Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

Le forum des amateur.ices de drogues et de l'exploration de l'esprit

1ère rencontre avec la Sauge des Devins

sleezus

Matrice Périnatale
Inscrit
9/10/23
Messages
5
Trip Report :

Bonjour à tous, ce qui suit est le récit de ma découverte de la Salvia Divinorum.

J’écoutais depuis une bonne année ce qu’en disaient les gens l’ayant expérimentée, et dans un élan de curiosité, mêlé d’une volonté d’avoir accès à une substance qui puisse provoquer une expérience courte, j’ai décidé d’en acheter. Les deux sessions sont espacées de 48h, la première salve a duré moins d’une heure, cependant, 3h séparent le moment où je me suis installé pour méditer et le moment où je suis allé me coucher lors de la seconde salve. Pour vous mettre dans l’ambiance, écoutez donc « The Sixth Revelation » de Shpongle.

Première session :

Mon ami Dimitri est à la maison, nous avons passé une bonne soirée comme d’habitude. Nous sommes au studio, qui servait à l’époque de salle de répétition pour mes parents lorsqu’ils faisaient de la musique, et qui sert désormais de chambre d’amis. J’étale le gramme de salvia x5 sur un quadrillage de 10cm par 10cm, et essaye de répartir les fragments de feuilles de sorte à avoir une approximation de ce que représentent 10mg. Je mets de côté ce petit tas, regroupe le tas initial, que je divise 6 fois en deux pour obtenir une quantité supposée de 16 mg. Je la divise une dernière fois en deux, la compare avec l’autre tas, ils sont équivalents. J’ai donc avec deux méthodes, dont l’une plus précise que l’autre, deux approximations de la moitié du dosage minimal qu’il faut fumer pour ressentir les premiers effets. Je divise chaque tas en 4, fume un premier quart.

Rien. Je fume le deuxième 5 minutes après, rien. Après avoir fumé les deux derniers quarts avec une petite pipe en métal, soit la moitié de la moitié du dosage actif minimal supposé, je me sens plus détendu, mais rien d’évident. Après une pause plus longue, je fume le dosage entier. Je vis alors les premiers effets. Ceux-ci sont extrêmement subtils, et ressemblent à la sensation de « trip » sous psilocybine, dépourvue de toutes les hallucinations. Il se passe quelque chose dans ma tête, un véritable petit trip, tout mignon, sans véritable contenu. Mon ami me parle et je repense à ce qu’il a dit quelques secondes après, avec les effets légers de la plante. C’est très similaire aux premiers effets que provoque le cannabis.

Les effets redescendent, je me sens extraordinairement bien, on joue aux jeux vidéos et on se couche.

Deuxième session, 48h après la précédente :

Il doit être à ce moment 23h30, minuit, et je m’installe au studio pour méditer en musique. Je me sens calme, serein.

Première salve :

Je prépare des doses d’à peu près 15 mg de salvia x5, fume la première et ferme les yeux pour observer les effets. D’abord une sensation légère et fraîche de pression et douce au-dessus des yeux et sur les côtés de la tête. Je sens en fermant les yeux l’impression subtile de partir en arrière, que mes bras et que ma tête tournent, se tordent. Il y a aussi une certaine profondeur, c’est-à-dire qu’une distance se glisse entre moi et le fond noir normalement présent quand mes paupières sont closes. Je remarque de nombreux phosphènes filiformes, similaires à ceux que je peux observer en méditant plusieurs minutes, défiler, se contracter et danser devant ce grand vide. Cet espace, cette chose en plus, s’évapore quand j’ouvre les yeux.

Je constate alors que la couverture gris clair posée sur un fauteuil en face de moi paraît magenta comme si elle était éclairée, et je distingue de très fines variations dans l’aspect de celle-ci, m’attendant à ce qu’en émergent des lignes lumineuses, sans que cela ne se produise.

