C'est un peu étrange de s'en rendre compte, mais les dépresseurs sont les produits les plus facilement accessibles à un·e non-initié·e. Du coup, si j'ai commencé par ça, c'est tout simplement parce que ça m'est tombé dans les mains. L'alcool d'abord, car c'est un rite social. En ce qui concerne les opis et benzos, je suis chaque fois passée par une étape médicamenteuse : automédication pour les premiers (c'était encore en vente libre), prescription de psy pour les seconds, et puis j'ai vite capté que j'y trouvais un autre intérêt, un intérêt personnel, psychoactif, non dicté par une nécessité médicale mais par le plaisir (curiosité, voyage, bien-être, oubli, chaleur... les possibilités sont larges).
Je faisais très attention et ma consommation était vraiment épisodique, il y a encore des vieux messages sur ce forum où je disais maîtriser cette conso, malheureusement ça m'a échappé, par un processus très lent qui a peu à voir avec le récréatif. Tout simplement, les problèmes qui m'ont poussé en premier lieu à consommer ont empiré, ce qui a progressivement normalisé la prise du "remède". Et je pense que les problèmes d'adduction aux dépresseurs, en plus de leur réel impact corporel, doit beaucoup à ce fait qu'à la différence d'autres classes de prods, ce sont principalement des substances de soin. On ne les prend pas forcément pour le plaisir. Et partant de là, on n'a pas la même marge de manœuvre pour surveiller sa conso.
Donc récréatif + thérapeutique + fonctionnel une fois que tu découvres le principe d'amortir les descentes, ça fait beaucoup d'occasions de se torcher aux dépresseurs. Ça en fait trop, en fait.
J'ai basculé avec les benzos le jour où une psy m'a prescrit une prise quotidienne d'oxazépam, contre ma volonté. Depuis, j'arrive pas à m'en passer. Une fois j'ai fait un dry de quatre mois, que j'ai bien tenu, mais au prix de réelles souffrances car derrière j'avais les mêmes soucis que d'habitude. J'ai pas le courage de me lancer à nouveau dans cette démarche, d'autant que je vois bien qu'une fois le délai passé ça recommencera exactement comme avant. C'est une addiction très légère, j'ai réduit au maximum, je coupe en quatre des cachets de la dose minimale disponible sur le marché, parfois je saute un jour, parfois deux... mais j'arrive quand même pas à m'en passer.
Par contre, mon corps ne supporte plus la codéine. Ou le paracétamol, je sais pas. Le codoliprane en tout cas, ça passe plus. Et j'ai envie de dire, tant mieux.