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[Truffes Valhalla - 8 g.] Un univers de musique et des bas-fonds macabres.

diaphane

Elfe Mécanique
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5 Août 2022
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Date : 6 mai 2023 – Rédaction du récit, le 6 mai au soir puis le 7 mai.

Substance: Truffes Valhalla
Dosage: 8 grammes (un peu moins qu'avec les Mexicana car les Valhalla sont plus fortes)
Corpulence: 52 k. 1,70 m.

Contexte: Un weekend en célibataire, j'en profite pour refaire un trip. Le dernier date de fin août 2022 et aucune drogue depuis. Pour la commande, choix entre des Mexicana qui m'ont laissé un souvenir merveilleux ou l'aventure avec les Valhalla, inconnues mais réputées. L'envie de l'aventure est plus forte.

Le moral est au beau fixe et j'ai repris la piscine plus régulièrement comme toujours à la sortie de l'hiver. Malgré des soirées à rallonge, je me sens en pleine forme, toujours envie de faire des trucs et des machins. Je prépare le lieu du trip soigneusement (toujours la chambre), un cocon rassurant et douillet et dehors le ciel clair et pur est propice au décollage. Le tel est aussi en mode avion mais les tous proches sont prévenus.

Prise vers 12:30, avec de l'eau et 2 comprimés de magnésium. Le goût est repoussant, avec le soda ça passait mieux.

Récit du voyage.

Musicalement réussi, ce fut un trip souvent éprouvant sur le plan visuel. Les visions d’horreur ont traversé ce voyage. Des créatures monstrueuses, des chairs blessées, du sang un peu partout et aussi des scènes de torture insoutenables. Heureusement, ces parties négatives ne m’ont pas affecté, effrayé, il suffisait de rouvrir les yeux ou seulement parfois de les cligner fermés pour les zapper.
Ces abominations visuelles ont toutefois pas mal gâché l’expérience sonore splendide, indescriptible que j’ai vécu.

Mon inconscient a été plutôt mutique; j'ai bien entendu un "message" mais je l'ai stupidement oublié. Quelques petits films mais rien de marquant.

Un quand même, qui servira de support à la description de

1) L'expérience musicale générale.

Une sorte de maison mais d’architecture complexe de formes géométriques variées avec de nombreuses protubérances rondes apparaît sous mes paupières en même temps que dans mon esprit se matérialise l’architecture musicale du morceau de musique. Les deux visions ne sont pas surperposées ni côte à côte, je les perçois alternativement en choisissant par la pensée celle que je veux voir.

La scène liée à la musique constitue évidence et perfection alors que celle de la maison est absurde :

– D'une part, vision d’une sorte de salle au plafond et parois interminables avec, posés au sol ou émanant des murs, la position exacte des « musiciens ». Il n’y a pas de musiciens d’aspect humain. Il s’agit pour une part, de sorte de petites créatures ressemblant vaguement à des oiseaux robotiques, dont chacun produit le son d’un seul « instrument » (il s’agit de musique électro) et d’autre part, de parties des murs qui vibrent, se déforment pour produire leur son.

C’est difficile à décrire car la sensation que je ressens est celle d’une perfection visuelle, un spectacle de la musique elle-même. Je « vois » la musique. Pas les instruments. La musique elle-même.

Ce type de vision a traversé les moments les plus forts du trip. Déjà, les sensations auditives sont décuplées et mon cerveau semble décoder et me transmettre toutes les subtilités de la rythmique, mais à cela s’ajoute le film incroyable de ces sensations. La musique est spatialisée dans une grande construction, somptueuse mais sans murs. C'est la musique qui constitue son architecture. Cette somme de son et d'image provoque une euphorie, une joie intenses mais qui est difficile à maintenir sans une concentration totale de l'esprit.
Les morceaux de progressive house contiennent souvent un ou 2 passages ambient, sans les beats, où tout devient plus aérien, planant. Ces passages deviennent absolument magiques sous psilo.

Dans ces moments fugaces j'ai perçu l'existence d'un univers ou tout est musique et dans lequel la musique est tout. Un monde où rien d'autre n'a besoin d'exister.

– Et là, bascule vers la maison bizarre et à un moment, les protubérances rondes imposent leur sens : la maison est enceinte. C’est abominable et grotesque mais cela respire l’évidence et tout à l’air d’être parfaitement normal et naturel.

2) Les jolies visions du trip.

Je zappe de visions en visions, toujours simplement en rouvrant brièvement les yeux ou en clignant, et les visions s'enchaînent. Très régulièrement des "tuyaux" contenant des fluides multicolores et qui s'entrelacent, basculent, accélèrent tandis que mon point de vue semble tourner autour pour en saisir toutes les nuances. C'est à la fois beau et vain, ça ne m'impressionne pas beaucoup.

3) Le sens des couleurs.

