C'est bien d'avoir fait des catégories comme ça, au moins on n'aura plus à trier les posts "Rabla tagada opiacés trucs..." un bon point. Par contre tous les TR ne seront pas déplacés j'imagine?
Enfin bon c'est pas la question. Donc j'écris ici pour parler de Kétamine, sujet ma foi trop bien connu; mais comme dit dans un Post plus haut, le K-Hole lui, reste mystérieux pour la plupart des usagers de dissociatifs (peur d'aller trop loin? Vaudrait mieux, des fois). De 2008 à 2009 donc j'étais une sorte de fanatique des dissociatifs (un fanatisme oui complètement religieux, je vouais un culte à tout ce qui était Ké, Dxm et dans de moindres mesures la salvia et le PCP qui m'a sauvé la vie à mes dépends, mais c'est une autre histoire) surtout parce que j'étais tout simplement toxicomane, et hors de la came les dissociatifs sont les produits qui s'en rapprochent le plus tout en étant "autres"; en ouvrant de nouvelles portes, et autant de perspectives.
Jusqu'à un certain moment, j'avais peur aussi du K-Hole, je me disais que c'était plus ou moins un coma, et qu'il ne devait pas être aisé d'en sortir... Donc je tapais des doses "fun", ça allait bien, jusqu'à ce que - sans le faire exprès! - je passe la frontière qui nous sépare du doux K-Land (qui ne mérite pas le nom de trou, c'est franchement tout le contraire d'un trou à part pendant les premières minutes ou effectivement on s'enfonce). Comme ce n'étais pas voulu, je n'ai pas vraiment pu en profiter, ni analyser la chose alors que c'était ça mon truc; prendre, analyser, reporter. Tout ça parce que je pensais que j'étais en plein bad (ben oui, la première fois on peut pas deviner!) mais bon j'ai redressé la situation et ait bien fini mon voyage collé à un canapé, de retour d'Ardèche où j'avais passé quelques jours.
Donc j'ai laissé passer quelques jours avant de renouveler l'expérience, j'ai réfléchi sur l'expérience vécue et puis je commençais à acquérir un bon contrôle avec ces trucs là donc le samedi suivant, il devait rester un demi gramme alors j'ai commencé à faire quelques lignes comme d'habitude pour diviser le meug en parts à peu près égales et faire mon calcul, jusqu'ici je tapais la ké qu'en traces (kékentras, bien connu) et j'aimais bien le frais presque-instantané partout entre mon nez et mes cheveux, normal; mais je me suis dit qu'avec les habitudes que j'avais j'arriverais mieux à contrôler ma monter et tout en Intra Musculaire donc sur le moment je me suis pas posé de questions et j'ai pris ce que j'avais sous la main; pompe à insuline donc basique, j'ai fait mon petit mélange dans ma super Stericup customisée d'à peu près 120Mg mais comme il est noté c'était plutôt 135 avec les "chutes".
Joli mélange, ça donne (et c'était la première fois que je voyais ça!) une pompe toute clean, laiteuse à blanc rayonnant xD Bref, ça donne la sensation que c'est clean, pur, tout ce que vous voudrez.
J'ai sorti mon épaule de champion dans un cadre idyllique (hmmm... Près d'une piscine abandonnée près de chez moi, sur un vieux fauteuil ras-du-sol que j'avais transporté (je me suis trouvé con sur la route, y'a 200m à faire, mais quand-même) avec du son et à boire) assis sur mon fauteuil en train d'en griller une, je passe le coton tout bien autour après m'être lavé les mains (on plaisante pas avec ça eh!) et *tough* le pincement le plus court de l'histoire de l'injection, comme si une goutte s'était échappée avant que je presse le piston je sentais déjà plus rien sur une étendue de 2/3cm autour du point d'In.
