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[truffes 7g] Des visages et de la tristesse.

sleezus

Matrice périnatale
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9 Oct 2023
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Trip Report :

Bonjour à tous, je vais vous partager ma 1ère expérience à la psilocybine, bonne lecture à tous !

Introduction :

J'ai choisi les truffes hallucinogènes, un mélange de tampenensis et d'atlantis toutes deux fraîches, pour un total d'un peu plus de 7 grammes, ce qui équivaudrait à quelque chose entre 2,5 et 10mg de psilocybine. Aucune autre drogue, je ne consomme rien de toute façon.
?Je me renseignais par-ci par là depuis une bonne année sur les effets, bénéfices, risques, et précautions. J'ai donc vécu l'expérience chez moi, avec ma mère comme tripsitter. Information importante, on m'a ouvert à la pratique de méditation, et plus précisément de pleine conscience, que je fais quotidiennement depuis 1 an, à raison de 10-20min par jour, agrémentées de méditations non formelles.

Préparation :

Il est 19h, je plonge dans l'eau une boule à thé remplie des 7g de truffes et d'un peu de gingembre, et médite en attendant que l'infusion soit prête. La pression monte, je sais que je suis préparé psychologiquement, mais aussi qu'il y a une différence fondamentale entre dire « je sauterai dans les flammes », et le faire réellement une fois qu'on sent sa peau chauffer. J'ai beau avoir lu et relu des dizaines de trip reports, je n'en sait pas plus sur la substance qu'un aveugle en sait sur les couleurs. J'ai certes consommé du cannabis une dizaine de fois il y a un an, j'ai conscience que cet état sera sûrement très différent. Mon minuteur sonne, c'est le moment. Une fois l'infusion avalée, mon cœur accélère, je continue à méditer pendant quelques minutes et décide d'aller faire un tour dans le jardin. En rentrant, je joue de la musique pendant quelques minutes et vais dans ma chambre car je pense que les effets vont pas tarder à arriver. J'avais initialement prévu de me plonger dans le noir et le silence de ma chambre, mais un soupçon d'agitation et l'envie de voir à quoi pouvaient ressembler ces fameux « visuels » m'ont fait laisser les lumières allumées et mettre dans le casque de la musique psytrans.

Début des effets :

Je regarde les mûrs de ma chambre, sans à savoir si quelque chose se trame ou non, je prend mon carnet dans lequel je note mes rêves ainsi que toute réflexion méritant d'être immortalisée, et y note l'heure de la prise. La première chose intrigante est qu'en notant, je me suis surpris à constater les petits bruits de la pointe du stylo sur le papier. Je pratique pourtant la pleine conscience, mon attention est donc souvent portée sur mes émotions, mes sensations physiques, les sons, mais cette fois ci c'était différent. D'habitude, je décide de porter attention aux choses, tandis que là, on aurait cru que quelque chose m'avait soufflé « écoute ».

Rien de spécial pendant plusieurs minutes, quand en regardant un mûr précis, celui-ci m'a paru courbé, comme bombé vers moi, me surplombant. À la seconde ou je m'en rend compte, plus rien. Je me lève et allume une sorte de plate-forme magnétique sur laquelle peut léviter un petit disque. Cette dernière émet une lumière bleue assez intense et je me dis à ce moment qu'il est pertinent d'allumer ce genre d'objet fascinant, dans ce contexte fortement adapté. Bonne intuition, je m'abaisse pour la regarder, et ai la sensation assez prononcée qu'il n'y a plus de transition entre ma perspective étant baissé, et ma perspective étant debout. Je reproduit le mouvement, et c'est comme si j'alternais entre deux points de vue très immersifs, très distincts l'un de l'autre. Je ne bougeais que d'une trentaine de centimètres, et pourtant j'avais l'impression de changer drastiquement d'angle de vue.
Si d'habitude, je constate simplement une image, puis un mouvement de ma vision m'amenant à une autre, là, j'étais plongé dans ce que je voyais, et après le mouvement, sans avoir prêté attention à ce dernier, j'étais immergé dans la nouvelle image.
Plusieurs minutes s'écoulent avant que je remarque une nouvelle chose. Un contraste particulièrement marqué entre une ombre et le reste de la surface d'un mûr. C'est comme si l'ombre et le reste n'étaient plus au même plan. Le mûr se met de manière très subtile à se bomber vers moi, ce qui m'amuse, il faut le dire.
Une autre chose qui a capté mon attention est mon visage dans le miroir. Au lieu de le percevoir comme un tout, je voyais chaque partie indépendamment, successivement. D'abord mon nez, comme détaché du reste, puis ma bouche, j'étais absorbé dans ces détails plutôt que de constater l'ensemble. Lorsque j'essayais de regarder le tout, c'était même dérangeant, mon visage était vraiment la chose que je percevais de la manière la plus étrange, et ce n'était pas particulièrement agréable. Globalement, rien n'a été spécialement agréable, juste différent, spécial. Contrairement au cannabis, ou tout est beau, tout est mieux.

