Simba
Holofractale de l'hypervérité
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- 1 Sept 2012
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(désolé pour la mise en page hasardeuse;c'est pas mon truc)
Il y a un mois,grâce au forum,je rencontre P. On discute un peu de tout,surtout de drogue.
Et on prévoit de se faire un trip aux champotes un de ces 4,pour l'initier. On aura mit du temps à se décider mais ce coup-ci,c'est bon,on y est. Le 7 juin.
Ca faisait quelques jours que je guettais la météo afin de choisir la date.
J'avais demandé la veille à P,s'il connaissait un endroit sympa et que sinon,j'en avais repéré un pas mal. Il m'a laissé carte blanche.
C'était une grande pelouse pas trop loin de chez lui (3-4km à vol d'oiseau). Cette pelouse était entourée par la forêt. Derrière il y avait une colline parsemée de rocher. Une colline typique de la forêt de Fontainebleau,en moins impressionnant,mais sympa quand-même. Puis surtout: c'est un des rares endroits non-touristiques de cette forêt.
On arrive en scooter sur les coups de 12h30. On cherche un endroit à l'ombre des arbres,sur la pelouse. Je sors mon sachet de champotes(cubensis mexicains provenant de ma dernière box) et ma balance de cuisine qui n'avait pas fonctionné depuis un bon moment(avant de venir,je suis passé à carrefour market pour acheter des piles).
Je prends une poignée de champotes,que j'estime à 5g. Je pèse: 6g. Je repèse: 3g... ok... je sors un cahier de brouillon pour poser la balance dessus:c'est pas mieux,vu que la couverture est souple. Et le sol n'est pas plat.
P me demande de faire les doses à l'arrache. Ca tombe bien,j'osais pas lui imposer ça.
Je reprends le tas de champotes (estimé à 5g,donc),et je le divise en 2 tas,non égaux. Théoriquement,mon tas faisait environ 3g et le siens environ 2g.....
J'avais ramené des citrons(y avait plus de jus concentré chez carrefour),mais finalement on décide de les manger nature. J'avais déjà expliqué à P que le goût risquait d'être bien crade.
12h50. Ok,on commence à mâcher. Vu la tête qu'il fait,il a pas l'air d'apprécier. Bizarrement,les 2 ou 3 premières fois que j'en ai prit,j'avais trouvé ce goût sympa. Un goût de champignon,quoi.
Mais non,c'est vraiment infecte!
Il me propose d'aller se poser sur la colline,au milieu des rochers. Je ne peux qu'approuver! Pour moi y a pas mieux pour tripper. Mais je voulais que la proposition vienne de lui. Parce-que pour un premier trip,c'est déjà un bon point si la personne décide d'elle-même ce genre de choses. Faut qu'il se mette à l'aise du mieux qu'il peut.
A peine le temps d'arriver (en marchant vraiment tranquillement) qu'on sentait déjà les premiers effets avant la montée. P me dit qu'il a l'impression de voir les choses s'éloigner de lui mais qu'il est pas encore bien sûr de sentir quelque chose.
De mon côté,je sens que la machine s'est mise en marche. C'est pas vraiment ce que j'appelle la montée. Non,j'appellerai ça plutôt la mise en place. Les pensées sont claires et limpides,tout est calme. Ca me fait penser à ce qui se passe avant un tsunami: la mer se retire doucement,loin,loin.
Le calme avant la tempête. La mise en place.
On se pose dans un coin tranquille. Inconsciemment,on vient de choisir ce qui allait être notre QG. Quoi qu'on fasse pendant le trip,on reviendra toujours à cet endroit.
Décollage
Là c'est la montée!