Comme j'avais déjà chopé des crampes avec la morphine et que tout le monde ici ou ailleurs prévenait des crampes ignobles liées à une injection trop rapide je me suis dit "ouah, si ça le fait avec de la morphine, qu'est-ce que ça doit être" donc comme la plupart des gens pour une première fois (bon, là c'était la seconde par défaut) j'ai appuyé tout doucement et donc je suis monté au quart de la pompe, je commençais à m'enfoncer dans le fauteuil pliable, je dirais même dans le gazon (j'ai juste eu le temps de penser "merde, j'ai rien bu, mais putain quand est-ce que je vais pouvoir re-boire une goutte d'eau?!" et là... Expérience en cours. Je m'attendais pas comme avec les psychédéliques à toucher du doigt l'espoir de (re)connaître quelque noumène ou autre vérité conceptuelle essentielle à toute bonne relation avec la sagesse étant donnée la nature du produit, mais c'était pas si "obscur" que ça. Donc voilà ce qui s'est passé pendant ce fameux K-Hole, à partir du moment ou j'ai quand-même finit par tout injecter; et j'ai quand-même eu le droit à une super crampe pendant les deux jours suivant parce que j'ai paniqué à l'idée de pas finir mon taquet.
- Décollage. Donc comme je l'ai dit, je me suis d'abord enfoncé dans le sol, pour le côté sensitif, mais ça a surtout commencé par une anesthésie pure et simple, les mains moites, des bourdonnements agréables (tout est agréable à ce moment là...) dans les oreilles, et visuellement le décor a commencé à s'obscurcir (la nuit tombait juste, les nuits étaient courtes à cette période de l'année), et ma vision périphérique s'est teintée de milliers de petits points comme la neige sur une télé, une sorte de pixelisation du "tout autour" ce qui fait qu'au centre ça faisait comme un point blanc fixe (genre lumière au bout du tunnel, mais sur le moment j'étais loin de penser ça!) qui m'attirais de plus en plus, tellement qu'à force des phosphènes en forme de cercles concentriques m'entouraient de plus en plus vite, de plus en plus sombre; une phase de montée pendant laquelle je me sentais m'enfoncer encore et encore jusqu'à ce que ma perception soit si altérée que je ne savais plus DU TOUT ou se trouvaient l'envers et l'endroit, les cercles de couleurs ont formé une sorte de noir total pendant quelques secondes (interminables, pendant ce temps le bourdonnement devient de plus en plus fort et je perds toute notion de contraste) c'est comme si tous les cercles étaient des couleurs primaires, défilaient en arc-en-ciel pour finir par s'assembler mais à l'envers, forcément sinon je me serais retrouvé dix secondes dans un monde tout blanc^^ ben non, c'était noir et à partir de là...
- Plus de corps physique, les bourdonnements ont littéralement détaché mon esprit, comme sur-élevé, et je perçois quelques rémanences de couleurs du milieu qui m'entourait quelques secondes auparavant comme dans un tableau de Salvador Dalì; les formes se fondent, ça grésille mais on ne sait pas si ça grésille à l'ouïe ou bien visuellement c'est pas vraiment le mot à vrai dire... Je flottais inéluctablement vers quelque-chose mais je n'arrivais pas à définir quoi (mais alors vraiment pas); il y avait bien une fin à l'expérience mais c'est comme si j'avais tout oublié, il ne restait plus que ces formes et des souvenirs orchestrés de manière stroboscopique et mon intentionnalité - toute conscience est conscience de quelque-chose... Edmund Husserl n'a définitivement jamais pris de Kétamine - J'avais bien conscience de quelque-chose, mais l'esthétique m'échappait sans arrêt, un coup c'était comme si j'étais au cœur d'une entité atomique, la plus petite unité visible, jusqu'au néant et la décomposition totale de toute forme, toute couleur, tout son, toute sensation, un coup j'étais présent à moi-même comme dans un miroir sans dire pour autant de flotter au dessus de moi-même, je flottais bien mais ce moi-même au-delà de l'expérience bougeait, était en activité (et variait du tout au tout ce qui était encore plus déconcertant).