Maximum des effets :

De retour dans ma chambre, de manière très progressive, différentes choses que je regarde sont perçues différemment, ce qui me fait d'ailleurs beaucoup penser aux effets du cannabis, sans le côté plaisant, sans le côté addictif. La musique se met à en faire partie. Je la ressent cependant toujours de la même manière, pas de manière plus profonde, comme lorsque j'étais sous THC, mais me rend compte que ce que j’entends n'a rien à voir avec ce titre que je connais pourtant si bien. Si sous cannabis, je percevais une musique en HD et au ralenti, avec les truffes c'était phénoménalement une expérience normale de musique, jusqu'au moment ou j'ai réécouté cette dernière, et que les sons n'avaient rien à voir. C'est fortement étrange, et à mesure que je fais de plus en plus attention à certains détails de celle ci, je commence à voir le papier peint d'un de mes mûrs s'orner de visages, laissant rapidement place aux suivants, et ainsi de suite. Chaque paterne que représente la surface d'une brique se mettait à ressembler à un visage. Il y en avait beaucoup d'étranges, certains normaux, mais quelques uns m'ont quand même dérangés, ils étaient limite effrayants. C'est ici qu'intervient la méditation, je me dis à ce moment là que les pensées dérangeantes qui émergent de la vue de ces images sont à accepter, il faut les laisser passer et ne pas y porter attention. Sans ce réflexe, je pense que j'aurai pu devenir anxieux, et de plus en plus m'y enfoncer.
Je regarde un autre mûr, assez sombre, et constate une sorte d'écriture chinoise qui s'écrit en travers de ce dernier. Elle disparaît rapidement.
Je décide de m'asseoir dans le noir, avec une playlist de musiques préparée à l'avance. Cette dernière commence par un morceau d'introduction composé d'un tambour chamanique, d'une flûte, et d'un homme récitant un texte religieux, il me semble. Je dois préciser que j'avais pris soin de ne pas écouter auparavant les musiques. De plus, je n'aime normalement pas le son des tambours, mais pendant l'expérience, je n'ai pas fais attention à ce détail, et ai été emporté. Ce texte m'a donné beaucoup d'émotions, parmi les premiers mots, j'entendais « allow us to create sacred space for this young man, for his healing and healing of all his lineage » ou encore « teach us and our young warrior who has traveled so far, to stay the course, facing fear with courage and resilience, and always remembering to pause along way, and enjoy the sweet nectar of life », « we heal and release the ancestral patterns that no longer serve us, honoring you who have come before us, and you, who will come long after we are gone ».
Je savais que ce n'était pas le cas, mais j'avais l'impression que le morceau avait été écrit pour moi.
Les musiques suivantes étaient composées de violon, et m'ont remplies d'une émotion très grande, débordante, de la tristesse. J'ai pleuré pendant plusieurs longues minutes, essayant de comprendre d’où elle venait. Rétrospectivement, voilà ce que j'en tire : en discutant avec certaines personnes et en lisant certaines choses, j'aurai appris et j'espère, intégré, que mes émotions ne doivent pas forcément avoir une cause rationnelle. Je dois simplement les vivre, les laisser faire leur chemin sans leur attribuer une raison. L'émotion est une information, mais la raison a tendance à mal interpréter cette dernière, empêchant le progrès, empêchant de se rendre compte que l'on n'a pas peur de quelque chose, puis d'une autre, mais que l'on est rempli de peur, et que l'on trouve une manière de se le justifier.
Ce que je dis relève de l'interprétation de plusieurs choses, et me permet d'analyser ce que j'ai vécu, pour mieux me préparer au prochain trip. Je n'affirme donc pas, cela relève de la croyance. C'est très peu objectif, si tenté qu'il soit possible de sortir de sa subjectivité, mais c'est un autre débat !

