chez lui des angoisses existentielles. L’angoisse survient quand l’individu n’arrive plus à mentaliser le contenu de ses excitations affectives, éliminé de sa représentation psychique des choses en étant refoulé et remplacé par un symptôme permettant d’empêcher de subir son angoisse.

Les objets de l'angoisse

Ils sont imaginaires quand l’angoisse se produit face à des événements imprévisibles, mais peuvent se concrétiser dans des représentations symboliques ou réelles (cas des phobies, des délires). L'objet dans la réalité n'est qu'un support de l'angoisse, il est le vecteur permettant au symptôme de se manifester et de s’exprimer dans une situation concrète en tempérant la sensation d’angoisse. Celle-ci étant une combinaison de plaisir-déplaisirs, c’est selon l’orientation de ses pulsions qu’elle choisit un objet lui assurant de décharger les tensions accumulées, tout en se présentant comme un signal anticipant un risque et qui favoriserait le passage de la préparation psychique anxieuse à une réaction défensive. En ce sens l’angoisse évacue le stress occasionné en étant l’attitude appropriée face à un danger. Mais autrement l’angoisse n’est pas des plus utiles, puisqu’elle résulterait d’une perception d’un danger inexistant, d’un risque imaginé et créateur de tensions inutiles à propos d’objets laissant l’individu dans un état d’alerte aussi stressant que fatiguant.

L’angoisse est saisissable par les ressentis qu’elle procure

Premièrement lorsqu'on ressent un malaise grave et intense ayant un caractère spécifique de déplaisir, puis secondement quand on l’appréhende en tant que sensation déplaisante et différente de la peur, de la nervosité, de la tristesse, ou d’une tension ne suscitant pas les mêmes symptômes physiques. L’angoisse est effectivement associée à des sensations corporelles déterminées, issues d’organes précis, et notamment en lien avec les voies respiratoires. C’est par celles-ci que se manifeste intérieurement l’étouffement, et que s’opèrent les tentatives motrices d’évacuation et de décharge de tension pulsionnelle vers l’extérieur, afin de retrouver un état plaisant.

L’angoisse en tant que reproduction d’un traumatisme vécue

Si il se pourrait que l’expérience d’effroi soit à l’origine de l’angoisse, c’est avec ténacité que le facteur historique lie les unes aux autres nos sensations d’angoisse, pouvant remonter jusqu’à la vie intra-utérine. L’état angoissé est donc la reproduction d’une expérience déjà vécue, et comportant des ressentis corporels spécifiques lors d’un accroissement de stimulus marquant corps et esprit, faute d’avoir été éconduit. La perception de ses états angoissés, d’évènements antérieurs vécus comme dangereux, ou de répétitions schématiques nuisibles, représente les résidus inconscients d’un souvenirs importants de l’ordre du traumatisme (et possiblement transmis héréditairement). C’est en ça qu’une situation ou une image nous angoisse, parce que nous avons déjà été agressé par une image analogue précédemment. A plus grande échelle, des traumatismes collectifs angoissent des nations ou des sociétés entières plus ou moins durablement et intensément. Autrement des peurs archaïques et des archétypes ancestraux témoignent de phobies communes (peurs des serpents et des araignées), de craintes habituelles (xénophobie et racisme), ou d’obsessions ordinaires (besoin de possession, peur de la saleté, de la mort) advenant si l'on empêche la réalisation d’actes obsessionnels ou compulsifs, qui ne sont là que pour masquer l'angoisse.


FONCTION DE L'ANGOISSE, D’AUTOMATISME OU DE SIGNAL ET TRAITEMENT

D’une réaction originaire à un état de danger, l’angoisse se reproduit donc à chaque fois que les conditions d’un danger se présentent dans une situation faisant écho à un traumatisme passé, et qui par la mémoire peut devenir consciemment perceptible. Mais c’est aussi à cause d’autres nouveaux éléments, que l’angoisse survient de deux manières possibles :

- L’angoisse automatique soumet l’individu à un afflux d’excitations, d’origine externe ou interne, et qu’il ne peut maîtriser. Si la conduite peut être en adéquation avec la situation du danger antérieur, elle peut aussi être inappropriée à l’évènement présent. Ce faisant l’individu réagit en fonction de son état émotionnel qui diffère alors de la situation actuelle, et qui empêche une réaction adaptée aux faits réels.