- après ce "trou" béant entre moi et moi (oui c'était un peu ça) j'ai identifié une sorte d'étape intermédiaire, je ne sais pas si c'est commun, mais c'était plus long que la phase précédente et plus long que la descente (je croyais que c'était la descente). j'ai commencé à retrouver des perceptions "normales" bien que toujours altérées mais comme dans un rêve, là c'était purement hallucinatoire; mon corps était tout à fait disloqué et se répandait entre tout ce qui constituait mon univers présent à moi-même, un peu comme une pieuvre j'étais une sorte d'entité tentaculaire, comme si mes idées s'étendaient au plongeoir tout gonflé par le temps de cette vieille piscine à travers un filtre en forme de bulle de savon, que d'autres s'étendaient du ciel au sol sans passer par la case "moi", et j'ai pu progressivement me déplacer dans cet espace, indépendamment de toutes les illusions d'optique ou hallucinations concrètes (je ne saurais pas en faire l'inventaire: soit il y en avait trop soit pas assez, mais de toute manière je n'aurais pas pu identifier à ce stade quelque-chose de réel de quelque-chose d'irréel mais ce n'est pas pour autant que je jugeait des choses de manière irrationnelle, c'est ce qui a été le plus "choquant") mais sans user de ma propre force (je sais, ça paraît insensé) physique. C'est le principe de toute façon, et de ce côté (Physique/psychique) je n'ai pas été très surpris. Ce qui m'a le plus surpris en fin de compte c'est le "décollage", très grosse montée, et la longueur de la descente (pourtant presque impalpable à des doses "fun").
- Pendant les dernières minutes dans le brouillard de l'éther ou le soleil givré d'un paradis perdu (quel poète) j'ai plus ou moins ressenti des sensations proches de celles ressenties sous DXM, j'ai pu à nouveau bouger vraiment, retrouver ma coordination motrice au bout de 4h et demie environ, ce qui est plutôt long, très long. Pour moi ça a duré le temps d'un après-midi, et c'était la perte totale de tout repère, ou plutôt un échange pour des repères nouveaux; en 4h j'ai eu le temps on va dire de trouver mes marques, encore mieux quand j'étais face à deux dimensions seulement (des fois on voit en 3d et d'un coup le support de nôtre perception se tourne, pas évident à décrire, et on se retrouve face à un mur mouvant; avec comme un jeu d'ombres qui dessine plein de formes par dessus les paysages imaginés qui reviennent entre temps (de simples souvenirs)), après ces 4h environ j'ai commencé à rentrer, en trébuchant régulièrement (j'étais RAIDE de chez raide, pour mettre un pied devant l'autre il fallait que je me pose la question "droite ou gauche?" et ça m'est arrivé plus d'une fois, même après plusieurs K-Hole de me répondre "Ah ben non, ça devait être plutôt comme ça" xD) parce que le petit chemin qui mène à cette propriété (je vous dit pas la galère pour escalader le mur..!) est semé d'embuches et qu'il faisait noir de chez noir.
J'ai finalement réussi à retrouver le chemin, mais apparemment j'ai erré plus d'une heure alors qu'il faut 4-5min pour faire le chemin. En arrivant je me suis regardé et ce qui m'a le plus frappé c'est mon teint: tout pâle. J'ai bu un max' d'eau et j'ai continué un peu à profiter de la perche, qui ressemblait sur sa fin à du DXM à dose modérée. J'ai retrouvé des sensations normales vers la fin de la soirée, et ma perception est redevenue à peu près normale par contre j'étais pas encore auto-sondé, du coup j'arrivais trop pas à pisser, j'ai dû attendre de redescendre totalement puis me réveiller vers 11h, attendre d'être tout seul pour enfin soulager ma vessie, le seul point vraiment négatif dans cette expérience.
Après il y a des hallucinations ou phosphènes paradigmatiques avec la Kétamine, comme par exemple la finitude qui laisse place à l'infini; avec les perceptions spatiales notamment, on a l'impression que les étendues sont immenses, nous encerclent alors que pas du tout, ou encore les superpositions d'images et l'impression de tomber indéfiniment dans le vide par paliers (flippant des fois).
Conclusion c'est une expérience à vivre, c'est certain mais on peut le dire de tout, surtout dans nôtre cas. Mais il faut vraiment faire attention, parce qu'aujourd'hui encore, ce second K-Hole m'a bien plus marqué que tous les autres alors que j'ai souvent repris bien plus que 135mg donc + ou - forte ça dépend, on peut aussi tomber sur l'autre sel etc. ce qui n'est pas rassurant vu comme ça envoie loin, loin de tout. La piscine à côté était quasiment vide hein, je tiens à préciser que je n'ai pas pris de risque inconsidérés, j'en ai pris mais j'ai bien calculé les Set & settings quand-même.
Par contre après ça j'ai toujours préféré l'IM, peut-être une question d'habitudes.
Voilou, ça fait longtemps que j'avais pas posté, et j'ai trouvé le courage de raconter à peu près en entier cette expérience pour le moins troublante, et le temps de vous la faire partager j'espère que vous apprécierez.