Redescente des effets :

Une fois l'émotion passée, je décide de me lever, je constate que les effets redescendent grandement.
Je vais dans le salon, et discute avec ma mère. Une chose frappante est que j'agissais comme si je réfléchissait, je regardais le plafond, autour de moi, inspirait comme si une idée était entrain de se former, puis parlait de cette idée instinctivement. Les mots qui sortaient n'avaient pas étés choisis consciemment. Mon corps parlait, mais mon esprit, lui, ne faisait que percevoir les sons, les images et les sensations physiques. Contrairement à la dépersonnalisation/déréalisation, durant laquelle on a l'impression de s'entendre penser, de se regarder agir et de se sentir marcher, ici, je n'étais pas privé d'impression de contrôle. Si vous partager à quoi ressemble la couleur bleue de mon point de vue est déjà impossible, ici il est encore moins concevable de pouvoir décrire de manière pertinente « l'effet que cela fait ».
La soirée se termine ainsi, je discute beaucoup avec ma mère, constate les derniers semblants d'hallucinations, ma main qui se détachait du reste du décors lorsque je la regardais.
Je vais me coucher, et n'ai pas réussi à dormir avant plusieurs heures, j'étais entre deux, dans une sorte de sommeil très léger. Le lendemain, j'étais en forme, je n'avais absolument aucun effet secondaire, je me sentais totalement normal, lucide, présent, contrairement à l'après-cannabis qui, même si on a du mal à me croire quand j'en parle, me mettais dans un état de dépersonnalisation très léger pendant plus d'un mois après chaque prise.
Enfin, un point à creuser, à la fin de l'expérience, mon imagerie mentale était comme éteinte, impossible de me former une image mentale. L'impression de faire semblant de réfléchir se décrirait partiellement comme ça, j'avais l'incapacité de formuler des phrases ou des concepts dans ma tête. Là ou cela devient intéressant, c'est qu'après coup, donc approximativement 24h après la prise, j'avais l'impression que mon imagerie mentale était revenue plus forte, plus vive qu'avant. C'est comme si mes images mentales étaient un peu plus proches du réel que de l'imaginé.
Soit c'est en effet le cas, soit c'est juste du au fait d'avoir perdu cette capacité pendant une vingtaine d'heures qui fait que j'ai l'impression de l'avoir récupérée plus forte.

Conclusion :

Voilà, je continuerai à explorer à raison d'une à deux fois dans l'année. Je pense espacer les prises proportionnellement à l'intensité de chaque expérience. Par exemple, entre celle ci et ma prochaine, peut-être me permettrais-je de ne laisser que 3 ou 4 mois, mais par la suite, à mesure que j'irai chercher plus profond, je laisserai progressivement de plus en plus d'écart. Il est totalement possible que je laisse rapidement plus d'un an entre chaque prise, de sorte à intégrer pleinement. Au moment ou je fini d'écrire, l'expérience date déjà d'il y a trois semaines, et je comprends encore plein de choses à propos de cette dernière, donc il n'est pas question de me lancer dans la suivante sans avoir tiré le maximum de la précédente !

Merci de m'avoir lu, j'espère que cela pourra servir à informer et à participer à la réduction des risques. Bonne journée à tous, et prenez soin de vous.
 
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