Quelque chose a été plus marquant, c'est la récurrence de couleurs pastels, surtout des beiges, jaunes et roses pâles qui semblaient vouloir signifier quelque chose d'étrange, à savoir qu'elles n'étaient pas de simples couleurs mais qu'elles étaient matérielles, qu'elles existaient en soi, sans être la couleur qui recouvre quelque chose d'autre, elles avaient parfois ce qui pourrait ressembler à un grain de peau, vivantes quoi.

4) L'architecture grandiose et infinie.

J’ai retrouvé pendant ce trip ce que j'avais rencontré lors de mes 2 premiers, cette sensation de ce monde étrange fait de constructions immenses et tellement travaillées, protéiformes, asymétriques, comme si jamais un schéma ne devait se répéter et pourtant, admirablement proportionnées. Là encore il est difficile de décrire mon ressenti car il est si subtil que je n'en perçois la totale force que dans le plus fort du trip, quand je suis vraiment def. Je m’en suis encore rendu compte en le revivant. "ah oui, c'est ça !" En y repensant après coup je n’en ai plus qu’un vague souvenir donc même si j’avais les mots, je n’ai plus les sensations. Il s’agit pourtant d’un monde fascinant, où la matière est différente. Il n’y a pas de pierre, de béton, de bois ni rien de connu. Ça évoque très vaguement une sorte de plastique ou de matière artificielle mais beaucoup plus riche et noble. Un truc qui peut changer de forme à volonté. Un truc qui pourrait être vivant, organique. Et ces constructions n’ont pas d’habitants, elles ne sont là que pour elles-mêmes.

5) L'horreur.

J’ai revu mon petit être sarcastique. Le nabot à la tête cylindrique qui me nargue. Il me fait des sourires méchants et moqueurs et me dit des choses que je comprends pas. Il a néanmoins renoncé à me faire peur car je l’accueille avec un rire moqueur moi aussi. D'autres créatures, monstrueuses, se présentent à moi et je leur dis que je n’ai pas peur. Elles me répondent qu’elles ne sont pas là pour ça, mais je ne les crois pas. Je sais au contraire que ce sont elles qui font défiler sous mes paupières, les épouvantables images de chairs sanguinolentes, de cadavres terrorisés et d’autres joyeusetés. Le pire étant une scène ou des femmes sont prisonnières dans des caves immondes, attachées, collier de métal et torturées. Un fantasme refoulé sans doute.

6) Conclusion.

Plus généralement, et j’en ai pris conscience pendant la descente, je suis restée à un niveau très bas, ayant plusieurs fois la sensation que je n’arrivais pas à accéder à un niveau supérieur. J’ai assez nettement ressenti que ça ne passait pas vers "plus haut". Pas mal de passages ou la scène se situe au niveau d’un plafond infranchissable, et des scènes ou je me trouve à l’extérieur de « là où ça se passe ». Et il y a aussi toutes ces scènes ou je ne vois l’action que de profil, de côté, au lieu d’être bien en face. Je pense aussi pouvoir dire que j’ai passé pas mal de temps au sous-sol, avec ces visions infernales qui ne duraient pas mais revenaient toujours.

Pourtant j’ai l’impression que le trip a bien eu lieu, que j’étais bien dans l’avion, mais en classe économique. Ce qui est inacceptable.

7) Bilan (provisoire).

Il faut admettre que si, disons seulement 10 % du trip fut génial, cette portion est précieuse et j’en garde un sentiment de gratitude, de satisfaction. Et je suis à peu près certaine que je vais profiter de cette expérience dans les semaines qui viennent, comme ce fut la cas pour les 2 précédentes.

Pour les parties bad, ben, c'est pas grave, ça fait une expérience. Soit le dosage n'était pas correct, soit c'est le produit qui ne me convient pas ou tout simplement, je n'étais pas prête pour ce voyage ce jour là.

8) Soundtrack.

Comme je l'avais dit, j'ai voulu essayer de la musique classique et préparé 2 dossiers. Un avec des morceaux de musique minimaliste que j'aime beaucoup, l'autre avec des cantates de Bach dans une version de référence que j'adore (Richter + Edith Mathis).

Et zut, ça marche pas. Pour le moderne, c'était encore dans la montée et pas différent de d'habitude. Pour Bach, échec total. La musique (cantate 21, que je connais bien) a pris un sens tragique, ou en tous cas trop fort émotionnellement et m'a insupporté rapidement.
J'ai basculé immédiatement sur une compilation récente de progressive house prévue et la magie a surgit immédiatement, avant un possible bad.

Un jour après, il me semble que dans mon cas, la psilo soit plus propice à ma compréhension musicale, auditive et que ses effets produisent en plus des visions somptueuses d'architectures musicales. Mais ça passe d'abord par les oreilles.

Pour finir, certains des titres qui m'ont le plus fait tripper, tous issus de la compil Future Avenue (Fall 2022), pour qui voudrait tester. (Très bonne dans l'ensemble mais quelques titres trop techno pour le trip.)