Amicalement, passez une bonne soirée
Enfin bon c'est pas la question. Donc j'écris ici pour parler de Kétamine, sujet ma foi trop bien connu; mais comme dit dans un Post plus haut, le K-Hole lui, reste mystérieux pour la plupart des usagers de dissociatifs (peur d'aller trop loin? Vaudrait mieux, des fois). De 2008 à 2009 donc j'étais une sorte de fanatique des dissociatifs (un fanatisme oui complètement religieux, je vouais un culte à tout ce qui était Ké, Dxm et dans de moindres mesures la salvia et le PCP qui m'a sauvé la vie à mes dépends, mais c'est une autre histoire) surtout parce que j'étais tout simplement toxicomane, et hors de la came les dissociatifs sont les produits qui s'en rapprochent le plus tout en étant "autres"; en ouvrant de nouvelles portes, et autant de perspectives.
Jusqu'à un certain moment, j'avais peur aussi du K-Hole, je me disais que c'était plus ou moins un coma, et qu'il ne devait pas être aisé d'en sortir... Donc je tapais des doses "fun", ça allait bien, jusqu'à ce que - sans le faire exprès! - je passe la frontière qui nous sépare du doux K-Land (qui ne mérite pas le nom de trou, c'est franchement tout le contraire d'un trou à part pendant les premières minutes ou effectivement on s'enfonce). Comme ce n'étais pas voulu, je n'ai pas vraiment pu en profiter, ni analyser la chose alors que c'était ça mon truc; prendre, analyser, reporter. Tout ça parce que je pensais que j'étais en plein bad (ben oui, la première fois on peut pas deviner!) mais bon j'ai redressé la situation et ait bien fini mon voyage collé à un canapé, de retour d'Ardèche où j'avais passé quelques jours.
Donc j'ai laissé passer quelques jours avant de renouveler l'expérience, j'ai réfléchi sur l'expérience vécue et puis je commençais à acquérir un bon contrôle avec ces trucs là donc le samedi suivant, il devait rester un demi gramme alors j'ai commencé à faire quelques lignes comme d'habitude pour diviser le meug en parts à peu près égales et faire mon calcul, jusqu'ici je tapais la ké qu'en traces (kékentras, bien connu) et j'aimais bien le frais presque-instantané partout entre mon nez et mes cheveux, normal; mais je me suis dit qu'avec les habitudes que j'avais j'arriverais mieux à contrôler ma monter et tout en Intra Musculaire donc sur le moment je me suis pas posé de questions et j'ai pris ce que j'avais sous la main; pompe à insuline donc basique, j'ai fait mon petit mélange dans ma super Stericup customisée d'à peu près 120Mg mais comme il est noté c'était plutôt 135 avec les "chutes".
Joli mélange, ça donne (et c'était la première fois que je voyais ça!) une pompe toute clean, laiteuse à blanc rayonnant xD Bref, ça donne la sensation que c'est clean, pur, tout ce que vous voudrez.
J'ai sorti mon épaule de champion dans un cadre idyllique (hmmm... Près d'une piscine abandonnée près de chez moi, sur un vieux fauteuil ras-du-sol que j'avais transporté (je me suis trouvé con sur la route, y'a 200m à faire, mais quand-même) avec du son et à boire) assis sur mon fauteuil en train d'en griller une, je passe le coton tout bien autour après m'être lavé les mains (on plaisante pas avec ça eh!) et *tough* le pincement le plus court de l'histoire de l'injection, comme si une goutte s'était échappée avant que je presse le piston je sentais déjà plus rien sur une étendue de 2/3cm autour du point d'In.
Comme j'avais déjà chopé des crampes avec la morphine et que tout le monde ici ou ailleurs prévenait des crampes ignobles liées à une injection trop rapide je me suis dit "ouah, si ça le fait avec de la morphine, qu'est-ce que ça doit être" donc comme la plupart des gens pour une première fois (bon, là c'était la seconde par défaut) j'ai appuyé tout doucement et donc je suis monté au quart de la pompe, je commençais à m'enfoncer dans le fauteuil pliable, je dirais même dans le gazon (j'ai juste eu le temps de penser "merde, j'ai rien bu, mais putain quand est-ce que je vais pouvoir re-boire une goutte d'eau?!" et là... Expérience en cours. Je m'attendais pas comme avec les psychédéliques à toucher du doigt l'espoir de (re)connaître quelque noumène ou autre vérité conceptuelle essentielle à toute bonne relation avec la sagesse étant donnée la nature du produit, mais c'était pas si "obscur" que ça. Donc voilà ce qui s'est passé pendant ce fameux K-Hole, à partir du moment ou j'ai quand-même finit par tout injecter; et j'ai quand-même eu le droit à une super crampe pendant les deux jours suivant parce que j'ai paniqué à l'idée de pas finir mon taquet.