Je regarde P;il a l'air de prendre une claque mais ça va,il saute pas dans tous les sens,il gueule pas comme un malade,il ne s'écroule pas non plus. Pas comme certains,que j'ai vu faire,et en pleine ville. Je l'ai trouvé très à l'écoute de lui-même,des sensations qu'il éprouvait. Il me pose des questions sur les effets présents et sur la suite. Je lui réponds du mieux que je peux. Plus tard,après le trip,il me dira qu'à ce moment,il avait quand-même prit cher et qu'il était pas loin du bad. Ce qui est normal,je pense. Surtout au 1er trip (et même après mais bon),on se retrouve souvent dans un état instable proche du bad. Proche du bonheur aussi. On flirte avec les deux.
P me propose d'aller dans les rochers en direction d'une petite colline face à la notre. Ou plutôt en direction d'un autre sommet de notre colline. On y va. Toujours en pleine montée,les effets se précisent. Les arbres bourgeonnent de partout,les couleurs gagnent en intensité. Côté auditif,j'ai l'impression de passer de mono à stéréo toutes les 2 secondes. Ca me fait toujours ça.
A ce moment je ne me sens plus dans la forêt de Fontainebleau mais plutôt au coeur d'une forêt vierge. La situation s'y prêtait bien. Toute cette végétation,surtout avec ces grandes fougères,puis le fait qu'il fasse chaud,ça m'a emmené ailleurs.
On était des aventuriers en train de se frayer un passage pour atteindre le but: les rochers.
Je sais pas si on a atteint l'objectif,mais il est arrivé ce phénomène,que je vis toujours sous champotes: je me demande tout d'un coup qu'est-ce que je fous là. C'est un drôle de sentiment,on se retrouve un peu coupé dans notre élan,l'impression d'être inutile,de faire quelque chose de très futile. Comme si quelqu'un nous avait mit des objets dans les mains et qu'on ne savait pas quoi en faire. Donc voilà,on est au milieu des fougères,on a arrêté de marcher et on reste là,un peu comme des cons,on bug! Niveau effets,ça cogne,j'avoue! Allez on retourne au QG.
On se pose du mieux qu'on peut. Par expêrience,je sais que je galère toujours à trouver la position idéale,partagé entre le désir de bouger et celui de m'installer confortablement.
Je regarde P,il a la bougeotte,évidemment. Il me fait penser à moi durant mon 1er trip.
On discute un peu. Perso,c'est l'horreur: j'arrive pas à aligner 3 mots correctement. Pourtant d'habitude ça va,quand je prends des champotes je deviens un vrai moulin à paroles. Mais là non,je suis incapable de dire quelque chose de censé et ça commence à devenir bien frustrant!
Chacun s'immerge dans son trip. Je suis adossé à un rocher,je pense à rien de particulier pour l'instant,je contemple le paysage et les hallus. P s'est adossé à son arbre(il restera un bon moment à cet endroit),je lui demande si ça va:il me répond que oui,que c'est déstabilisant mais que ça va. Je lui explique que ce qu'il ressent,c'est normal,c'est l'effet "basique" des champotes. Je sais pas si ça l'a rassuré.
Bon,c'est l'heure de sortir la weed. Je me dis que j'aurai peut-être dû le rouler avant de gober pour pouvoir le fumer pendant la montée. Peut-être que les effets de la montée auraient été plus soft.
Bien-sûr le roulage a été assez fastidieux,surtout au moment de coincer le carton. Tout semble si maléable,si mou. Difficile de décrire cette sensation de roulage. Bref,j'ai roulé une chaussette,mais c'était pas une surprise... Par-contre,d'habitude pendant un trip,le gout de la beuh me transporte. Surtout que cette beuh est particulièrement succulente ^^
Là non,ça m'a cramé la gorge plus qu'autre chose. Mais bon,pour moi c'est une necessité. Mes trips avec weed ont toujours été plus peace que sans.
Ah,puis pendant que je roulais,il y en a un qui se moquait légèrement de moi. Ok,je le laisserai rouler le prochain.
