Gurk
Neurotransmetteur
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Nous sommes le 24 décembre, à Amsterdam. Je suis avec mon ex, Ys, on a loué un appart pour 3-4 jours dans les rues de cette belle ville. Je lui avais proposé qu’on se fasse un petit trip sous champis (truffes, les mexicana), elle avait hésité et y avait pensé pendant un bon moment avant qu’on parte, elle s’était bien renseignée et avait finalement accepté d’en prendre.
On est donc le jour de Noël, il est 20h et on se décide à prendre notre moitié de boite chacun (7.5g de truffes fraiches Mexicana, ça reste assez léger). La journée a été de se balader de coffee en coffee et de musée d’art en musée d’art. Pour le set up on est donc un peu fatigué, mais impatient de tomber dans le monde du psylo.
On gobe les truffes, c’est dèg comme d’hab, j’évite cette fois ci d’accompagner le gobage avec trop d’eau, ça m’avait joué des tours la dernière fois (7 mois avant). On se regarde un épisode des Simpsons pour attendre la montée.
20h10
Après environ 10 minutes je ne comprends déjà plus rien à l’épisode. J’essaye vraiment de me concentrer, mais c’est beaucoup trop difficile. À 20h15 je dis à Ys que je vais aller m’allonger sur le lit, que je sens que ça monte et qu’il faut, comme d’habitude que je fasse la montée avec le même morceau de Dubstep que d’habitude ; Bring it Down de Emalkay. Je me couche dans le lit, les bras écartés, en mode Jésus, le sourire aux lèvres, la musique m’emporte, je ferme les yeux en attendant le drop. Ca drop, mon cerveau aussi, j’ouvre à nouveau les yeux ; tout bouge, je vois des halos autour de mon champ de vision. Ces halos comportent toutes les couleurs du spectre mais son très transparents. Ys me rejoint, j’enlève un écouteur avec difficulté, elle me regarde perplexe et me dit que ça ne monte pas encore pour elle. Je la prend dans mes bras, j’en avais vraiment envie, et je lui dis que ça va bientôt venir, que d’ici 15 minutes elle sera comme moi. On se câline, on discute, bien que j’aie du mal. Et au fur et à mesure de la conversation, je me rend compte qu’elle rentre dans mon monde aussi, qu’elle commence à voir ce que je vois. On commence à rigoler beaucoup. Je l’embrasse et elle pique un fou rire en disant qu’elle a eu l’impression que c’était un escargot qui rentrait dans sa bouche. Je rigole aussi et pose ma tête sur le matelas, je vois se dessiner un canyon entre deux coussins en face de moi. J’avais la réelle conviction qu’il s’agissait d’un canyon, avec des cailloux, des rochers, etc. Mais en vrai je voyais juste des coussins. C’est à ce moment là que j’ai compris ce qu’était une hallu visuelle sous champi, ou du moins un type d’hallu ; il s’agit en fait d’une persuasion, dû à une imagination débordante. Ainsi on est certain de voir ce que l’on imagine. Je remet de la musique mais avec le haut parleur de mon iphone pour que Ys entende aussi la musique, elle ne veut pas que je mette mes écouteurs parce qu’elle a peur de se retrouver toute seule. Elle me dit « Tu partiras après, reste avec moi s’il te plait, je veux pas que tu partes, ça me fait peur toute seule les hallus ». C’était assez drôle d’entendre ça, comme si j’allais vraiment partir. La musique nous agresse, il y a beaucoup trop d’aigus dans les hauts parleurs d’iPhone. On arrête la musique et Ys décide d’aller faire un tour dans l’autre pièce. Je reste dans la chambre, je met alors ma musique. Je me dis ensuite qu’il faudrait que j’essaye de produire de la musique sous champis. Je vais alors chercher mon mac dans l’autre pièce et je vois Ys qui fait les cents pas dans le salon. Je lui demande :
- Tu fais quoi ?
- Je sais pas je tourne.
- Ah d’accord.
Je retourne dans la chambre, avec mon mac. Je reprend un projet que j’avais démarré sur Ableton en espérant pouvoir trouver une instru en plus, mais absolument impossible. Du moment que j’ai lancé la boucle, je suis resté bloqué. J’écoutais cette boucle, qui s’est répétée une bonne vingtaine de fois, comme ébahi devant mon travail. Tout son m’aurait paru génial je pense, quoi qu’il en soit, mais là le son venait de moi, il était du coup encore plus plaisant de l’écouter. Mon introspection des champis était touchée par un élément venant de mon moi profond, une de mes créations. Après cela j’ai écouté encore de la musique, fermé les yeux, je me suis roulé dans le lit. Après un moment je suis allé rejoindre Ys dans le salon, je l’avais oubliée, mais c’est l’odeur de cigarette qui m’a attiré.