- L’angoisse signal ou signal d’angoisse désigne un dispositif mis en action par le moi de l’individu se retrouvant devant une situation de danger, afin d’éviter d’être débordé par un afflux d’excitations pulsionnelles. Le signal d’angoisse sert à atténuer ses désirs et exigences, mais aussi à anticiper un danger, par sa reproduction sous une forme atténuée de la réaction d’angoisse passée. Se déclenche alors des mécanismes de défense (refoulement, clivage) protégeant l’ego et l’intégrité de la personnalité, qui se prépare à vivre un moment stressant (dans une éventuelle catharsis, exemple d’une mise en scène théâtrale d’un tragique drame permettant un certain recul et une maitrise de l’évènement).

Dans les deux perspectives que sont l’automatisme et le signal salvateur, l’angoisse se révèle être d’une part un état de détresse, d’autre part une position de solitude, phénomènes corrélatifs de l’acte de naissance pouvant être traumatisant et relatif à un ressenti d’impuissance et de déplaisir extrême, lors d’une situation de non-satisfaction et d’accroissement de la tension par la nécessité de répondre à des besoins vitaux. Le nourrisson seul dans son état angoissé et vivant son premier et terrible acte de séparation apprend alors par l’angoisse à décharger ses tensions via ses voies respiratoires, qui lui permettent en les musclant d’extérioriser son mal-être dans des cris répétitifs, et assurant son auto-conservation. Sa mémoire enregistre alors l’affect angoissant de la perte d’un objet, et qui peut se répéter en survenant lors de changements occasionnant stress et risque de séparation (d’un travail, d’une personne).

Les traitements envisagés

Si il est impossible de supprimer une angoisse inconsciente de sa mémoire, chacun peut néanmoins apprendre à gérer ses crises d’angoisse pour essayer de guérir de ses blessures passées. Il s’agit d’accepter ses angoisses en les reconnaissant, afin de ne plus répéter de schémas néfastes dans ses relations sociales et interpersonnelle. Dans les cas névrotiques d’angoisses légères une thérapie est conseillée, lorsqu’une éventuelle médication est recommandée dans les cas psychotiques, et où il y a rupture de la réalité avec hallucination.

L’angoisse produit du cortisol (hormone du stress) qui déclenche du stress en stimulant l’augmentation du sucre dans le sang, et permet de gérer nos réserves d’énergie, et d’assurer des défenses immunitaires. Mais un trop grand accroissement de cortisol en cas de stress n’est pas toujours justifier et adapter, et la peur engendrée peut entrainer diverses attitudes de compensations, telles que l’envie de se combler par la nourriture, des troubles du sommeil, une baisse des défenses entraînant une fatigue nerveuse et physique. Si la musique douce, un sommeil nécessaire et une alimentation saine canalisent la sécrétion du cortisol, il existe de nombreuses autres techniques pour se déstresser, exemples de l’absorption de thé et de tisanes, de croquer dans du chocolat noir ou de mâcher un chewing-gum, mais aussi de pratiquer une activité physique régulière, de dessiner ou d’écrire.


MANIFESTATION DE L'ANGOISSE DANS LA SOCIÉTÉ

D’une sensation organique d’étouffement et d’oppression des centres énergétiques physiques, l’angoisse est au fil des siècles passé d’une atteinte corporelle à une récupération métaphysique par le religieux, la morale et la philosophie, jusqu’à relever de troubles médicaux et psychiatriques. Aujourd’hui l’angoisse relève d’une thérapie médicalisée et médicamentée, alors qu’il y a deux ou trois siècles elle dépendait encore du prêtre et de sa morale, ou d’un retour philosophique sur soi-même, non médical et non médicamenté. Désormais l’angoisse et ses troubles anxieux sont dans tous les esprits, associés à nos inquiétudes les plus naturelles et à nos moments de doute ou de lucidité douloureusement révélatrice de vérités personnelles, qu’un diagnostic psychiatrique peut effacer par la prise de tranquillisants ou d’anxiolytiques. Cette médication est si répandue et en proie à des lobbys si puissants, qu’elle est devenue banale en proposant des médicaments répondant à tous les maux que l’on se trouverait. Et ce à défaut d’avoir principalement recours à des formes naturelles de méditations, d’assistance non médicalisée par l’échange de paroles, ou par une introspection favorisant un dialogue honnête avec soi-même.