Après avoir fumé,je cherche à me poser. Avec le temps,j'en ai tellement eu marre de galérer à trouver ma place pendant mes trips,que finalement,j'me suis fait une raison. Maintenant,je me pose et tanpis si c'est pas parfait,on s'y fait. Mais j'avoue qu'à un moment du trip,j'ai fait fort. J'étais allongé sur la pente de la colline,tête vers le bas,pieds vers le haut... faut pas chercher la logique,y en a pas,mais j'étais bien comme ça. Puis c'était pas non plus une forte pente.
Plateau
Les effets se stabilisent. Je suis toujours allongé.
Une énorme montée d'énergie se fait sentir au niveau du plexus solaire. J'ai envie de gueuler! Je sais pas quoi mais j'ai envie de gueuler! Je sais pas si ç'aurait été un cri de joie,de victoire,de puissance,je sais pas,mais c'était quelque chose de positif et j'avais envie que ça sorte mais j'ai pas eu besoin de gueuler,l'énergie a trouvé une échappatoire. Elle sortait de mon bide! Un énorme faisceau de lumière dorée est sorti de mon ventre à une vitesse de dingue,j'en voyais déjà plus le bout! Instantanément,la sensation d'avoir ce trop-plein d'énergie a disparue. Fallait que ça sorte. Je regarde mon ventre,on sait jamais,ça fait bizarre!
Je ferme les yeux. Je me concentre sur ma respiration et je la contrôle comme j'aurai fait pour méditer. Mon but est de trouver le calme. Le grand calme.
Et ça vient,tout doucement. J'écoute ma respiration,mes battements de coeur. Je me rends compte qu'on entend très bien le chant des oiseaux. En fait,c'est ce qu'on entend le mieux. Ils ont l'air de se répondre entre eux. Peut-être même qu'ils parlent de nous,qui sait?
J'entends des bourdonnements d'abeilles ou autres,qui passent près de moi,et pleins de crépitements un peu partout,des sons très légers. Je me suis rappelé ce qu'étaient ces crépitements: les pommes de pin qui craquent sous la chaleur du Soleil.
Il y avait aussi ce vend tiède qui agitait les branches d'arbres de temps en temps. Je suis pas loin du Nirvana.
Puis j'ai une vision. Des insectes,des milliers d'insectes qui se promènent DANS mon corps. Ils font leur vie. Ils ressemblent à de petits papillons de nuit dont les ailes ne pourraient pas se déployer. Ils sont tous vert fluo et dégagent de la lumière. Les parois intérieures de mon corps aussi ont cet aspect,niveau couleur et luminosité. C'est la planète Crypton.
Imaginez maintenant: une fusion entre ce qui se passe réellement et ce qui se passe dans ma tête. C'est à dire,réellement,j'ai les yeux fermés,j'entends des bourdonnements,des crépitements de partout,ça grouille de vie! Et dans ma tête,tous ces insectes venus d'ailleurs. J'ai l'image(imaginaire) et le son(réel). Ca donne une des meilleures sensations que j'ai jamais eu sous champotes. Magique! Quelle harmonie! Je me suis rarement senti aussi bien. Et avec ça,le sentiment d'appartenir à toute chose dans cet Univers. Mon corps est là,au sol,presque invisible dans cette forêt,comme si je m'étais fondu dedans et que ma présence ici était une évidence. J'en faisais partie,quoi,comme les arbres et les rochers,j'ai vraiment senti cette appartenance à l'Univers.
J'ai commencé à me faire un dialogue intérieur. Chose que je n'avais pas faite depuis un moment. J'avais apprit ça quand j'étais ado,dans un bouquin de psycho. Ca consiste simplement à parler avec soi-même(enfin,c'est légèrement plus compliqué). C'est assez différent d'un monologue dans le sens où on peut être surpris par les réponses,vraiment. Bizarre,diront certains. Moi je suis persuadé que ça fait appel à notre inconscient.
C'est pas du mot-à-mot,j'ai quasiment tout oublié(et ça a duré longtemps!),mais je me souviens de l'essentiel. Donc voilà:
-C'est quoi le TOUT?
