Beltxarga
Neurotransmetteur
- Inscrit
- 21/4/13
- Messages
- 40
Déjà, désolé pour la longueur. C'est mon premier TR, et je ne voudrais pas qu'il sonne faux et/ou égocentré, mais j'ai vraiment voulu raconter toutes les étapes qui ont mené au trip d'aujourd'hui. Les prises se sont faites par ingestion d'une gélule. Je suis naturellement assez porté vers les expériences « mystiques », qu'il m'est arrivé d'avoir sans assistance chimique, ce qui pourrait expliquer ma sensibilité à ce produit.
vendredi 23 mai 2014
0,5 mg. Aucun effet.
dimanche 25 mai 2014
2,3 mg. Aucun effet.
jeudi 29 mai 2014
10,6 mg. ± sur l'échelle de Shulgin, assez indéfinissable, à t = 3 heures. Etat de confort inhabituel (sensation d'être dans un "liquide amniotique") mais nécessitant une certaine attention de ma part. Mes notes indiquent que cet état serait probablement indétectable sans attention (donc placebo possible). Les effets possèdent une certaine "identité". Le déroulement du temps paraît altéré, il passe trop vite.
dimanche 15 juin 2014
15h15 (t = 0 min), 55,0 mg. Je m'attends à ressentir de légers effets non placebo avec cette dose, suite à mes tests à 0,5, 2 et 10 mg. Vers 16h45 (t = 90 min), une très légère nausée se fait ressentir, puis rapidement, vers 17h00 - 17h15 (t = 120 min), cette nausée laisse la place à une belle euphorie. Le trip commence. A partir de ce moment, j'ai un peu perdu la notion du temps, je me raccroche donc à mes maigres notes (j'ai passé l'essentiel de mon trip à l'extérieur) et surtout à mes SMS. Les premiers effets visuels apparaissent, ils auront toujours la même nature tout au long du trip : pulsation lumineuse en vision périphérique et couleurs plus vives qu'à l'accoutumée. Je remarque aussi des picotements au niveau de mon cuir chevelu. Je décide de mettre de la musique, et je constate une légère synesthésie. Le plaisir à l'écoute de musique est très grand, plus que d'habitude. Jouissif en fait. J'ai vite froid, et je m'ennuie. Je décide de sortir.
Les premières dizaines de minutes de cette sortie sont extatiques. Sur le moment, je me souviens avoir eu l'impression de "marcher sur l'eau". Je suis totalement détendu, j'aime les gens, le soleil me réchauffe, tout est parfait. Je me sens totalement à l'aise, ce qui ne m'arrive habituellement jamais lorsque je marche dans la rue. C'est assurément un ++ sur l'échelle de Shulgin à ce moment là (t = 180 min). Mais la proximité physique avec les autres ne me réussit pas. Fausse note quand un type à casquette à l'envers et jean slim traite un chauffeur de bus de "bâtard" parce qu'il a stoppé le bus un peu trop loin à son goût. Sur le moment j'en veux profondément à ce type. Il gâche tout, pas seulement mon trip, mais tout. Je continue ma route vers la cathédrale de Reims. Je m'attends à une expérience très positive en y entrant. Malheureusement c'est tout le contraire qui se passe. Tout est faux là-dedans. C'est grotesque. C'est un musée. Il y a des panneaux d'information partout, une petite musique chrétienne, des tas de touristes avec leur appareil photo. J'ai l'impression qu'on a bétonné un parc naturel pour y faire un parc Astérix à la place. L'expérience devient pénible, la journée devient en quelques minutes l'archétype du dimanche déprimant. Je sors, et j'erre en espérant retrouver mon état antérieur, en vain. Je décide de rentrer chez moi. Sur le trajet du retour, je croise un père qui parle avec son fils, qui avait peut-être 5 ou 6 ans, en essayant apparemment de lui expliquer le principe des impôts. Il lui dit qu'on doit redonner une partie de notre salaire. Le gamin lui demande si on la donne aux petits Africains, et le père lui répond "mais pourquoi tu me parles des Africains", avec un air un peu agacé. Je me mets à me marrer de façon incontrôlée. Ca va beaucoup mieux, comme si je m'étais simplement sorti d'un coin sombre d'une pièce. Je décide malgré tout de rentrer chez moi. J'y passe peu de temps, je m'y sens assez mal. J'ai ma mère au téléphone, je gère comme je peux. Je ressors.