Christopher Hermann - The End of Our Story (Part 2) (Cris Rosales Remix)
Tensive Line - Cloudsurfer (Javier Stefano Remix)
Leandro Murua - Euphoria Vibes (Mattias Herrera Remix)
Slow B - Earth Wide (Original Mix)
Gerardo Moro - Sentir (Lucas Gomez Remix)
ISAAG - Epifania (Original Mix)
Kris Dur & Facundo Sval - Angelic Sphere (Original Mix)


***
 

Sorence

zolpinaute de la sapience
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11 Oct 2022
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Merci de nous avoir partagé ta playlist !

J’aime bien cette façon non-linéaire de raconter ton trip, ça nous évite tous les moments chiants ^^ c’est aussi une façon différente d’aborder l’expérience j’ai l’impression, là où d’autres (dont moi) cherchent et trouvent un fil narratif, intrigue et rebondissements, tu extrais des scènes que tu regardes en elles-mêmes.

Ces maisons organiques, enceintes, ce matériau vivant, ont fait écho en moi au fantasme d’une ville vivante, aussi changeante qu’une forêt : où le béton pousserait et fleurirait, où les logements faneraient, les rues déplaceraient lentement leurs cours.
 

diaphane

Elfe Mécanique
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5 Août 2022
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277
Sorence a dit:
Merci de nous avoir partagé ta playlist !

J’aime bien cette façon non-linéaire de raconter ton trip, ça nous évite tous les moments chiants ^^ c’est aussi une façon différente d’aborder l’expérience j’ai l’impression, là où d’autres (dont moi) cherchent et trouvent un fil narratif, intrigue et rebondissements, tu extrais des scènes que tu regardes en elles-mêmes.

Ces maisons organiques, enceintes, ce matériau vivant, ont fait écho en moi au fantasme d’une ville vivante, aussi changeante qu’une forêt : où le béton pousserait et fleurirait, où les logements faneraient, les rues déplaceraient lentement leurs cours.

En effet, rien ne s'enchaîne logiquement, il n'y a pas de fil narratif à trouver dans ce que j'expérimente. Je veux dire sur le trip entier. Pas de "début", de "milieu" ni de "fin". Alors ensuite, pour commencer la rédaction du TR, je tape les mots clés des points qui m'ont le plus marquée, bouleversée parfois. Et je les développe mais sans chercher de rapport entre eux. Le reste je l'ai oublié rapidement, même au cours du trip je crois (et en plus, je n'avais pas l'intention de rédiger un TR cette fois, mais à un moment j'ai cru comprendre que mon cerveau droit (je sais pas pourquoi, "droit", ça n'a aucun sens lol mais c'est là que j'ai commencé à ressentir une "tension") avait activé la fonction "record".

Et tu as bien compris que oui, je suis tellement captivée par certaines scènes, que je ne cherche pas à leur chercher du sens, il s'impose – éventuellement – par la puissance du spectacle et de toutes façons, il s'agit plutôt de "beau", d'"émouvant", de "grandiose" ou d'"horreur", bref on est dans l'émotion et pas dans le rationnel. Et je suis pas très cérébrale de toutes façons.

Ta remarque sur les villes/forêts est salutaire pour moi car en te lisant et en repensant donc à mon trip, il m'est revenu un autre souvenir marquant et beau du trip.

Etrangement car il n'y a pas d'indications, je sens que ça se passe en Amérique du Sud. Mon point de vue se situe au pied d'une montagne et plus précisément au pied d'un sapin, le genre très touffu avec les branches lourdes, fournies. Et lentement mon point de vue se recule et l'angle s'agrandit. Mais, au lieu de rapetisser dans mon regard, le sapin s'agrandit, en fait il est juste beaucoup plus grand qu'un sapin. Beaucoup, beaucoup plus grand. Ma position recule encore et encore et le sapin continue de remplir mon champ visuel dont l'angle est pourtant devenu énorme. Finalement, il n'y a pas de montagne. C'est le sapin lui-même qui est aussi gigantesque qu'une montagne. Et il semble constitué de milliers de petits sapins, comme une fractale (pas sûre que ce soit le bon mot), mais il s'agit d'un seul sapin. Et je vois cette main, humaine mais qui appartient à l'arbre, posée sur le sapin comme une main sur un ventre et je crois comprendre un truc sur la puissance et la fragilité de la nature. Pas très original mais la vision était superbe.

Ton fantasme sur les villes/forêts, ça rappelle en effet un peu mes visions. Mais dans les miennes, il n'y a apparemment pas de place pour les humains ni pour tout autre forme de vie ou minérale connue ici bas. C'est un monde à part, différent qui se suffit à lui-même. On va rester sur le tien, qui semble (un peu) plus réalisable et souhaitable.

Merci pour ton com.
 
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