21h
J’arrive dans le salon, en effet elle fumait une cigarette. J’en avais très envie aussi. Je m’assois un peu en face d’elle, les yeux grand ouvert, presque surpris. On se regarde. Elle me dit :
- ça va ?
- Ouais, trop. Et toi ?
- C’est très étrange.
Elle paraissait stressée, un peu énervée, j’avais peur que le fait que je me sois isolé pendant un petit moment l’ait dérangée. Je n’avais pas envie de parler beaucoup sur le moment. J’étais beaucoup trop à l’intérieur de moi. Ca me faisait presque mal de parler. Je roule difficilement ma cigarette. Ca a toujours été très étrange de fumer des clopes sous champis, la sensation est très bizarre, comme si la fumée n’existait pas, mais ça fait un sacré bien. Ys a sorti son mac, elle met de la musique, j’aime bien. Je m’enfonce dans le canapé, avec ma clope, et je réfléchis les yeux ouverts. Je recommence à halluciner sur mon champ de vision. En face de moi il y a un miroir penché, ce qui fait que le reflet est penché aussi. J’ai du coup réellement l’impression qu’il y a une autre partie de la pièce qui est penchée à 30° en face de moi. Je me met à réfléchir, tout va très vite. Je me sens comme au dessus de tout. Je demande à Ys de mettre deux morceaux de Gramatik ; Just Jammin’ et Late Night Jazz. À partir de ce moment je n’ai pas parlé pendant environ 1h30, j’ai juste fumé clope sur clope, dessiné, et réfléchis énormément. Ys tentait en vain de me faire lâcher un mot, mais je n’y arrivais pas, je n’en avais pas très envie non plus. Elle m’a raconté beaucoup de choses pendant 1h30, notamment qu’elle discutait avec sa meilleure amie sur Facebook. Elle m’a aussi lu un texte qu’elle avait écrit sur une soirée qu’on avait passé ensemble, la première fois qu’on avait reflirté depuis qu’on s’était quitté. Dans ce texte il y avait des choses négatives sur moi, même très négatives, elle m’avait qualifié de salaud qui ne pense qu’à sa gueule, et de choses dans le genre, mais tout en même temps elle m’admirait. J’ai un égo assez grand et tout ce qu’elle a pu me dire m’a boosté, je me sentais puissant à l’intérieur, en plus de l’effet des champis. Elle était un peu sur les nerfs.
J’ai pensé à beaucoup de choses en 1h30 mais impossible d’en parler, c’est hors des mots.
Ys me dit :
- Tu trouves pas qu’on se sent comme des dieux ?
- Ouais clairement, c’est un égotrip
22h45
Nous avons discuté un moment de l’idée d’égotrip, j’étais enfin sorti de ce pseudo bad. On est ensuite allé s’allonger sur le lit. On s’est embrassés et on s’est dit que ce serait marrant d’essayer de baiser, le seul soucis c’est qu’elle avait ses règles. On décide de quand même le faire, on est très excités les deux. Je passe ma main dans sa culottes et j’ai les doigts plein de sang, ça sent fort aussi. On commence mais environ une minute après je change d’avis subitement. Je n’ai absolument plus envie de ça, elle plus non plus vraiment. On décide d’aller dans la douche parce qu’on est plein de sang. On recommence un peu dans la douche mais je me sens oppressé par ce petit espace, j’ai peur, je sors en vitesse, j’ai vraiment besoin de me rhabiller. Je me pose dans le canapé en expliquant à Ys ce qu’il s’est passé dans ma tête. Elle comprend à moitié.
23h15
On s’ouvre une bière, on mange un peu, ça commence à descendre gentiment. On écoute de la musique, on discute un peu.
0h
À partir de ce moment je vais vous faire lire cette partie d’une manière différente. Je l’avais déjà écrite à la troisième personne pour un cours de narration dans mon école d’art. Voici donc ce qu’il s’est passé, il n’y a juste pas le sentiment procuré par l’effet des champis, mais je pense que vous pouvez vous l’imaginer, ce n’était pas vraiment un bon moment.