- Décollage. Donc comme je l'ai dit, je me suis d'abord enfoncé dans le sol, pour le côté sensitif, mais ça a surtout commencé par une anesthésie pure et simple, les mains moites, des bourdonnements agréables (tout est agréable à ce moment là...) dans les oreilles, et visuellement le décor a commencé à s'obscurcir (la nuit tombait juste, les nuits étaient courtes à cette période de l'année), et ma vision périphérique s'est teintée de milliers de petits points comme la neige sur une télé, une sorte de pixelisation du "tout autour" ce qui fait qu'au centre ça faisait comme un point blanc fixe (genre lumière au bout du tunnel, mais sur le moment j'étais loin de penser ça!) qui m'attirais de plus en plus, tellement qu'à force des phosphènes en forme de cercles concentriques m'entouraient de plus en plus vite, de plus en plus sombre; une phase de montée pendant laquelle je me sentais m'enfoncer encore et encore jusqu'à ce que ma perception soit si altérée que je ne savais plus DU TOUT ou se trouvaient l'envers et l'endroit, les cercles de couleurs ont formé une sorte de noir total pendant quelques secondes (interminables, pendant ce temps le bourdonnement devient de plus en plus fort et je perds toute notion de contraste) c'est comme si tous les cercles étaient des couleurs primaires, défilaient en arc-en-ciel pour finir par s'assembler mais à l'envers, forcément sinon je me serais retrouvé dix secondes dans un monde tout blanc^^ ben non, c'était noir et à partir de là...
- Plus de corps physique, les bourdonnements ont littéralement détaché mon esprit, comme sur-élevé, et je perçois quelques rémanences de couleurs du milieu qui m'entourait quelques secondes auparavant comme dans un tableau de Salvador Dalì; les formes se fondent, ça grésille mais on ne sait pas si ça grésille à l'ouïe ou bien visuellement c'est pas vraiment le mot à vrai dire... Je flottais inéluctablement vers quelque-chose mais je n'arrivais pas à définir quoi (mais alors vraiment pas); il y avait bien une fin à l'expérience mais c'est comme si j'avais tout oublié, il ne restait plus que ces formes et des souvenirs orchestrés de manière stroboscopique et mon intentionnalité - toute conscience est conscience de quelque-chose... Edmund Husserl n'a définitivement jamais pris de Kétamine - J'avais bien conscience de quelque-chose, mais l'esthétique m'échappait sans arrêt, un coup c'était comme si j'étais au cœur d'une entité atomique, la plus petite unité visible, jusqu'au néant et la décomposition totale de toute forme, toute couleur, tout son, toute sensation, un coup j'étais présent à moi-même comme dans un miroir sans dire pour autant de flotter au dessus de moi-même, je flottais bien mais ce moi-même au-delà de l'expérience bougeait, était en activité (et variait du tout au tout ce qui était encore plus déconcertant).
- après ce "trou" béant entre moi et moi (oui c'était un peu ça) j'ai identifié une sorte d'étape intermédiaire, je ne sais pas si c'est commun, mais c'était plus long que la phase précédente et plus long que la descente (je croyais que c'était la descente). j'ai commencé à retrouver des perceptions "normales" bien que toujours altérées mais comme dans un rêve, là c'était purement hallucinatoire; mon corps était tout à fait disloqué et se répandait entre tout ce qui constituait mon univers présent à moi-même, un peu comme une pieuvre j'étais une sorte d'entité tentaculaire, comme si mes idées s'étendaient au plongeoir tout gonflé par le temps de cette vieille piscine à travers un filtre en forme de bulle de savon, que d'autres s'étendaient du ciel au sol sans passer par la case "moi", et j'ai pu progressivement me déplacer dans cet espace, indépendamment de toutes les illusions d'optique ou hallucinations concrètes (je ne saurais pas en faire l'inventaire: soit il y en avait trop soit pas assez, mais de toute manière je n'aurais pas pu identifier à ce stade quelque-chose de réel de quelque-chose d'irréel mais ce n'est pas pour autant que je jugeait des choses de manière irrationnelle, c'est ce qui a été le plus "choquant") mais sans user de ma propre force (je sais, ça paraît insensé) physique. C'est le principe de toute façon, et de ce côté (Physique/psychique) je n'ai pas été très surpris. Ce qui m'a le plus surpris en fin de compte c'est le "décollage", très grosse montée, et la longueur de la descente (pourtant presque impalpable à des doses "fun").