-C'est l'Univers.
-Et qu'est-ce qui se trouve dedans?
-TOUT.
-Donc j'en fais partie,P en fait partie,les animaux,les plantes...
-Oui.
-Mais c'est le bordel! Ya tout et nimporte quoi là-dedans!
-Non,c'est pas le bordel. Si le sage et le fou vivent dans le tout,c'est pour gérer un équilibre.
-Mais si on tue le fou,quel est le problème pour le TOUT?
-Si tu tues le fou,tu tues une partie de toi,et une partie du TOUT.
-Ah bon? Comment ça?
-Tu tuerai aussi le fou qui est en toi. Et pas seulement.
-C'est plutôt une bonne chose non?
-Non. Ca serait grave pour toi,grave pour le tout.
-J'ai du mal à comprendre. En quoi ça me nuierai de tuer un ennemi?
-Pas d'ennemis dans le TOUT.
-?????
-Ecoutes. Celui que tu appelles le fou joue un rôle important dans ton équilibre;dans l'équilibre du TOUT. C'est exactement comme la biodiversité;la grande chaine alimentaire. Si tu supprimes un maillon,tu peux être sûr que d'autres se décrocheront à leur tour. L'effet domino. Même les animaux les plus dangereux ont un rôle à jouer dans le TOUT.
-Je comprends mieux. Il faut de tout pour faire un monde,en gros.
-En gros,ouais.
Voilà,c'est vraiment pour résumer. Le dialogue a été assez long,en réel.
Juste après ça,c'était l'heure du joint de weed. P l'a roulé. Mes souvenirs sont pas très clairs mais j'me souviens qu'il a galéré aussi et qu'il a pondu une chaussette comparable à la mienne(^^).
J'ajouterai même que quand je tirai dessus,je sentais qu'il y avait une prise d'air. Mais bon,en posant un doigt sur le trou,ça reglait le problème.
A partir de là,mes souvenirs sont très flous. Je me souviens qu'à un moment,P a commencé à escalader un rocher assez haut. Je l'ai suivi,voir s'il était pas trop à l'ouest pour faire ça,mais non,il gérait. Ensuite je suis retourné à ma place et j'ai un peu divagué jusqu'à la fin du trip,qui aura duré environ 6 heures pour moi(sans compter toute la descente). P est redescendu au bout de 4h de trip,environ.
A 19h (donc au bout de 6heures de trip),j'étais encore en descente,j'avais plus d'hallus mais je sentais que j'étais pas tout à fait dans mon état normal. Il me restait comme un gros stone cannabique et un petit quelque chose qui me disait que j'étais encore dans un rêve. Mais bon,P m'attendait depuis quelques heures déjà,je voulais pas non plus le faire attendre toute la soirée,même si,si j'avais été seul,je serai encore resté une petite heure,le temps de digérer un peu le trip. De me faire mon debriefing.
Post-Trip
Au final,j'ai fait un très beau voyage. Zen,lumineux,chaleureux. Tout ce que j'aime.
Je regrette seulement de n'avoir pas été très présent pour P,sachant qu'on était là pour l'initier. Ca me fait un peu chier.
Le plus important pour moi était qu'il soit en sécurité,qu'il ne soit pas lâché seul en pleine nature pour son 1er trip. Ca au moins,c'est fait.
Avec le recul,je me dis qu'il a suffisament de plomb dans la tête pour gérer un trip en solo,mais bon,pour une première fois,c'est bien mieux d'avoir quelqu'un à côté de soi. On sait jamais.
Si c'était à refaire,je le referai mais en prévoyant des activités,quelque chose qui provoque des interactions.
Sinon pour mon prochain trip solo,je pense me tourner vers la méditation. Je suis resté vraiment zen pendant ce trip et j'ai adoré. Je vais creuser plus loin de ce côté.
Voilà,merci à P pour ce moment et pour sa patience (en fin de trip,oui ça a dû être long,j'imagine).