« C’était à Amsterdam. Ils étaient deux. Une fille, un garçon. Ils passaient un bon voyage. De coffee shops en musées, et de musées en coffee shops. Parfois ils passaient du temps dans leur petit appartement. Il était bien cet appartement ; ni trop petit, ni trop grand, mais il était petit. Ça faisait déjà deux jours qu’ils étaient arrivés. Un soir, le soir de Noël même, le 24 décembre, ils étaient rentrés tôt à l’appartement. Mais le garçon, vers minuit, le 25 décembre du coup, voulu aller fumer une cigarette dehors, devant leur petit appartement, bien qu’ils avaient pris l’habitude de fumer à l’intérieur du petit appartement. Il avait simplement envie de prendre un peu l’air. Il allume sa cigarette avec un air de Lou Reed aux oreilles, satisfait, heureux de ce début de voyage. Il entend que la porte s’ouvre, il voit la porte s’ouvrir, c’était la fille qui venait également se fumer une cigarette dehors pour prendre l’air, mais sans Lou Reed. Il la regarde, lui sourit, et lui dit que ça fait du bien de prendre l’air. Elle acquiesce. Elle se tient maintenant à côté de lui, devant la porte du petit appartement, une cigarette aux lèvres. Et à ce moment, la porte fait «clac», pas «clic», «cloc» ou «cluc», mais bien «clac». CLAC. La porte du petit appartement s’était fermée. Ils se retournent l’un vers l’autre avec stupeur, les yeux grands ouverts, pas comme la porte du petit appartement. La fille dit rapidement qu’elle n’a pas les clés. Le garçon prononce quelque chose d’inaudible, et il vaut mieux qu’il en reste ainsi. Ils tentent en vain d’ouvrir la porte sans la clé. C’est visiblement impossible. Il faut trouver un moyen de rentrer ; il fait froid et ils ne sont pas chaudement habillés. Le garçon prend alors son téléphone et retrouve le numéro du locataire de l’appartement. Il remarque que son téléphone n’a plus beaucoup de batterie, seulement 4%. Il appelle alors avec le téléphone de la fille. Ils se disent qu’heureusement qu’elle avait pris son téléphone avec elle. Le téléphone sonne. ça sonne encore. Encore. ça s’arrête et une femme parle en néerlandais au bout du fil. C’était le standard de l’opérateur. Ils réessayent à nouveau. Deux, trois, quatre fois, toujours rien. En même temps c’est le 24 décembre, enfin le 25 puisqu’il est passé minuit. Le garçon commence à angoisser, il s’assoit, respire très vite. La fille se sent bien, elle n’est pas stressée. Elle dit alors au garçon de rester là tandis qu’elle part chercher de l’aide, en espérant tomber sur quelqu’un qui parle anglais. Le garçon se retrouve seul, se relève parfois, fait les cent pas, trouve que le temps passe très lentement. Finalement la fille revient et lui dit de venir avec elle. Elle s’était retrouvée dans un kebab au coin de la rue où elle avait trouvé de l’aide d’un type qui ne parlait même pas bien anglais. Les gens dans le kebab leur conseillent d’appeler la police ou un serrurier mais cela coûte très cher disent-t-il. Le garçon se rappelle alors avoir vu un autre numéro dans ses contacts en rapport avec l’appartement. Il appelle avec le téléphone de la fille, son téléphone à lui n’a plus que 3%. Ca sonne, et ça décroche. Enfin quelqu’un qui répond. En gardant son calme il explique la situation à l’homme avec qui il est au téléphone. Il comprend et dit qu’il va appeler la personne que le garçon avait essayé en vain d’appeler au début. L’homme au téléphone lui dit qu’il le rappellera dans 15 minutes. Ils attendent alors, sur un petit banc en face d’un étalage de viande dans le kebab, et ça tombe bien, les deux sont végétariens. Le gérant du kebab est très gentil, il a offert à la fille un thé, le garçon n’en voulait pas. Le téléphone sonne. Le garçon répond. Il s’agit de la première personne qu’il a essayé de contacté. Enfin. Il réexplique la situation et l’homme lui demande si il a laissé la clé dans la serrure. Le garçon lui répond que non. L’autre lui dit que c’est tout bon alors, qu’il arrive dans 15 minutes. Les deux amis sortent alors du kebab, rassurés, allument le reste de cigarette mouillée de la fille devant le kebab. Le gérant du kebab sort avec eux et leur demandent avec un sourire si c’est du haschich. Ils répondent que non, ce n’est qu’une cigarette mouillée. Il se rendent alors devant l’appartement et cinq minutes plus tard, un taxi déboule dans la rue. L’homme qui leur a ouvert l’appartement sort du taxi et court vers la porte. Ils se saluent, il ouvre la porte et leur dit qu’ils règleront les frais de déplacement à leur départ. La porte est ouverte. Le garçon et la fille rentrent dans le petit appartement et lâchent un soupir de soulagement. Ils se jurèrent alors de ne plus jamais oublier la clé à l’intérieur.