La suite du trip se transforme en une introspection de deux heures. Au départ, une haine de soi, dont je me sors en me rappelant de ce que dit Ann Shulgin dans TiKHAL : traiteriez-vous un ami comme vous vous traitez ? Les choses vont mieux progressivement, j'arrive à viser mes vrais problèmes. Je suis au bord d'un canal, c'est beau, c'est désert car France - Honduras va commencer. Je rentre chez moi, vers 21h30. Je me sens parfaitement en phase avec moi-même jusqu'à 2h du matin, moment où je m'endors, dans un état + (et avec des pupilles ultra-dilatées). Le lendemain matin, le réveil est difficile. Tête lourde, sensibilité à la lumière, résidus d'effets visuels presque imperceptibles mais bien présents. Et surtout, très peu envie de voir qui que ce soit. Ca m'apprendra à faire ça le dimanche. Cela s'arrange avec les premiers contacts entre collègues, et je passe finalement une belle journée, mais très stone. Fin de la gueule de bois le lendemain.
samedi 28 juin 2014
83,1 mg à 14h50. J'ai mangé assez copieusement environ 2 heures auparavant. 2 heures après l'ingestion, ne constatant pas d'effets, je me dis vite que c'était une erreur d'avoir mangé, que le Bk-2C-B est relativement instable et aura été inactivé, et que je ne vais pas tripper à cause de ce repas. Quelle grossière erreur que cette impatience, rétrospectivement.
Je suis totalement dans l'optique de continuer ma journée normalement, ce qui va jouer sur la suite des évènements, ma garde étant en quelque sorte baissée. Je suis sur Internet. Vers 19h15 (t = 4h30), je constate des effets familiers, mais je reste incrédule. Ca ne va pas marcher. Sauf que le trip lui, commence. Sans trop crier gare, je me retrouve à faire "l'indien", à moduler les sons avec ma main, parce que c'est ce que je veux entendre, sur le moment, et que ça produit des effets visuels. Je me rends compte après coup du caractère "anthropologique" de l'observation : j'ai reproduit sans réellement y penser un comportement tribal. Je continue dans cette optique tribale, et me passe de la musique adaptée (Tribal Techno). Sur ce morceau (Oliver Ho - From Modern To Ancient B1 - YouTube), en boucle, je vis une véritable transe. Je fais un voyage, qui part de moi, passe par mon grand-père, puis mes ancêtres. Je communique avec eux, lors de mon passage. Je leur crie (je me rappelle l'avoir fait en anglais) que je suis désolé, pour mes erreurs, mes errements. Je peux les toucher, les prendre par une main symbolique, un peu comme dans la Création d'Adam de Michel-Ange. J'ai une sensation totalement nouvelle dans le ventre, comme celle d'un muscle que je n'aurais jamais utilisé auparavant. Là, les choses s'accélèrent. Je perds le contrôle physiquement, je me retrouve par terre. Je vois fugacement des loups, puis de l'ADN (je me souviens avoir dessiné la double-hélice avec mes deux mains, dans l'air). Et là, "out of the blue", boum, je vois dessinée clairement, précisément, physiquement, en points lumineux, la constellation d'Orion. Je suis totalement abasourdi sur le moment. Je me souviens d'avoir eu peur. Je n'ai toujours pas vraiment d'explication. A ce moment-là il est 20h30, l'expérience "tribale" aura duré 1h15. J'ai froid, je transpire, comme lors d'une grosse grippe. La vasoconstriction est tangible, je me dis qu'elle nécessite une certaine attention : le Bk-2C-B ne serait pas une bonne drogue hivernale.