- Pendant les dernières minutes dans le brouillard de l'éther ou le soleil givré d'un paradis perdu (quel poète) j'ai plus ou moins ressenti des sensations proches de celles ressenties sous DXM, j'ai pu à nouveau bouger vraiment, retrouver ma coordination motrice au bout de 4h et demie environ, ce qui est plutôt long, très long. Pour moi ça a duré le temps d'un après-midi, et c'était la perte totale de tout repère, ou plutôt un échange pour des repères nouveaux; en 4h j'ai eu le temps on va dire de trouver mes marques, encore mieux quand j'étais face à deux dimensions seulement (des fois on voit en 3d et d'un coup le support de nôtre perception se tourne, pas évident à décrire, et on se retrouve face à un mur mouvant; avec comme un jeu d'ombres qui dessine plein de formes par dessus les paysages imaginés qui reviennent entre temps (de simples souvenirs)), après ces 4h environ j'ai commencé à rentrer, en trébuchant régulièrement (j'étais RAIDE de chez raide, pour mettre un pied devant l'autre il fallait que je me pose la question "droite ou gauche?" et ça m'est arrivé plus d'une fois, même après plusieurs K-Hole de me répondre "Ah ben non, ça devait être plutôt comme ça" xD) parce que le petit chemin qui mène à cette propriété (je vous dit pas la galère pour escalader le mur..!) est semé d'embuches et qu'il faisait noir de chez noir.
J'ai finalement réussi à retrouver le chemin, mais apparemment j'ai erré plus d'une heure alors qu'il faut 4-5min pour faire le chemin. En arrivant je me suis regardé et ce qui m'a le plus frappé c'est mon teint: tout pâle. J'ai bu un max' d'eau et j'ai continué un peu à profiter de la perche, qui ressemblait sur sa fin à du DXM à dose modérée. J'ai retrouvé des sensations normales vers la fin de la soirée, et ma perception est redevenue à peu près normale par contre j'étais pas encore auto-sondé, du coup j'arrivais trop pas à pisser, j'ai dû attendre de redescendre totalement puis me réveiller vers 11h, attendre d'être tout seul pour enfin soulager ma vessie, le seul point vraiment négatif dans cette expérience.
Après il y a des hallucinations ou phosphènes paradigmatiques avec la Kétamine, comme par exemple la finitude qui laisse place à l'infini; avec les perceptions spatiales notamment, on a l'impression que les étendues sont immenses, nous encerclent alors que pas du tout, ou encore les superpositions d'images et l'impression de tomber indéfiniment dans le vide par paliers (flippant des fois).
Conclusion c'est une expérience à vivre, c'est certain mais on peut le dire de tout, surtout dans nôtre cas. Mais il faut vraiment faire attention, parce qu'aujourd'hui encore, ce second K-Hole m'a bien plus marqué que tous les autres alors que j'ai souvent repris bien plus que 135mg donc + ou - forte ça dépend, on peut aussi tomber sur l'autre sel etc. ce qui n'est pas rassurant vu comme ça envoie loin, loin de tout. La piscine à côté était quasiment vide hein, je tiens à préciser que je n'ai pas pris de risque inconsidérés, j'en ai pris mais j'ai bien calculé les Set & settings quand-même.
Par contre après ça j'ai toujours préféré l'IM, peut-être une question d'habitudes.
Voilou, ça fait longtemps que j'avais pas posté, et j'ai trouvé le courage de raconter à peu près en entier cette expérience pour le moins troublante, et le temps de vous la faire partager j'espère que vous apprécierez.
Amicalement, passez une bonne soirée