Ce que l’histoire ne dit pas c’est qu’un peu plus tôt dans la soirée, ils avaient consommé des champignons hallucinogènes. »
1h30
Nous avons ensuite fumé un joint et on est allé dormir, fin de l'histoire.
Voilà pour ce TR.
Conclusion :
Cette nouvelle expérience a à nouveau changé en bien ma façon de voir les choses, et d’être. J’ai été très loin en moi, mais je ne pense pas que tout le monde supporte cela. Je pense qu’il faut être au clair avec soi-même et ce qui nous entoure pour ne pas partir en bad. Je pense aussi qu’il faut absolument se trouver avec quelqu’un qui n’est pas solitaire comme moi pour sa première expérience sous champis. Je me suis senti très con après coup d’avoir laisser Ys tripper de son côté alors qu’elle avait sûrement besoin de moi. Il faut aussi faire très attention à tout les détails qui pourraient rendre le trip comme un enfer, comme oublier les clés à l’intérieur un 24 décembre par exemple…
Je ne me verrais pas prendre des champignons trop souvent, c’est trop difficile psychologique, pour moi en tout cas. J’ai toujours tendance lorsque je prends des substances à m’enfoncer en moi et ne pas extérioriser mon ressenti.
Toute personne un peu solitaire dans la vie en général qui voudrait prendre des champis doit absolument être bien entouré au moins pour ses premières expériences. C’était mon cas les premières fois et c’est grâce à ça que j’arrive à supporter me retrouver seul face à moi-même, sans avoir de réel moyen de s’attacher à autre chose qu’à soi-même.
Les réflexions que je me suis faites dans mon petit bad ne peuvent pas s’expliquer avec des mots mais elles sont restées en moi, il y a une trace, toujours.
Voilà, merci de m’avoir lu.
On est donc le jour de Noël, il est 20h et on se décide à prendre notre moitié de boite chacun (7.5g de truffes fraiches Mexicana, ça reste assez léger). La journée a été de se balader de coffee en coffee et de musée d’art en musée d’art. Pour le set up on est donc un peu fatigué, mais impatient de tomber dans le monde du psylo.
On gobe les truffes, c’est dèg comme d’hab, j’évite cette fois ci d’accompagner le gobage avec trop d’eau, ça m’avait joué des tours la dernière fois (7 mois avant). On se regarde un épisode des Simpsons pour attendre la montée.
20h10
Après environ 10 minutes je ne comprends déjà plus rien à l’épisode. J’essaye vraiment de me concentrer, mais c’est beaucoup trop difficile. À 20h15 je dis à Ys que je vais aller m’allonger sur le lit, que je sens que ça monte et qu’il faut, comme d’habitude que je fasse la montée avec le même morceau de Dubstep que d’habitude ; Bring it Down de Emalkay. Je me couche dans le lit, les bras écartés, en mode Jésus, le sourire aux lèvres, la musique m’emporte, je ferme les yeux en attendant le drop. Ca drop, mon cerveau aussi, j’ouvre à nouveau les yeux ; tout bouge, je vois des halos autour de mon champ de vision. Ces halos comportent toutes les couleurs du spectre mais son très transparents. Ys me rejoint, j’enlève un écouteur avec difficulté, elle me regarde perplexe et me dit que ça ne monte pas encore pour elle. Je la prend dans mes bras, j’en avais vraiment envie, et je lui dis que ça va bientôt venir, que d’ici 15 minutes elle sera comme moi. On se câline, on discute, bien que j’aie du mal. Et au fur et à mesure de la conversation, je me rend compte qu’elle rentre dans mon monde aussi, qu’elle commence à voir ce que je vois. On commence à rigoler beaucoup. Je l’embrasse et elle pique un fou rire en disant qu’elle a eu l’impression que c’était un escargot qui rentrait dans sa bouche. Je rigole aussi et pose ma tête sur le matelas, je vois se dessiner un canyon entre deux coussins en face de moi. J’avais la réelle conviction qu’il s’agissait d’un canyon, avec des cailloux, des rochers, etc. Mais en vrai je voyais juste des coussins. C’est à ce moment là que j’ai compris ce qu’était une hallu visuelle sous champi, ou du moins un type d’hallu ; il