Et merci à ceux qui m'auront lu.
Il y a un mois,grâce au forum,je rencontre P. On discute un peu de tout,surtout de drogue.
Et on prévoit de se faire un trip aux champotes un de ces 4,pour l'initier. On aura mit du temps à se décider mais ce coup-ci,c'est bon,on y est. Le 7 juin.
Ca faisait quelques jours que je guettais la météo afin de choisir la date.
J'avais demandé la veille à P,s'il connaissait un endroit sympa et que sinon,j'en avais repéré un pas mal. Il m'a laissé carte blanche.
C'était une grande pelouse pas trop loin de chez lui (3-4km à vol d'oiseau). Cette pelouse était entourée par la forêt. Derrière il y avait une colline parsemée de rocher. Une colline typique de la forêt de Fontainebleau,en moins impressionnant,mais sympa quand-même. Puis surtout: c'est un des rares endroits non-touristiques de cette forêt.
On arrive en scooter sur les coups de 12h30. On cherche un endroit à l'ombre des arbres,sur la pelouse. Je sors mon sachet de champotes(cubensis mexicains provenant de ma dernière box) et ma balance de cuisine qui n'avait pas fonctionné depuis un bon moment(avant de venir,je suis passé à carrefour market pour acheter des piles).
Je prends une poignée de champotes,que j'estime à 5g. Je pèse: 6g. Je repèse: 3g... ok... je sors un cahier de brouillon pour poser la balance dessus:c'est pas mieux,vu que la couverture est souple. Et le sol n'est pas plat.
P me demande de faire les doses à l'arrache. Ca tombe bien,j'osais pas lui imposer ça.
Je reprends le tas de champotes (estimé à 5g,donc),et je le divise en 2 tas,non égaux. Théoriquement,mon tas faisait environ 3g et le siens environ 2g.....
J'avais ramené des citrons(y avait plus de jus concentré chez carrefour),mais finalement on décide de les manger nature. J'avais déjà expliqué à P que le goût risquait d'être bien crade.
12h50. Ok,on commence à mâcher. Vu la tête qu'il fait,il a pas l'air d'apprécier. Bizarrement,les 2 ou 3 premières fois que j'en ai prit,j'avais trouvé ce goût sympa. Un goût de champignon,quoi.
Mais non,c'est vraiment infecte!
Il me propose d'aller se poser sur la colline,au milieu des rochers. Je ne peux qu'approuver! Pour moi y a pas mieux pour tripper. Mais je voulais que la proposition vienne de lui. Parce-que pour un premier trip,c'est déjà un bon point si la personne décide d'elle-même ce genre de choses. Faut qu'il se mette à l'aise du mieux qu'il peut.
A peine le temps d'arriver (en marchant vraiment tranquillement) qu'on sentait déjà les premiers effets avant la montée. P me dit qu'il a l'impression de voir les choses s'éloigner de lui mais qu'il est pas encore bien sûr de sentir quelque chose.
De mon côté,je sens que la machine s'est mise en marche. C'est pas vraiment ce que j'appelle la montée. Non,j'appellerai ça plutôt la mise en place. Les pensées sont claires et limpides,tout est calme. Ca me fait penser à ce qui se passe avant un tsunami: la mer se retire doucement,loin,loin.
Le calme avant la tempête. La mise en place.
On se pose dans un coin tranquille. Inconsciemment,on vient de choisir ce qui allait être notre QG. Quoi qu'on fasse pendant le trip,on reviendra toujours à cet endroit.
Décollage
Là c'est la montée!
Je regarde P;il a l'air de prendre une claque mais ça va,il saute pas dans tous les sens,il gueule pas comme un malade,il ne s'écroule pas non plus. Pas comme certains,que j'ai vu faire,et en pleine ville. Je l'ai trouvé très à l'écoute de lui-même,des sensations qu'il éprouvait. Il me pose des questions sur les effets présents et sur la suite. Je lui réponds du mieux que je peux. Plus tard,après le trip,il me dira qu'à ce moment,il avait quand-même prit cher et qu'il était pas loin du bad. Ce qui est normal,je pense. Surtout au 1er trip (et même après mais bon),on se retrouve souvent dans un état instable proche du bad. Proche du bonheur aussi. On flirte avec les deux.
