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Médecine psychédélique ou anti-dépresseur ISRS, deux approches

Sludge

Holofractale de l'hypervérité
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17 Sept 2011
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Avertissement : Le précédent texte ne parle pas de cumuler les deux types de médecine, mais bien de pouvoir choisir l'un ou l'autre en comprenant mieux leur manière de fonctionner. Le mélange des deux approches ne paraît pas spécialement pertinent (car contradictoire), voire peut être dangereux.


Passionné de médecine psychédélique, j'entame néanmoins un traitement anti-dépresseurs ISRS (Inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine).

Dans mon entourage, certaines personnes peuvent être soit plutôt effrayées (par traumatisme) par les psychédéliques, soit diaboliser les anti-dépresseurs (par idéologie).

J'ai eu l'opportunité de discuter en profondeur de la pertinence de mon traitement avec Avel Guénin-Carlut, membre du collectif Kairos Research (https://kairos-research.org/) et expert/spécialiste/chercheur en approches prédictives de la cognition. Je n'ai malheureusement pas eu cette chance avec mon psychiatre, et entretenais donc des doutes sur le sujet.

Pour une remise en contexte : J'ai développé depuis un peu moins de dix ans des conduites addictives avec notamment des produits toxiques stimulants. J'ai également de longue date des problématiques dans le domaine affectif & relationnel. J'ai aussi commencé, à mes 25 ans, beaucoup d'expérimentation personnelle des drogues psychédéliques, par intérêt psychonautique (exploration de la conscience). Depuis environ 3 ans, malgré un certain nombre d'accomplissements dans ma vie, s'est développé une insidieuse dépression sur fond anxieux.

J'ai également grandi dans un environnement et dans une généalogie de violences intra-familiales.

Face à ce type de situations, anti-dépresseurs et médecines psychédéliques mettraient en œuvre des fonctions radicalement opposées.

Le fonctionnement de l'être serait supposé être de cet ordre : Le corps et l'esprit apprennent au contact de leur environnement, des façons d'interagir, des "modes dynamiques" reproduits en boucle par la structure couplée du corps, cerveau, environnement. Une manière d'agir "automatiquement", sans décision consciente.

Ces "modes cognitifs" peuvent s'avérer toxiques. Par exemple, créer une anxiété constante, source d'épuisement psychique pouvant mener au burn out et à la dépression, et favoriser des comportement pulsionnels, telles les conduites addictives.


Face à cela donc, deux écoles de médecines notamment :

- Les psychédéliques peuvent permettre de diagnostiquer l'origine des problèmes qui minent la psyché, mais également de revisiter les modes cognitifs incriminés pour éventuellement mieux les intégrer. Ce deuxième aspect pourrait véritablement nécessiter un accompagnement très expérimenté, par exemple un accompagnement traditionnel.

Le risque de cette médecine, hors d'un accompagnement adapté, est d'amplifier l'anxiété et d'enfermer encore plus dans des modes cognitifs inadaptés.

Cela semble au premiers abord contredire l'idée communément admise que les psychédéliques accompagnent le changement par la plasticité neuronale. Mais cette plasticité ne présage aucunement d'un changement positif. Cela dépend de l'issue du travail.


- Les ISRS bloqueraient mécaniquement l'usage des modes cognitifs complexes à l'origine de l'anxiété. En cela, elle obligerait à abandonner et oublier avec le temps ces "modèles précis de dynamiques complexes". Cela peut permettre de guérir des modes de fonctionnement liés à l'exposition passée, par exemple pendant la petite enfance, à des situations particulièrement dangereuses ou anxiogènes. Cela permet aussi de soulager directement l'anxiété et de permettre de retrouver une vie sociale plus simple. En revanche, cela va avec le fait de perdre certaines capacités cognitives durablement, comme "prédire le comportement des gens".

A le lire, cela me fait penser d'ailleurs aux comportement des victimes de violences (décrit dans "Le livre noir des violences sexuelles") qui se construisent en apprenant à prédire le comportement de leurs agresseurs pour tout faire pour éviter l'agression. Mode de fonctionnement qui s'inscrit durablement, créant des "comportements d'évitement" lourdement handicapants socialement.

Le fait de "perdre en capacités cognitives" fait de suite assez peur, notamment pour moi qui m'identifie à un fonctionnement empathique, capable de me mettre à la place des gens qui m'entourent, de (croire) comprendre ce qu'ils vivent et quels sont les chemins de notre rassemblement révolutionnaire. Mais il est vrai que ces dernières années j'ai notamment dû apprendre à vivre avec le fait que tous n'étaient pas censés vaincre les difficultés de notre rassemblement, et que cela pouvait avec d'autres choses être source d'anxiété. Aussi et surtout, j'ai buté lors de mes tentatives de soin psychédélique, sur mes troubles affectifs (manque affectif, peur de perdre l'amour, création de malaises).

Aussi, il me semble avoir une grande compréhension de mon environnement et de ce qui cause mes manques et mon anxiété, mais semble en l'état "contraint" de patienter, le temps que l'environnement évolue ou que je me sente prêt.e à le quitter pour retourner où ma nostalgie m'appelle. Aussi, il ne me reste j'ai l'impression, pas grand chose à apprendre des psychédéliques, mais beaucoup à soulager de blessures très profondes et des fonctionnements associés.

Une petite pierre pour éviter la diabolisation ou l'idéalisation de molécules aux implications importantes.

Un dernier argument est que malheureusement, la médecine psychédélique accompagnée par un shaman coûte environ 100-150€ la séance, avec un nombre de séances nécessaires non négligeable et des risques ou chances de réussite difficiles à évaluer. Les ISRS ont le mérite d'être remboursés par la sécurité sociale.



Rappel RDR :

Les traitements ISRS sont à utiliser également avec l'accompagnement d'un professionnel. Ils excluent l'utilisation concomitante d'autres traitements au fonctionnement différent comme les médecines psychédéliques. Les produits comme les IMAO sont à proscrire particulièrement, et globalement tout ce qui agit de concert sur la sérotonine, sous peine de risquer un syndrome sérotoninergique létal.

L'alcool est également déconseillé pendant un traitement ISRS.
 
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