s’agit en fait d’une persuasion, dû à une imagination débordante. Ainsi on est certain de voir ce que l’on imagine. Je remet de la musique mais avec le haut parleur de mon iphone pour que Ys entende aussi la musique, elle ne veut pas que je mette mes écouteurs parce qu’elle a peur de se retrouver toute seule. Elle me dit « Tu partiras après, reste avec moi s’il te plait, je veux pas que tu partes, ça me fait peur toute seule les hallus ». C’était assez drôle d’entendre ça, comme si j’allais vraiment partir. La musique nous agresse, il y a beaucoup trop d’aigus dans les hauts parleurs d’iPhone. On arrête la musique et Ys décide d’aller faire un tour dans l’autre pièce. Je reste dans la chambre, je met alors ma musique. Je me dis ensuite qu’il faudrait que j’essaye de produire de la musique sous champis. Je vais alors chercher mon mac dans l’autre pièce et je vois Ys qui fait les cents pas dans le salon. Je lui demande :
- Tu fais quoi ?
- Je sais pas je tourne.
- Ah d’accord.
Je retourne dans la chambre, avec mon mac. Je reprend un projet que j’avais démarré sur Ableton en espérant pouvoir trouver une instru en plus, mais absolument impossible. Du moment que j’ai lancé la boucle, je suis resté bloqué. J’écoutais cette boucle, qui s’est répétée une bonne vingtaine de fois, comme ébahi devant mon travail. Tout son m’aurait paru génial je pense, quoi qu’il en soit, mais là le son venait de moi, il était du coup encore plus plaisant de l’écouter. Mon introspection des champis était touchée par un élément venant de mon moi profond, une de mes créations. Après cela j’ai écouté encore de la musique, fermé les yeux, je me suis roulé dans le lit. Après un moment je suis allé rejoindre Ys dans le salon, je l’avais oubliée, mais c’est l’odeur de cigarette qui m’a attiré.
21h
J’arrive dans le salon, en effet elle fumait une cigarette. J’en avais très envie aussi. Je m’assois un peu en face d’elle, les yeux grand ouvert, presque surpris. On se regarde. Elle me dit :
- ça va ?
- Ouais, trop. Et toi ?
- C’est très étrange.
Elle paraissait stressée, un peu énervée, j’avais peur que le fait que je me sois isolé pendant un petit moment l’ait dérangée. Je n’avais pas envie de parler beaucoup sur le moment. J’étais beaucoup trop à l’intérieur de moi. Ca me faisait presque mal de parler. Je roule difficilement ma cigarette. Ca a toujours été très étrange de fumer des clopes sous champis, la sensation est très bizarre, comme si la fumée n’existait pas, mais ça fait un sacré bien. Ys a sorti son mac, elle met de la musique, j’aime bien. Je m’enfonce dans le canapé, avec ma clope, et je réfléchis les yeux ouverts. Je recommence à halluciner sur mon champ de vision. En face de moi il y a un miroir penché, ce qui fait que le reflet est penché aussi. J’ai du coup réellement l’impression qu’il y a une autre partie de la pièce qui est penchée à 30° en face de moi. Je me met à réfléchir, tout va très vite. Je me sens comme au dessus de tout. Je demande à Ys de mettre deux morceaux de Gramatik ; Just Jammin’ et Late Night Jazz. À partir de ce moment je n’ai pas parlé pendant environ 1h30, j’ai juste fumé clope sur clope, dessiné, et réfléchis énormément. Ys tentait en vain de me faire lâcher un mot, mais je n’y arrivais pas, je n’en avais pas très envie non plus. Elle m’a raconté beaucoup de choses pendant 1h30, notamment qu’elle discutait avec sa meilleure amie sur Facebook. Elle m’a aussi lu un texte qu’elle avait écrit sur une soirée qu’on avait passé ensemble, la première fois qu’on avait reflirté depuis qu’on s’était quitté. Dans ce texte il y avait des choses négatives sur moi, même très négatives, elle m’avait qualifié de salaud qui ne pense qu’à sa gueule, et de choses dans le genre, mais tout en même temps elle m’admirait. J’ai un égo assez grand et tout ce qu’elle a pu me dire m’a boosté, je me sentais puissant à l’intérieur, en plus de l’effet des champis. Elle était un peu sur les nerfs.