Il serait alors utile de se rappeler que l’angoisse n’est pas une maladie en soi, mais un affect nous rappelant notre condition d’être mortel. Pourquoi donc se hacher à soi-même les cycles naturels de vie et de mort, lorsque l’incertitude et le doute sont propres à l’espèce humaine ? Ne peut-on pas tirer une humilité de nos états angoissés en reléguant l’ego a une position de médiateur de sa personnalité, et non de dominateur avide de tout contrôler, quitte à entrainer et alimenter un état durable d’angoisse généralisé ?

Ce rejet de soi par l‘affirmation du moi, d’un « Je » narcissicé à l’extrême dans un processus d’individualisation, s’inscrit dans une dénégation des angoisses très construite par des institutions sociétales, favorisant un modèle de dépendance à un recours médical préférant de plus en plus éteindre l’esprit des citoyens, plutôt que des les amener à poser des mots sur leurs maux en faisant la lumière à propos de ce qui les tracasse, sur le pourquoi leur dignité leur a été retiré et comment ils pourraient la retrouver. Il y a là un travail introspectif nécessaire pour s’individuer et non plus s’individualiser, un retour sur soi à effectuer pour saisir la place qu’occupe le divertissement dans nos vies, quels rôles il joue avec le consumérisme, et par quels déterminismes l’individu se prive lui-même d’ouverture d’esprit et de culture tout en délaissant la politique, jugée trop complexe ou corrompue, alors que toutes consciences et tout actes sont politisées. Il serait peut être temps de se rendre compte à quel point nous nous faisons objet d'un système libéral n’offrant pas autant de liberté qu’il le prétendrait, de part ses compétences à précariser les individus et à les transformer en crétins narcissiques.

Non pas que les individus ne pensent pas, mais plutôt qu’ils pensent trop à eux-mêmes et pas assez au monde qui les entoure, et ce sans jamais véritablement réfléchir à développer une pensée leur permettant de se rendre compte que l’angoisse générée par un système libéral les pousse à réagir au lieu d’agir, et les amène soit à des réactions révolutionnaires dénonciatrices mais réprimées, soit à des réactions médiatiques pour faire du buzz, et ainsi combler le vide de leurs existences conformistes, vouées à se mettre en scène dans des apparences vaines et illusoires. La sublimation opérant, ce sont les egos en marche vers l’inconnu qui se masquent leurs angoisses existentielles, appelant à toujours plus de possessions et de richesses pour briller en société, mais aussi à une destruction plus ou moins lente de soi, de la morale et l’éthique, ainsi que de la nature, et sans que l’angoisse ne soit jamais saisie pour permettre un dépassement de soi dans un idéal sociétal horizontal et immanent. Trop peu de limites arrêtent l’orgueil humain dans son expansion individualiste et impérialiste, puisqu’elles sont toujours repoussées avec pour impératif de maintenant jouir à tout prix vu qu’ici tout est permis.

La culpabilité ainsi refoulée laisse place à une angoissante et inconsciente honte, dont l’agressivité a permise des horreurs telles que les deux guerres mondiales et la Shoah, qui sont aujourd’hui les pires témoins de nos angoisses, même si la liste des atrocités commises par l’homme envers l’homme est malheureusement très très longue. Les tensions manifestes dans nos vies familiales, relationnelles, institutionnelles et professionnelles sont favorisées par une mondialisation et un libéralisme effrénés, qui dans une course à la capitalisation et à la spéculation permettent l’émergence de bulles d’angoisse latente et prêtent à exploser en démunissant les petites gens, dont les salaires sont jusqu’à 400 fois moins important que ceux des plus grands patrons. Tout un chacun se sent alors autant coupable qu’innocent de vivre dans un modèle de vie inégal, cynique et nihiliste qu’il n’a pas choisi, et qu’il ne peut pas changer tant que le changement voulu ne viendra pas initialement de lui, et dans une même démarche collective.

