Votre rapport à la création sous produits ?

[Acacia]

Hello les Psychos, cette semaine, je nous invite à réfléchir au lien entre nos consommations et la création , artistique ou en général, votre sentiment de créativité . 

Le mythe que certaines substances aideraient à la création me semble largement implanté dans notre société , le cliché de l'artiste illuminé par la drogue, au bord de la folie ou du génie, et qu'en est-il dans votre réalité?

Mais c'est aussi paradoxalement assez connu que la consommation peut au contraire brider toute motivation ou esprit critique sur son oeuvre .

Qu'en est-il de la création sous produit ? Certaines expériences ont-elles particulièrement influencées vos aventures créatives? 

Pour a peine etre cliché

 

[Sorence]

Un jour, sous LSD, j’ai dessiné ce petit cheval, et je ne pense pas en avoir fait de meilleur depuis. D’ailleurs, il s’est mis à galoper sur la feuille, j’étais aux anges.

Alors ensuite, si on analyse un peu. J’ai toujours adoré dessiner les chevaux, je comprends très bien leur morphologie. Technique : plume et café, très agréable, la couleur est jolie, on prend plaisir à gratter le papier, et la texture fluide autorise les reprises, à prendre son temps (on voit bien sur le dessin qu’aucun trait n’est continu). Tous les ingrédients étaient donc déjà là pour faire un dessin qui me plaise.

Ce que le LSD a changé, c’est que j’avais vraiment l’impression de comprendre en moi l’énergie du cheval, de ressentir intuitivement la position de tout son corps en mouvement. Je me suis autorisé des traits que sobre j’aurais évités, par peur de me tromper (le « pas complètement de profil » étant particulièrement piégeux). Je crois pas que la position des pattes soit très juste du pdv de la coordination mais l’énergie est là. Bref j’ai suivi mon intuition parce que j’étais très high.

C’est pas un dessin incroyable mais je le conserve précieusement.

Le LSD ne m’a pas rendu meilleur mais m’a permis d’exprimer ce que je savais déjà.

 

[amicale_du_pc]

Sorence ton cheval c'est une apologie pour le LSD

perso je ne peux rien faire de vraiment constructif dans un état contemplatif de trip au LSD... du moins le temps du top. C'est après lors de phases successives les jours suivants que viennent les idées pour exploiter le trip IRL Ces phases c'est l'état d'esprit perso résultant du trip.

pour les "bons" trips on veut tjs garder ce que l'on a "vu" et ressenti et cela se fait par la méditation, la réflexion et l'expression (mots, arts, créations...)

les bad par contre,remettent en question et pèseront aussi sur leur plateau de la balance du jugement final.

 

[Biquette]

Tout pareil que l'amicale, c'est l'après-trip qui est parfois riche de créativité. Le trip lui-même met seulement à jour le potentiel, parfois de manière salutaire : quand j'étais enfant-ado j'étais très très créatif, se replonger dans une joie naïve l'espace d'un trip c'est retourner à la source un peu ^^

 

[tryptamoine]

Tres joli le cheval! Je le vois bouger la et j’ai rien pris!!!

Avec mon pote on a fait des jeux de mots de feu de Dieu une fois sous L, j’avais tout enregistré, et sobre je trouvais ça très drôle.

Puis improviser de la musique sous hallus, ça fait des jolies choses, confirmé par des enregistrements réécoutés sobre et par les amis sobres qui m’ont entendu. Mais j’ai jamais fait qq chose plus grandiose avec, et le seul concert sous lsd était catastrophique (il faisait 35 degré et le son de la salle était foireux aussi, mais bon, le lsd c’est ce qui m’a fait mal joué, et ça m’a lancé dans un boucle de pensée pas agréables).

J’ai fait plusieurs fois de la cuisine trop bonne sous lsd, ainsi quun pain hyper complexe qui était finalement quasi immangeable (poivrons et onions grillés dedans, entre autres).