J’ai pensé à beaucoup de choses en 1h30 mais impossible d’en parler, c’est hors des mots.
Ys me dit :
- Tu trouves pas qu’on se sent comme des dieux ?
- Ouais clairement, c’est un égotrip
22h45
Nous avons discuté un moment de l’idée d’égotrip, j’étais enfin sorti de ce pseudo bad. On est ensuite allé s’allonger sur le lit. On s’est embrassés et on s’est dit que ce serait marrant d’essayer de baiser, le seul soucis c’est qu’elle avait ses règles. On décide de quand même le faire, on est très excités les deux. Je passe ma main dans sa culottes et j’ai les doigts plein de sang, ça sent fort aussi. On commence mais environ une minute après je change d’avis subitement. Je n’ai absolument plus envie de ça, elle plus non plus vraiment. On décide d’aller dans la douche parce qu’on est plein de sang. On recommence un peu dans la douche mais je me sens oppressé par ce petit espace, j’ai peur, je sors en vitesse, j’ai vraiment besoin de me rhabiller. Je me pose dans le canapé en expliquant à Ys ce qu’il s’est passé dans ma tête. Elle comprend à moitié.
23h15
On s’ouvre une bière, on mange un peu, ça commence à descendre gentiment. On écoute de la musique, on discute un peu.
0h
À partir de ce moment je vais vous faire lire cette partie d’une manière différente. Je l’avais déjà écrite à la troisième personne pour un cours de narration dans mon école d’art. Voici donc ce qu’il s’est passé, il n’y a juste pas le sentiment procuré par l’effet des champis, mais je pense que vous pouvez vous l’imaginer, ce n’était pas vraiment un bon moment.
« C’était à Amsterdam. Ils étaient deux. Une fille, un garçon. Ils passaient un bon voyage. De coffee shops en musées, et de musées en coffee shops. Parfois ils passaient du temps dans leur petit appartement. Il était bien cet appartement ; ni trop petit, ni trop grand, mais il était petit. Ça faisait déjà deux jours qu’ils étaient arrivés. Un soir, le soir de Noël même, le 24 décembre, ils étaient rentrés tôt à l’appartement. Mais le garçon, vers minuit, le 25 décembre du coup, voulu aller fumer une cigarette dehors, devant leur petit appartement, bien qu’ils avaient pris l’habitude de fumer à l’intérieur du petit appartement. Il avait simplement envie de prendre un peu l’air. Il allume sa cigarette avec un air de Lou Reed aux oreilles, satisfait, heureux de ce début de voyage. Il entend que la porte s’ouvre, il voit la porte s’ouvrir, c’était la fille qui venait également se fumer une cigarette dehors pour prendre l’air, mais sans Lou Reed. Il la regarde, lui sourit, et lui dit que ça fait du bien de prendre l’air. Elle acquiesce. Elle se tient maintenant à côté de lui, devant la porte du petit appartement, une cigarette aux lèvres. Et à ce moment, la porte fait «clac», pas «clic», «cloc» ou «cluc», mais bien «clac». CLAC. La porte du petit appartement s’était fermée. Ils se retournent l’un vers l’autre avec stupeur, les yeux grands ouverts, pas comme la porte du petit appartement. La fille dit rapidement qu’elle n’a pas les clés. Le garçon prononce quelque chose d’inaudible, et il vaut mieux qu’il en reste ainsi. Ils tentent en vain d’ouvrir la porte sans la clé. C’est visiblement impossible. Il faut trouver un moyen de rentrer ; il fait froid et ils ne sont pas chaudement habillés. Le garçon prend alors son téléphone et retrouve le numéro du locataire de l’appartement. Il remarque que son téléphone n’a plus beaucoup de batterie, seulement 4%. Il appelle alors avec le téléphone de la fille. Ils se disent qu’heureusement qu’elle avait pris son téléphone avec elle. Le téléphone sonne. ça sonne encore. Encore. ça s’arrête et une femme parle en néerlandais au bout du fil. C’était le standard de l’opérateur. Ils réessayent à nouveau. Deux, trois, quatre fois, toujours rien. En même temps c’est le 24 décembre, enfin le 25 puisqu’il est passé minuit. Le garçon commence à angoisser, il s’assoit, respire très vite. La fille se sent bien, elle n’est pas stressée. Elle dit alors