C’est l’ultra précarisation

Le principe de précaution et les bonnes intentions justifiant nos actes au nom d’une morale bien pensante ne change rien à nos angoisses, parce qu'ils les désignent en les masquant, les entretiennent en les niant, et les répètent de manière symptomatique. Nos angoisses s’épanouissent dans ce tout précaire, lorsqu’il n’y a plus de garantie de l’autre, de liens de confiance et de solidarité forts. Les sentiments sont devenus obsolètes comme les objets de notre quotidien, que nous twittons, likons, zappons et donc consommons dans l’immédiateté avant de les jeter faute d’être solides et d’assurer une pérennisation essentielle à la structure de nos personnalités et de notre société. Effectivement, c’est faute de limite sures et structurantes que les troubles de la personnalité bordeline et névrotiques se normalisent, et que les crises économiques se succèdent en laissant dans la plus grande interrogation les citoyens se demandant qui gère vraiment les affaires du pays, quelle est la fiabilité des puissantes banques, et quel est le degré de légitimité de leurs représentants politiques ?

Lorsque tout devient interchangeable

Les croyances, les idées et les concepts sont manipulés dans des rhétoriques et sophistiques médiatiques, qui brouillent les esprits croulant sous des tonnes d’informations qui en deviennent même de la désinformation, puisqu’elles ne sont jamais mises en perspective ou analysées avec un recul permettant de comprendre les mécanismes actifs et jouant avec nos angoisses. L’aspect pervers se retrouve alors dans le fait que l’avenir est aux compagnies d’assurances, qui rassurent les individus de leur trouble produit par la peur de manquer d’argent, en se gavant d’un pactole inestimable tant l’angoisse est au cœur de notre époque, et préoccupe les esprits anxieux de milliards d’individus prenant conscience de leur responsabilités individuelles et collectives, et des possibilités rapides d’accession à un avenir faste et heureux au détriment d'autrui. Pour ce qui est du bien-être et la paix, de la plénitude et la sérénité, on verra ça plus tard.

Dans une perte des valeurs et des repères

L’angoisse générée nous assujettit ainsi à des peurs symptomatiques en lien avec des évènements de crise financière et de récession, qui culpabilisent les travailleurs cherchant à joindre les deux bouts dans un contexte de malaise social isolant les individus et abandonnant les déshérités, et où les menaces de pandémies, de terrorisme, de pollutions mortelles, et d’accidents nucléaires se mêlent à des guerres orchestrées par des puissants eux-mêmes angoissés de perdre leur impérialisme, qui plus est terrorisés par un prosélytisme incontrôlé et incontrôlable tant il se fanatise dans des actes barbares et vengeurs. A croire que l’être humain ne tire que très peu enseignement du passé, et ne cherche pas à trouver un état de paix intérieur satisfaisant, et permettant aux sociétés de vivre en harmonie dans leur environnement. Au vu de nos connaissances sur nous-mêmes, des moyens de communication et de nos capacités d'empathie à résoudre des problèmes, il est navrant que par orgueil nous en soyons encore à avoir peur de soi, et à nous montrer paresseux face aux inégalités qui rongent nos sociétés. La culpabilité inconsciente qui en découle met à l’épreuve une partie privilégiée de l’humanité, dont le regard se portent principalement sur sa petite personne que chacun s’efforce de glorifier par vanité, et pour ne pas sombrer dans l’abîme de ses angoisses existentielles.