P me propose d'aller dans les rochers en direction d'une petite colline face à la notre. Ou plutôt en direction d'un autre sommet de notre colline. On y va. Toujours en pleine montée,les effets se précisent. Les arbres bourgeonnent de partout,les couleurs gagnent en intensité. Côté auditif,j'ai l'impression de passer de mono à stéréo toutes les 2 secondes. Ca me fait toujours ça.
A ce moment je ne me sens plus dans la forêt de Fontainebleau mais plutôt au coeur d'une forêt vierge. La situation s'y prêtait bien. Toute cette végétation,surtout avec ces grandes fougères,puis le fait qu'il fasse chaud,ça m'a emmené ailleurs.
On était des aventuriers en train de se frayer un passage pour atteindre le but: les rochers.
Je sais pas si on a atteint l'objectif,mais il est arrivé ce phénomène,que je vis toujours sous champotes: je me demande tout d'un coup qu'est-ce que je fous là. C'est un drôle de sentiment,on se retrouve un peu coupé dans notre élan,l'impression d'être inutile,de faire quelque chose de très futile. Comme si quelqu'un nous avait mit des objets dans les mains et qu'on ne savait pas quoi en faire. Donc voilà,on est au milieu des fougères,on a arrêté de marcher et on reste là,un peu comme des cons,on bug! Niveau effets,ça cogne,j'avoue! Allez on retourne au QG.
On se pose du mieux qu'on peut. Par expêrience,je sais que je galère toujours à trouver la position idéale,partagé entre le désir de bouger et celui de m'installer confortablement.
Je regarde P,il a la bougeotte,évidemment. Il me fait penser à moi durant mon 1er trip.
On discute un peu. Perso,c'est l'horreur: j'arrive pas à aligner 3 mots correctement. Pourtant d'habitude ça va,quand je prends des champotes je deviens un vrai moulin à paroles. Mais là non,je suis incapable de dire quelque chose de censé et ça commence à devenir bien frustrant!
Chacun s'immerge dans son trip. Je suis adossé à un rocher,je pense à rien de particulier pour l'instant,je contemple le paysage et les hallus. P s'est adossé à son arbre(il restera un bon moment à cet endroit),je lui demande si ça va:il me répond que oui,que c'est déstabilisant mais que ça va. Je lui explique que ce qu'il ressent,c'est normal,c'est l'effet "basique" des champotes. Je sais pas si ça l'a rassuré.
Bon,c'est l'heure de sortir la weed. Je me dis que j'aurai peut-être dû le rouler avant de gober pour pouvoir le fumer pendant la montée. Peut-être que les effets de la montée auraient été plus soft.
Bien-sûr le roulage a été assez fastidieux,surtout au moment de coincer le carton. Tout semble si maléable,si mou. Difficile de décrire cette sensation de roulage. Bref,j'ai roulé une chaussette,mais c'était pas une surprise... Par-contre,d'habitude pendant un trip,le gout de la beuh me transporte. Surtout que cette beuh est particulièrement succulente ^^
Là non,ça m'a cramé la gorge plus qu'autre chose. Mais bon,pour moi c'est une necessité. Mes trips avec weed ont toujours été plus peace que sans.
Ah,puis pendant que je roulais,il y en a un qui se moquait légèrement de moi. Ok,je le laisserai rouler le prochain.