au garçon de rester là tandis qu’elle part chercher de l’aide, en espérant tomber sur quelqu’un qui parle anglais. Le garçon se retrouve seul, se relève parfois, fait les cent pas, trouve que le temps passe très lentement. Finalement la fille revient et lui dit de venir avec elle. Elle s’était retrouvée dans un kebab au coin de la rue où elle avait trouvé de l’aide d’un type qui ne parlait même pas bien anglais. Les gens dans le kebab leur conseillent d’appeler la police ou un serrurier mais cela coûte très cher disent-t-il. Le garçon se rappelle alors avoir vu un autre numéro dans ses contacts en rapport avec l’appartement. Il appelle avec le téléphone de la fille, son téléphone à lui n’a plus que 3%. Ca sonne, et ça décroche. Enfin quelqu’un qui répond. En gardant son calme il explique la situation à l’homme avec qui il est au téléphone. Il comprend et dit qu’il va appeler la personne que le garçon avait essayé en vain d’appeler au début. L’homme au téléphone lui dit qu’il le rappellera dans 15 minutes. Ils attendent alors, sur un petit banc en face d’un étalage de viande dans le kebab, et ça tombe bien, les deux sont végétariens. Le gérant du kebab est très gentil, il a offert à la fille un thé, le garçon n’en voulait pas. Le téléphone sonne. Le garçon répond. Il s’agit de la première personne qu’il a essayé de contacté. Enfin. Il réexplique la situation et l’homme lui demande si il a laissé la clé dans la serrure. Le garçon lui répond que non. L’autre lui dit que c’est tout bon alors, qu’il arrive dans 15 minutes. Les deux amis sortent alors du kebab, rassurés, allument le reste de cigarette mouillée de la fille devant le kebab. Le gérant du kebab sort avec eux et leur demandent avec un sourire si c’est du haschich. Ils répondent que non, ce n’est qu’une cigarette mouillée. Il se rendent alors devant l’appartement et cinq minutes plus tard, un taxi déboule dans la rue. L’homme qui leur a ouvert l’appartement sort du taxi et court vers la porte. Ils se saluent, il ouvre la porte et leur dit qu’ils règleront les frais de déplacement à leur départ. La porte est ouverte. Le garçon et la fille rentrent dans le petit appartement et lâchent un soupir de soulagement. Ils se jurèrent alors de ne plus jamais oublier la clé à l’intérieur.
Ce que l’histoire ne dit pas c’est qu’un peu plus tôt dans la soirée, ils avaient consommé des champignons hallucinogènes. »
1h30
Nous avons ensuite fumé un joint et on est allé dormir, fin de l'histoire.
Voilà pour ce TR.
Conclusion :
Cette nouvelle expérience a à nouveau changé en bien ma façon de voir les choses, et d’être. J’ai été très loin en moi, mais je ne pense pas que tout le monde supporte cela. Je pense qu’il faut être au clair avec soi-même et ce qui nous entoure pour ne pas partir en bad. Je pense aussi qu’il faut absolument se trouver avec quelqu’un qui n’est pas solitaire comme moi pour sa première expérience sous champis. Je me suis senti très con après coup d’avoir laisser Ys tripper de son côté alors qu’elle avait sûrement besoin de moi. Il faut aussi faire très attention à tout les détails qui pourraient rendre le trip comme un enfer, comme oublier les clés à l’intérieur un 24 décembre par exemple…
Je ne me verrais pas prendre des champignons trop souvent, c’est trop difficile psychologique, pour moi en tout cas. J’ai toujours tendance lorsque je prends des substances à m’enfoncer en moi et ne pas extérioriser mon ressenti.
Toute personne un peu solitaire dans la vie en général qui voudrait prendre des champis doit absolument être bien entouré au moins pour ses premières expériences. C’était mon cas les premières fois et c’est grâce à ça que j’arrive à supporter me retrouver seul face à moi-même, sans avoir de réel moyen de s’attacher à autre chose qu’à soi-même.
Les réflexions que je me suis faites dans mon petit bad ne peuvent pas s’expliquer avec des mots mais elles sont restées en moi, il y a une trace, toujours.
Voilà, merci de m’avoir lu.