L’angoisse est ainsi liée à notre condition humaine, caractérisée par cette conscience de soi qui est autant une tare qu’un atout, selon la manière dont on apprend à s’en servir. L’angoisse se confondant avec la conscience de notre finitude, il est alors impératif de jauger son intellect afin de limiter ses peurs inutiles et de mettre en place un cadre de vie éthique et morale, assurant une quiétude stable et sur laquelle se reposer collectivement. En d’autres cas nous continuerons d’angoisser pour rien, ou pour des phénomènes dont nous sommes partiellement responsables si ce n’est à l’origine des causes, la peur sapant alors nos acquis en fragilisant toujours plus nos valeurs. Nous nous questionnons absurdement sur notre identité dans un climat proche de la guerre civile, sombrant dans un repli nationaliste et patriotique lorsque le populisme s’égare dans des dérives réactionnaires et identitaires. Et ce d’autant plus que l’individu s’approche de sa mort, de la fin d’une vie d’angoisse, qu’il chercherait malgré tout à préserver dans un élan défensif conformiste, sectaire et xénophobe, par peur de soi et donc d’autrui.

Si nos valeurs nous libèrent en nous octroyant un choix de vie parmi tant d’autres, et que le modèle dit démocratique choisit nous permette le plus de libertés possibles, cela nous angoisse par ailleurs puisque cette liberté de choix perd en valeurs structurantes. Le libéralisme propose tant de choix qu’il en devient difficile de choisir, et l’anxiété croisse au fur et à mesure que le marché financier s’autorise tous les droits au détriment de valeurs morales liant socialement les individus. Les valeurs ne sont relatives qu’aux idéaux poussant les individus à les respecter dans une conduite éthique et morale. C'est en s’étiolant ainsi dans une plus grande liberté, que la perte des valeurs angoisse et incline chacun dans une individualisation ayant pour finalité l’enrichissement personnel, suivi de la protection de son patrimoine avant l’intérêt commun, et bien sur la mise en avant constante de son ego en prenant sa personne comme son propre idéal.
Il s’agit là d’une fuite en avant de ses angoisses en niant sa liberté dans des déterminismes psycho-socio-culturels nous servant d’excuses, quand chacun s’illusionne narcissiquement de se croire être en soi et en tant que chose unique, alors que la grande majorité s’agite dans le paraitre, en tant qu’objet uniformisé d’un système qu’ils dénoncent tout en s’y confortant pour ne pas tomber de leur vertigineux piédestal égocentrique, colonne vertébrale de leur orgueil et de leur vanité.


Sartre : « Ma liberté est l’unique fondement des valeurs et dont rien, absolument rien ne me justifie d’adopter telle ou telle valeur, telle ou telle échelle de valeurs... et ma liberté s’angoisse d’être le fondement sans fondement des valeurs »
 

L'huitrerampante

Glandeuse pinéale
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Je ne suis pas un grand fana de Freud, faut dire j'ai probablement pas assez creusé en profondeur, j'avais été un peu écœuré par son essentialisme sexuel mais la façon dont tu le met en perspective est vraiment éclairante et trouve un écho chez moi et pour ça je te remercie.

Mais là ou je suis vraiment bluffé, c'est en lisant le portrait que tu dresse de la société (paragraphe manifestation de l'angoisse dans la société), c'est limpide et brillamment exprimé !
j'ai aussi ce ressentis
Il s’agit là d’une fuite en avant de ses angoisses en niant sa liberté dans des déterminismes psycho-socio-culturels nous servant d’excuses, quand chacun s’illusionne narcissiquement de se croire être en soi et en tant que chose unique, alors que la grande majorité s’agite dans le paraitre, en tant qu’objet uniformisé d’un système qu’ils dénoncent tout en s’y confortant pour ne pas tomber de leur vertigineux piédestal égocentrique, colonne vertébrale de leur orgueil et de leur vanité.
Une prise de conscience massive de cette réalité (j'en rêve) éviterait bien des maux à l'humanité, mais malheureusement j'ai peur qu'elle ne se détruise avant d'y arriver (et pourtant je suis d'un naturel optimiste)

Merci pour ce petit pavé, pas du tout angoissant pour qui aime lire et se tordre un peu les méninges ^^
 