Après avoir fumé,je cherche à me poser. Avec le temps,j'en ai tellement eu marre de galérer à trouver ma place pendant mes trips,que finalement,j'me suis fait une raison. Maintenant,je me pose et tanpis si c'est pas parfait,on s'y fait. Mais j'avoue qu'à un moment du trip,j'ai fait fort. J'étais allongé sur la pente de la colline,tête vers le bas,pieds vers le haut... faut pas chercher la logique,y en a pas,mais j'étais bien comme ça. Puis c'était pas non plus une forte pente.
Plateau
Les effets se stabilisent. Je suis toujours allongé.
Une énorme montée d'énergie se fait sentir au niveau du plexus solaire. J'ai envie de gueuler! Je sais pas quoi mais j'ai envie de gueuler! Je sais pas si ç'aurait été un cri de joie,de victoire,de puissance,je sais pas,mais c'était quelque chose de positif et j'avais envie que ça sorte mais j'ai pas eu besoin de gueuler,l'énergie a trouvé une échappatoire. Elle sortait de mon bide! Un énorme faisceau de lumière dorée est sorti de mon ventre à une vitesse de dingue,j'en voyais déjà plus le bout! Instantanément,la sensation d'avoir ce trop-plein d'énergie a disparue. Fallait que ça sorte. Je regarde mon ventre,on sait jamais,ça fait bizarre!
Je ferme les yeux. Je me concentre sur ma respiration et je la contrôle comme j'aurai fait pour méditer. Mon but est de trouver le calme. Le grand calme.
Et ça vient,tout doucement. J'écoute ma respiration,mes battements de coeur. Je me rends compte qu'on entend très bien le chant des oiseaux. En fait,c'est ce qu'on entend le mieux. Ils ont l'air de se répondre entre eux. Peut-être même qu'ils parlent de nous,qui sait?
J'entends des bourdonnements d'abeilles ou autres,qui passent près de moi,et pleins de crépitements un peu partout,des sons très légers. Je me suis rappelé ce qu'étaient ces crépitements: les pommes de pin qui craquent sous la chaleur du Soleil.
Il y avait aussi ce vend tiède qui agitait les branches d'arbres de temps en temps. Je suis pas loin du Nirvana.
Puis j'ai une vision. Des insectes,des milliers d'insectes qui se promènent DANS mon corps. Ils font leur vie. Ils ressemblent à de petits papillons de nuit dont les ailes ne pourraient pas se déployer. Ils sont tous vert fluo et dégagent de la lumière. Les parois intérieures de mon corps aussi ont cet aspect,niveau couleur et luminosité. C'est la planète Crypton.
Imaginez maintenant: une fusion entre ce qui se passe réellement et ce qui se passe dans ma tête. C'est à dire,réellement,j'ai les yeux fermés,j'entends des bourdonnements,des crépitements de partout,ça grouille de vie! Et dans ma tête,tous ces insectes venus d'ailleurs. J'ai l'image(imaginaire) et le son(réel). Ca donne une des meilleures sensations que j'ai jamais eu sous champotes. Magique! Quelle harmonie! Je me suis rarement senti aussi bien. Et avec ça,le sentiment d'appartenir à toute chose dans cet Univers. Mon corps est là,au sol,presque invisible dans cette forêt,comme si je m'étais fondu dedans et que ma présence ici était une évidence. J'en faisais partie,quoi,comme les arbres et les rochers,j'ai vraiment senti cette appartenance à l'Univers.
J'ai commencé à me faire un dialogue intérieur. Chose que je n'avais pas faite depuis un moment. J'avais apprit ça quand j'étais ado,dans un bouquin de psycho. Ca consiste simplement à parler avec soi-même(enfin,c'est légèrement plus compliqué). C'est assez différent d'un monologue dans le sens où on peut être surpris par les réponses,vraiment. Bizarre,diront certains. Moi je suis persuadé que ça fait appel à notre inconscient.
C'est pas du mot-à-mot,j'ai quasiment tout oublié(et ça a duré longtemps!),mais je me souviens de l'essentiel. Donc voilà:
-C'est quoi le TOUT?
-C'est l'Univers.