Je sors un peu du trip, reprends le contrôle, pour m'enregistrer au dictaphone. Je décris l'expérience, réalise que j'ai trouvé mon "power animal", le loup. Je me souviens avoir entendu cette notion de "power animal" dans Fight Club, puis plus tard dans la bouche d'Ann Shulgin, sans comprendre. J'étais incapable de dire quel était mon power animal. J'aurais dit, comme ça, un félin, peut-être un guépard. Mais après cette transe, je me demande comment j'ai pu ne pas voir le loup plus tôt. Le loup et Orion, je n'ai que ça en tête à ce moment. Je décide, en m'enregistrant, d'adopter par la suite une attitude moins agressive. D'écouter, au lieu de crier. Je me passe de la musique adaptée (Ambient Techno). L'expérience est très intéressante, les visuels sont riches et contrôlables. Mais cela ne dure pas longtemps. Pour une raison indéterminée, je commence à visionner "La Classe Américaine", le film à base de détournements de la Warner. Je n'ai jamais autant ri de ma vie, les voisins doivent se demander si j'ai perdu la raison. Le passage à "la bonne auberge" manque de me tuer, si je me déshydrate ce sera par des larmes de rire. Je me commande 3 nouveaux grammes de Bk-2C-B vers ce moment (pas sur un coup de tête, c'était prévu, déjà dans mon panier, tout ça).
Nouvel enregistrement vers 22h00. Je regrette d'avoir interrompu ma phase de "réception". Je décide de me concentrer à nouveau sur cette phase. Allongé dans le pénombre, phase très intense, très profonde, où je réalise clairement que j'ai ouvert une porte sur l'espace, sur le cosmos, vers les étoiles, comme si ma nature profonde d'être humain était connectée directement au cosmos. La clé de quelque chose se niche là-bas. Orion ! C'est à ce moment que je décide, en conscience, que ce jour est le plus important et le plus beau de toute ma vie.
La suite est plus floue. La fatigue commence à se faire sentir. Je sors sous la pluie pour aller assister à un spectacle d'illumination de la cathédrale de Reims. Marcher dans la rue est extatique, je suis absolument heureux, j'ai toujours cette sensation dans le ventre. Je suis complètement trempé, mais je m'en fous. La suite est moins idyllique. Comme la dernière fois, l'expérience devient franchement désagréable. Le spectacle sonne faux, ce n'est même pas particulièrement beau, et je n'en retire absolument aucune portée symbolique, aucun frisson de foi. C'est totalement l'inverse : je trouve tout ça extrêmement terre à terre, terriblement ennuyeux. La présence de la foule m'est définitivement désagréable. Je fais d'un seul coup le lien avec mon power animal, le loup, et sa nature méfiante avec les étrangers au clan. C'est vraiment tout moi, le loup. Je me souviens aussi de m'être dit que je déteste, finalement, subir ne serait-ce que le moindre appel à mes capacités d'appréciation esthétique (musicale, picturale...) en public. Cette sollicitation publique s'apparente à de la pornographie, elle explique ma détestation des concerts et des salles de cinéma. La présence de cette foule me met en colère et je décide de rentrer après les premières minutes du spectacle, sous une pluie toujours battante.
Le body load devient non négligeable. J'ai le sentiment d'être déshydraté malgré m'être enfilé une bouteille de Powerade et bu pas mal d'eau au cours du trip. Je m'endors à moitié vers 2h00, je me souviens de visuels me rappellant étonnamment les automates cellulaires, notamment la fourmi de Langton. J'ai une expérience entièrement nouvelle durant laquelle je parviens à générer des sons à volonté, avec une capacité de contrôle très poussée, comme si j'étais sous Cubase, mais dans ma tête... Je sors de mon demi-sommeil, et je tape le trip d'aujourd'hui, à chaud. t = 13h, impossible de dormir, pupilles énormes. Mais le trip est terminé. Une chose est sûre : je me considère assez mature psychologiquement, mais 150 mg de ce truc... Pas tout de suite !