Mais je suis sûr que ma créativité sobre est influencée par ma prise de drogues indirectement. De toute façon j’ai déjà vécu des expériences sous drogues que je ne peux pas “dévivre” donc je peux pas savoir si ma créativité serait différent si j’avais rien pris. Puis mon avenir s’avère bien rempli d’aventures psychédéliques et j’espère aussi de créativité.

 

[Canin]

Ah bonne question ça !

J'ai beaucoup cru à ce mythe avant de comprendre que c'est pas la création qui est provoquée par la drogue mais la drogue qui s'insinue dans la création. Un bon exemple : la naissance du Psychelic Funk dans les studios de Funkadelic. Ces mecs ont toujours été joueurs de funk, ils n'ont pas attendu la dope pour apprendre à jouer de la musique, seulement une fois dans les bacs on remarque que leur son n'est pas le même et pour cause : ils sont tous sous héro et donc ils sortent un son qui plaît aux gens sous héro.

De la même manière c'est plutôt quand j'ai déjà de l'inspiration ou une envie que prendre un prod va permettre de me lancer dans un truc.
Ma dernière session créative sous prod c'était exactement ça. J'avais un reste de papier d'un rendu précédent, un rouleau de 400 x 50 cm, et je savais que j'allais le peindre, j'y pensais déjà mais je trouvais pas le temps. Un soir je sors le 3-ho-pcp solo à l'appart, et je commence à faire des trucs de jonquille. Après le premier redrop forcément je me dis "ouaaaaiiiiiiis j'ai trop envie de peindre !!!!!"
Du coup je m'y mets. J'ai pas fini le truc ce soir là mais c'était déjà assez stylé, alors le lendemain j'en ai repris pour finir. Très clairement dropper à ce moment là c'était pas pour trouver l'inspi car elle était déjà sur le papier, mais plus pour garder le même trait, la même tonalité dans les idées qui venaient.

Au final c'est un des trucs les plus stylés que j'ai fait, mais tout était déjà présent dans mon esprit. Tous les thèmes utilisés, les techniques aussi. Simplement je me suis plus laissé aller dans les gestes par exemple.
Ça a aussi servi à se motiver à commencer. La dose de balecouillisme apportée par la défonce étant utile pour se déter à trouver un moyen de faire un si grand format dans une chambre remplie.

Bon après dans une situation plutôt de l'ordre de la fin de soirée, fatigué et sous 3ho aussi, j'ai fait des trucs que j'assumerai pas trop haha

Pour finir succinctement, j'ai aussi essayé la création avec d'autres prod et cest assez variable.
Déjà pour mixer y a du bien et du pas bien.
Stimulants/empathogènes : trop bien !
Dissos/psychés : c mor

Pour les arts graphiques (là c'est très perso) stimulants en petite quantité/dissos : c bien
Psychés : pas bien

Bref comme d'hab c'est une question de set et setting je crois.

 

[Biquette]

J'avoue j'avais pas pensé à la cuisine. La beuh m'a souvent poussé à faire des trucs compliqués et inventifs, par contre je dois mettre des minuteurs dans tous les sens pour ne rien laisser brûler... Et le vrai challenge c'est de pas se laisser emporter, sérieux je savais pas qu'on pouvait rendre une pizza immangeable en mettant trop de trucs dessus

Sinon, un de mes meilleurs souvenirs de nawak sous acide c'est en scandant les Lais du Beleriand (Tolkien) sur les riffs de metal improvisés par un pote sur une gratte acoustique. Une bande d'allemands perchés qui passaient par là sont restés scotchés, grand moment de communion lysergique x)

 

[Sorence]

J'ai l'impression que sous prod, si on aborde le truc en décidant de faire un truc de ouf, on va se foirer magistralement. Mais que par contre, si on se laisse aller aux potentialités ouvertes par l'état de conscience modifié, ça peut donner un truc de ouf. Bref, ça se passe jamais comme on veut. :dodgy:

Ensuite, j'ai déjà parlé à des gens qui utilisaient le dessin comme une sorte de carnet de trip, comme lorsqu'on prend des notes mais de manière graphique, probablement parce que ces personnes étaient plus à l'aise avec le visuel qu'avec l'écrit