-Et qu'est-ce qui se trouve dedans?
-TOUT.
-Donc j'en fais partie,P en fait partie,les animaux,les plantes...
-Oui.
-Mais c'est le bordel! Ya tout et nimporte quoi là-dedans!
-Non,c'est pas le bordel. Si le sage et le fou vivent dans le tout,c'est pour gérer un équilibre.
-Mais si on tue le fou,quel est le problème pour le TOUT?
-Si tu tues le fou,tu tues une partie de toi,et une partie du TOUT.
-Ah bon? Comment ça?
-Tu tuerai aussi le fou qui est en toi. Et pas seulement.
-C'est plutôt une bonne chose non?
-Non. Ca serait grave pour toi,grave pour le tout.
-J'ai du mal à comprendre. En quoi ça me nuierai de tuer un ennemi?
-Pas d'ennemis dans le TOUT.
-?????
-Ecoutes. Celui que tu appelles le fou joue un rôle important dans ton équilibre;dans l'équilibre du TOUT. C'est exactement comme la biodiversité;la grande chaine alimentaire. Si tu supprimes un maillon,tu peux être sûr que d'autres se décrocheront à leur tour. L'effet domino. Même les animaux les plus dangereux ont un rôle à jouer dans le TOUT.
-Je comprends mieux. Il faut de tout pour faire un monde,en gros.
-En gros,ouais.
Voilà,c'est vraiment pour résumer. Le dialogue a été assez long,en réel.
Juste après ça,c'était l'heure du joint de weed. P l'a roulé. Mes souvenirs sont pas très clairs mais j'me souviens qu'il a galéré aussi et qu'il a pondu une chaussette comparable à la mienne(^^).
J'ajouterai même que quand je tirai dessus,je sentais qu'il y avait une prise d'air. Mais bon,en posant un doigt sur le trou,ça reglait le problème.
A partir de là,mes souvenirs sont très flous. Je me souviens qu'à un moment,P a commencé à escalader un rocher assez haut. Je l'ai suivi,voir s'il était pas trop à l'ouest pour faire ça,mais non,il gérait. Ensuite je suis retourné à ma place et j'ai un peu divagué jusqu'à la fin du trip,qui aura duré environ 6 heures pour moi(sans compter toute la descente). P est redescendu au bout de 4h de trip,environ.
A 19h (donc au bout de 6heures de trip),j'étais encore en descente,j'avais plus d'hallus mais je sentais que j'étais pas tout à fait dans mon état normal. Il me restait comme un gros stone cannabique et un petit quelque chose qui me disait que j'étais encore dans un rêve. Mais bon,P m'attendait depuis quelques heures déjà,je voulais pas non plus le faire attendre toute la soirée,même si,si j'avais été seul,je serai encore resté une petite heure,le temps de digérer un peu le trip. De me faire mon debriefing.
Post-Trip
Au final,j'ai fait un très beau voyage. Zen,lumineux,chaleureux. Tout ce que j'aime.
Je regrette seulement de n'avoir pas été très présent pour P,sachant qu'on était là pour l'initier. Ca me fait un peu chier.
Le plus important pour moi était qu'il soit en sécurité,qu'il ne soit pas lâché seul en pleine nature pour son 1er trip. Ca au moins,c'est fait.
Avec le recul,je me dis qu'il a suffisament de plomb dans la tête pour gérer un trip en solo,mais bon,pour une première fois,c'est bien mieux d'avoir quelqu'un à côté de soi. On sait jamais.
Si c'était à refaire,je le referai mais en prévoyant des activités,quelque chose qui provoque des interactions.
Sinon pour mon prochain trip solo,je pense me tourner vers la méditation. Je suis resté vraiment zen pendant ce trip et j'ai adoré. Je vais creuser plus loin de ce côté.
Voilà,merci à P pour ce moment et pour sa patience (en fin de trip,oui ça a dû être long,j'imagine).
Et merci à ceux qui m'auront lu.