Burned

Alpiniste Kundalini
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30 Nov 2015
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C'est cool Laura ton petit topo sur l'angoisse. Mais il faut encore creuser. L'angoisse est un affect très spécifique dont la survenue et la fonction le sont aussi. L'angst est le signal de qqc de très particulier qui n'a rien à voir avec l'anxiété. L'angoisse est un affect totalement unique à bien différencier de tous les autres. L'angst signe l'imminence du Réel au sens analytique du terme, dans la relation troisée qu'il entretient avec l'Imaginaire & le Symbolique. La clinique de l'angoisse est donc très particulière, complexe et l'on ne peut en faire l'impasse. Et féloches, car il s'agit d'un concept des plus ardus à conceptualiser et à surtout à utiliser cliniquement, avec pertinence et justesse.
 
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L'huitrerampante a dit:
Je ne suis pas un grand fana de Freud, faut dire j'ai probablement pas assez creusé en profondeur, j'avais été un peu écœuré par son essentialisme sexuel mais la façon dont tu le met en perspective est vraiment éclairante et trouve un écho chez moi et pour ça je te remercie.

Mais là ou je suis vraiment bluffé, c'est en lisant le portrait que tu dresse de la société (paragraphe manifestation de l'angoisse dans la société), c'est limpide et brillamment exprimé !
j'ai aussi ce ressentis
Une prise de conscience massive de cette réalité (j'en rêve) éviterait bien des maux à l'humanité, mais malheureusement j'ai peur qu'elle ne se détruise avant d'y arriver (et pourtant je suis d'un naturel optimiste)

Merci pour ce petit pavé, pas du tout angoissant pour qui aime lire et se tordre un peu les méninges ^^

Merci :D

On dit tellement de chose sur Freud...au début je m'arrêtais aux critiques de ceux qui ne l'ont bien sur pas lu, et en fait plus je découvre sa pensée plus je me rends compte qu'il n'y a pas que de la sexualité dans ses propos même si elle est au cœur de son raisonnement.

Pour la prise de conscience j'en rêve aussi, au moins pour au départ se sortir des crises que l'humanité traverse, et après construire un monde plus juste où la destruction ne serait pas représentative de notre société. M'enfin pour atteindre cette utopie on a encore beaucoup de chemin à parcourir arf..


Burned a dit:
C'est cool Laura ton petit topo sur l'angoisse. Mais il faut encore creuser. L'angoisse est un affect très spécifique dont la survenue et la fonction le sont aussi. L'ang est le signal de qqc de très particulier qui n'a rien à voir avec l'anxiété. L'angoisse est un affect totalement unique à bien différencier de tous les autres. L'angoisse signe l'imminence de Réel au sens analytique du terme, dans la relation troisée qu'il entretient avec l'Imaginaire & le symbolique. La clinique de l'angoisse est donc très particulière, complexe et l'on ne peut en faire l'impasse. Work in progress.
Et féloches, car il s'agit d'un concept des plus ardus à conceptualiser et à surtout à utiliser cliniquement, avec pertinence et justesse.

Yep il y a des tas de choses à creuser, à appliquer à d'autres concepts que je vais développer après une petite pause pour faire le point sur mes recherches.

J'aborderai surement les thématiques de Lacan à propos du réel, de l'imaginaire et du symbolique, mais pas forcément d'un point de vue clinique, enfin je ne suis pas calé dans ce domaine là, mais je tâcherai de proposer des sujets concrets et abordables pour et par tous !
 

Burned

Alpiniste Kundalini
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Même non clinique. Ce n'est pas grave. Une bonne présentation théorique, (déjà suffisamment complexe), ne fera de mal à personne.
 
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Ba c'est ce que j'ai déjà fait dans cet article pour ce qui est de la présentation théorique, et je crois qu'elle est déjà suffisamment complexe, parce qu'aller plus loin demanderait beaucoup plus d'explications et perdrait l'approche vulgarisée que je recherche.

Pour le moment je vais déjà me servir de ces bases théoriques pour aborder d'autres concepts tout aussi concrets comme la parano et l'addiction prochainement.
 
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