Suite à cette première inhalation, j’aurai fumé la même dose à trois reprises espacées de 5 minutes, et lors de la dernière, j’ai fermé les paupières et ai eu un état plus profond de dissociation. Je savais que mon corps était là, mais contrairement à l’état méditatif de “salle d’attente, ou de croisière”*, je remarque que mon corps n’est plus présent dans ma conscience. Plus de sensations physiques, juste là, flottant au centre de ma tête, plongé dans cet état méditatif. Cependant, mon corps est toujours là, je peux me concentrer dessus si je le souhaite, et lorsque je le fais, il est inchangé, accompagné de la sensation physique de stabilité, de « silence physique » caractéristique de la méditation, mais sans effort pour orienter mon attention dessus, il disparaît. Très rapidement, les effets redescendent.

Je démarre alors un enregistrement vocal sur mon téléphone, dont le contenu vient de vous être retranscrit.

Seconde salve :

J’ai lancé après ça un morceau de musique, « The Sixth Revelation » de Shpongle, et ai fumé quelque chose comme 25-30 mg de x5.

Les effets refont surface, et leur intensité augmente pendant les premières minutes du morceau. C’était à la fois intense et doux. J’étais dans un état totalement altéré, tout en étant presque parfaitement lucide et conscient de mon corps lorsque j’ouvrais les yeux. C’était déroutant ; alors que l’espace de derrière mes paupières se découpait en un kaléidoscope en 3 parties, que cette vision prenait beaucoup de place dans mon attention et s’imposait aux sensations de mon corps, je sentais toujours ce dernier en dessous, et ma lucidité. J’engage un monologue interne, je me dis « c’est dingue d’avoir t...ant de...facilité à...pen..ser ». Je n’ai donc pas tant de facilités que ça à penser, mais j’ai bien cette sensation de clarté, de vide, de silence omniprésent, qui est là, juste en dessous, imperturbable.

Tout s’est passé jusqu’à présent sans encombre. Dans un élan de grandeur provoqué par la tension qui se crée dans la musique, je décide d’en reprendre et inhale alors la fumée chaude au goût plutôt doux, légèrement amer, et m’affale sur le canapé.
J’ai alors vécu une des expériences les plus incroyables de ma vie.

Rapidement, cet espace interne devient totalement mouvant, pas lumineux, toujours aussi sombre et granulé que l’écran noir que vos paupières vous laissent sûrement observer si vous les fermez maintenant, mais des sous parties de mon champ de vision se déplacent les unes par rapport aux autres.. Si j'ouvrais les yeux et les fermais juste après, c’est comme si je voyais encore ma chambre, et que ses caractéristiques devenaient le paysage tridimensionnel qui changeait constamment derrière mes paupières.

Je plonge encore plus loin, et cet espace mouvant me paraît maintenant être un endroit, une dimension à laquelle j’ai accès. Je vois des plans bidimensionnels s’entrechoquer, former des angles impossibles entre eux. Ces grandes « plaques », ces grandes surfaces qui forment mon champ de vision, qui sont toujours aussi sombres, sont parsemées de trous. C’est comme si c’était d’immenses plaques quadrillées de trous, et que les espaces restants étaient parsemées de trous encore plus petits, et ainsi de suite. L’aspect de ces plans était « granuleux, texturé, grésillant ».

J’ouvre les yeux et dis à voix haute, seul sur mon canapé, « ok j’ai compris le message », conscient que je ne parle à personne, dans cette sorte d’enthousiasme qui peut nous pousser à parler tous seuls un samedi après-midi. Je dis ça fasciné d’être dans un état si altéré et si clair à la fois. Je saisis ce qu’il se passe à merveille, c’est limpide. La psilocybine provoque chez moi des états moins intenses et pourtant plus difficiles à saisir. C’est métaphoriquement plus flou, j’ai du mal à mettre le doigt sur ce qu’il se passe. Là, j’ai l’esprit clair. Certes, je me sens défoncé, mes pensées sont timides, mais je suis là, présent, bien sur terre. Pourtant, dès que je ferme les yeux, je suis là bas, dans cette dimension incroyablement complexe qui m’est révélée instantanément. Celle-ci est toujours présente dans mon esprit lorsque je les ouvre, je sais qu’elle est là mais je ne la vois plus.

En tournant la tête, j’ai l’impression d’être le centre de la réalité. La conscience et cette nouvelle dimension sont reliées à la réalité physique par le biais de mon corps. J’ai l’impression d’être cette dimension de plans mouvants qui s’entrechoquent, aspirée par un tube qui me fait m’étendre sur la réalité physique pour la percevoir, tel un liquide visqueux flottant dans le vide qui serait aspiré par un dispositif pour le projeter sur un mûr. Ce tube, ce catalyseur, ce pivot, c’est mon corps. C’est très imagé, je n’avais pas l’impression d’être un véritable tube, mais ça peut donner une idée du ressenti.

Visuellement, tout est clair, les choses paraissent un peu plus symétriques par rapport à elles-mêmes, mais c’est tout.

Je me lève, constate que j’ai à peine moins d’équilibre que d’habitude, les effets descendent doucement. Durant 30 minutes, j’envoie des messages vocaux à un ami pour lui parler de l’expérience, et suis toujours abasourdi par le fait qu’en fermant les yeux, je peux accéder à cette dimension. Elle perd certes en clarté, mais j’y ai quand même accès à chaque fois, et la perd dès que je les ouvre. Ma mémoire à court terme est la chose qui est restée le plus longtemps altérée. Jusqu’à ce que j’aille me coucher, j’ai l’impression de chercher légèrement mes mots et de perdre le fil de mes pensées, mais aussi l’impression assez intéressante que le contraste entre l’instant présent et l’instant passé est plus marqué. Dès que je change d’endroit dans la pièce, une nouvelle page se tourne. C’est très similaire aux effets du cannabis, j’ai véritablement l’impression que ce que je viens de faire est plus ancien qu’il ne l’est réellement.

J’étais euphorique, je venais de trouver la substance qui me parlait. C’était la substance dont les effets correspondaient avec ce que je cherchais. J’avais comme trouvé mon « âme sœur ». Le lendemain, je me réveille en pleine forme, enthousiaste. Pendant plusieurs jours est restée l’impression d’avoir trouvé la substance qui avait des choses à m’apporter. C’est comme trouver la bonne clé pour ouvrir la serrure, ou réussir à enfoncer un embout de chargeur de téléphone dans une prise. La compatibilité est parfaite, la substance colle à merveille avec ce que je suis.

Deux semaines plus tard, me voici toujours aussi à l’aise dans ma peau, j’envisage de réitérer l’expérience, à savoir quand, au feeling. Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec des espacements précis. Je tremperai à nouveau les pieds dans le bain d’ici quelques jours je pense, je ne le sentais pas ce soir, c’était trop tôt, j’étais intimidé ne serait-ce qu’à l’idée d’aller chercher ma pipe et mon petit bocal en verre, donc je continue de jouir de la vie qui m’est offerte et je vous tient au courant de la suite, lorsque celle-ci se sera produite !

Merci de votre attention !

  • Par “état méditatif de salle d’attente, ou de croisière”, j’entends cet état dans lequel on plonge rapidement après s’être installé pour méditer. Pour ma part, il arrive de plus en plus vite à mesure que je pratique, entre 1 et 10 minutes après m’être assis. C’est un état dans lequel je suis calme, les pensées défilent lentement. Mon esprit est presque vide, je suis sois ouvert à toutes les sensations soit très concentré sur un objet spécifique, comme les sensations physiques de la respiration. Dans cet état, un vide s’insère entre l’écran noir que révèlent mes paupières, et moi. Enfin, si j’appelle ça aussi la salle d’attente, c’est car occasionnellement, par vagues d’intensité, cette sensation devient très forte, si bien que j’ai l’impression que je vais exploser, disparaître, ou que quelque chose de grand se prépare.
 
Dernière édition:
Retour
Haut